The Project Gutenberg EBook of Rťflexions sur le sort des Noirs dans nos
colonies, by Daniel Lescallier
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Title: Rťflexions sur le sort des Noirs dans nos colonies
Author: Daniel Lescallier
Release Date: March 8, 2005 [EBook #15286]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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R…FLEXIONS
SUR
LE SORT DES NOIRS
DANS
NOS COLONIES.
_Sic vos non vobis...._
1789.
AVERTISSEMENT.
La conservation des Colonies ŗ Sucre est gťnťralement regardťe comme un
si grand intťrÍt politique, que tout ce qui peut donner quelque jour sur
la question agitťe tant en Angleterre, qu'en France, sur ce sujet doit
Ítre prťsentť au Public; on le doit sur-tout ŗ la Nation assemblťe pour
discuter & rťgler tous les objets d'Administration, parmi lesquels celui
des Colonies sera sans doute compris.
AprŤs avoir long-tems vťcu dans les Colonies de diverses Nations
Europťennes, aprŤs avoir ťtudiť le caractŤre des NŤgres, examinť les
diverses maniŤres de les rťgir & leurs effets, aprŤs avoir lu ce qui a
ťtť ťcrit pour le maintien & pour l'abolition de l'esclavage, je crois
devoir ŗ la Patrie le tribut de mes rťflexions. Ce n'est pas que je me
flatte d'ajouter ŗ ce que d'excellens …crivains ont donnť depuis peu sur
cette matiŤre intťressante; mais instruit par eux, & profitant de leurs
lumiŤres, j'exposerai dans ce court Mťmoire le dťsir & la possibilitť
de concilier dans la culture des Colonies la Morale avec la Politique,
d'allier sous la zone torride l'Industrie au bonheur; j'appaiserai
peut-Ítre en mÍme-tems les alarmes des Colons, lorsqu'ils entendent
dťclamer contre l'esclavage des NŤgres, ce qui, par l'institution
malheureuse des Colonies, semble Ítre une attaque directe faite ŗ leurs
propriťtťs.
C'est une t‚che en apparence difficile ŗ remplir; mais cette difficultť
s'applanit par le caractŤre de notre Nation: c'est elle qui jusqu'ŗ
prťsent a mis plus d'humanitť (disons, si on le veut, moins
d'inhumanitť) dans la Rťgie des esclaves: outre la prťvoyance de
quelques-unes des dispositions ťtablies par nos loix pour modťrer
l'esclavage des Noirs, les FranÁois feront par sentiment & par une
impulsion naturelle, ce que la force du raisonnement fera faire aux
autres.
S'il y a ici quelques moyens de faciliter cette t‚che, on aura
bien mťritť de l'humanitť, on aura bien mťritť de la Nation, &
particuliŤrement des Colons, en montrant qu'il est possible dans les
Colonies de s'enrichir des productions de la terre sans faire frťmir
l'humanitť, & qu'avec une ame bienfaisante on peut Ítre sans remords
propriťtaire d'habitation.
R…FLEXIONS
SUR LE SORT DES NOIRS
DANS NOS COLONIES.
La question de l'esclavage des Noirs, qui occupe depuis quelque-tems
les esprits, ne peut laisser le Gouvernement dans l'indiffťrence: cette
question sťrieusement agitťe en Angleterre, ne peut manquer de l'Ítre
dans l'Assemblťe Nationale, puisqu'elle a admis dans son sein les
Dťputťs de Saint-Domingue.
Les NŤgres n'ignorent pas, ou du moins ils ne pourront ignorer
long-tems, les discussions qui ont lieu sur leur sort: quand on pourroit
les leur cacher (ce qui seroit peut-Ítre encore pire) croit-on qu'ils
aient jamais ignorť leurs droits, & que la voix de la nature se soit
endormie chez eux au grť de leurs possesseurs?
Quelque stupides que leurs dťtracteurs les reprťsentent, ils se sont
montrťs capables d'une trŤs grande ťnergie: ils ont, ŗ la JamaÔque &
dans la Guiane Hollandoise, l'exemple d'un nombre d'hommes de leur race,
qui par leur courage se sont procurť la libertť malgrť leurs MaÓtres
qu'ils ont forcť de traiter avec eux de leur existence indťpendante.
Plusieurs de nos NŤgres, dans les Colonies oý frťquentent les
Amťricains, sont ŗ portťe d'entendre parler des loix nouvelles qui ont
eu lieu dans les …tats-Unis, pour l'abolition de l'esclavage & de la
traite des Noirs.
On doit craindre les plus f‚cheux ťvŤnemens, si on ne s'occupe pas
sťrieusement de l'amťlioration du sort de cette espŤce d'hommes, si
prťcieuse ŗ l'Etat par les riches productions que ses travaux lui
procurent, & en mÍme-tems si peu protťgťe & si maltraitťe; on auroit
bien tort de s'endormir dans une imprudente sťcuritť.
Pour soutenir l'esclavage, on met en avant l'antique usage des Colonies,
l'impossibilitť prťtendue de les cultiver sans Noirs & sans Esclaves, la
raison d'ťtat qui veut que l'on aie des denrťes coloniales; on s'appuie
du bonheur des NŤgres dans leur ťtat actuel, bien prťfťrable, dit-on, au
sort de nos PaÔsans; on donne comme inhťrens au caractŤre des Noirs la
paresse, la fourberie, & toutes les mauvaises qualitťs que leur trouvent
des MaÓtres durs & ťgoÔstes qui ne voient en eux que les instrumens
passifs de leur fortune: mais ces mauvaises qualitťs & ces vices sont,
ou relatifs ŗ l'opinion & au prťjugť sur leur ťtat, ou occasionnťs par
la maniere dont on les traite: communs ŗ tous les hommes & dans toutes
les sociťtťs, ces vices s'ťvanouissent, ou du moins s'affoiblissent
considťrablement, sous un rťgime humain & raisonnable, mÍme parmi les
esclaves; c'est ce qu'une expťrience suivie & attentive ŗ bien dťmontrť.
Les partisans de l'esclavage ne peuvent d'ailleurs faire entrer pour
rien dans leurs divers raisonnemens, la cause de l'humanitť, ni la
justice, ni le droit naturel, imprescriptibles pour tous les hommes,
indťpendamment de leur couleur & des circonstances plus ou moins
favorisťes de leur naissance. ę_Il nous faut des Colonies; on ne peut
les cultiver sans esclaves; donc il est nťcessaire de faire la traite,
& d'avoir des_ esclaves_:Ľ Voilŗ ŗ quoi se rťduiront toujours leurs
argumens.
D'un autre cŰtť les personnes qui plaident pour l'abolition de
l'esclavage, inspirťes par la raison, la justice, la bienfaisance, &
tout ce que l'humanitť offre de motifs plus purs & plus respectables,
peuvent aller trop loin, & prÍtent ainsi ŗ la critique de leurs
adversaires intťressťs, soit par excŤs de zŤle, soit faute de connoÓtre
suffisamment la localitť & la circonstance des Colonies, soit encore
faute de respecter la raison politique des …tats, qu'il est devenu
impossible de ne pas mťnager, ŗ cause des cris d'un nombre de gens dont
la fortune dťpend des cultures actuelles de nos Colonies: ils ont prÍtť
encore ŗ la critique des Colons, en n'appercevant pas bien tous les
moyens d'opťrer la rťvolution qu'ils dťsirent. De lŗ, il rťsulte une
majoritť immense dans les dťbats de cette question, en faveur des
partisans de l'esclavage, dont l'opinion est accrťditťe par un long
usage, & par une espŤce de loi gťnťralement ťtablie dans toutes les
Colonies Europťennes.
Dans toutes ces discussions, les Colons (qui sont presque tous pour le
maintien de l'esclavage) mettent beaucoup de chaleur & d'acharnement ŗ
soutenir une cause qui leur semble personnelle; les autres (qui sont un
petit nombre de personnes n'ayant pour la plupart aucun intťrÍt dans les
Colonies) montrent le plus grand zŤle pour le soulagement de l'humanitť
souffrante.
Quel que soit l'effet de ces dťbats, ŗ quelque ťpoque que cet effet soit
retardť, il ne peut qu'en rťsulter un traitement plus humain pour
les Noirs: on voit dťjŗ qu'il ne reste plus aucune autre excuse aux
possesseurs d'esclaves, qui plaident pour le maintien de l'esclavage,
que de citer la maniŤre tempťrante & heureuse dont leurs NŤgres sont
traitťs, ou de convenir qu'il est ŗ propos d'amťliorer leur sort.
De ce choc d'opinions on peut dťduire deux vťritťs incontestables:
La premiere de ces vťritťs est que l'habitation dont la rťgie est la
plus raisonnťe, la moins arbitraire, oý les NŤgres sont catťchisťs, oý
on cherche ŗ leur donner des moeurs, oý ils ont quelques propriťtťs, &
une espece d'existence sociale, est aussi celle qui rapporte des revenus
plus constans ŗ son propriťtaire, & que moins les NŤgres sont malheureux
plus leur MaÓtre s'enrichit. Les partisans de l'esclavage en conviennent
eux-mÍmes.
La seconde vťritť, dťduite comme l'autre des objections des Colons
qui soutiennent l'esclavage, est que les projets d'humanitť que l'on
manifeste en faveur des Noirs ne peuvent s'exťcuter en bonne politique
qu'avec du tems & des gradations; qu'un affranchissement illimitť &
subit, sans exceptions ni conditions, rempliroit mal le but qu'on se
propose, & mÍme offriroit des inconvťniens: en effet, on doit convenir
que les NŤgres nouveaux, ceux non encore accoutumťs ŗ notre langue & ŗ
nos usages, ne pourroient sans danger pour nos plantations, ni sans un
inconvťnient pour eux-mÍmes, Ítre tous ŗ la fois remis en libertť sans
intervalles ni prťcautions: c'est ainsi que des yeux affoiblis par une
longue obscuritť ne pourroient revoir subitement la lumiŤre sans en Ítre
ťblouis; il faut la leur rendre par degrťs & avec attention.
Cette difficultť est mÍme si forte qu'elle rendroit la destruction de
l'esclavage comme impossible, si on ne commenÁoit par faire finir la
traite des Noirs, qui vient sans cesse verser des NŤgres nouveaux dans
nos Colonies; mais il n'est plus possible de se dissimuler, d'aprŤs les
faits exposťs ŗ la connoissance publique sur la traite des Noirs, que
ce commerce offre des actes de barbarie si atroces, si continuels &
si indispensables ŗ son entretien, que les personnes honnÍtes qui
desireroient conserver l'esclavage des Noirs dans nos Colonies, en le
rectifiant, ne peuvent plus raisonnablement soutenir la continuation de
ce commerce d'esclaves.
Connoissant le pour & le contre de cette question, & les Colonies par
une assez longue expťrience, je crois pouvoir dire avec assurance qu'il
est nullement impossible, qu'il est mÍme utile & politique de prťparer
les voies pour l'abolition de l'esclavage; qu'on peut parvenir ŗ ce but
en mťnageant la raison d'ťtat, la politique des Nations, en conservant
nos Colonies ŗ Sucre, sans dťranger en rien les propriťtťs fonciŤres des
habitans, ni diminuer leurs revenus.
Le terme dans lequel on pourroit rendre par gradations la libertť aux
NŤgres ne seroit point fort ťloignť, & les bonnes dispositions de
plusieurs Colons FranÁois l'abrťgeroient plus qu'on ne pense: car ce
seroit ŗ tort que l'on regarderoit tous les propriťtaires d'habitations
dans les Colonies comme des hommes barbares; plusieurs ont une
disposition humaine & bienfaisante, qui ne produit (il est vrai) que des
effets prťcaires & momentanťs, toujours dťrangťs par leurs successeurs
ou par leurs gťrans: mais la faute en est au Lťgislateur qui a ťtabli &
autorisť l'esclavage, qui en maintient sťvŤrement la police & la
durťe, & non pas ŗ la plupart des habitans qui le trouvant dans leurs
hťritages, le trouvant dans tout ce qui les environne depuis des
siŤcles, suivent un usage avec lequel ils se sont familiarisťs dŤs leur
enfance, & une loi qui les empÍcheroit de suivre un autre systŤme.
Plusieurs Colons ne demandent pour bien faire que d'Ítre ťclairťs sur
leurs vťritables intťrÍts; mais c'est ce qu'on n'obtiendra que par
l'expťrience & avec le tems, & ŗ mesure que la lťgislation elle-mÍme
reformera l'institution qu'elle a faite & consolidťe.
Toutes les ames honnÍtes, sensibles & dťsintťressťes sont dťjŗ
persuadťes avant que j'aie parlť: mais il faut dťmontrer ŗ
l'Administration, il faut prouver aux Colons qu'on peut opťrer ces
changemens heureux par des moyens tranquilles & sŻrs, en faisant
l'avantage des habitations. Il est nťcessaire pour cela de se dťgager de
toutes prťventions, & de rťflťchir avec impartialitť sur les diffťrens
points de vue qu'offre cette question importante.
Je vais exposer les moyens par lesquels je crois que l'on parviendroit
ŗ rectifier graduellement l'institution vicieuse des Colonies, en
conservant leurs habitations & leurs cultures.
[Illustration:]
PREMIER MOYEN.
L'Abolition de la Traite des Noirs.
La Traite des Noirs offre une question intimement liťe avec celle de
l'esclavage, parce qu'elle lui sert d'aliment, parce qu'il semble aux
Colons que si la Traite cessoit la population des Colonies se rťduiroit
bientŰt ŗ rien, & leurs cultures dťpťriroient ŗ mesure, & que puisque
l'esclavage est autorisť la Traite doit l'Ítre ťgalement; mais il n'y
a que le Machiavťlisme le plus affreux qui puisse plaider pour la
continuation de cet odieux commerce[1].
[Footnote 1: On avoue que n'ťtant pas instruites de toutes les cruautťs
par lesquelles s'opŤre cette Traite des Noirs, ne les soupÁonnant pas
mÍmes possibles, des personnes honnÍtes & bien intentionnťes ont pu,
entraÓnťes par la lťgislation & les circonstances, ne pas avoir de ce
trafic toute l'horreur qu'il doit inspirer; mais depuis la publication
des faits authentiques consignťs dans les Ouvrages de Clarkson, de
Froissard, etc., on ne peut plus regarder la Traite des esclaves que
comme un tissu d'atrocitťs. Que le Lecteur qui n'en sera pas encore
convaincu, lise ces Ouvrages avant d'aller plus loin.]
_Qu'importe que nous soyons injustes & barbares, pourvu que nous nous
enrichissions?_ Voilŗ en peu de mots ŗ quoi on peut ramener toutes les
raisons qu'on apporte pour soutenir ce commerce; mais si ce n'est pas
seulement une injustice, si c'est encore une erreur; si ce commerce loin
d'Ítre profitable n'est que nuisible aux intťrÍts de la Nation, que
deviendra l'unique argument avec lequel on prťtend en maintenir la
continuation?
ß. 1. _Cette Traite considťrťe politiquement n'offre que des
dťsavantages._
1į. Elle corrompt les moeurs d'une partie de notre Nation, en la
familiarisant avec des actions fťroces, en y faisant concourir plusieurs
sujets ŗ qui on finit par faire regarder ces actions comme lťgitimes;
en accoutumant un nombre de personnes ŗ spťculer leur fortune sur la
destruction de l'espŤce humaine.
2į. Elle ne procure des bras aux cultures des Colonies qu'en faisant
pťrir par les guerres, par les injustices, par les duretťs des
traversťes, par les mauvais traitemens, & par le dťsespoir, beaucoup
plus de NŤgres que nous n'en acquťrons.
3į. Ce commerce est plus nuisible que profitable ŗ ses Armateurs; ce qui
s'explique en disant que si on voit quelques voyages lucratifs, le plus
grand nombre n'offre que des pertes; & ces pertes seroient bien plus
apparentes, si elles n'ťtoient souvent compensťes par des profits
accessoires, sur les marchandises d'Europe, sur les achats de poudre
d'or, d'ivoire, etc., sur les achats & frets de denrťes Coloniales en
retour.
4į. Ce commerce est ruineux ŗ l'…tat par les primes & encouragemens
pťcuniaires trŤs-exorbitans que le Gouvernement a cru nťcessaire de
donner ŗ ses spťculateurs, primes dont la dťpense s'ťleveroit au moins ŗ
4 millions par an, si elles obtenoient complettement leur effet desirť:
nouvelle preuve que ce commerce est plus onťreux que profitable.
5į. La Traite des Noirs est nuisible ŗ la Marine & ŗ la Navigation par
la perte qui en rťsulte d'un grand nombre de Matelots; puisqu'il est
dťmontrť qu'il pťrit dix ou douze fois plus de Matelots ŗ proportion
dans les Voyages de cette espŤce, que dans les autres navigations,
pertes presque uniquement occasionnťes par le mauvais air, la mauvaise
nourriture, & les autres circonstances destructives qui existent
nťcessairement dans les Vaisseaux Nťgriers.
6į. Ce commerce est encore d'une mauvaise politique, parce qu'il nous
fait dťlaisser plusieurs branches de spťculations intťressantes sur
divers produits de l'Afrique; qu'il s'oppose ŗ nous faire connoÓtre
l'intťrieur & les ressources de ce Continent, mÍme la plus petite partie
de ses cŰtes que nous ne connoissons que sous un rapport inf‚me; que ce
commerce d'esclaves nous fait ainsi dťdaigner & ignorer une des vastes
parties du monde, & la plus ŗ notre portťe.
7į. La Traite des Esclaves est une honte ŗ l'humanitť, une tache ŗ
notre Nation, une contradiction ouverte avec nos principes & notre
constitution.
Il est remarquable que la loi abusive de commerce qui a autorisť
l'esclavage dans nos Colonies n'a permis de traiter des Noirs que depuis
tel Cap jusqu'ŗ tel autre dans la cŰte d'Afrique; que ce qui est permis
dans tel parage & dans telle latitude, redevient un crime dans un
autre canton; que le Gouvernement a puni sťvŤrement des Capitaines qui
s'ťtoient permis de prendre des Noirs ŗ cheveux longs, des teints moins
basanťs, dans d'autres lieux que ceux ordinaires de la Traite. Quel
droit avoit-on de plus sur les uns que sur les autres?
Il est bien remarquable encore que (par une de ces contradictions trop
communes dans l'esprit humain) les Hollandois ont un mťpris singulier
pour une espŤce d'hommes qui en Hollande recrutent & engagent des Blancs
pour leurs Colonies, les appelant _vendeurs d'ames_; & on ne s'est pas
apperÁu qu'ils eussent jamais tťmoignť une opinion f‚cheuse des agens de
la Traite des Noirs.
Il n'est que trop prouvť que c'est les Europťens qui ont presque par
tout excitť & encouragť le commerce des Esclaves; on a su de M. Poivre,
cet Administrateur humain & ťclairť, qu'au commencement de ce siŤcle, ce
commerce & toutes les horreurs qui en sont les compagnes nťcessaires ont
ťtť introduits pour la premiŤre fois dans l'Isle de Madagascar, & que
l'esclavage ťtoit absolument inconnu des naturels du pays avant la
frťquentation des Europťens.
ß.2. _La suppression de la Traite des Noirs ne fera aucun tort aux
propriťtaires d'habitations dans les Colonies._
1į. Il est connu qu'un nombre d'habitans se ruinent, & rendent leurs
libťration & liquidation impossibles par les pertes qu'ils font de
NŤgres nouveaux.
2į. Les Colons perdant ce moyen de recruter leurs Atteliers,
soigneroient davantage cette population; elle s'accroÓtroit par un
rťgime plus humain & plus attentif: on le fait par l'expťrience de
plusieurs habitations qui ont maintenu, augmentť mÍme leur population
par le seul effet d'un traitement plus raisonnable sans avoir recours ŗ
des achats de nouveaux esclaves.
Il est reconnu que le rťgime trop dur de l'esclavage, ou l'insouciance &
le mťpris de l'humanitť qui l'accompagnent si souvent, causent une perte
constante ŗ la population des NŤgres dans toutes les Colonies prises en
masse, & dans chacune en particulier, mÍme lŗ oý l'esclavage est plus
modťrť par la loi; tandis que ceux des habitans qui ont mis l'attention
convenable ŗ encourager & conserver la population de leurs esclaves &
ŗ modťrer autant qu'il ťtoit en eux la loi de l'esclavage, l'ont vu
s'augmenter ou au moins se soutenir au mÍme nombre. On en cite un qui
a doublť le nombre de ses esclaves en quatorze ans par sa propre
population.
3į. Si l'…tat ťconomisait par an quatre millions de livres, de primes &
encouragemens qu'il donne ou propose aujourd'hui ŗ la Traite des Noirs
pour la porter ŗ toute l'ťtendue nťcessaire aux remplacemens des pertes
d'esclaves, & au maintien des Colonies sous le rťgime de l'esclavage,
les Colons de leur cŰtť ťpargneroient en masse vingt ou vingt-cinq
millions qu'ils dťpensent annuellement en achats de NŤgres nouveaux.
4į. Les moeurs des Colons, & de toute la partie de la Nation qui a des
rapports avec eux, ainsi que les moeurs des NŤgres de nos Colonies,
gagneroient trŤs-sensiblement ŗ ce changement.
5į. Les travaux des habitations, leur population, & les Colonies en
gťnťral s'amťlioreroient ŗ toute sorte d'ťgards, n'ťtant plus composťes
que de NŤgres Crťoles.
6į. Les Colonies seroient plus en sŻretť, & mieux policťes; elles
deviendroient d'un entretien moins coŻteux par une forte diminution,
sinon la suppression totale, des dťpenses de police, de justice, de
dťtachemens, de la Caisse des NŤgres suppliciťs ou tuťs en marronage,
des frais de gťole, etc.
Il est donc certain que la Traite des NŤgres est une barbarie qu'une
Nation policťe ne peut raisonnablement continuer; il est prouvť qu'elle
nuit ŗ beaucoup d'ťgards, & que sa suppression bien loin d'Ítre
contraire aux Colonies, y ameneroit un meilleur ordre de choses, & plus
de prospťritť: ces vťritťs semblent Ítre ťtablies en Angleterre oý cet
objet est traitť publiquement avec toute la force du raisonnement & la
gťnťrositť qui caractťrisent les hommes choisis de cette Nation.
Mais l'intťrÍt & une politique mal entendue viennent leur opposer
diverses objections, dont une seule a besoin d'Ítre combattue un moment.
ęEn supposant que la France & l'Angleterre abandonnassent ensemble le
commerce des esclaves, les autres Nations de l'Europe le continueroient
ŗ notre dťtriment, les Espagnols qui ont ouvert leurs ports de
l'Amťrique mťridionale aux ťtrangers pour les engager ŗ y porter des
esclaves, profiteroient de notre abandon pour peupler leurs Colonies:
les Amťricains y ont dťjŗ portť plusieurs cargaisons de NŤgresĽ.
Sans admettre pour cela cette triste politique qui veut toujours ne
fonder notre prospťritť que sur le dťpťrissement de nos voisins, on peut
rťpondre ŗ cette objection:
Que si c'est bien fait d'abolir la Traite, si ce parti nous est
avantageux, les autres nous imiteront, ou ils auront tort de ne pas le
faire.
Que les Espagnols plus qu'aucune autre Nation, sont dans le cas de
perdre ŗ cette mauvaise politique de peupler les Colonies de NŤgres
nouveaux, tandis qu'ils nťgligeroient & opprimeroient cette immense
population d'indigŤnes dont ils pourroient tirer un parti avantageux par
la douceur & la modťration, & par une sage administration;
Qu'il est trŤs-raisonnable de penser que le parti pris ŗ la fois par
l'Angleterre & par la France, de cesser la Traite des esclaves en
Afrique, & d'ťtablir dans ces contrťes d'autres moyens de commerce,
causera dans les idťes de ces peuples une rťvolution qui rendra plus
difficile, ou mÍme fera cesser la Traite des esclaves.--N'avons-nous pas
dťjŗ vu un _Marabout_, Souverain Religieux de ces contrťes, interdire
dans ses …tats, par esprit de morale & de religion, le commerce des
esclaves, en grťver le passage ŗ travers ses terres par de forts droits
& pťages. La raison peut Ítre long-tems offusquťe; mais quand elle
commence ŗ se faire jour ses progrŤs sont rapides.
DEUXI»ME MOYEN.
_Affranchissement des Esclaves Domestiques
& autres des Bourgs & Villes._
Puisque la politique & l'intťrÍt ne peuvent soutenir la nťcessitť
d'avoir des esclaves qu'en prťtendant qu'ils sont indispensables aux
grandes cultures des Colonies, & ŗ la fabrication du Sucre entr'autres,
on ne peut pas dire avec le moindre fondement que des Esclaves soient
nťcessaires dans les Villes & Bourgs, au service domestique, au travail
des Boutiques & des Magasins, ŗ assister les Ouvriers & Entrepreneurs.
Quel abus au contraire, qu'un Matelot parvenu, qu'un simple ouvrier, dŤs
qu'ils peuvent ťpargner 1000 ŗ 1200 livres, soient ŗ l'instant habiles ŗ
possťder un autre homme ou femme en toute propriťtť, ŗ les traiter avec
dťdain, ŗ s'en faire servir arbitrairement, ŗ les accabler de coups au
moindre caprice, ŗ les louer ŗ d'autres pour en faire ŗ leur grť? Quelle
indignitť & quelle dťgradation ŗ la nature humaine, que cet usage, si
gťnťral dans les Villes & Bourgs des Colonies, pour la plupart
des Blancs, d'acheter des femmes, bien plus souvent dans des vues
mťprisables, que pour le service domestique, de leur donner ensuite la
libertť pour rťcompense de leurs vices! ou (ce qui est encore pis) de
les revendre au moindre caprice ou mťcontentement!
Loin que cette partie d'Esclaves serve au progrŤs & au maintien des
Colonies, il est aisť de voir qu'elle est infiniment nuisible ŗ la
police, au bon ordre, & aux moeurs; qu'elle est destructive de la
population, & que ce sont autant de bras enlevťs aux cultures.
Un premier pas trŤs-essentiel ŗ faire, aprŤs l'abolition de la Traite,
paroÓtroit donc Ítre celui de renvoyer ŗ la culture, ou d'affranchir
sans exception quelconque, tous les Esclaves Domestiques, Journaliers,
Ouvriers & autres, des Villes & Bourgs.
Les Habitans gagneroient ŗ cette disposition une augmentation de bras:
qu'arriveroit-il? des gens qui vivent uniquement dans les Villes, du
tribut qu'ils reÁoivent de 2 ou 3 esclaves seroient obligťs de les
revendre, ou de chercher avec eux dans la culture des moyens de
subsister. Quiconque connoÓt bien les Colonies, sait que la saine
Administration cherche toujours, mais sans succŤs, ŗ diminuer le nombre
par-tout trop grand des NŤgres de journťes, comme trŤs-nuisible ŗ bien
des ťgards.
Les particuliers qui possŤdent en propriťtť des domestiques loueroient
des affranchis: ils en seroient mieux servis; la plus grande chertť
en apparence de ce service, seroit qu'on auroit moins de serviteurs
inutiles, & ce seroit autant de bras rendus aux cultures. Mais,
dira-t-on, oý trouver des domestiques libres? Il n'y a pas assez
d'affranchis ŗ pouvoir prendre ŗ gages.--Quand cette objection seroit
fondťe, ce seroit un bien petit inconvťnient du moment, auquel on
trouveroit bientŰt le remede: & on entrevoit que cette disposition
procureroit des moyens honnÍtes de substituer ŗ la race des affranchis,
des Mul‚tres & Mťtis libres des deux sexes, qui dans l'ťtat actuel,
vivent pour la plupart d'une maniŤre prťcaire & incertaine, dans la
nonchalance, l'oisivetť & le dťsordre.
Les Marchands qui, pour le transport de leurs ballots, bariques, &
effets, etc., louent des NŤgres journaliers, ou en possŤdent quelquefois
en propriťtť, ne perdroient rien ŗ cette disposition: ils loueroient des
affranchis; & l'on ne peut douter que, puisque les NŤgres esclaves se
louent pour rapporter l'argent qu'ils gagnent ŗ leurs MaÓtres, on ne les
lou‚t encore bien plus facilement pour ces travaux & mouvemens, dans
l'ťtat de libertť, & lorsque le profit leur appartiendroit en entier.
On n'auroit plus d'esclaves pour ces sortes de travaux; ceux qui en ont
actuellement les revendroient aux Colons cultivateurs; on rťduiroit
le nombre des journaliers libres au strict nťcessaire; & on ouvriroit
par-lŗ une ressource honnÍte ŗ la race des affranchis Mul‚tres & Mťtis.
Ce MaÁon, ce Charpentier, qui (parvenus par le travail de leurs mains
& leur industrie ŗ possťder un, deux, ou plusieurs esclaves dont ils
forment leurs Atteliers) s'enrichissent & deviennent ensuite d'indolens
sybarites, & les ťgaux de ceux qui n'agueres les tenoient ŗ leurs gages,
se retireroient s'ils se trouvoient assez riches, ou loueroient ŗ titre
de journaliers des ouvriers pour les assister.
On ne verroit plus, comme par le passť, des ouvriers blancs devenir
aussi puissamment riches dans un petit nombre d'annťes; mais avec des
gains moins rapides ils conserveroient mieux leur activitť & leur
industrie. Il se formeroit des ouvriers excellens parmi les NŤgres &
gens de couleur; il s'ťtabliroit dans les Villes plusieurs familles
aisťes d'Artisans & gens de tous mťtiers; & la population ne pourroit
qu'y gagner.
La facultť laissťe, ŗ ceux qui ne seroient pas assez riches, de donner
la libertť ŗ leurs esclaves domestiques & ouvriers, ou de les revendre
aux Habitans cultivateurs, ou de les appliquer eux-mÍmes ŗ la culture,
empÍcheroit que personne ne pŻt rien perdre ŗ cette disposition.
TROISI»ME MOYEN.
_Affranchissement des Mul‚tres_.
Si (comme on l'a dit, au moyen prťcťdent) il ne faut des esclaves que
dans les habitations, il est bien reconnu que les Mul‚tres & Mťtis ne
sont jamais, ou presque jamais, des esclaves attachťs ŗ la culture: il
faudra non-seulement par cette raison, mais encore dans des vues d'une
saine politique & d'une juste administration, affranchir toute la race
(du moins celle ŗ naÓtre) des Mul‚tres & Mťtis.
Une des causes qui s'opposent essentiellement ŗ l'accroissement de la
population des Noirs dans nos Colonies, c'est le libertinage effrťnť
d'oý naÓt cette race b‚tarde & vicieuse, dťclarťe esclave par cet
axiome: _partus sequitur ventrem_.
C'est bien encore ici que la lťgislation des Colonies offre une de ces
incohťrences si nťcessairement rťsultantes de leur institution: car le
Lťgislateur n'ayant eu intention de vouer ŗ l'esclavage que la race
noire ŗ cheveux crťpus, celle qui sort directement de la cŰte d'Afrique,
a dťclarť libres les NŤgres ŗ cheveux longs, & autres Indiens, il a
affranchis tous les Mul‚tres & sang-mÍlťs provenans de race Indienne; il
auroit du, en suivant les mÍmes principes, reconnoÓtre comme libres les
Mul‚tres proprement dits qui sont dťmontrťs physiquement Ítre issus d'un
pere libre, quoique la mere soit esclave.
Il arrive, par les dispositions actuelles de cette loi, que l'enfant
b‚tard d'une femme Indienne avec un NŤgre esclave est dťclarť libre,
tandis que celui d'un Blanc avec une Nťgresse est toujours esclave,
lorsque sa mŤre l'est. Il convient de faire cesser cette contradiction:
en le faisant on changeroit la maniere d'Ítre toujours vicieuse des
Mul‚tres & Mťtis dans leur ťtat actuel: car cette caste (qui joint
presque gťnťralement aux vices de son origine l'insolence & la paresse
occasionnťs par une sotte vanitť qu'ils tirent de leur issue d'un Blanc)
est par-tout peu propre ŗ remplir les devoirs ordinaires des esclaves;
& sur-tout aux travaux d'habitations, ťtant mÍlťs avec les Noirs. Les
inconvťniens de leur institution, leur manque d'ťducation, de principes
& de moeurs, leur abrutissement & leur libertinage presque sans
exception, font que bien rarement on y trouve des sujets utiles, mÍme
lorsqu'ils sont parvenus ŗ l'ťtat de libertť.
En dťclarant libres les Mul‚tres ŗ naÓtre ŗ l'avenir, le Lťgislateur
prťviendra par-lŗ en grande partie, le libertinage dont on se plaint;
tout Habitant propriťtaire d'esclaves, ťvitera par tous les moyens en
son pouvoir que ses femmes esclaves aient frťquentation avec des Blancs,
dans la crainte de voir naÓtre des enfans qui ne devront plus lui
appartenir: il cherchera ŗ encourager les mariages entre Noirs & ŗ
augmenter & favoriser sa propre population. Plus de tranquillitť & de
bon ordre dans les mťnages NŤgres concourra trŤs-sensiblement ŗ ce but
dťsirable; & si, par suite nťcessaire des passions & de la foiblesse
humaine, il y a encore, aprŤs ce parti pris, des frťquentations de
Blancs avec des Nťgresses, les cas deviendront beaucoup plus rares, les
enfans qui en proviendront, devenant par leur ťtat de b‚tards libres,
les enfans de l'…tat, seront instruits & ťlevťs par les soins de
l'Administration, ŗ dťfaut de ceux de leurs pŤres naturels: ils
donneront pour la plupart des sujets aux divers mťtiers & talens utiles,
ŗ la Culture, ŗ la Navigation; on les verra s'ťtablir convenablement
avec des femmes de mÍme espŤce, dont l'ťducation auroit ťtť plus soignťe
dans ces vues.
Cette proposition ťtant le produit de mes propres rťflexions, j'ai
trouvť qu'un ancien Administrateur des Colonies dont la mťmoire est
considťrťe avoit eu cette mÍme idťe: je l'ai trouvťe encore dans un
excellent Auteur Anglois, dont je rapporterai ici un passage.
ęJe ne vois pas qu'il puisse rťsulter aucun inconvťnient de
l'affranchissement de tout enfant mul‚tre: on peut objecter ŗ cette
proposition, qu'elle tendroit ŗ encourager le commerce illťgitime des
Blancs avec les Nťgresses, dont je viens de montrer les mauvais effets.
Je rťponds que l'affranchissement des Mul‚tres feroit bien plutŰt dans
le cas de rťprimer cette frťquentation, par la raison que, dans la
position actuelle, les Habitans voient avec indiffťrence naÓtre des
Mul‚tres sur leurs habitations, bien assurťs que ce seront pour eux des
esclaves de plus pour leurs travaux, ou qu'ils en retireront un bon
prix, en les vendant ŗ leurs pŤres naturels, qui le plus souvent
cherchent ŗ les racheter. J'ajouterai qu'au contraire ces habitans
chercheront le plus qu'ils pourront ŗ dťcourager les frťquentations des
Blancs avec leurs Nťgresses, dŤs qu'ils verront que leur intťrÍt ne
s'y trouve pas; & qu'alors ils emploieront tous leurs efforts pour
multiplier sur leurs possessions, la race noire sans mťlangeĽ.
QUATRIEME MOYEN.
_…tablissement d'une Rťgie humaine
& uniforme dans les Habitations._
L'adoption des trois Moyens prťcťdens, tendant ťvidemment au bon ordre
des Colonies, ŗ leur sŻretť & ŗ l'augmentation de leur population, ne
fera rien perdre ŗ aucun de leurs propriťtaires.
Laissant subsister toutes les habitations dans leurs travaux &
Manufactures actuelles, avec la police qui convient aux divers Atteliers
qui les composent; il faudroit que l'on s'occup‚t sťrieusement d'y
ťtablir par-tout avec uniformitť, une lťgislation bien rťglťe & bien
raisonnťe qui n'auroit plus rien d'arbitraire, & par laquelle on
assureroit l'ordre des travaux & l'exactitude de la discipline.
On demandera par qui sera ťtablie cette lťgislation? Si les Colons
(affranchis des entraves dont ils se plaignent, jouissant des droits
de Citoyens & de propriťtaires) avoient des Assemblťes Coloniales bien
composťes, le choix de chaque Colonie; si l'Administration qui est ŗ
leur tÍte avoit toujours une marche assurťe constante & ťclairťe,
il n'est point chimťrique de penser que ces Assemblťes elles-mÍmes
proposeroient ces RŤglemens de police & cette lťgislation humaine &
uniforme qui conviendroit ŗ toutes les habitations, & auxquels chacun
seroit tenu de se conformer; d'oý rťsulteroit le plus grand bien de
chacun en particulier, & celui de chaque Colonie en gťnťral.
Avant nous, les Anglois ont agitť ces projets de RŤglement dans leurs
Colonies: dŤs l'annťe derniŤre, un de leurs respectables habitans a
dit ŗ la JamaÔque sur ce sujet, ces paroles mťmorables: ęNous avons le
pouvoir d'augmenter le bonheur de 250 mille hommes dont le travail nous
procure notre subsistance journaliŤre; nous avons la facultť de former
pour ainsi dire une nouvelle crťation: quel objet plus noble pourra
jamais ťchauffer notre zŤle, & l'inclination naturelle qui nous porte
vers la bienfaisance? En considťrant mÍme les choses relativement ŗ
notre intťrÍt personnel, il est bien certain que l'homme humain est
encore le meilleur politique: ainsi en cťdant ŗ l'impulsion de notre
coeur, nous ajouterons ŗ la prospťritť de nos possessions, l'approbation
des hommes, & les bťnťdictions du CielĽ.
C'est aussi l'annťe derniŤre que les Habitans de la Grenade ont ťtabli
dans leur Assemblťe Coloniale, des RŤglemens de police intťrieure, & une
lťgislation en faveur des Esclaves, avec ce prťambule bien sage de leur
acte du 4 Novembre 1788. ęQue la nťcessitť de l'importation des NŤgres
cessera du moment oý ils seront traitťs avec humanitť, oý ils ne seront
plus accablťs par les travaux excessifs, & oý on aura ťgard aux loix de
la nature dans l'union des sexes.
ęComme les loix qui ont ťtť jusqu'ŗ prťsent promulguťes pour la
protection des Esclaves, ont ťtť trouvťes insuffisantes; & comme
l'humanitť, ainsi que l'intťrÍt de la Colonie, exigent de rendre
l'esclavage supportable, autant qu'il sera possible; afin de contribuer
ŗ la population des NŤgres, seul moyen de supprimer avec le tems la
nťcessitť de leur importation des cŰtes d'Afrique.
ęEt vu qu'on ne sauroit atteindre un but aussi dťsirable qu'en fixant
des bornes raisonnables au pouvoir des MaÓtres, & des personnes chargťes
de surveiller les esclaves, soit en les obligeant ŗ leur fournir le
logement, la nourriture & le vÍtement d'une maniere convenable, soit
en leur procurant la connoissance & l'instruction de la Religion
Chrťtienne, en s'occupant essentiellement de la perfection des moeurs,
en les engageant ŗ contracter des mariages lťgitimes, & en les y
protťgeant, & en respectant les droits de cet Etat. Pour les raisons
ci-dessus spťcifiťes, etc.Ľ
Sans donner le dťtail des RŤglemens, qui sont la suite de cet acte
colonial, ni exposer ici de ce qu'on pourroit faire de mieux ŗ cet
ťgard, en cherchant avec raison & humanitť l'exťcution des vues
exprimťes ci-dessus, il suffit de montrer par ces deux exemples: que les
Colons ont senti en corps lťgislatif que l'intťrÍt des habitans exigeoit
une pareille lťgislation; que cette lťgislation ťtoit nťcessaire
pour maintenir & accroÓtre la population, & pour supprimer par-lŗ
l'importation des Noirs de la cŰte d'Afrique, aussi pour le plus grand
avantage des habitans.
La lťgislation ou police de l'habitation ainsi arrÍtťe & ťcrite, seroit
lue & publiťe parmi les Atteliers, & renouvellťe de tems en tems. Il y
seroit pourvu avec certitude ŗ la nourriture des NŤgres (substantielle &
en nature, au moins suivant le voeu du Code noir qui n'est presque nulle
part bien suivi); ŗ leur habillement, ŗ leur logement: on assureroit la
propriťtť de leurs jardins, volailles & basse-cour; on pourvoiroit ŗ
leur traitement en maladie, au soulagement des vieillards & infirmes,
aux soins nťcessaires aux femmes enceintes, aux nourrices & aux enfans,
au maintien des bonnes moeurs, ŗ l'instruction de la jeunesse, au bon
ordre dans les familles, etc.
En mÍme-tems, l'ordre, la police & les heures des travaux y seroient
fixťs, de mÍme que la subordination: les fautes lťgŤres seroient punies,
aprŤs que le coupable auroit ťtť entendu, en prťsence des plus sages &
des anciens de l'habitation; mais par d'autres moyens que le fouet de
poste dont on ne peut se dissimuler la barbarie. Les crimes seroient
renvoyťs aux Juges ordinaires, & punis par la loi: il y auroit aussi des
rťcompenses pour les actions vertueuses & distinguťes.
Certainement bien loin qu'aucune habitation fŻt dťrangťe par ces
dispositions, il n'est pas une personne sensťe qui puisse dire que les
Colons ne gagnassent infiniment ŗ cette amťlioration dans le Rťgime des
Noirs, par leur attachement & leur bonne volontť au travail.
Ce parti pris & consolidť, on ajoutera ici qu'il conviendroit de changer
dŤs-lors la dťnomination d'esclaves, & d'esclavage, ce seroit en vain
qu'on auroit rťformť la chose; elle paroÓtroit toujours odieuse, elle
tendroit ŗ le redevenir, si on laissoit subsister un nom rťprouvť.
En effet dans l'ťtat raisonnable & modťrť, prťparť pour les Cultivateurs
noirs, par de sages RŤglemens, rien d'arbitraire, ni de barbare
n'existant plus dans leur traitement, connoissant par ces loix ťcrites,
leurs droits & leurs obligations, ils ne seroient dťjŗ plus esclaves
proprement dits; ce seroit des vassaux attachťs ŗ la glŤbe, assujettis ŗ
travailler comme auparavant pour leur Propriťtaire.
CINQUI»ME MOYEN.
_Gratification d'un dixiŤme des produits._
AprŤs avoir ainsi rťglť d'une maniŤre qui cesseroit d'Ítre arbitraire,
la discipline des Atteliers, on promettroit ŗ ces vassaux, un
encouragement ŗ bien faire & ŗ travailler avec zŤle, qui seroit une part
dans les revenus de l'habitation, part d'abord petite, & seulement d'un
dixiŤme des produits nets.
Il est plus que probable que ce sacrifice apparent de l'abandon d'une
partie des revenus par le propriťtaire les soutiendra au moins au
mÍme taux, parce que l'intťrÍt que les Noirs y auront, les excitera ŗ
travailler avec la meilleure volontť, ŗ concourir avec zŤle aux progrŤs
des plantations, & ŗ l'exploitation des denrťes, ŗ empÍcher les vols,
les pertes de tems, & les divers abus que le rťgime dur de l'esclavage
multiplie.
Quel Ítre tant soit peu dťgagť des prťjugťs qui aveuglent la plupart des
Colons, pourra croire que les habitations en particulier & les Colonies
en gťnťral, puissent obtenir un degrť de prospťritť proportionnť au
nombre de leur population, jusqu'ŗ ce que leurs Cultivateurs, intťressťs
au produit de leurs propres travaux & ŗ l'augmentation des rťcoltes, y
portent un zŤle qu'il seroit absurde d'attendre d'une sorte de troupeaux
gouvernťs ŗ coups de fouets, & dont le seul espoir consiste en quelques
heures de repos, & ŗ ťviter les ch‚timens.
Si on pouvoit douter de l'effet de cette gratification, je dirois que
j'en ai fait l'ťpreuve avec le plus grand succŤs.
SIXIEME MOYEN.
_Augmentation successive de gratification,
ou part dans les revenus, accordťe
aux NŤgres cultivateurs_.
Quand on auroit vu, par l'expťrience d'une annťe ou deux, que l'Attelier
se seroit bien comportť sous ce nouveau plan de conduite; que ce dixiŤme
des produits donnťs aux Noirs en gratification auroit obtenu l'effet
qu'on s'en ťtoit promis; que les Habitations n'en auroient pas dťpťri,
bien au contraire; on augmenteroit cette gratification que l'on
porteroit l'annťe suivante ŗ un neuvieme des produits nets, pour
ťprouver encore si par ce sacrifice les revenus se soutiendroient au
mÍme taux pour le propriťtaire.
Comme on ne doute pas de l'effet, on assure ici que cette gratification
ou part dans les revenus accordťe aux NŤgres pourra Ítre augmentťe
d'annťe en annťe, & portťe successivement ŗ un huitiŤme, ŗ un septiŤme,
ŗ un sixiŤme, ŗ un cinquiŤme, ŗ un quart & enfin ŗ un tiers des revenus
nets, & que ce sera sans que le propriťtaire lui-mÍme ťprouve une
diminution. Ce tiers accordť aux vassaux ne feroit qu'assurer davantage
ses propres revenus, & les exportations de la Colonie augmenteroient de
ce tiers au moins qui seroit mis de plus dans la masse du commerce.
Le commerce d'importation augmenteroit en mÍme proportion par les
consommations que seroient les NŤgres jouissant alors d'une petite
aisance: & cette population si mal traitťe jusqu'ŗ prťsent commenceroit
ŗ voir le bonheur ŗ sa portťe, & ŗ aimer ses MaÓtres.
SEPTI»ME MOYEN.
_Nouveau Code Colonial._
On juge que les diverses gradations indiquťes dans les moyens
prťcťdemment donnťs, pourront exiger un espace au moins de neuf ans.
La dixiŤme annťe, (ou aussi-tŰt que cette expťrience auroit ťtť bien
constatťe, & que les bons effets de ce rťgime seroient reconnus) on
consolideroit cet arrangement par une lťgislation ou contrat qui
regleroit avec ťquitť les droits des propriťtaires & ceux des vassaux,
par un nouveau code colonial substituť au code noir, loi de duretť &
fondťe sur un principe barbare qui ne peut plus subsister. Ce n'est pas
ici le lieu de donner lŗ dessus un plus grand dťtail: il suffit que
les ‚mes honnÍtes (& il y en a sans doute parmi les Colons) soient
convaincues que ce qu'on leur propose n'est ni impossible, ni nuisible ŗ
leurs intťrÍts.
HUITI»ME MOYEN.
Affranchissement successif & entier
des Familles de Noirs, &
formation de propriťtťs particuliŤres._
Il est aisť de concevoir qu'en adoptant successivement les moyens qu'on
vient d'exposer rapidement, aucune grande propriťtť ne seroit dťrangťe;
que la population augmenteroit sous un rťgime plus humain; que des
familles crťoles & anciennes des vassaux, se racheteroient de tems en
tems de cette espŤce de servitude de la glŤbe, substituťe dans les
premiers tems ŗ l'esclavage. Cet heureux changement se seroit opťrť sans
causer de choc ni de commotion; ces vassaux se seroient accoutumťs
petit ŗ petit, & comme insensiblement, ŗ une certaine aisance & ŗ une
existence meilleure fondťes sur leur bonne conduite, leur activitť &
leur industrie: il ne se seroit fait aucune rťvolution trop subite dans
leurs idťes qui pŻt faire craindre aucuns mauvais effets, puisque les
premiers moyens ne sont que des gr‚ces accordťes conditionnellement &
que le MaÓtre auroit toujours pu retirer, dans le cas oý les NŤgres s'en
fussent rendus indignes.
Les familles qui de bon accord auroient fait sur leurs profits les
ťpargnes suffisantes pour se racheter, auroient par-lŗ fait preuve de
leur capacitť & de la bonne conduite dont ils seroient capables dans
l'ťtat de libertť: Elles se racheteroient, soit par une somme une fois
payťe, soit par une redevance annuelle.
Ces ťmigrations successives de vassaux affranchis, qui sortiroient ainsi
des grandes habitations pour former de petites propriťtťs par familles,
seroient amplement remplacťes dans les habitations par l'accroissement
immanquable de leur population. Les revenus de ces grands ťtablissemens
augmenteroient mÍme ŗ mesure de ces affranchissemens par les cens
ou redevances modťrťes dont le propriťtaire conviendroit avec eux,
sanctionnť par la loi, ou par le remboursement d'argent.
Ces familles affranchies ťtabliroient, sur les terreins que leur
auroit concťdťs le propriťtaire, ou le Gouvernement, des _huttes_
(ou mťnageries de gros & de menu bťtail) des places ŗ vivres, des
plantations de coton, de cafť, de cacao, d'indigo, de tabac; ils
exerceroient des arts & mťtiers dans la Colonie, etc.; & on ne voit
point impossible, quand ces affranchissemens auroient assez augmentť,
qu'il s'ťtablÓt de nouvelles Sucreries par des associations faites
entr'eux.
Il semble qu'un rťgime si ťvidemment prospŤre pour le Colon & pour le
Cultivateur NŤgre, tendant ŗ l'avancement des Colonies, devroit Ítre
saisi avec empressement par tous les Colons. On a lieu de croire qu'il
le seroit en effet par quelques-uns; mais le plus grand nombre des
personnes qui possŤdent des biens dans les Colonies n'est pas de cette
trempe, & se laisse entraÓner par une routine ťtablie & un usage
hťrťditaire. S'il n'y avoit dans les Colonies que de grands
propriťtaires, que des gens raisonnables & humains pour possťder les
esclaves & les diriger, le sort des Noirs ťtant par-tout semblable
ŗ celui qu'on cite par exception sur quelques habitations sagement
conduites, il seroit facile de persuader ŗ ces personnes choisies de
faire un pas de plus vers l'amťlioration du sort de leurs Cultivateurs;
elles sentiroient aisťment que ce n'est pas tout faire que de les
nourrir & de les soigner, que l'activitť, le bon ordre & les revenus
augmenteroient infailliblement en les y intťressant; ces personnes
tenteroient volontiers l'expťrience que je viens d'indiquer, & je suis
plus que persuadť que la tentative suffiroit pour obtenir une rťussite
complette. Mais les Colonies sont en grande partie composťes (quant
ŗ leur population blanche) de gens ťtrangers ŗ la terre, qui y sont
impatiemment, affectant mÍme du dťgoŻt pour ce sťjour & le desir de
le quitter, gens le plus souvent sans ťducation, sans moeurs, sans
instruction: tous sont habiles ŗ possťder des esclaves; mais il s'en
faut de beaucoup que tous aient les idťes par lesquelles des hommes
doivent Ítre gouvernťs: n'ťtant lŗ qu'avec le projet de faire une
fortune rapide & de s'en aller le plutŰt possible en jouir en Europe,
tout ce qui peut accťlťrer leur fortune, ou y concourir, leur paroÓt bon
& lťgitime, & tout ce qui retarde ou empÍche leurs profits, leur semble
un crime: les esclaves sont leur principal, presque leur unique moyen de
fortune, prÍts ŗ les revendre, ils ne s'attachent jamais ŗ eux, ni ne
s'inquiettent d'autre chose que de tirer d'eux tout le travail possible.
Ce n'est pas de cette espŤce infťrieure, qui forme le plus grand nombre,
que l'on doit attendre aucune amťlioration. On ne doit pas se dissimuler
d'ailleurs que le prťjugť gťnťralement rťpandu dans les grandes Colonies
rťsistera long-tems ŗ cette rťvolution, que l'intťrÍt particulier & mal
raisonnť du moment se trouvera sans cesse en opposition avec l'intťrÍt
gťnťral & plus solide de l'avenir.
On aura encore ŗ vaincre le prťjugť de la plupart des personnes qui ont
influence dans cette administration, parmi lesquelles il existe une
persuasion assez gťnťrale que l'esclavage est essentiellement nťcessaire
ŗ l'existence & ŗ la prospťritť des Colonies, & que la Traite des Noirs
est indispensable au maintien & ŗ l'accroissement de leur population.
En supposant que quelques personnes plus ťclairťes & plus sensibles
tentent, en adoptant ces idťes, de faire quelques essais particuliers
d'amťlioration au sort des Noirs, & d'accroissement ŗ leur population,
il en rťsultera pour eux-mÍmes & pour le Gouvernement beaucoup de bien:
mais ces exemples, partiels & bornťs au plus petit nombre, ne pourront
obtenir complettement leur effet, tant qu'ils seront en opposition
directe & en exception au rťgime ťtabli par la loi; & le systŤme actuel
de l'Administration & de la lťgislation Coloniale, rťsisteroit ŗ
l'entier dťveloppement de ce rťgime de libertť, jusqu'ŗ ce qu'il fŻt
adoptť par tous; ce dont on peut difficilement se flatter.
D'aprŤs toutes ces considťrations, on pense qu'il seroit beau &
intťressant de voir les Nations qui possŤdent des isles ŗ Sucre (&
sur-tout la France l'Angleterre qui ont des terreins ŗ leur disposition,
lesquels n'ont pas encore ťtť ťtablis) faire de nouveaux ťtablissemens
dans des contrťes oý l'esclavage n'a point encore ťtť introduit, dans
les vues de prouver aux Colons qu'il est possible de faire du Sucre &
toutes les autres denrťes coloniales, sans tenir les hommes sous le joug
arbitraire de l'esclavage.
Qui peut douter en effet que si, dans le quinziŤme siŤcle, on eŻt
mťnagť, civilisť & instruit ce million d'hommes que l'on dit avoir
ťtť trouvťs dans l'Isle d'Haiti (ŗ prťsent Saint-Domingue) lors de sa
dťcouverte; si on se fŻt attachť ce peuple doux & hospitalier au lieu de
le dťtruire, si on lui eŻt joint avec prťcautions, mesure & politique,
des ťmigrations de gens de mťtiers & de talens; si on en eŻt agi de mÍme
ŗ l'ťgard des CaraÔbes des Antilles & autres pays de l'Amťrique, si on
eŻt ťtabli dans nos Colonies une lťgislation sage & humaine, sans jamais
songer ŗ ce moyen odieux de l'esclavage; qui peut douter, dis-je, que
Saint-Domingue n'eŻt pu Ítre, sous cette forme diffťrente, bien plus
peuplťe & plus productive qu'elle ne l'est avec ses 500 mille Noirs
esclaves? & les autres Colonies n'auroient-elles pas pu prospťrer de
mÍme par les mÍmes moyens.
Qu'il me soit permis de citer ici un passage d'un ouvrage estimť sur les
affaires actuelles, attribuť ŗ un Prťlat du premier mťrite, oý cette
mÍme idťe est exposťe, ŗ la suite d'un raisonnement court & concluant
sur l'esclavage.
ęDans nos possessions d'Amťrique, on pourroit dŤs ce moment choisir
quelque Canton, ou une isle, pour y ťtablir des propriťtťs & des
Cultivateurs libres: il ne faudroit pas trop ťcouter les Colons, car
ils raisonnent sŻrement comme raisonnoient nos ancÍtres dans le dixiŤme
siŤcleĽ.
_CONCLUSION._
L'Esclavage est une institution vicieuse & injuste; la Traite des Noirs
est une barbarie encore plus condamnable.
Que les Colonies se maintiennent & que l'esclavage s'y conserve encore
quelque-tems, puisqu'il n'est que trop vrai qu'il ne peut disparoÓtre
que par gradations, ŗ moins de causer des pertes aux Colons & du danger
ŗ nos ťtablissemens; mais il faut proscrire dans l'instant la Traite.
Il eŻt ťtť possible aux Fondateurs de nos Colonies de les cultiver sans
rťduire leurs Cultivateurs en esclavage: ils surprirent un loi odieuse ŗ
la Religion des Souverains pour autoriser l'esclavage dans nos Colonies,
en donnant une fonction ŗ la Traite des esclaves qui est un tissu de
brigandages: nous jouissons de leur ouvrage; mais si nous voulons en
jouir sans remords, amťliorons le sort de ces victimes de la cupiditť, &
cessons dťsormais d'en augmenter le nombre.
A mesure que les Colons se prÍteront ŗ ces vues d'ordre de d'humanitť,
en paroissant faire le plus noble des sacrifices, ils feront leur
propre avantage; on verra rťsulter plus de prospťritť aux Colonies & au
Commerce National; on y ťprouvera plus de tranquillitť, plus de sŻretť,
une augmentation constante ŗ la population de ces ťtablissemens, sans
employer aucuns moyens forcťs, ni contraires ŗ nos principes: il ne faut
pour s'en convaincre que se reprťsenter cette vťritť si reconnue, que la
population croÓt sensiblement par-tout oý se trouvent le bonheur & les
subsistances.
_Envoi ŗ MM. les Dťputťs de la Nation._
O! vous, l'ťlite de la plus belle Nation & de la plus gťnťreuse,
assemblťs en prťsence de l'univers pour rťparer les maux de l'humanitť
souffrante, pour soutenir le foible contre l'opression du fort, pour
faire jouir les pauvres du sacrifice des riches! daignez vous occuper un
instant du sort de 500 mille Cultivateurs qui font partie des sujets
de ce vaste empire, qui vous procurent par leurs travaux des denrťes
agrťables & utiles, qui fournissent des moyens considťrables au Commerce
& l'activitť Nationale, qui en donneront encore bien davantage, si leur
industrie est encouragťe & leur population soignťe & mťnagťe; ils vivent
sous le Gouvernement FranÁois, & cependant, par un abus injustifiable,
ils sont soumis ŗ une loi qui est en contradiction avec vos moeurs,
votre Religion, vos principes constitutionnels; ils sont assujettis ŗ
un rťgime arbitraire duquel rien ne peut les dťlivrer que l'autoritť
souveraine qui les y a condamnťs: sans amis, sans dťfenseurs, sans
magistrats[2], n'ont-ils pas quelques droits ŗ votre protection? Et
n'est-il pas bien certain que le Roi le plus humain & le mieux disposť
ŗ bien faire sanctionnera avec empressement, ce que vous ferez en leur
faveur. Croyez que nul objet n'est plus digne de vos glorieux travaux
que la suppression de la Traite des Noirs, & la rťsolution prise
dŤs-ŗ-prťsent de prťparer les voies ŗ celle de l'esclavage, par tous les
moyens graduels indiquťs ici rapidement, ou tels autres, que la propre
disposition des propriťtaires fera ťclore successivement, encouragťe par
l'autoritť souveraine.
[Footnote 2: On peut dire avec vťritť que les NŤgres sont sans
dťfenseurs & sans magistrats, quoiqu'il y ait une forme de justice en
leur faveur; puisque ces Magistrats sont toujours ŗ leur ťgard juges &
parties, puisque (dans les cas trŤs-rares & qu'on ťvite le plus que l'on
peut, oý les barbaries des MaÓtres occasionnent des procťdures en faveur
des esclaves) le tťmoignage des esclaves est sans valeur, & les jugemens
sont toujours guidťs par le prťjugť qui veut que les Blancs ne soient
pas compromis; & par consťquent le Blanc coupable est toujours mťnagť.]
FIN
End of the Project Gutenberg EBook of Rťflexions sur le sort des Noirs dans
nos colonies, by Daniel Lescallier
*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK R…FLEXIONS SUR LE SORT DES ***
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Réflexions sur le sort des Noirs dans nos colonies
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The Project Gutenberg EBook of Rťflexions sur le sort des Noirs dans nos
colonies, by Daniel Lescallier
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Title: Rťflexions sur le sort des Noirs dans nos colonies
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— End of Réflexions sur le sort des Noirs dans nos colonies —
Book Information
- Title
- Réflexions sur le sort des Noirs dans nos colonies
- Author(s)
- Lescallier, Daniel, baron
- Language
- French
- Type
- Text
- Release Date
- March 8, 2005
- Word Count
- 11,934 words
- Library of Congress Classification
- HT
- Bookshelves
- FR Politique, Browsing: History - General, Browsing: Politics, Browsing: Sociology
- Rights
- Public domain in the USA.