Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3241, 8 Avril 1905, by Various
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Title: L'Illustration, No. 3241, 8 Avril 1905
Author: Various
Release Date: November 18, 2010 [EBook #34363]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, 8 AVRIL 1905 ***
Produced by Jeroen Hellingman and Rťnald Lťvesque
L'Illustration, No. 3241, 8 Avril 1905
LA REVUE COMIQUE, par Henriot.
_Ce numťro contient une gravure en couleurs:_ LE COCHE D'EAU EN
HOLLANDE.
L'ILLUSTRATION
_Prix du Numťro: 75 Centimes._
SAMEDI 8 AVRIL 1905
_63e Annťe.--Nį 3241_
[Illustration: LA REINE D'ANGLETERRE EN FRANCE
Sur le pont du yacht ęVictoria-and-AlbertĽ--_D'aprŤs une photographie
prise ŗ bord._]
_Le numťro de la semaine prochaine, portant la date du 15 avril,
contiendra:_
SCARRON _la grande comťdie tragique en cinq actes, en vers, de_ M.
CATULLE MEND»S, _que M. Coquelin vient de reprťsenter avec tant d'ťclat
au thť‚tre de la GaÓtť. Le numťro du 22 avril contiendra:_
L'AGE D'AIMER _la dťlicieuse et fine comťdie de_ M. PIERRE WOLFF, _dans
laquelle Mme Rťjane vient de faire sa rentrťe au thť‚tre du Gymnase avec
un si vif succŤs.
ParaÓtront ensuite:_
_L'ARMATURE, par_ M. BRIEUX, _d'aprŤs le cťlŤbre roman de_ M. PAUL
HERVIEU, _de l'Acadťmie franÁaise (Vaudeville);_
_MONSIEUR PI…GOIS, par_ M. ALFRED CAPUS _(Renaissance);_
_LE DUEL, par_ M. HENRI LAVEDAN _(Comťdie-FranÁaise);_
_LE R…VEIL, par_M. PAUL HERVIEU _(Comťdie-FranÁaise);_
_LE GOUT DU VICE, par_ M. HENRI LAVEDAN _(Gymnase);_
_Les prochaines piŤces de_ MM. BRIEUX, MAURICE DONNAY, JULES LEMAőTRE
_et de tous les principaux auteurs dramatiques contemporains._
COURRIER DE PARIS
JOURNAL D'UNE …TRANG»RE
Le matin, au Concours hippique. Un joli soleil dore, ŗ travers les
hautes coupoles de verre oý les moineaux volettent et piaillent, le
sable jaune de la piste, fait briller les ors des tentures et les
feuilles des petits orangers bien alignťs, en bouquets tout neufs,
autour des ęobstaclesĽ. On ťpoussette, on range, on apporte des fleurs
fraÓches, tandis qu'au bout de l'immense manŤge dťsert, ŗ l'ťcart,--sur
une petite piste improvisťe dans la grande,--un peloton de cavaliers
silencieusement galope. C'est l'examen d'ťquitation des jeunes gens: une
sťance que l'ťlťgante clientŤle des aprŤs-midi dťdaigne et qu'elle a
tort de dťdaigner. Leurs chevaux ne sont point jolis. Ce sont d'honnÍtes
rosses empruntťes aux manŤges que ces ťcoliers frťquentent, mais ils
sont, eux, si gentils... les uns, sanglťs dans la tunique du potache,
que dťborde un faux col trop haut, et coiffťs du kťpi souple, ŗ la mode
de Saumur; les autres, costumťs militairement, la taille raide sous le
dolman bleu de ęl'Escadron de Saint-GeorgesĽ; ou simples _sportsmen_.
mais qu'on sent dťjŗ passťs maÓtres en l'art de s'habiller: jambiŤres de
cuir fauve, culotte anglaise, jaquette d'impeccable coupe, gants blancs,
le melon noir posť un peu en arriŤre et de cŰtť, comme il convient...
Ils marchent, trottent, ťvoluent sous l'oeil du jury sťvŤre; ceux-lŗ,
graves et sans coquetterie, soucieux surtout d'Ítre bien notťs; ceux-ci,
plutŰt prťoccupťs d'intťresser notre petit groupe de spectatrices (nous
ne sommes pas vingt femmes en tout!) parmi lesquelles j'aperÁois des
mamans attentives et des jeunes filles (grandes soeurs? petites
cousines?) qui rient tout bas, en se chuchotant des choses ŗ l'oreille.
Ce sont des enfants, ces cavaliers, mais en qui dťjŗ s'ťbauchent
plaisamment les hommes qu'ils seront demain, et je crois que je saurais
deviner, au passage, ŗ quoi rÍve chacun d'eux, dans le bercement de
cette chevauchťe matinale; voici le piocheur, et voici le paresseux;
voici l'ambitieux, et voici le dilettante; celui que sťduiront les
aventures difficiles, et celui que sa jument, trŤs soignťe, n'emmŤnera
jamais trŤs loin du Bois... Il y a des faÁons, ŗ seize ans, d'Ítre
adroit ou gauche; de sourire, de saluer, de boutonner ses gants, de
ęsurveillerĽ sa silhouette, qui ne trompent pas l'oeil d'une femme.
Onze heures et demie. Les petits cavaliers se sont dispersťs au trot de
leurs maigres montures; le long des Champs-…lysťes, des attelages lťgers
passent, des automobiles se croisent, dans un vertige de vitesse; les
deux palais, le pont Alexandre-III, dťploient dans la lumiŤre de ce
radieux matin de printemps la splendeur de leurs pierres neuves... C'est
une Exposition universelle qui nous a lťguť ce dťcor. Alors, pourquoi
donc est-ce la mode, ŗ Paris, de parler aujourd'hui des Expositions
universelles avec tant de dťdain? Un dťputť proposait, ces jours-ci,
qu'on en organis‚t une en 1911; ŗ l'unanimitť, cette proposition fut
rejetťe. On ne consent ŗ promettre une Exposition universelle aux
Parisiens que pour 1920, s'ils sont bien sages.
Pourquoi si tard? Les FranÁais se reprochent mutuellement de ne point
aimer les voyages lointains, d'ignorer les choses de l'ťtranger. Ces
Expositions ne leur ťtaient-elles pas de trŤs commodes occasions de
s'instruire sans se dťranger et d'attirer vers eux, d'installer ŗ cŰtť
d'eux des sympathies que leur paresse hťsitait ŗ aller conquťrir sur
place?
Je ne pense pas que ces rapides rapprochements de peuple ŗ peuple
laissent aux hommes le temps de se pťnťtrer trŤs ŗ fond; mais ils leur
offrent un moyen agrťable de se cŰtoyer, de s'effleurer profitablement,
de se renseigner sur mille choses qu'on ignorait ou qu'on savait mal.
Une Exposition internationale, c'est, en mÍme temps qu'une vaste leÁon
de choses, une ťcole de diplomatie et de politesse. A distance, on se
mťfiait les uns des autres; on se dťtestait mÍme, ŗ tout hasard; et il a
suffi d'ťdifier sur un terrain vague quelques vitrines et de mettre
diverses choses dedans, pour que tout de suite, autour de ces ťtalages
ťphťmŤres, des gens de tous pays se rencontrassent avec le dťsir de se
mieux connaÓtre et l'illusion de s'aimer un peu...
J'ai mÍme constatť que cette illusion devient une rťalitť quelquefois.
C'est surtout par l'ťloignement, par les prťjugťs et la mauvaise foi des
ťcrivains que sont entretenues les mťfiances bÍtes, les animositťs qui
divisent, de pays ŗ pays, les pauvres hommes. Poussez l'un vers l'autre
deux Ítres qui croyaient s'abhorrer; faites-les se coudoyer,
s'entretenir de leurs affaires autour d'une table bien servie, dans la
fumťe des cigarettes; et voilŗ une amitiť conclue. Je ne sais quel
philosophe a ťcrit que le grand tort des hommes qui n'ont point les
mÍmes patries est de ne pas dÓner ensemble assez souvent. C'est vrai.
Rien ne vaut le _contact_. Il y a huit jours, cette visite ŗ Tanger de
l'empereur allemand nous apparaissait comme quelque chose de menaÁant;
je suis sŻre pourtant que si l'on interrogeait sur la signification de
cet ťvťnement le jeune diplomate et l'officier franÁais avec qui l'on
vit, dans cet instant-lŗ, bavarder familiŤrement Guillaume II, tous deux
protesteraient que ce monarque est un homme ŗ qui nous prÍtons bien
imprudemment des intentions vilaines qu'il n'a pas. Ils l'ont vu; il a
serrť leurs mains: les voilŗ conquis... Laissons venir ŗ nous les
ťtrangers; promenons de l'Opťra-Comique ŗ Trianon les ęreinesĽ de la
Mi-CarÍme italienne; en bien montrant Paris aux ťtudiants de Gottingue
et de Francfort qui le visitent depuis une semaine, apprenons-leur ŗ
l'aimer. Le ęcontactĽ... en vťritť, mÍme entre gens d'un mÍme pays, il
n'y a que cela qui importe.
ęSavez-vous, madame, me disait un jour un ingťnieur des Postes, pourquoi
les abonnťs du tťlťphone malmŤnent si rudement, parfois, nos employťes?
C'est _qu'ils ne les voient pas_. La distance donne une sťcuritť qui
rend l‚che, supprime chez les gens les mieux ťlevťs le sentiment de
certains ťgards nťcessaires.Ľ
J'ai deux amis (l'un dťputť modťrť, l'autre conseiller municipal
d'extrÍme gauche) qui sont friands de cuisine russe. Ils se dťtestaient
sans se connaÓtre. Je les rťunis ŗ ma table de temps en temps pour leur
faire manger de la pintade aux groseilles et du cochon de lait ŗ la
crŤme de raifort. Et ainsi, petit ŗ petit, ces deux hommes sont arrivťs
ŗ se mettre ŗ peu prŤs d'accord sur une certaine faÁon de sťparer, sans
trop de dťg‚ts pour personne, les Eglises de l'…tat.
Mieux que cela: je connais un explorateur qui, ŗ force de frťquenter les
nŤgres de l'Oubangui, s'est mis ŗ les aimer. Il parle d'eux avec une
ťmotion gentille; et presque toujours, en principe, il est ępour le
noirĽ contre le blanc. Je l'ai rencontrť avant-hier, dans un salon de
coloniaux oý l'on s'entretenait du dťpart de Brazza pour le Congo. Une
dame demandait:
--Il y a des anthropophages, de ce cŰtť-lŗ?
--Beaucoup.
--Quelle horreur!
L'explorateur sourit:
--Comme on a vite fait, dit-il, de penser du mal des gens qu'on ne
connaÓt pas! Savez-vous, madame, ce que c'est, au juste, qu'un
anthropophage?
C'est un pauvre noir, ignorant de tout, dťnuť de tout, obligť de
subsister tant bien que mal en un pays sans culture oý le gibier est
introuvable, et qui, n'ayant parfois d'autre nourriture ŗ se mettre sous
la dent que le corps d'un ennemi tuť ŗ la guerre, prend le parti de le
manger.
Mais je vous assure que cela n'exclut pas une certaine amťnitť de
moeurs. J'ai rťgnť naguŤre, comme chef de poste, sur des tribus
d'anthropophages qui ťtaient d'aimables gens et s'ťtonnaient fort de me
voir me f‚cher quand, d'une expťdition faite ŗ mon insu (ces noirs ne
cessent de guerroyer entre eux) ils me rapportaient une jambe, une
ťpaule d'ennemi pour que j'en garnisse mon pot-au-feu. Brazza, qui a
vťcu sans escorte et sans armes au milieu de ces hommes-lŗ et qui
s'ťtait fait aimer d'eux, vous dira que l'anthropophage ne se sent pas
plus cruel, en employant ŗ son alimentation les ęmorceauxĽ de l'ennemi
qu'il a tuť, que nous ne nous sentons cruels nous-mÍmes, quand nous
menons un veau ŗ l'abattoir.
ĽCar aucun sentiment de haine, aucun besoin de vengeance, n'est-ce pas,
ne nous incite au massacre des bÍtes... MÍme (et cela est trŤs bouffon)
nous les avons ęaimťesĽ vivantes, le plus sincŤrement du monde, avant de
les aimer mortes. Mme DeshouliŤres composait des ťglogues sur les
ępetits moutonsĽ en attendant d'en manger les cŰtelettes; et la vue d'un
mignon poussin, d'un caneton vivant dont les parents nous seront servis
tout ŗ l'heure en fricassťe ou en chaufroid, remue doucement nos ‚mes.
ĽCar nous sommes des gens sensibles... Mais nous sommes cyniques aussi.
Nous parons de fleurs, au lendemain des concours agricoles, les
quartiers de nos animaux gras; nous amťnageons nos boucheries en coquets
salons de chair fraÓche. Nous faisons mÍme de l'esprit: j'ai vu l'autre
jour, dans une gare du Mťtro, une affiche oý figurait un boeuf rÍvant
devant un pot de Liebig, avec cette lťgende: ęPressentiment douloureuxĽ!
ĽLes anthropophages ont plus de dignitť, madame. Ils mangent leurs
vaincus; mais ils ne les blaguent pas.Ľ
SONIA.
LE VOYAGE DE LA REINE D'ANGLETERRE
A GIBRALTAR ET A MARSEILLE
Prťcťdant de quelques jours l'empereur d'Allemagne, et se rendant comme
lui dans la Mťditerranťe par le mÍme itinťraire, la reine Alexandra
quittait Lisbonne, ŗ bord du yacht _Victoria-and-Albert_, au moment oý
Guillaume II allait y arriver. Le 28 mars, trois jours avant la
sensationnelle visite du souverain allemand ŗ Tanger, le yacht royal
entrait en rade de Gibraltar, et les croiseurs franÁais _Linois_ et
_Du-Chayla_ venaient y saluer la reine, portant ŗ leur bord le
reprťsentant de la Grande-Bretagne en mÍme temps que celui de la France.
Cette manifestation, simplement courtoise en temps ordinaire, a paru
emprunter aux circonstances une signification que le choix du port de
Marseille, pour le rendez-vous de la reine Alexandra et du roi Edouard
VII, a prťcisťe et accentuťe.
[Illustation: La "Victoria-and-Albert". LE VOYAGE DE LA REINE
D'ANGLETERRE.--Le yacht "Victoria-and-Albert" ayant ŗ bord la reine
Alexandra, est saluť, ŗ son arrivťe ŗ Gibraltar, par les canons des
forts et des croiseurs franÁais "Linois" et "Du-Chayla", ayant ŗ bord
les reprťsentants de la France et de la Grande-Bretagne.]
[Illustation: Chambre du roi Edouard VII.]
[Illustation: La cloche d'argent du bord. _Phot. S. Cribb._]
[Illustation: Chambre de la reine Alexandra.]
[Illustation: La salle ŗ manger.]
[Illustation: Le salon.]
_Photographies Russell and Sons._
LE RENDEZ-VOUS DU ROI ET DE LA REINE D'ANGLETERRE A
MARSEILLE.--Appartements des souverains ŗ bord du yacht royal
"Victoria-and-Albert".
[Illustration: Les souverains allemand et portugais en carrosse.]
[Illustration: Guillaume II descend du carrosse royal.]
LE VOYAGE DE GUILLAUME II
Nous avons, la semaine derniŤre, annoncť la nouvelle de la
sensationnelle visite qu'allait faire ŗ Tanger, entre une escale ŗ
Lisbonne et une autre aux Balťares, l'empereur Guillaume IL Cette visite
a pris les proportions d'un incident diplomatique.
Elle n'a pourtant pas ťtť longue, ayant durť tout juste une heure et
demie. Mais elle a prťsentť un caractŤre assez solennel, comme nos
lecteurs peuvent en juger par les photographies que _l'Illustration_
--qui ťtait reprťsentťe lŗ comme elle l'est partout--a reÁues de ses
correspondants particuliers, et qu'un vťritable tour de force nous
permet de publier dŤs cette semaine.
Nous n'avons que peu de mots ŗ ajouter aux lťgendes explicatives
imprimťes sous chaque gravure.
On sait que le dťbarquement de l'empereur, annoncť pour neuf heures du
matin, n'eut lieu qu'ŗ onze heures et demie. Entre temps, des officiers
de l'ťtat-major impťrial ťtaient descendus ŗ terre, avaient pu s'assurer
de l'ťtat des esprits et avaient occupť leurs loisirs ŗ essayer les
chevaux offerts par le sultan ŗ son impťrial visiteur.
Guillaume II, dťbarquť en retard, tint cependant ŗ repartir ŗ l'heure
convenue. Le programme fut donc ťcourtť. Il n'y eut pas de fantasia, pas
de visite au Grand-Sokko et ŗ la Kasbah: il n'y eut que des rťceptions,
de brefs discours, de rapides entretiens de l'empereur avec l'oncle du
sultan, Abd el Malek, et le caÔd anglo-marocain Mac-Lean, venus tout
exprŤs de Fez, avec les commerÁants allemands de Tanger, avec le
capitaine franÁais Fourniť, avec le comte de Chťrisey, notre chargť
d'affaires en l'absence de M. Saint-Renť-Taillandier. Pour tous,
Guillaume II eut, paraÓt-il, de bonnes paroles. Mais on n'en connaÓt pas
encore la teneur exacte, et ce doute permet aux commentaires d'aller
leur train: il y a dťsormais un incident
franco-anglo-hispano-allemand-marocain.
[Illustration: Guillaume II. Carlos Ier.
GUILLAUME II A LISBONNE.--L'empereur d'Allemagne visite la caserne du 4e
rťgiment de cavalerie portugais, dont il est colonel
honoraire.--_Photographies de notre correspondant, M. Benoliel._]
[Illustration: ARRIV…E A TANGER DU ęHAMBURGĽ, AMENANT L'EMPEREUR
GUILLAUME II..--Des barcasses marocaines se dirigent vers le navire
allemand, portant ŗ l'empereur la ęmounaĽ traditionnelle: l'une est
pleine d'oeufs, l'autre de boeufs, une troisiŤme de volailles, etc.]
[Illustration: Arrivťe d'Abd el Malek, oncle et reprťsentant du sultan.]
[Illustration: La rue de la Mosquťe, pavoisťe en l'honneur de
l'empereur.]
[Illustration: La lťgation d'Allemagne ŗ Tanger et l'arc de triomphe
ťlevť par les commerÁants allemands.]
[Illustration: Les autoritťs marocaines, le corps diplomatique et les
reprťsentants de la colonie allemande attendant l'empereur.]
LA VISITE DE GUILLAUME II A TANGER
_Photographies de nos correspondants, MM. Du Taillis et
Vaffier-Pollet.--Voir la suite des gravures, pages 220 et 221._
[Illustration: Mlle Ferro-Pia, reine de Turin, sur la tour Eiffel,
regardant le Sacrť-Coeur.--_Phot. Raffaele._]
[Illustration: Mlle Maria Nulli, reine de Milan, et ses deux pages, en
haut de la tour Eiffel.--_Phot. Raffaele._]
LES ęREINESĽ ITALIENNES A PARIS
Cette annťe, la fÍte de la Mi-CarÍme, ŗ Paris, a ťtť particuliŤrement
brillante, gr‚ce ŗ la prťsence de deux ęsouverainesĽ venues tout exprŤs
d'au delŗ des Alpes pour y participer. Les ęreinesĽ des marchťs de Milan
et de Turin, Mlle Maria Nulli et Mlle Rosina Ferro-Pia avaient, en
effet, saisi l'occasion la plus opportune de rendre leur rťcente visite
aux ęreinesĽ des marchťs parisiens, Mlle Toyet et Mlle Jeanne Troupel.
Le jeudi 30, vÍtues de somptueux atours, entourťes de leurs demoiselles
d'honneur, de leurs pages aux superbes costumes archaÔques, elles
partagŤrent avec leurs soeurs franÁaises le triomphe du cortŤge
traditionnel et les acclamations de la foule. Elles eurent ťgalement
l'insigne faveur d'arrÍter un instant les regards du prťsident de la
Rťpublique et de Mme Loubet, installťs ŗ une fenÍtre de l'…lysťe. Ce ne
furent, d'ailleurs, pendant leur sťjour d'une semaine, que galas,
banquets, promenades, organisťs ŗ leur intention. Le dimanche, prťcťdant
leur dťpart, Leurs Majestťs italiennes voulurent accomplir l'ascension
de la tour Eiffel, afin de contempler de haut ce Paris qui les avait
fÍtťes et enchantťes, et aussi peut-Ítre de prouver qu'elles ťtaient
capables de frťquenter les sommets sans crainte du vertige.
[Illustration: Le chevalier Piccini. Mlle Ferro-Pia, M. Brťzillon. Mlle
Troupel, M, Gondolfi. Mlle Nulli, M. Leroy. Mlle Toyet, M. Leray. Mlle
Mullier, reine de Turin. Reine de la rive droite. Reine de Milan. Reine
de la rive gauche. Reine des marchťs dťcouverts. LES REINES DES MARCH…S
DE MILAN, DE TURIN ET DE PARIS, DANS LA COUR D'HONNEUR DU PALAIS DE
L'ELYS…E]
[Illustration: INCENDIE D'UN TRAIN DE VOYAGEURS D…RAILL… A ARCUEIL,
ENTRE PARIS ET LIMOURS.--Phot. de M. Flinoise.]
_Le 30 mars dernier, ŗ sept heures du matin, le train de Paris ŗ Limours
dťraillait, en pleine voie et en pleine vitesse, entre Arcueil-Cachan et
Bourg-la-Reine. Un retour de flamme du foyer de la locomotive incendiait
le fourgon qui venait de s'ťcraser sur le tender et, de lŗ, le feu se
communiquait au train entier. Le mťcanicien, le chauffeur et un voyageur
ont ťtť carbonisťs; neuf autres voyageurs ont ťtť blessťs._
[Illustration: Le thť‚tre de la guerre au commencement d'avril. Les
ambitions japonaises.
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE.--La situation aprŤs quatorze mois de guerre.]
L'armťe russe, dťsorganisťe par sa dťfaite de Moukden, rťduite ŗ une
infťrioritť de 120.000 ŗ 150.000 hommes par rapport ŗ son adversaire,
poursuit lentement vers le nord sa pťnible retraite.
Les premiers jours qui ont suivi la bataille, les escarmouches
d'arriŤre-garde ont ťtť incessantes. On pouvait, ŗ tout moment, redouter
un nouveau dťsastre; mais les Japonais, aussi extťnuťs que les Russes,
n'ont pas pu poursuivre avec ťnergie. Leur seul effort sťrieux a ťtť
tentť sur le Fan-Ho, au sud de Tiť-Ling, le 14 mars; il n'a pu empÍcher
les Russes de s'arrÍter quatre jours en ce point, de s'y reformer, puis
de continuer leur marche vers le nord, en dťtruisant derriŤre eux tous
les ponts des nombreuses riviŤres et en particulier ceux du Houn-Ho, au
sud de Moukden et du Tchai-Ho, au nord de Tiť Ling. Cette prťcaution
ralentit considťrablement la marche des Japonais qui ne peuvent songer ŗ
pousser en avant des forces importantes avant d'avoir rťtabli les ponts
et la voie ferrťe.
Aussi la retraite des Russes est-elle, depuis quelque temps, arrÍtťe. Le
gros de leurs armťes paraÓt rťuni auprŤs de Kouan Tcheng-Tsť et de
Goutchouline. Cette ville, grand entrepŰt, centre des formations de la
Croix-Rouge, est protťgťe par des travaux rťcents de fortification: un
grand camp permet d'y abriter plusieurs corps d'armťe.
Plus au nord, le chemin de fer traverse la riviŤre Soungari, colossal
affluent de l'Amour, dont le cours, impťtueux ŗ cette ťpoque de la fonte
des neiges et d'une largeur de 900 ŗ 1.500 mŤtres, l'absence de tout
pont en dehors de celui du Transmandchourien, enfin les collines
dominantes de la rive droite font un obstacle de premier ordre.
Une partie importante des troupes de Liniťvitch s'est rassemblťe vers
Kirin, seconde capitale de la Mandchourie, situťe au dťbouchť de la
montagne, centre d'une contrťe spťcialement riche et fertile. Cette
sťparation de l'armťe russe en deux masses est de nature ŗ inquiťter un
peu, car chacune d'elle est assez faible pour pouvoir Ítre ťcrasťe par
une attaque en forces. Mais elle est rendue inťvitable par la situation
stratťgique. Les Russes, en effet, ont ŗ protťger deux directions
particuliŤrement menacťes: d'une part, celle de Kharbin, leur centre
vital, et de Tsi-Tsi-Kar, oý les Japonais pourraient, s'ils y
parvenaient, les couper de la Russie; d'autre part, celle de
Vladivostok, que les Nippons ne cachent pas leur intention d'aller
assiťger prochainement. Or, de Moukden, une seule route conduit de ce
cŰtť, celle de Kirin et Ningouta.
Chaque jour, Liniťvitch reÁoit des renforts: le 4e corps vient
d'arriver, ainsi que deux brigades de chasseurs et plusieurs escadrons;
des postes de garde de la voie ferrťe ont ťtť ramassťs pendant la
retraite. C'est un appoint de 60.000 ŗ 70.000 hommes qui s'ajoute aux
140.000 hommes auxquels ont ťtť rťduits les dťbris des trois armťes au
lendemain de Moukden.
Mais ces 200.000 hommes sont bien insuffisants pour permettre, avant
longtemps, de lutter avec quelque chance de succŤs contre les 300.000 ŗ
350.000 dont dispose Oyama. Le Transsibťrien amŤne ŗ Liniťvitch environ
1.000 hommes par jour. Mais le Japon a montrť qu'il ťtait capable, lui
aussi, de prťparer et d'envoyer des renforts dans la mÍme proportion.
En outre, la rťgion dans laquelle s'opŤre la retraite sur Kharbin
constitue, de Tiť-Ling au Soungari, sur plus de 300 kilomŤtres, une
sorte de couloir, large et peuplť, mais ruinť depuis longtemps par la
prťsence des armťes. Il est limitť, ŗ l'est, par la montagne, couverte
seulement d'interminables forÍts presque vierges; ŗ l'ouest, par une
immense plaine dťsertique, sans eau, sans arbres, sans habitants, oý, ŗ
perte de vue, ne pousse qu'une inutilisable herbe sauvage. Les
gťographes l'ont baptisťe: ędťsert de Gobi orientalĽ, et les Mandchous:
ęTerre des herbesĽ.
L'armťe a donc le plus grand besoin de conserver Kirin pour pouvoir
vivre sans Ítre obligťe de recourir au Transsibťrien, ce qui diminuerait
les transports de troupes.
Le gros de l'armťe japonaise est restť jusqu'ici autour de Tiť-Ling,
Moukden et Facoumen, avec de fortes avant-gardes ŗ hauteur de
Tchan-Tou-Fou, sur les routes principales. FidŤle ŗ la tactique des
doubles mouvements enveloppants qui lui a jusqu'ici si bien rťussi, et
que permet son ťnorme supťrioritť, Oyama semble pousser peu ŗ peu vers
le nord, par Facoumen, une forte colonne dont nous avons dťjŗ signalť
l'existence sur notre croquis du 18 mars. D'autre part, des mouvements,
entourťs d'un grand mystŤre, s'effectuent dans la haute montagne. Les
Japonais veulent-ils attaquer en force ŗ Kirin en dťbouchant de
plusieurs directions, ou ont-ils, comme certains le supposent, dťtachť
un corps important qui, ťvitant Kirin, se glisserait sur Ningouta pour
couper la voie ferrťe et courir ensuite ŗ l'attaque de Vladivostok? On
ne saurait pour le moment le prťciser. On a mÍme ťtť jusqu'ŗ parler
d'une nouvelle armťe qui, rassemblťe secrŤtement au nord de la Corťe,
serait prÍte ŗ marcher, sous les ordres de Kawamoura, vers le Toumen et
le grand port russe.
En tout cas, il est certain qu'Oyama ne restera pas inactif et qu'il ne
tardera pas ŗ chercher ŗ profiter de l'ťnorme supťrioritť qu'il a sur
son adversaire.
L. DE SAINT-F…GOR.
NOTES ET IMPRESSIONS
Une loi primordiale et absolue rťgit la crťation: la loi du progrŤs.
Tout s'ťlŤve dans l'infini; les fautes sont des chutes. CAMILLE
FLAMMARION.
*
* *
Riches et pauvres: mauvaise classification. Dťpendants et indťpendants,
voilŗ la vťritable.
EMILE AUGIER.
*
* *
Quelle ironie! Des guerres de religion dans un pays qui n'a pas de
religion! ERNEST LEGOUV….
*
* *
En dťpit des travers du chauvinisme ou des ťcarts de la superstition, le
patriotisme ne cesse d'Ítre une vertu et la religion une force.
*
* *
On ne dťcrŤte pas le bonheur universel, on le rÍve: le vouloir
obligatoire est la source des pires persťcutions. G.-M: VALTOUR.
[Illustration: Guillaume II, ŗ peine dťbarquť, s'entretient avec Abd el
Malek, oncle du sultan.]
[Illustration: Guillaume II dťbarque ŗ Tanger ŗ onze heures et demie:
il est reÁu, sur le wharf, par Abd el Malek et les autoritťs marocaines.]
[Illustration: Avant le dťbarquement de l'empereur: les officiers
allemand essayent les chevaux offerts ŗ Guillaume II par le sultan.]
[Illustration: Prťcťdťs par la dťlťgation marocaine, l'empereur
Guillaume II et son ťtat-major se mettent en route pour la lťgation
d'Allemagne.]
[Illustration: Le dťpart.]
L'INCIDENT MAROCAIN: VISITE DE GUILLAUME II A TANGER, LE 31 MARS
_Photographies des correspondants de_ L'Illustration, _MM. Du Taillis et
Vaffier-Pollet._
[Illustration: A l'arrivťe: au bout du wharf, Guillaume II serre la main
du caÔd Mac-Lean.]
[Illustration: A deux heures, l'empereur et son cortŤge reviennent pour
le dťpart au dťbarcadŤre, ŗ l'extrťmitť duquel attendent les canots du
"Hamburg".]
[Illustration: La navigation sur la Meuse, entre Dordrecht et
Rotterdam.]
LES ROUTES D'EAU DE HOLLANDE
ęDieu a crťť la mer, dit un vieil adage latin qui a cours encore aux
Pays-Bas. Le Hollandais a crťť la terre.Ľ Et il faut reconnaÓtre que le
Hollandais, patient et tenace, a rťalisť lŗ une oeuvre de Titan, jamais
achevťe, d'ailleurs, depuis des siŤcles qu'elle continue de s'accomplir,
toujours prťcaire, et devant laquelle, involontairement, on songe aux
travaux expiatoires imposťs ŗ certains hťros de la mythologie, ŗ quelque
tonneau des DanaÔdes ŗ rebours, que tout un peuple serait condamnť non
plus ŗ remplir, mais ŗ ťpuiser, sans espoir d'en jamais dťcouvrir le
fond.
La Hollande est menacťe par les eaux de tous cŰtťs: du nord par l'Ocťan
et ses marťes; du midi par les fleuves qui, ŗ la merci d'une emb‚cle de
glaces, ŗ la fin de l'hiver, d'une pťriode exceptionnelle de pluies,
pourraient inonder tout ŗ coup de leurs eaux bourbeuses des lieues de
territoire, ruinant le pays, engloutissant les habitants. A chaque pas,
dans son histoire, on rencontre le rťcit de catastrophes pareilles.
Au moment oý, en 1810, Napolťon ťtendait sa serre vers la Nťerlande, il
la dťfinissait: ęUne terre d'alluvion formťe par le Rhin, la Meuse et
l'Escaut.Ľ Il lui semblait ainsi justifier sa conquÍte. MaÓtre des trois
fleuves, il estimait de son droit de possťder encore les vases et les
sables qu'ils avaient dťposťs ŗ leurs embouchures. Mais quels
collaborateurs a eus ici la nature! Sans le gťnie de ses habitants,
toute cette contrťe ne serait qu'un incertain marťcage. Un peuple qui a
conquis dans de telles conditions le sol qu'il habite est, mieux
qu'aucun autre, fondť ŗ en revendiquer la libre jouissance; il a doubles
titres ŗ l'indťpendance.
La Hollande est habitable seulement gr‚ce ŗ la lutte continuelle des
hommes contre l'envahissement des eaux, gr‚ce ŗ un effort sans trÍve.
Non seulement le Hollandais a, comme l'affirme le dicton, ęcrťť la
terreĽ, mais, cette crťation, il la poursuit au jour le jour. Il semble
perpťtuer, sans se reposer un moment, l'acte divin et du limon fait
surgir les champs, les prťs, les bois.
Cette lutte dure depuis des temps immťmoriaux. DŤs le onziŤme siŤcle,
les chroniques mentionnent l'existence de digues nombreuses opposťes aux
flots. Il y a, comme dans toute guerre, des alternatives de victoires et
de dťfaites. TantŰt on conquiert sur l'ennemi, tantŰt il prend
d'ťclatantes revanches. De 1500 ŗ 1860, on a perdu sur la mer 1.589.000
hectares. On en a reconquis 360.000 seulement. Mais on ne dťsespŤre pas
de regagner l'avantage, et l'on s'occupe maintenant de dessťcher, dans
le Zuyderzťe, 200.000 hectares d'un coup.
Un menu dťtail de la langue administrative apparaÓt comme trŤs
caractťristique de la situation, de la structure du pays. Le service des
ponts et chaussťes s'appelle, lŗ-bas, le Waterstaat, le dťpartement de
l'eau. C'est, pour la Hollande, plus sŻrement que ses deux ministŤres de
la guerre et de la marine, le vrai ministŤre de la dťfense nationale.
Pour soutenir les assauts furieux des vagues ou des inondations, il a
construit, il construit, rťpare, entretient des barrages plus rťsistants
que des murailles de forteresses: il en a maintenant plus de 2.500
kilomŤtres ŗ surveiller.
On peut dire que c'est ŗ lui, autant qu'ŗ la nature, que le paysage
hollandais doit son aspect particulier, puisque c'est lui qui a crťť les
digues et les canaux, ces deux ouvrages qui donnent ŗ la Hollande son
allure, en mÍme temps qu'ils sont nťcessaires ŗ son existence mÍme; lui
qui a amťnagť les _polders_, ces terres sorties ŗ peine des eaux
gťnťratrices, les a entourťs de barrages ťtanches, puis dťcoupťs par des
canaux, des fossťs, des rigoles, et, enfin, ŗ l'aide de pompes, les a
dessťchťs, rendus cultivables et habitables.
C'est lui qui a dessinť ces damiers plus ou moins rťguliers, oý les
tapis verts et drus de rives plates margent les longues bandes d'eau
calme, immobile, des canaux, de loin en loin troublťs, un moment, par le
passage de quelque barque chargťe de scintillants bidons, qui conduit au
p‚turage, ŗ l'heure de la traite, garÁons et filles de ferme, ou encore,
dans d'autres contrťes, par la lente promenade du coche d'eau, remorquť
ŗ la cordelle sur le chemin de halage dallť de briques, par des
bateliers en vestes courtes, en larges culottes. Car, ici, pas de
routes: un large canal est le grand chemin, accessible aux grosses
barques; le chemin vicinal est un simple fossť; le sentier
d'exploitation rurale, une ťtroite rigole d'assŤchement.
Le _Waterstaat_ toujours a construit ces ports avenants, animťs d'une
vie si placide, mÍme au fort du travail, avec leurs quais parfois
ombragťs de fraÓches verdures, au pied desquels se pressent les barques
pansues, leurs dťrives relevťes sur leurs flancs lourds comme les
ťlytres repliťs d'un colťoptŤre.
[Illustration: Bord de canal ŗ Middlebourg, dans l'Óle de Walcheren
(Zťlande).]
Et mÍme les moulins, ces pittoresques moulins alignťs souvent par
centaines dans les prairies et dans les cultures, au bord des canaux, et
agitant leurs bras grÍles ęcomme des marins qui ťchangeraient des signes
de dťtresse sur un navire qui fait eauĽ, sont encore des crťations, des
auxiliaires du _Waterstaat_. Pour la plupart ce sont de faux moulins,
des moulins qui ne moulent rien, mais qui actionnent seulement des
pompes d'ťpuisement.
Peut-Ítre n'ont-ils plus long temps ŗ remplir ce rŰle utile. Dťjŗ,
l'administration emploie beaucoup les turbines ŗ vapeur, et prŤs de six
cents de ces engins perfectionnťs, dťveloppant plus de 20.000 chevaux de
force, sont en service dans l'ťtendue du pays. Quoiqu'il en soit, si
nombre des moulins, des si jolis moulins hollandais, disparaissent, ce
sera toujours au _Waiersimal_ qu'il faudra s'en prendre.
Et en tout, partout, le _Waterstaat_, le dťpartement de l'eau, apparaÓt
comme une maniŤre d'auxiliaire, de collaborateur actif, jamais las, de
la Providence, qui avait fait ŗ ce pays des conditions d'existence si
ingrates et si rudes; comme un gťnie bienveillant, compatissant,
secourable, qui rťpare, dans la mesure de sa puissance, les torts
primitifs du destin.
[Illustrations: 1. Dans le port de Dordrecht.--2. Quai d'Amsterdam--3.
La Meuse ŗ Dordrecht.--4. Les moulins prŤs de Rotterdam.]
[Illustration: Reproduction exacte de la chapelle et de la grotte de
Lourdes, ťdifiťe dans les jardins du Vatican.]
[Illustration: S. S. le pape Pie X prononce une allocution en rťponse ŗ
celle de Mgr Schoepfer, ťvÍque de Tarbes.
INAUGURATION D'UNE REPRODUCTION DU SANCTUAIRE DE LOURDES DANS LES
JARDINS DU VATICAN
_Photographies G. Felici.--Voir l'article, page 232._]
[Illustration: Mgr Favier, ťvÍque de Pťking, dans son salon du PeÔ-Tang
_(DerniŤre photographie, prise par M. Bouillard.)_]
MONSEIGNEUR FAVIER
Mgr Favier, vicaire apostolique franÁais du Pť-Tchi-Li, vient de mourir,
ŗ Pťking, sa rťsidence, ŗ l'‚ge de soixante-sept ans.
Nť ŗ Marsannay (CŰte-d'Or), d'une famille d'humble condition, il
entrait, ŗ sa sortie du sťminaire de Dijon, dans la congrťgation des
lazaristes et s'embarquait presque aussitŰt pour la Chine, oý il devait
passer les quarante-trois annťes de son apostolat. DŤs le dťbut de sa
longue carriŤre de missionnaire, il s'ťtait signalť non seulement par
son zŤle de propagandiste, mais encore par son souci de s'initier le
plus complŤtement possible ŗ la langue et aux coutumes du Cťleste
Empire; aussi, bien avant son ťlťvation ŗ l'ťpiscopat en 1897. son
ardeur militante, son infatigable activitť, son influence exercťe au
profit des intťrÍts de la France, en avaient fait un personnage de haute
importance.
Vťnťrť de la colonie europťenne, sans distinction de nationalitť ni de
culte, il jouissait, d'autre part, d'un grand crťdit auprŤs de
l'impťratrice de Chine, qui lui avait confťrť le mandarinat de 1re
classe.
Elle ťtait singuliŤrement originale, la physionomie de ce prťlat
mandarin, portant tour ŗ tour le vÍtement ecclťsiastique et le costume
de tao-taÔ, le plus souvent coiffť d'une toque de loutre, et nul cadre
ne pouvait mieux s'adapter ŗ une telle figure que la demeure oý Mgr
Favier s'ťtait entourť d'une inestimable collection d'objets d'art
chinois dont la plupart ont ťtť reproduits dans son bel ouvrage sur
Pťking.
On n'a pas oubliť son rŰle hťroÔque en 1900, dans la cathťdrale du
PeÔ-Tang assiťgťe par les boxers. Les ťpreuves subies ŗ cette ťpoque
avaient ťbranlť sa santť, et, il y a un an, une attaque de paralysie
rťduisait ŗ l'immobilitť le vaillant homme d'action qui vient de
s'ťteindre.
[Illustration: Mgr Favier dans sa voiture de paralytique.]
[Illustration: "Mineur au repos", par Constantin Meunier. _Phot. E. F._]
CONSTANTIN MEUNIER
Le sculpteur Constantin Meunier est mort, le 4 avril, ŗ Bruxelles, oý il
ťtait nť le 12 avril 1831.
Quelques jours seulement avant ce dťnouement d'une carriŤre
exceptionnellement fťconde, un de ses intimes, M. Paul Matout, prenait
de lui, dans son atelier, la photographie que nous avons la bonne
fortune de publier et qui le reprťsente au milieu de ses oeuvres, devant
l'une de ses toiles rapportťes du ęPays NoirĽ,--l'expression est de
lui,--et l'un de ses bustes si puissamment expressifs.
Constantin Meunier avait longtemps et opini‚trement cherchť sa voie.
Fils d'un petit fonctionnaire, entraÓnť par son frŤre aÓnť, le graveur
J.-B Meunier, ŗ l'atelier des moulages, il avait travaillť la sculpture
avec Fraikin, un statuaire belge trŤs acadťmique. Puis la peinture, ŗ
son tour, l'avait sťduit. Il reste, de cette pťriode de sa carriŤre
d'artiste, des ťtudes et des tableaux sur la _Vie des Trappistes_, sur
la _Guerre des Paysans_, sur l'Espagne oý l'avait conduit une mission
officielle.
Mais, dans la mťmoire des gťnťrations, il demeurera surtout comme le
plus compatissant et le plus admirable des sculpteurs de l'ouvrier.
L'ťcrivain Camille Lemonnier, qui lui a consacrť un fort beau livre, lui
avait demandť sa collaboration pour l'illustration d'un ouvrage qu'il
prťparait sur la _Belgique_. Constantin Meunier, que son instinct
poussait dťjŗ vers le naturalisme, vers la traduction des scŤnes de
l'existence courante, s'en ťtait allť vers le Borinage, la contrťe
sombre des charbonnages et des usines. Il y entrevit sa terre promise.
Peu aprŤs, il acceptait, heureux ŗ la pensťe des oeuvres possibles, de
s'exiler, comme professeur de dessin, ŗ Louvain. Il allait vivre lŗ au
milieu des mineurs, des herscheurs, les premiers hťros de cette sorte de
_Divine Comťdie_ des prolťtaires qu'il a coulťe dans le bronze. Pour les
immortaliser, il reprit l'ťbauchoir et la glaise. Sa sympathie,
d'ailleurs, ne s'arrÍta pas ŗ eux seuls. Tous les humbles aux prises
avec les rudes t‚ches, pÍcheurs en lutte avec le vent et les marťes,
paysans acharnťs contre la glŤbe, cyclopes du four ou de la forge, il
les a tous pťtris tour ŗ tour en des bronzes d'une ťtonnante ampleur de
facture, d'une intensitť d'expression vraiment prodigieuse.
L'apparition, au Salon de 1886, du _Marteleur_ qui lui valut une
mťdaille d'honneur, le rťvťla ŗ Paris, lui donna d'un coup la gloire. Il
avait vťcu, depuis lors, environnť de l'admiration, du respect de
quiconque, au monde, s'intťressait aux choses de l'art.
[Illustration: Constantin Meunier dans son atelier. _Photographie prise
huit jours avant sa mort par M. P. Matout._]
_Documents et Informations_
[Illustration: Le paquebot "Cairo" naufragť ŗ l'entrťe d'Alexandrie.
Phot. communiquťe par le major W. T. Holland.]
[Illustration: Les dťbris du trois-m‚ts "Khyber", broyť par une tempÍte
sur les cŰtes de Cornouailles.]
LE NAUFRAGE DU ęCAIROĽ.
L'un des paquebots de la Compagnie italienne de navigation, le _Cairo_,
vient de se perdre, au moment de toucher au port, ŗ l'entrťe
d'Alexandrie. Le naufrage s'est produit dans la soirťe du 5 mars et
c'est le lendemain matin seulement qu'on a pu venir au secours des
malheureux passagers, qui, bloquťs sur ce bateau ŗ demi submergť,
ťtaient demeurťs toute la nuit dans les transes les plus vives.
Un dťtail intťressera nos; lecteurs et amis: c'est le _Cairo_ qui
emportait, vers l'…gypte, le numťro de l'_Illustration_ du 25 fťvrier,
si bien que nos abonnťs ťgyptiens n'ont reÁu qu'aprŤs un long retard ce
numťro, consacrť, en partie, ŗ l'assassinat du grand-duc Serge, ŗ
Moscou, et, en partie, au retour du gťnťral Stoessel.
A LA CONQU TE DE L'OR.
De singuliers appareils ont ťtť rťcemment imaginťs, en Amťrique, qui
sont dťjŗ employťs dans les vallťes de la cŰte du Pacifique et qui
serviront bientŰt en Chine aussi. Ce sont des sortes de navires pour
l'extraction de l'or: des extracteurs d'or flottants. Ces navires
tiennent de l'arche et de la drague. Ils sont faits pour exploiter la
terre et les sables du fond et des rivages des riviŤres. Munis de
baquets, portťs par une chaÓne sans fin, qui vont se remplir de sable et
de terre au fond de l'eau ou sur ses bords, munis aussi d'appareils qui
brisent la roche et ameublissent le sol, ces navires sont
essentiellement des laboratoires trŤs perfectionnťs pour l'extraction
des parcelles d'or. La terre rapportťe du fond de la riviŤre est
abondamment lavťe: le mťtal prťcieux est retenu par des tamis fins ou
absorbť par du mercure On estime que le navire extracteur ne perd pas un
dixiŤme d'un pour cent de l'or que renferment les terres traitťes par
lui. Il peut ęretravaillerĽ avec profit les amas de terre des anciens
_placer_. La dťpense pour la manipulation des terres ne dťpasse pas 20
ou 25 centimes par tonne. Mais les frais de premiŤre installation sont
ťlevťs: un navire laveur d'or coŻte de 250.000 ŗ 300.000 francs. Il y a
actuellement dťjŗ une centaine de laveurs d'or de ce genre qui, se
promenant le long des berges des riviŤres des cŰtes du Pacifique,
ętravaillentĽ 40 ou 45 hectares de terre par mois, c'est-ŗ-dire
convertissent de la terre ferme en boue, aprŤs en avoir extrait l'or.
LA CAUSE DU TEMP…RAMENT BILIEUX.
Des personnes irritables, brusques, on dit volontiers qu'elles ont le
tempťrament bilieux: mais c'est lŗ une dťfinition qui n'a pas de
prťtention scientifique; et rien, jusqu'ŗ prťsent, n'aurait pu autoriser
ŗ soutenir que la bile ťtait bien la cause du tempťrament en question.
Eh bien, s'il faut en croire des expťriences faites par quelques
mťdecins, ce serait, en effet, la prťsence anormale d'une certaine
quantitť de bile dans le sang qui donnerait au systŤme nerveux du
bilieux les rťactions qui caractťrisent son tempťrament propre.
Injectťe ŗ petites doses dans le sang, la bile agirait comme un excitant
de la contractilitť musculaire et de l'irritabilitť nerveuse
physiologique; les nerfs moteurs comme les nerfs sensitifs, sous son
influence, prťsenteraient une hyperexcitabilitť trŤs nette. Mais, si
l'hyperactivitť mentale et l'hyperexcitabilitť nerveuse se produisent
avec de petites doses de bile, avec de hautes doses c'est la dťpression,
le malaise intellectuel et moral que l'on obtient, avec lassitude,
tendance ŗ la mťlancolie, tristesse.
Ainsi seraient rťalisťes expťrimentalement les deux formes du
tempťrament bilieux: la forme lťgŤre, plutŰt favorable, et la forme
accentuťe, pťnible pour soi et pour les autres et qui rend insociable.
Et voici un exemple curieux d'une vieille locution mťdicale, tombťe
depuis longtemps dans le langage vulgaire, et qui correspondrait ŗ une
rťalitť trŤs prťcise d'un phťnomŤne physiologique.
UNE őLE PROBL…MATIQUE.
Une Óle fait beaucoup parler d'elle, en ce moment, dans le monde
maritime du Pacifique.
Mais il est difficile d'en dire grand'chose: elle ne porte point de nom
et, par surcroÓt, on ne sait mÍme pas au juste si elle existe. Elle se
trouverait entre les cŰtes du Mexique et l'archipel des HawaÔ. Si l'on
demande comment il se fait qu'on ait de telles incertitudes ŗ l'ťgard de
son existence, il n'est pas difficile de rťpondre: il suffit de faire
observer que les parages oý elle se trouverait sont de ceux que la
navigation connaÓt et frťquente le moins. On ne passe pour ainsi dire
jamais dans la rťgion dont il s'agit. C'est dans les observations de
baleiniers, dans les dťbuts du dix-neuviŤme siŤcle, qu'on a trouvť des
raisons de croire ŗ l'existence de cette Óle; mais les expťditions
envoyťes en 1827 et 1837 pour vťrifier cette existence n'ont donnť
aucune confirmation du bruit qui courait. En 1837 encore, on n'a rien
trouvť et, en 1899, une croisiŤre de l'_Albatros_ est ťgalement restťe
infructueuse, ne rťvťlant dans les parages supposťs de l'Óle que des
sondages de 2.000 et 3.000 brasses. En 1902, toutefois, l'existence de
l'Óle a paru moins invraisemblable: on a trouvť un haut-fond suspect.
L'an dernier on a continuť les recherches, mais elles n'ont encore rien
donnť: il s'agit d'explorer une rťgion de 30.000 milles carrťs et
l'opťration demande du temps. L'Óle cessera peut-Ítre, un jour prochain,
d'Ítre problťmatique: pour le moment, toutefois, elle le demeure.
LA PROTECTION DU GROS GIBIER EN AFRIQUE ORIENTALE.
M. Palluaud, de retour d'une mission dans l'Afrique orientale anglaise et
allemande, faisait connaÓtre tout rťcemment ŗ la Sociťtť de Gťographie
comment les Anglais et les Allemands ont limitť la destruction des
grands animaux qui pullulent dans la rťgion du lac Victoria-Nyanza.
En premier lieu, la chasse est interdite sur certains territoires; puis,
les permis de chasse, au moins sur territoire anglais, coŻtent 1.200
francs et ne donnent que le droit de tuer deux bÍtes de chaque espŤce.
Il est mÍme dťfendu de tirer la girafe, qui se fait de plus en plus
rare.
Seule la chasse au lion est libre; mais il est vraisemblable qu'on n'en
abuse pas.
Contrairement ŗ ce qu'on croit gťnťralement, le lion, cependant,
n'attaque pas volontiers l'homme. Il lui prťfŤre les antilopes et les
‚nes; et, en rťalitť, il est moins dangereux pour l'homme que
l'hippopotame, le rhinocťros ou le buffle qui charge en troupe.
UN NAVIRE BROY….
Le 14 mars, le trois-m‚ts barque _Khyber_, allant de
Melbourne ŗ Falmouth avec un chargement de grains, aprŤs une traversťe
excellente jusque-lŗ, ťtait pris par la tempÍte en vue des cŰtes de
Cornouailles. En un clin d'oeil, les voiles furent arrachťes et le
navire fut poussť dans la baie du Mont, prŤs de Posthgwarra. Il y
mouilla l'ancre. Mais la tempÍte ne se calmait pas et, le 15, au matin,
le bateau fut jetť ŗ la cŰte avant mÍme qu'on eŻt pu mettre ŗ l'eau les
embarcations. Tout l'ťquipage--vingt-trois hommes--pťrit. Et quelques
minutes suffirent aux vagues furieuses pour faire de ce navire de 3.000
tonnes le tas informe de dťbris que montre notre photographie et oý l'on
ne reconnaÓt, de toute la coque et du grťement, que trois tronÁons de
m‚ts couchťs parallŤlement sur la grŤve, ŗ peu prŤs dans les positions
respectives qu'ils occupaient ŗ bord.
LA BALLE HUMANITAIRE.
Un de nos collaborateurs scientifiques, actuellement au Japon, oý il a
pu avoir accŤs dans les hŰpitaux oý sont soignťs les blessťs de
Mandchourie, nous envoie les intťressants renseignements qui suivent:
Mince, longue, lťgŤre, coquette, revÍtue de son rťsistant manteau
d'acier ou de maillechort poli, la balle moderne, faite pour la
vitesse, doit, semble-t-il, traverser les tissus, telle une grosse
aiguille, sans laisser pour ainsi dire traces de son passage.
C'est ainsi qu'on se reprťsente habituellement ce projectile dont le
calibre a sans cesse, depuis quelque quinze ans, ťtť diminuť. Il ne
dťpasse pas 6 millimŤtres dans le fusil Arisaka, dont se servent
aujourd'hui les Japonais en Mandchourie.
Cependant cette balle, animťe, au sortir du canon, d'une vitesse de 600
ŗ 700 mŤtres, s'arrÍte encore assez facilement dans les tissus, soit
qu'elle vienne de trop loin, soit qu'elle ait ricochť sur le sol, soit
enfin qu'elle ait rencontrť sur sa route, en pleins tissus humains, un
tendon, une aponťvrose, une crÍte osseuse qui, la dťviant de sa
trajectoire, sur laquelle elle est assez instable, l'ait fait basculer,
rouler sur elle-mÍme. Elle agit alors ŗ la faÁon d'un projectile
volumineux et irrťgulier, tout de suite arrÍtť dans sa course par la
rťsistance que lui opposent les ťlťments anatomiques qui le retiennent
prisonnier et supportent trŤs bien, sans rťagir, la prťsence de cet hŰte
un peu brutal.
Fait singulier et paradoxal en apparence, cette balle blindťe, revÍtue
d'un manteau d'acier ou de maillechort, ťclate souvent, au contact de
corps moins durs, tel un rebord tendineux, une crÍte osseuse, et ces
ťclats deviennent, ŗ leur tour, de trŤs mauvais projectiles qui
dťchirent les tissus et sont parfois d'une extraction difficile.
Le but de la guerre n'est, paraÓt-il, pas de tuer, mais de mettre hors
de combat le plus grand nombre d'ennemis possible, sans les exposer ŗ
d'horribles mutilations et ŗ de cruelles infirmitťs.
Le projectile actuel rťalise, en partie, ce desideratum: la mortalitť
par coup de feu diminue--et diminuera ŗ mesure que la portťe des armes
augmentera--; le taux des infirmitťs consťcutives aux blessures
s'abaisse.
Les lťsions qu'il produit sont, d'une faÁon gťnťrale, beaucoup plus
bťnignes que celles des balles de plomb du fusil Gras ou Mauser, par
exemple. Celles-ci faisaient de ęgros trousĽ d'entrťe et surtout de
sortie, dilacťraient les tissus, qu'elles infectaient avec les nombreux
germes logťs dans les aspťritťs de leur surface. La suppuration ťtait la
rŤgle. La petite balle a de microscopiques orifices d'entrťe et de
sortie, bien nets. Son trajet dans les tissus est souvent aseptique et
la suppuration est l'exception... surtout si le chirurgien se garde
d'explorer les plaies.
Dans les tissus mous, les muscles de la cuisse, par exemple, elle passe
ęcomme une lettre ŗ la posteĽ: il suffit de mettre sur les deux orifices
d'entrťe et de sortie un pansement bien propre et de ne rien faire. En
quelques jours, le blessť peut reprendre son fusil.
Les os se laissent, eux aussi, traverser sans trop de difficultť et les
lťsions n'ont pas beaucoup de gravitť--ou dans tous les cas guťrissent
bien--quand le projectile est tirť ŗ une certaine distance. Un os trouť
est en outre fÍlť; il ťclate sur plusieurs points; les fragments sont
projetťs dans les tissus avoisinants, ou prťcŤdent la balle, dans son
trajet de sortie. La suppuration est assez frťquente, mais n'est pas un
obstacle ŗ la guťrison. Autrefois, ces plaies osseuses nťcessitaient la
plupart du temps l'amputation. Aujourd'hui, on est conservateur, et les
procťdťs radicaux de l'ancienne chirurgie sont devenus exceptionnels.
Mais, quand une balle animťe d'une grande vitesse, c'est-ŗ-dire tirťe de
200 ŗ 300 mŤtres, atteint perpendiculairement ŗ sa surface l'humťrus, le
fťmur, un os de l'avant-bras, alors les effets sont terribles. L'orifice
d'entrťe du projectile a 5 ŗ 6 millimŤtres. Celui de sortie est une
plaie en forme de cratŤre, longue de 7 ŗ 8 centimŤtres, large de 5 ŗ 6.
Les tissus sont horriblement dilacťrťs, les muscles rťduits en bouillie.
Le projectile a fait ťclater l'os et de volumineux fragments chassťs au
devant de la balle qui leur communique sa propre vitesse, cherchent une
voie au travers des tissus qui ťclatent littťralement sous cette poussťe
interne, ťruptive.
La balle ŗ petit calibre traverse facilement le poumon et ses plaies
guťrissent avec une remarquable facilitť, ce qui n'arrivait pas avec la
grosse balle de plomb. En revanche, les plaies de l'abdomen sont trŤs
graves et la mortalitť considťrable.
Les effets les plus intťressants et aussi les plus effrayants de ce
petit projectile sont ceux qu'il produit sur le cr‚ne, en traversant le
cerveau. Une balle tirťe de loin peut parfaitement traverser la masse
cťrťbrale et le blessť n'en est pas autrement incommodť si aucune ęzoneĽ
importante n'a ťtť lťsťe. Mais, quand la balle animťe de toute sa
vitesse, tirťe ŗ 150 ou 200 mŤtres, atteint le cr‚ne, alors tout ťclate.
Ce sont les effets _hydrodynamiques_, qu'on ne s'explique pas encore
trŤs bien. La peau cŤde, des fragments d'os larges comme la main sont
projetťs ŗ 10 mŤtres et des morceaux de cervelle, gros comme le poing,
volent dans les airs. Dans d'autres cas, si le projectile passe bien au
centre de la masse cťrťbrale, l'action hydrodynamique se rťpartit sur
toute la surface intťrieure de la boÓte cr‚nienne, qui se fragmente en
mille morceaux; la peau rťsiste souvent. Et, quand le mťdecin tient
entre ses mains la tÍte du cadavre, tout crťpite sous ses doigts; les
fragments d'os jouent les uns sur les autres: on dirait qu'on palpe, au
travers d'une serviette, une soupiŤre ou un saladier rťduit en miettes.
Mais, en dehors de ces cas exceptionnels, mortalitť moindre, guťrison
plus rapide des blessures, infirmitťs consťcutives moins considťrables,
telles sont les trois raisons qui nous permettent de donner au
projectile de petit calibre le qualificatif, un peu ťtrange, de _balle
humanitaire_.
LES PROPRI…T…S ANTISEPTIQUES DE CERTAINES FUM…ES.
Il n'est pas contestable que certaines fumťes ont des propriťtťs
antiseptiques; la conservation des viandes fumťes en est, en effet, une
preuve manifeste.
Mais on ignorait jusqu'ŗ prťsent quelle ťtait, dans les fumťes, la
substance active ŗ laquelle elles devaient cette prťcieuse propriťtť.
Des recherches rťcentes de M. A. Trillat ont ťtabli que cette substance
ťtait l'aldťhyde formique.
Comme consťquence de cette dťcouverte, le mÍme auteur vient de montrer
que, dans l'atmosphŤre des grandes villes, il existe une quantitť
notable d'aldťhyde formique, provenant des fumťes des combustibles et
dont la prťsence peut Ítre considťrťe comme un principe d'assainissement
de cet air urbain dont on dit tant de mal.
Parmi les corps dont la combustion dťgage le plus de formaldťhyde se
placent au premier rang les matiŤres sucrťes et les rťsines.
Or, chose curieuse, ce sont prťcisťment ces substances dont la
combustion a ťtť recommandťe dŤs la plus haute antiquitť comme procťdť
d'assainissement; car la coutume de brŻler des baies de geniŤvre et des
rťsines, en temps d'ťpidťmie, remonte ŗ Hippocrate. ęBrŻler du sucreĽ
est encore de nos jours une expression qui signifie dťsinfecter.
On sait que, pour nos ancÍtres, la notion de la dťsinfection ťtait
intimement liťe avec celle de la dťsodorisation: dťtruire les mauvaises
odeurs ťtait le principal. Or, la formaldťhyde possŤde prťcisťment la
propriťtť de former des composťs inodores avec l'hydrogŤne sulfurť et
ses dťrivťs, et, ainsi guidťs par l'observation fondťe sur la
disparition de la mauvaise odeur, les anciens s'ťtaient adressťs aux
substances qui dťgagent le plus d'aldťhyde formique, lequel est un
puissant antiseptique. Et il s'est ainsi trouvť que les propriťtťs
antiseptiques de la formaldťhyde ont ťtť utilisťes, en hygiŤne, bien
avant que l'on ait isolť et ťtudiť ce corps.
UNE D…COUVERTE ARCH…OLOGIQUE.
Un propriťtaire de Lambessa, M. Bac, en poursuivant des fouilles qu'il a
entreprises sur ses terres, dont une partie recouvre l'emplacement des
casernements qu'occupait la troisiŤme lťgion romaine, vient de dťcouvrir
une oeuvre d'art trŤs intťressante. C'est une statuette en bronze, d'un
gracieux caractŤre, qui reprťsente un enfant pressant contre lui un
aiglon. Cette statuette mesure 66 centimŤtres de hauteur, avec le socle,
et pŤse 19 kilogrammes. La tÍte est rattachťe au corps par un tenon qui
s'emboÓte entre les ťpaules, et ŗ la place des yeux se creuse, comme
dans nombre de statues romaines, un vide qui devait Ítre, autrefois,
rempli d'un ťmail imitant, au naturel, le globe oculaire avec sa
prunelle. C'est un des rares bronzes qu'on ait exhumťs du sol africain,
et cette circonstance augmente encore l'intťrÍt de cette dťcouverte
archťologique.
[Illustration: Statuette romaine en bronze, dťcouverte ŗ
Lambessa.--_Phot. Bernguer._]
QUELQUES CHIFFRES RELATIFS AU DIVORCE. Durant l'annťe 1902, la derniŤre
au sujet de laquelle la statistique municipale nous donne des
renseignements, il a ťtť prononcť ŗ Paris 1.536 divorces. Dans la grande
majoritť des cas, le divorce a ťtť accordť pour cause d'excŤs, sťvices
et injures graves--du moins nominalement: prŤs de 1.300 divorces sont
dus aux causes que nous venons de nommer.
Sur ces 3.072 personnes, 57 avaient dťjŗ pratiquť le divorce: 27 hommes
et 30 femmes. Dans 842 cas, le mťnage ťtait sans enfants; dans 320 cas,
il avait un seul enfant. De faÁon gťnťrale, l'appoint fourni par les
professions libťrales au divorce est faible: c'est surtout dans
l'industrie et le commerce, puis parmi les ouvriers et journaliers que
le divorce sťvit, et c'est le plus souvent au profit de la femme qu'il a
ťtť prononcť (814 femmes pour 630 hommes). L'‚ge des divorcťs varie: il
y a eu une divorcťe de moins de vingt ans, et 17 de plus de soixante
ans; mais c'est surtout durant l'‚ge moyen que l'on divorce, entre
trente et trente-neuf ans. Quant ŗ la proportion des divorcťs qui se
remarient, elle est relativement faible. En 1902, il s'est remariť 631
divorcťs et 617 divorcťes: 168 de celles-ci avaient un an de divorce;
mais il y a des cas de remariage de personnes ayant dix et vingt ans de
divorce. En 1902, parmi les remariťs, il y en avait 14 qui avaient
divorcť depuis dix-neuf ans--en 1884, annťe oý le divorce a ťtť rťtabli
en France;--parmi les remariťes, 14 aussi, dont le divorce datait de
1884. Nous saurons avec le temps jusqu'ŗ quel ‚ge et aprŤs quelle durťe
de divorce le Parisien et la Parisienne arrivent ŗ se remarier.
_Mouvement littťraire._
_Le Serpent noir_, par Paul Adam (Ollendorff, 3 fr. 50).--_Les Obsťdťs_,
par Lťon Frapiť (Calmann-Lťvy, 3 fr. 50).--_La Petite Mademoiselle_, par
Henri Bordeaux (Fontemoing. 3 fr. 50).--_La Fille de Circť_, par Lise
Pascal (Taillandier, 3 fr. 50).
Le Serpent noir.
Le roman philosophique de M. Paul Adam a ťtť
diversement jugť. Peut-Ítre ne faut-il pas ici se laisser aller ŗ la
premiŤre impression ni au bruit des conversations premiŤres. Aussi, me
suis-je rťservť, pour mieux voir et pour mieux critiquer, un recul de
quinze jours. Ce que l'on cherche ordinairement dans un roman, c'est une
heure de distraction et d'amusement. Or nous avons, dans le _Serpent
noir_, de pures idťes et des personnages qui reprťsentent des
abstractions.
Le docteur Goulven a inventť un sťrum contre le typhus. Mais comment
exploitera-t-il et mettra-t-il en lumiŤre sa dťcouverte? Les capitaux
lui manquent et il ne possŤde aucun moyen de s'en procurer. Un agent
d'une sociťtť pour l'exploitation des produits pharmaceutiques passe
quelque temps, en Bretagne, avec le mťdecin-inventeur, lequel est
accompagnť de sa femme et d'une cousine de celle-ci, une veuve dťcorťe
du gracieux nom d'HťlŤne. Sa femme est pauvre et d'une beautť mťdiocre;
la cousine au contraire est d'une grande fortune et d'une extrÍme
beautť. Les gr‚ces d'HťlŤne enchantent le docteur Goulven. Tout imbu des
thťories de Nietzsche, l'agent Gaillardot catťchise et Mme Goulven et
son mari. L'homme ne doit pas avoir d'autre objet que la satisfaction de
ses instincts et son dťveloppement ťgoÔste. La vertu qui le retient et
l'empÍche d'atteindre le but, c'est-ŗ-dire de se dťpasser, est une
faiblesse, dont il se faut dťfaire. Les individus, comme les nations,
sont tenus ŗ pratiquer le principe de l'impťrialisme: toujours plus
grand, le plus grand. A force de rťpťter cette philosophie
nietzschťenne, Gaillardot arrive ŗ persuader ŗ M. et ŗ Mme Goulven de
divorcer, ce qui permettra le mariage du docteur avec la belle et riche
HťlŤne. Ce sera l'exaltation du mťdecin-inventeur. Voilŗ donc la
sťparation dťcidťe. Mais, au dernier moment, le docteur se reprend; il
n'a pas la force d'arracher les idťes traditionnelles, les sentiments
vertueux et scrupuleux de la race, le serpent noir qui le tient ŗ la
gorge. Voilŗ bien, semble-t il, malgrť une certaine brume de la fin, le
roman de M. Paul Adam. L'oeuvre, en somme, marque un beau talent
d'ťcrivain et de penseur.
Les Obsťdťs.
La _Maternelle_ a valu, il y a quelques mois, ŗ M. Lťon Frapiť, le prix
Goncourt. Aujourd'hui, l'auteur nous prťsente une oeuvre nouvelle: les
_Obsťdťs_. Est-ce un roman? On ne distingue, dans ces pages, aucun
rťcit, aucune peinture de moeurs, aucune passion. M. Lťon Frapiť semble
dťdaigner cette monnaie ordinaire. J'aperÁois, d'une faÁon nette, deux
personnages principaux et presque uniques, en proie, en effet, ŗ la plus
terrible des obsessions. Ferdinand, employť d'administration, est uni
avec une femme charmante.
ęMadame la directriceĽ, chargťe de conduire une maison de filles
hospitalisťes.
Subordonnťe ŗ son mari, ŗ genoux devant lui, Marthe--c'est le nom de la
jeune directrice--n'a qu'un souci, en dehors de sa profession, et mÍme
parfois dans l'exercice de sa profession: recueillir des documents pour
le livre que prťpare Ferdinand. _Fervet opus;_ le travail est ardent; on
a pris pour type premier du roman une fille-mŤre, assez distinguťe.
Catherine Bise, qu'on visite, qu'on cajole, comme un sujet de choix. De
temps ŗ autre quelques chapitres de l'oeuvre future sont lus ŗ des
rťunions d'amis. C'est ŗ peine si les deux ťpoux mangent et dorment; ils
n'ont qu'une pensťe: attraper des renseignements et les coucher sur le
papier. Enfin, le travail terminť, on cherche un ťditeur; on espŤre le
succŤs; on en fera profiter l'hťroÔne, Catherine Bise. Quelle obsession,
en effet, que celle-lŗ 1 Le vťritable tour de force de M. Lťon Frapiť,
et ce en quoi il montre tout son talent, c'est d'avoir pu, avec un tel
sujet, composer un livre, fournir des pages savoureuses comme l'Acadťmie
Goncourt en a rťcompensť dans la _Maternelle._
La Petite Mademoiselle.
Dans cet article sur les livres qui ont pris l'ťtiquette de roman
sera-t-il dit que nous ne rencontrerons aucun roman proprement dit? M.
Paul Adam a surtout ťcrit une oeuvre philosophique; M. Lťon Frapiť, des
pages oý l'on sent l'autobiographie.
M. Bordeaux, dans la _Petite Mademoiselle_, nous donne une gracieuse
fantaisie, pleine de vivacitť et d'esprit. Pierre Savernay s'ťprend
d'une charmante jeune fille, de libre allure, de moeurs austŤres, qu'il
a failli ťcraser avec son automobile. Il la demande en mariage et tombe
au milieu des prťparatifs d'un bal costumť. Le pŤre de la Petite
Mademoiselle, ainsi nommťe en souvenir de la Grande qui aima Lauzun,
essaye une robe solennelle et s'habille en Mathieu Molť. La maison est
en mouvement et de l'aspect le plus ťtrange. Renvoyť pour sa requÍte ŗ
la Petite Mademoiselle elle-mÍme, Pierre en reÁoit cette interrogation:
ęAvez-vous ťtť en prison?Ľ En effet, elle s'est fait condamner, lors de
l'expulsion de religieuses, ŗ quelques jours de prison et ne veut qu'un
mari ayant goŻtť comme elle de l'internement forcť. Ni dans les
manifestations catholiques, ni dans les manifestations anarchistes oý il
acquiert la connaissance des hommes et des magistrats, Pierre n'atteint
ce rťsultat. En une circonstance mÍme, son futur beau-pŤre, juge
dťmissionnaire ou rťvoquť, a plaidť pour lui et gagnť sa cause. Fort
heureusement les fianÁailles lui sont accordťes. Enfin, je ne sais
comment, par le plus grand des hasards et le plus comique, il aboutit
presque, sans le vouloir, ŗ ce qu'il dťsirait. On l'avait ťpargnť pour
des mťfaits: on lui octroie trois jours de prison pour avoir sťparť deux
ivrognes furieux. Tout cela est narrť avec gr‚ce, avec une verve
spirituelle et fine et semť d'allusions ŗ la politique contemporaine.
La Fille de Circť.
Mme Lise Pascal mťrite d'Ítre ajoutťe au nombre dťjŗ
notable des romanciŤres de talent. Peut-Ítre eŻt-elle dŻ davantage
ťtablir d'avance son plan Son oeuvre parfois semble manquer d'unitť et
se disperser. Mais ce qui sauve tout, et ce qui sauverait n'importe
quelle oeuvre, c'est le don du style, c'est la poťsie. Fille du comte
Oriowski, Morgane ressemblera-t elle ŗ sa mŤre? Aimera-t-elle ŗ sťduire
et ŗ semer autour d'elle l'amour? On lui dťcouvre tout le charme
attirant de celle qui fut une vťritable Circť. Mais la vie se charge de
la corriger et de lui mettre l'‚me en deuil. Son pŤre, un incroyant,
s'endort un jour volontairement du sommeil sans fin, laissant sa fille ŗ
la garde de Tolsky, un ami, un sage, soutenu et purifiť par sa foi.
Faible, la jeune Morgane voudrait ťpouser Tolsky et s'appuyer sur son
‚me ferme et croyante. Il est touchť par tant d'affection et d'estime.
Mais, ensorceleuse comme sa mŤre, la fille de Circť, chaste malgrť tout,
est outragťe par un abominable peintre. Dans sa fureur, Tolsky provoque
en duel le scťlťrat. Au moment fatal, sur le terrain, il se rappelle ses
principes et celui-ci en particulier: ęTu ne tueras pointĽ. Aussi,
malgrť sa force ŗ l'ťpťe et bien qu'il ait son adversaire ŗ sa merci,
prťfŤre t-il se laisser transpercer plutŰt que d'Ítre infidŤle ŗ
lui-mÍme. Au-dessus du cadavre de Tolsky, l'insensible nature continue
sa ronde joyeuse; ę... Tout exultait dans la forÍt en fÍte. Les guÍpes
ivres croisaient dans l'air leur vol fou. Dans les cťpťes, on voyait des
coccinelles rouges comme des baies de sorbier...Ľ
E. LEDRAIN.
Ont paru:
_Le Millionnaire_, roman par J.-H. Rosny. 1 vol., Joanin et Cie 3 fr.
50.--_Bonne Fortune_. roman par Gustave Guiches. 1 vol., Fasquelle, 3
fr. 50.--_Roma amor_ (Ames romaines), roman par F. de Navenne. 1 vol.,
Fasquelle, 3 fr. 50.--_Le Passť vivant_, roman par Henri de Rťgnier. 1
vol., Mercure de France, 3 fr. 50. --_Scarron_, comťdie tragique par
Catulle MendŤs. 1 vol., Fasquelle, 3 fr. 50.--_L'Ile de LutŤce_, par A.
Robida. 1 vol. in 8ļ, Daragon. 5 fr.--_Stratťgie et Tactique
cavaliŤres_, par le gťnťral de Beauchesne. 1 vol., Lavauzelle, 3
fr.--_Psychologie de deux messies positivistes: Saint-Simon et Auguste
Comte_, par Georges Dumas. 1 vol., Alcan, 5 fr.
LES TH…¬TRES
S'il suffisait, pour rťussir au thť‚tre, d'appliquer un grand talent
littťraire et une science consommťe ŗ la reconstitution d'une ťpoque, de
ses moeurs, de son langage et de ses dehors, M. Maurice Maindron eŻt
amplement rťussi. Dans le _Meilleur Parti_, jouť au thť‚tre Antoine, les
misŤres de la guerre, ŗ l'ťpoque de la Ligue, sont exposťes avec une
verve caustique qui eŻt ravi Callot: la mise en scŤne est admirable, les
acteurs tiennent bien leur rŰle, rien ne manque si ce n'est un bon sujet
de piŤce, une action intťressante.
Au thť‚tre Trianon, M. Maurice Landay expose, dans la _Loi de pardon_,
piŤce en quatre actes, le cas d'un caissier qui s'est fait voleur par
devoir, j'entends pour accomplir un acte de solidaritť humaine et qui
expie cruellement sa faute, le malheureux; les moeurs sont plus fortes
que les thťories humanitaires du prťsident Magnaud, inspiratrices de
cette oeuvre. La trŤs rťelle valeur dramatique de M. Landay et le talent
d'interprťtation de M. Barrai et de Mme Leriche vont assurer la faveur
du public ŗ la _Loi de pardon._
Nous allons publier Scarron, de M. Catulle MendŤs, l'_Age d'aimer_, de
M. Pierre Wolff, _Monsieur Piťgois_, de M. Alfred Capus. Quelques mots
seulement de l'interprťtation de ces trois piŤces: elle est de premier
ordre aussi bien ŗ la GaÓtť qu'au Gymnase et qu'ŗ la Renaissance. A la
GaÓtť, c'est Coquelin, qui a fait de Scarron une inoubliable crťation;
au Gymnase, c'est Mme Rťjane entourťe de MM. Huguenet, Dumťny, Magnier,
Calmettes; ŗ la Renaissance, c'est l'incomparable duo que forment Mlle
Marthe BrandŤs et M. Lucien Guitry.
LE SANCTUAIRE DE LOURDES AU VATICAN
La semaine derniŤre, au milieu d'une affluence ťnorme, l'inauguration
solennelle d'un fac-similť rťduit, mais exact, du sanctuaire de Lourdes,
a eu lieu dans les jardins du Vatican. En face de l'ťdifice, une estrade
avait ťtť dressťe pour le pape Pie X et les cardinaux. A trois heures et
demie, le pape est arrivť en voiture, escortť par huit gardes-nobles. Il
est montť d'abord au perron qui surmonte la grotte, et, lŗ, il a lu la
formule de la bťnťdiction pontificale. Puis, conduit par l'ťvÍque de
Tarbes et l'architecte Sneider, il a visitť le monument. Ayant ensuite
pris place sur l'estrade, Pie X a ťcoutť le discours prononcť par Mgr
Schoepfer au nom des donateurs franÁais, et il lui a rťpondu: c'est au
moment de l'allocution pontificale qu'a ťtť prise la belle photographie
que nous reproduisons page 228.
M. DENYS PUECH
L'Acadťmie des beaux-arts vient de dťsigner, pour remplacer M. Barrias,
le sculpteur Denys Puech.
[Illustration: M. Denys Puech.--_Phot. Braun._]
M. Denys Puech a aujourd'hui cinquante et un ans, ťtant nť ŗ Gavernac,
dans l'Aveyron, en 1854.
Petit p‚tre, comme Lantara, c'est au milieu des sites graves du pays
natal qu'il sentit s'ťveiller sa vocation. Grand prix de Rome en 1884,
avec un remarquable _Mťzence blessť_, il s'est rťvťlť au grand public
par une sťrie d'oeuvres aimables et pleines de gr‚ce: la _Muse d'Andrť
Chťnier, l'Enfant au poisson_, la _SirŤne, le Sommeil de l'…toile, la
Seine_, l'une des plus cťlŤbres, et la curieuse _Pensťe_, en marbre
polychrome.
Il a produit aussi toute une sťrie de monuments qui dťcorent les jardins
et promenades de Paris: le _Francis Garnier_ de l'Observatoire, le
_Jules Simon_ de la Madeleine, le monument de _Leconte de Lisle_ au
Luxembourg, le monument de _Gavarni_, ŗ la place Saint Georges, la
derniŤre en date de ses oeuvres.
LA FETE DES ęANNALESĽ
Samedi dernier, les _Annales politiques et littťraires_, notre brillant
confrŤre dont l'hŰtel voisine, rue Saint-Georges, avec celui de
l'_Illustration_, fÍtaient, dans les salons de l'HŰtel Continental, leur
cent milliŤme abonnť. Pour dire le succŤs de cette fÍte, qu'il nous
suffise de mentionner que cinq ministres y assistaient MM. Chaumiť,
Delcassť, Dubief, Merlou, Dujardin-Beaumetz; quant aux littťrateurs,
musiciens, peintres, sculpteurs, qui s'ťtaient mÍlťs au parterre des
notabilitťs mondaines--un parterre d'environ 3.000 personnes--il nous
serait difficile de les nommer: ils y ťtaient tous, pour assister au
programme de comťdie, de musique, de chant et de danse que M. et Mme
Adolphe Brisson avaient, composť avec un goŻt ingťnieux et dťlicat. Les
cent mille abonnťs n'y ťtaient naturellement pas tous, mais ils ťtaient
largement reprťsentťs. On a chaleureusement applaudi, entre autres, des
artistes du Thť‚tre FranÁais: Mlles Leconte et Delvair, M. Mounet-Sully,
dans la partie dramatique, et M. Georges Courteline interprťtant
lui-mÍme une de ses meilleures comťdies; on a associť, dans des
acclamations enthousiastes, le talent dťlicieux et le timbre d'or de Mme
Marguerite Carrť, que tous connaissaient, et qu'accompagnait M.
Massenet, et la voix merveilleuse d'une cantatrice qu'on n'avait pas
encore entendue ŗ Paris, Mlle Farrar.
[Illustration: Mlle Gťraldine Farrar.--_Phot. Paul Boyer._]
Mlle Gťraldine Farrar, d'origine amťricaine, possťdťe toute jeune de la
vocation du chant, vint, il y a six ans--elle en avait alors dix-sept---
ťtudier ŗ Paris pendant deux ans, et alla se perfectionner ŗ Berlin, oý
elle eut tout de suite un long engagement ŗ l'Opťra impťrial. Cette
annťe, profitant d'un bref congť, elle vient de crťer _A mica_, de
Mascagni, ŗ Monte-Carlo. Mlle Farrar, qui parle--et chante--ťgalement en
anglais, en allemand, en italien et en franÁais, ťtait venue pour
vingt-quatre heures ŗ Paris, afin de prÍter son concours ŗ la fÍte des
_Annales_. Elle est aussitŰt repartie pour Berlin. Mais elle projette,
dit-on, de se perfectionner encore dans notre langue et de ne plus
chanter qu'en franÁais.
[Illustration: M Camille Blanc. Prince de Monaco, Prince de Bulgarie.
Inauguration de l'Exposition des canots automobiles de Monaco.]
L'EXPOSITION DE CANOTS AUTOMOBILES
L'Exposition des canots automobiles ęracersĽ et ęcruisersĽ qui vont
participer aux ťpreuves de vitesse en rade de Monte-Carlo et ŗ la grande
course Alger-Toulon a ťtť inaugurťe, le 2 avril, par S. A. le prince de
Monaco, accompagnť d'un autre visiteur de marque, S. A. le prince de
Bulgarie, l'un des souverains de l'Europe qui portent le plus d'intťrÍt
ŗ l'industrie automobile. M. Camille Blanc, le distinguť prťsident du
comitť, a fait les honneurs de l'inauguration aux deux Altesses qui,
suivies d'un nombreux cortŤge, ont longuement visitť l'Exposition dans
tous ses dťtails.
LE G…N…RAL LAPLACE
Le gťnťral Laplace commandant le 1er corps d'armťe, vient de mourir ŗ
Lille, emportť par une broncho-pneumonie contractťe au cours d'une revue
qu'il ťtait allť passer ŗ Arras.
[Illustration.]
Nť ŗ Thionville, en 1847, ancien ťlŤve de Saint-Cyr et de l'…cole
d'ťtat-major, il se distingua pendant la campagne de 1870, qu'il fit
comme stagiaire dans la cavalerie et fut dťcorť en 1871. Colonel en
1894, gťnťral de brigade en 1898, promu ŗ la troisiŤme ťtoile en 1902,
il ťtait ŗ la tÍte de la 31e division d'infanterie, ŗ Montpellier,
lorsque, en 1904, il fut appelť au commandement du 1er corps, en
remplacement du gťnťral Jeannerod.
La mort prťmaturťe de cet officier de haute valeur a causť une
douloureuse surprise et de vifs regrets. A ses obsŤques, cťlťbrťes ŗ
Lille mercredi dernier, le lieutenant Laplace, son fils, actuellement ŗ
l'…cole supťrieure de guerre, conduisait le deuil; le ministre de la
guerre s'ťtait fait reprťsenter par le commandant Gossart, de son
ťtat-major particulier.
L'OS, par Henriot.
_NOUVELLES INVENTIONS_
_(Tous les articles publiťs sous cette rubrique sont entiŤrement
gratuits.)_
NOUVEAU FILTRE LE ęPRINCEPSĽ
La compagnie du Filtre Chamberland vient de construire un nouveau type
de bougie filtrante qui prťsente sur les prťcťdentes des avantages
apprťciables: elle peut se placer partout, sans canalisation d'eau et se
monter instantanťment, ce qui la rend ťminemment propre aux dťplacements
pour la campagne, les villes d'eaux ou les voyages. La sťcuritť qu'elle
prťsente est absolue, car, de par sa disposition, il ne peut y avoir de
mťlange entre l'eau filtrťe et l'eau impure. Son emploi ne comporte pas
de tubes de caoutchouc, circonstance prťcieuse dans les pays chauds oý
le caoutchouc s'altŤre facilement et lorsqu'on veut filtrer du vin ou
diffťrents liquides. Ajoutons enfin que son volume est minime et son bon
marchť remarquable.
Ce filtre se compose d'un rťcipient en porcelaine A, contenant une
bougie Chamberland systŤme Pasteur de forme spťciale B (fig. 1 et 2).
Cette bougie est terminťe, ŗ sa partie supťrieure, par une embase
surmontťe d'une tÍte cylindrique C percťe de deux orifices
diamťtralement opposťs, et sur laquelle s'applique une vis de pression
portťe par un ťtrier pour effectuer ŗ la fois le montage et le serrage
de l'appareil. Dans les deux orifices ci-dessus indiquťs s'engage un
tube T percť de trous, filetť ŗ l'une de ses extrťmitťs, soit pour Ítre
fixť ŗ l'aide d'une molette sur la tÍte de la bougie, soit pour se
raccorder avec un collecteur, lorsqu'on veut rťunir plusieurs ťlťments
destinťs ŗ former une batterie. L'autre extrťmitť porte l'ajutage de
dťversement d'eau filtrťe. L'arrivťe de l'eau impure s'opŤre ŗ l'aide
d'un tube V, analogue au premier, et sur lequel on vient visser un tuyau
flexible en ťtain mis en communication avec un rťservoir supťrieur
contenant l'eau ŗ filtrer.
La filtration s'opŤre comme dans tous les filtres Chamberland, de
l'extťrieur ŗ l'intťrieur des bougies. En outre, le dťversement de l'eau
filtrťe par la partie supťrieure de celles-ci prťvient tout danger de
mťlange d'eau impure avec l'eau filtrťe, les gouttes d'eau impure
retombant ŗ l'extťrieur du vase A dans le cas oý il se produirait une
fuite.
[Illustration.]
Le nettoyage s'effectue de la maniŤre la plus simple en rabattant
l'ťtrier supťrieur et en retirant la bougie pour la brosser dans l'eau
tiŤde avec une brosse dure en crin. Cette opťration n'a besoin d'Ítre
faite que tous les huit ŗ dix jours. Il est bon, ťgalement, de rincer en
mÍme temps ŗ grande eau le vase A, pour le dťbarrasser du dťpŰt de
matiŤre limoneuse qui s'y accumule pendant le fonctionnement.
[Illustration: Appareil montť en batterie.]
Cet appareil simple et pratique peut se prÍter aisťment aux usages
suivants: filtre domestique installť ŗ demeure dans une cuisine ou
office, et filtre de voyage. Dans les deux cas, il est facile ŗ
alimenter par syphonage en recourbant l'extrťmitť du tuyau flexible qui
sert ŗ l'arrivťe du liquide, et en la faisant plonger dans un rťcipient
supťrieur. Il peut ainsi produire, par vingt quatre heures, quatre ŗ
cinq litres. Ces chiffres s'entendent d'un appareil ŗ bougie unique,
fonctionnant sous une pression de 1m, 50 ŗ 2 mŤtres et doivent Ítre
multipliťs par le nombre de bougies, lorsque les appareils sont mis en
batterie. Le dťbit journalier augmente ťgalement lorsque l'appareil
fonctionne sous des pressions plus fortes.
Pour tous renseignements sur ces bougies, s'adresser ŗ la _Compagnie du
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Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3241, 8 Avril 1905, by Various
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Book Information
- Title
- L'Illustration, No. 3241, 8 Avril 1905
- Author(s)
- Various
- Language
- French
- Type
- Text
- Release Date
- November 18, 2010
- Word Count
- 15,653 words
- Library of Congress Classification
- AP
- Bookshelves
- L'Illustration, Browsing: Culture/Civilization/Society, Browsing: Encyclopedias/Dictionaries/Reference
- Rights
- Public domain in the USA.
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