The Project Gutenberg EBook of L'art du taupier, by Étienne François Dralet
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Title: L'art du taupier
ou méthode amusante et infaillible de prendre les taupes
Author: Étienne François Dralet
Release Date: June 10, 2011 [EBook #36371]
Language: French
Character set encoding: UTF-8
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L'ART
DU
TAUPIER
OU
Méthode amusante et infaillible
DE PRENDRE LES TAUPES
Par M. DRALET
Ouvrage publié par ordre du Gouvernement.
DIX-SEPTIÈME ÉDITION
Revue et augmentée d'une Introduction
et d'additions
PAR A. G.
1880
[Illustration: LIBRAIRIE AUDOT
LEBROC & Cie Sucr.rs
8 RUE GARANCIÈRE St SULPICE
PARIS]
L'ART
DU TAUPIER
PARIS.--TYPOGRAPHIE DE E. PLON ET Cie, RUE GARANCIÈRE, 8.
L'ART
DU TAUPIER
OU
MÉTHODE
AMUSANTE ET INFAILLIBLE
DE PRENDRE LES TAUPES
PAR M. DRALET
Ouvrage publié par ordre du Gouvernement.
DIX-SEPTIÈME ÉDITION
REVUE ET AUGMENTÉE D'UNE INTRODUCTION ET D'ADDITIONS
Par A. G.
[Illustration]
PARIS
LIBRAIRIE AUDOT
LEBROC ET Cie, SUCCESSEURS
LIBRAIRES-ÉDITEURS
8, RUE GARANCIÈRE SAINT-SULPICE
1880
INTRODUCTION
Histoire naturelle de la Taupe.
La zoologie range la Taupe dans la _classe_ des mammifères, dans
l'_ordre_ des carnassiers, dans la _famille_ des insectivores, dans la
_tribu_ des Talpidés, où elle constitue le _genre_ Talpa, placé entre
ceux Desman (_Myogale_) et Condylure (_Condylura_).
Jusqu'à présent, on connaît trois _espèces_ dans le genre Taupe: la
Taupe Woogura, la Taupe aveugle et la Taupe d'Europe, ou commune.
La Taupe Woogura (_Talpa Woogura_), récemment découverte au Japon, ne
diffère de celle commune que par son pelage de couleur fauve sale et en
ce qu'elle ne possède que trois paires d'incisives à chaque mâchoire,
tandis que les deux autres espèces en ont quatre à la mâchoire
inférieure; ses mœurs sont identiques.
«La Taupe aveugle (_Talpa cæca_) est ainsi nommée, parce que son œil
est recouvert par une membrane mince, translucide, percée en avant de la
pupille d'un trou très-fin, non dilatable, par lequel on peut voir le
globe de l'organe. Quant aux autres points de l'organisation, la Taupe
aveugle se distingue peu de la Taupe vulgaire; elle aurait cependant la
trompe plus longue, les incisives supérieures plus larges, les lèvres,
les pieds et la queue blancs au lieu d'être gris. Son pelage épais et
velouté est gris-noir foncé, la pointe des poils étant d'un noir brun;
sa taille est la même que celle de la Taupe commune.» (A. E. Brehm,
_l'Homme et les animaux_, t. Ier, p. 756-757.)
[Illustration: Fig. 1.--La Taupe commune.]
La Taupe commune ou d'Europe (_Talpa Europæa_) est un petit mammifère
fouisseur, à corps long et cylindrique, à pattes très-courtes, à tête
prolongée en avant en forme de groin ou de boutoir, avec des yeux si
petits et si bien cachés sous les poils qu'on a longtemps nié leur
existence, dépourvue de conque de l'oreille externe, munie enfin d'un
simple rudiment de queue. Son corps est recouvert d'un poil fin, serré,
court, mou, imitant le velours, de couleur noire avec des reflets
grisâtres et rougeâtres; la longueur totale, du bout du nez à
l'extrémité de la queue, est de 0m,15 à 0m,16 chez les adultes.
«La Taupe commune se trouve dans toute l'Europe, à quelques exceptions
près, et arrive jusque dans l'Asie centrale et septentrionale. Beaucoup
de naturalistes ne voient dans la Taupe américaine qu'une variété de
notre espèce. En Europe, le midi de la France, la Lombardie et le nord
de l'Italie dessinent sa limite méridionale. De là, elle remonte vers le
nord jusqu'à Dovrefjeld; en Grande-Bretagne, jusque vers l'Écosse
centrale; en Russie, jusqu'au milieu du bassin de la Dwina. Elle manque
complétement dans les Orcades, les Shetlands, la plus grande partie des
Hébrides et en Islande. En Asie, elle va du Caucase jusqu'à la Léna.
Dans les Alpes, elle monte jusqu'à une altitude de 2,000 mètres. Partout
elle est commune et se multiplie d'une manière surprenante, là où elle
n'a pas d'ennemis.» (Brehm, _ut supra_, p. 747.)
Il ne sera pas sans intérêt pour les agriculteurs d'étudier
successivement les principaux points de l'organisation et l'ensemble des
mœurs de cet animal.
La Taupe est un animal fouisseur: elle ne peut vivre et se reproduire
qu'en creusant dans le sol des galeries souterraines, des gîtes et des
nids, plus ou moins longs et spacieux. Aussi la nature l'a-t-elle
spécialement construite pour ces fonctions; elle l'a dotée d'une
clavicule large et courte, supportée par une lame verticale provenant du
sternum; l'humérus, très-court, est fortement renflé à ses deux bouts et
renvoyé latéralement; le radius est également court et robuste, le
cubitus a la forme d'une lame prolongée en avant par un fort onglet
transversal qui n'est que la transformation de l'olécrane. Enfin, la
courbure, la situation latérale de l'humérus, la disposition des muscles
en général et des muscles peaussiers en particulier, élèvent le coude
plus haut que l'épaule et amènent la paume de la main en dehors.
La main, et c'est bien véritablement une main, présente une longueur
égale à sa largeur. Les phalanges métacarpiennes et digitales sont
formées d'osselets courts à têtes articulaires, et se terminent par une
phalange onguéale droite, acuminée, convexe en dessus, taillée en bec de
flûte en dessous, longue et forte; enfin un fort osselet en forme de fer
de serpe, né de l'extrémité du radius, vient s'insérer près de l'ongle
du pouce. Cette main merveilleuse sert à fouir, et pour cela, elle est
conformée à la fois comme une pioche et comme une pelle, elle est munie
d'ongles longs et puissants, elle fonctionne d'avant et de côté en
arrière; mais elle sert aussi à la marche et même à une marche rapide,
en se plaçant perpendiculairement au sol sur lequel elle s'appuie avec
l'extrémité des ongles.
Le membre postérieur se rapproche bien plus, par sa conformation, des
membres analogues des autres mammifères. Le bassin est allongé, ouvert
par devant et soudé par l'ilium avec les vertèbres sacrées; le fémur est
allongé et offre deux fortes têtes articulaires; le tibia est long et
fort, et son péroné, développé en haut, se confond avec lui en bas. Le
pied est étroit, allongé, placé d'aplomb sous le ventre; il est terminé
par des ongles droits, longs et très-aigus; on y trouve, comme à la
main, mais plus grêle et à l'état rudimentaire, un petit osselet
surnuméraire. Le pied peut venir en aide à la main, dans l'action de
fouiller, et servir à pousser la terre de côté; il sert aussi à la
marche et se pose sur toute la plante, le membre postérieur donnant
l'impulsion principale au corps tout entier.
La main forme pour la Taupe une pioche à la fois et une pelle; mais elle
est encore aidée dans ces fonctions par la tête, dont la mâchoire
supérieure se termine en museau allongé, en boutoir ou en groin, assez
comparable à celui du porc et du sanglier. Ce museau est recouvert par
la peau, dont le panicule charnu est très-développé aussi bien que les
muscles vertébraux; grâce à cette disposition, la Taupe, douée d'une
force énorme pour renverser sa tête en arrière, se sert de ce museau
pour soulever le sol après l'avoir désagrégé et l'amonceler à la surface
de la galerie ou du nid; c'est à la fois une pince, une tarière et une
pelle, organe à la fois de préhension, de fouissage et d'extraction.
Puisque nous nous occupons de la tête, traitons des sens qui y ont leur
siége. Au premier rang, il faut placer celui de l'odorat, qui s'est
développé aux dépens de celui de la vue. Le mufle s'est allongé et
converti en boutoir, presque en trompe; les cavités nasales
s'élargissent en arrière, reposant sur un ethmoïde étendu et contenant
des cornets volumineux et repliés en nombreuses et fines volutes; les
tubercules olfactifs du cerveau présentent un développement inaccoutumé.
Dans sa vie souterraine, en effet, la Taupe avait besoin d'un odorat
subtil pour se diriger vers sa proie, la guetter, la deviner et
l'atteindre.
Le vers de Virgile:
_Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum,_
pourrait presque caractériser la Taupe, et longtemps on a considéré cet
animal comme privé de l'organe et du sens de la vue; on sait aujourd'hui
qu'elle est douée d'un œil très-petit, il est vrai, que cachent les
poils, mais qui est un œil véritable et ne différant guère de celui
des autres mammifères que par un développement plus restreint. Cet
œil présente une pupille elliptique et verticale; la cornée est plus
saillante que chez les oiseaux, le cristallin plus convexe que chez les
mammifères, ce qui tendrait à constituer un œil myope, bien en accord
avec le milieu dans lequel vit l'animal. Nous avons vu que, chez la
Taupe dite aveugle, la vision ne s'opère qu'à travers un trou très-fin,
ouverture non dilatable, percée dans une membrane très-mince qui
recouvre tout le globe oculaire.
Le sens de l'audition vient, pour la Taupe, comme importance, après
celui de l'olfaction; il est indispensable à sa sécurité. Il ne paraît
point qu'il y ait d'oreille externe; mais s'il n'y a aucun rudiment de
conque, on peut remarquer, sous le poil, une ouverture pratiquée à la
peau; c'est un méat auditif, l'orifice d'un canal qui, après quelques
sinuosités sous la peau, aboutit dans l'oreille osseuse; ce canal à
parois musculeuses et cartilagineuses n'est qu'une conque placée
intérieurement. C'est encore une adaptation des organes aux milieux.
Quant au sens du goût, le palais présente une vaste surface, et la
langue le pouvant recouvrir en entier, palais et langue étant tapissés
d'une muqueuse qui ne paraît rien présenter d'anormal, il y a tout lieu
de supposer que la gustation s'exerce chez la Taupe comme chez la
plupart des mammifères et au même degré.
Enfin, le sens du tact ne paraît présenter aucune particularité.
Parmi les fonctions physiologiques, deux seulement méritent
particulièrement d'attirer notre attention.
La fonction de digestion d'abord. La place assignée à la Taupe dans la
classification zoologique, parmi les carnassiers insectivores, dit
assez bien la forme que doivent offrir les dents de cet animal; elle ne
dit pas leur formule; la voici:
Incisives Canines Molaires
6 2 7 + 7
8 2 6 + 6
---- ---- --------
14 4 13 + 13 = 44
Nous avons vu que chez la Taupe Woogura, la formule des molaires
supérieures est de +6, et le nombre total de 42 seulement, 6 par
conséquent.
Venons maintenant aux fonctions de reproduction. Les organes mâles se
composent, comme chez les autres mammifères, 1º de deux testicules
très-gros relativement, occupant leur situation ordinaire, mais contenus
dans l'abdomen et non dans un repli de la peau (scrotum); 2º les
testicules se continuant par les canaux déférents; 3º une large
vésicule séminale; 4º une glande prostate; 5º un canal éjaculatoire; 6º
un canal de l'urètre contenu dans le pénis; 7º un pénis extrêmement long
et terminé par un os pénien extrêmement aigu; le méat urinaire s'ouvre
non à la pointe, mais en arrière de l'os pénien.
Les organes de la Taupe femelle comprennent, comme chez les autres
mammifères: 1º deux ovaires; 2º deux oviductes; 3º un utérus assez vaste
avec deux cornes énormes, repliées et comme enroulées sur elles-mêmes;
cet utérus de forme ovalaire est, dans l'âge adulte, mais en état de
vacuité, long de 0m,02256 et large de 0m,004512, et s'ouvre dans le
vagin par le col et le museau de tanche; 4º le vagin est long de
0m,027072 à 0m,03384; il est courbé en arc et renversé par dessous.
L'utérus est contenu, non dans la cavité du bassin, mais en dehors et
au-dessous. 5º Quant à la vulve, elle n'apparaît au dehors que passé
l'âge de six mois, par une fente; jusque-là, il y a occlusion complète,
et la femelle peut d'autant mieux être confondue avec le mâle, que le
clitoris, relativement très-développé, se présente comme l'analogue du
pénis et porte comme lui un méat urinaire. La fente vulvaire se
produit-elle spontanément à l'époque où s'opèrent les changements qui
rendent la Taupe apte à subir la fécondation, ou résulte-t-elle de
l'action de l'os pénien du mâle durant l'accouplement? C'est ce qu'on
ignore encore. 6º Deux mamelles situées, une de chaque côté, dans le pli
de l'aine.
Maintenant que, grâce aux beaux travaux de Geoffroy Saint-Hilaire[A],
nous avons initié le lecteur aux particularités anatomiques que présente
le bizarre animal dont nous nous occupons, il est temps de nous
enquérir de ses mœurs et de son mode d'existence.
De même que tous les petits mammifères, la Taupe doit avoir une
circulation très-active; de même que les oiseaux et par le même motif,
elle ne peut supporter une abstinence un peu prolongée. Il faut qu'elle
mange souvent, et que, pour manger, elle travaille: d'où la nécessité
des nombreuses galeries qu'elle creuse sans cesse dans nos champs, nos
prés et nos jardins. «La Taupe n'a pas faim comme tous les autres
animaux: ce besoin est chez elle exalté; c'est un épuisement ressenti
jusqu'au degré de la frénésie. Elle se montre violemment agitée, elle
est animée de rage quand elle s'élance sur sa proie: sa gloutonnerie
désordonne toutes ses facultés; rien ne lui coûte pour assouvir sa faim;
elle s'abandonne à sa voracité, quoi qu'il arrive; ni la présence d'un
homme, ni obstacles, ni menaces ne lui en imposent, ne l'arrêtent... La
Taupe attaque ses ennemis par le ventre; elle entre la tête la première
dans le corps de sa victime, elle s'y plonge, elle y délecte tous ses
organes des sens, en sorte qu'il n'en est plus pour veiller pour elle,
sur elle; pas même l'oreille qui n'écoute que quand l'animal est au
repos.» (Geoffroy Saint-Hilaire, XIXe leçon, p. 5-6.) Flourens
constata, dans ses expériences, que, du soir au matin, la Taupe est
exposée à périr par défaut de nourriture: «J'ai cherché, dit-il, à voir
sur plusieurs Taupes quel temps elles pouvaient résister à la privation
de toute nourriture: je n'en ai jamais trouvé qui aient passé impunément
une nuit entière sans manger. Dix ou douze heures sont à peu près le
maximum de temps qu'une Taupe peut survivre au manque de nourriture.
Toutes les fois qu'une Taupe est demeurée seulement trois ou quatre
heures sans manger, elle paraît affamée; et au bout de cinq ou six
heures elle commence à tomber dans un état de débilité extrême. Il est
très-aisé de reconnaître qu'une Taupe a faim à son excessive activité;
quand elle est repue, elle est tranquille. A peine la Taupe a-t-elle
souffert quelques heures de la faim que ses flancs se dépriment, et
qu'elle semble comme expirante; mais, dès qu'elle a mangé, sa force
renaît, comme aussi son assoupissement la reprend dès qu'elle est repue.
J'ai toujours vu les Taupes très-avides de boire, comme tous les animaux
qui se nourrissent de chair. Je ne sais s'il existe un autre animal qui
offre un pareil besoin de manger à des heures si rapprochées; et il est
difficile de se faire une idée de l'impétuosité ou de l'espèce de rage
avec laquelle la Taupe pressée par la faim se jette sur sa proie et la
dévore.» (_Observ. pour servir à l'hist. natur. de la Taupe. Mus.
d'hist. natur._, 1828, t. XVII, p. 194.) Cette voracité ou plutôt cet
impérieux besoin de manger va jusqu'à rendre la Taupe talpophage: deux
Taupes vivantes ayant été placées dans une boîte pour être expédiées, de
trente-deux kilomètres, à Geoffroy Saint-Hilaire, l'une d'elles fut
dévorée par l'autre. «N'allez point, dit ce savant, n'allez point,
croyant procurer à des Taupes la satisfaction du compagnonnage, en tenir
deux dans un lieu renfermé, sans nourriture: c'est livrer la plus faible
à la dent de la plus forte. Vainement celle-ci essaye de fuir, l'autre
ne montre dans sa poursuite que plus de véhémence et de fureur. La plus
faible expie bientôt son tort d'impuissance; elle est dévorée; si c'est
du soir au matin, elle l'est en deux époques, alors entièrement, même
ses os; il n'en reste que la peau, fendue sous le ventre selon la ligne
médiane. Qu'il vous arrive de placer près de la Taupe une proie, soit
vivante, soit morte, soit même quelques lambeaux de chair, elle se jette
gloutonnement dessus. Est-ce un oiseau vivant? elle a recours à la ruse;
elle quitte son trou, s'approche en menaçant, reçoit quelques coups de
bec sur son museau, recule sur son trou, cherchant à y attirer son
ennemi, pour profiter sur lui de l'avantage du lieu; mais bientôt,
disposant de la toute-puissance de ses moyens musculaires, elle s'élance
sur cette proie avec la rapidité de la foudre. L'oiseau, saisi par les
entrailles, est incontinent dévoré: la Taupe s'y porte avec une sorte de
fureur; elle emploie ses mains à élargir la plaie, à écarter les
téguments, à se procurer les moyens d'entrer plus avant. La moitié d'un
moineau assouvit sa faim: ses flancs s'élargissent, son ventre est
gonflé; elle se calme alors et repose sans mouvement. Un autre besoin à
satisfaire l'excite ensuite; elle cherche à boire; vous lui en
fourniriez vous-même l'occasion qu'elle l'accepterait volontiers, et
dans tous les cas, elle s'y porte avec l'impétuosité de son caractère;
elle boit beaucoup et avec une grande avidité. Placez près d'elle
d'autres animaux, des grenouilles, par exemple; ce sont mêmes
manœuvres: d'un bond elle est sur sa proie; et ce mouvement est
calculé de telle sorte qu'elle saisit celle-ci par ses dents, déjà
enfoncées et plongeant dans les entrailles de la victime.» (XIXe
leçon, p. 5 à 11.)
Mais la Taupe ne trouve point toujours des proies aussi volumineuses, et
force lui est de se contenter de lombrics ou vers de terre et de
cloportes pour lesquels elle a, d'après Geoffroy Saint-Hilaire, un goût
décidé, et de petits scarabées, d'après Cadet de Vaux.
Ç'a été longtemps une question très-discutée que celle de savoir si la
Taupe mange et par conséquent détruit le ver blanc, nom vulgaire de la
larve du hanneton, et aussi la courtilière; de savoir si elle se
contente du régime animal et bouleverse seulement les plantes situées
sur le passage de ses galeries, ou si elle vit des racines de ces
plantes. La malheureuse proscrite trouva des juges implacables d'un côté
et des protecteurs de l'autre. M. le docteur Boisduval dit qu'elle
dévore une quantité énorme de vers blancs (_melolontha vulgaris_) et de
vers gris (_agrotis segetum_). Le maréchal Vaillant constata à Vincennes
qu'une Taupe consommait, en vingt-quatre heures, plusieurs fois son
poids de vers blancs. M. Carl Vogt dit avoir trouvé dans l'estomac des
Taupes des débris de vers blancs, des coléoptères à l'état parfait, des
myriapodes, mais jamais de fragments végétaux. MM. Eug. Noël, F.
Villeroy, Eug. Gayot, la considèrent comme une destructrice acharnée du
ver blanc. M. Pouchet, sur plus de deux cents Taupes disséquées, a
trouvé l'estomac rempli de fragments de vers de terre, de vers blancs,
de hannetons et d'autres insectes, mais rarement et accidentellement des
débris de végétaux. Geoffroy Saint-Hilaire est plus circonspect: «On a
donné pour certain, dit-il, que les Taupes négligent les vers blancs et
les courtilières. Malheureusement, il n'en est rien: la larve du
hanneton ou le ver blanc et la courtilière (_acheta gryllotalpa_) ne lui
inspirent que du dégoût. Le célèbre zoologiste Paul Savi parle d'une
Taupe qu'il a possédée et observée vivante pendant deux mois. Il l'a
quelquefois nourrie seulement avec des courtilières. Douze de ces
insectes suffisaient à la subsistance de toute une journée. J'ai observé
un estomac de Taupe qui renfermait des vers blancs en une telle quantité
que cette poche était comble; mais nous avons cherché vainement à
déterminer l'espèce de ces vers blancs, M. Audouin consulté.» D'après
Cadet de Vaux, la Taupe ne mange pas la courtilière, ni le ver gris,
mais bien probablement le ver blanc. Un jardinier du département du Cher
nous affirma qu'ayant placé des Taupes dans des caisses à fleurs où il
les nourrissait de courtilières, les Taupes ne mangeaient que les têtes
des insectes, ce qui serait bien suffisant pour affirmer leur
destruction.
Ne serait-il point possible que, poussée par cette faim insatiable, par
cette nécessité suprême d'une nourriture fréquente, la Taupe consommât
en cas de besoin, et toute autre meilleure nourriture lui faisant
défaut, des proies qu'elle dédaignerait en toute autre circonstance?
C'est ce que tendrait à prouver l'observation suivante: «Dans le but de
vérifier les assertions si souvent faites que la Taupe détruit les vers
blancs, et pour en avoir le cœur net, comme on dit, voici comment
j'ai procédé. Je laissai vivre les Taupes en toute liberté, évitant même
de les déranger, dans l'espoir qu'elles me débarrasseraient des vers
blancs. Je suis maintenant bien renseigné sur ce point; je n'ai plus
aucun doute sur l'inefficacité à peu près complète du procédé. Cette
année encore, j'avais des planches de scarole et de chicorée qui étaient
complétement envahies par des vers blancs. Ainsi que cela avait déjà eu
lieu les années précédentes, des Taupes y sont venues creuser des
galeries dans tous les sens, mais elles ont paru vivre dans de très-bons
termes avec les vers blancs, de sorte que, au lieu d'un ennemi, j'en
avais deux. Cette observation que j'ai faite sur mes planches de salade,
je l'ai également faite dans mes fraisiers, et j'ai pu constater que les
résultats ont été exactement les mêmes, d'où je conclus que les Taupes
ne mangent des vers blancs que faute de trouver mieux.» (P. Hauguel,
jardinier à Montivilliers. _Journ. d'Hortic. pratique_, 1877, p.
471-472.)
Il est bien évident, d'après son système dentaire et son tube digestif
(l'intestin décuple seulement de la longueur du corps, dénué de cœcum
et présentant sur presque tout son trajet le même diamètre; estomac
égalant en longueur la moitié de celle du corps avec insertion de
l'œsophage dans le centre et non à l'extrémité antérieure), que la
Taupe est organisée pour un régime animal. Mais, poussée par une
voracité caractéristique, n'est-il pas possible qu'à défaut de
nourriture animale, elle ne cherche à tromper la faim par des aliments
végétaux? Flourens, Oken, Lenz, ont vu les Taupes périr de faim plutôt
que de se nourrir de végétaux mis à leur portée (racines de raifort, de
carottes, feuilles de chou et de salade, pain, etc.). Cadet de Vaux dit
qu'elle se nourrit fort bien de racines d'artichaut, de carottes,
panais, betteraves, navets, pommes de terre, etc. Geoffroy Saint-Hilaire
nous semble dans le vrai, lorsqu'il dit: «La Taupe, très-friande, se
jette, dans son désappointement, sur tout ce qui vient de prendre vie:
les plus jeunes racines, le nouveau chevelu des arbres, de petites
larves, toutes les semences végétales ou animales; elle se rabat, au
besoin, sur des insectes parfaits, quelques scarabées et autres; enfin,
elle s'accommode aussi de la partie charnue des racines fusiformes,
prélevant sa part sur nos plantes alimentaires, comme carottes, panais,
betteraves, navets, pommes de terre, etc. La culture des artichauts
l'attire dans les potagers. Sa préférence pour les jeunes pousses des
végétaux et pour tous les produits de l'animalisation serait-elle cause
qu'il ne lui arrive point de faire des provisions? Il est du moins
certain qu'elle vit au jour le jour. Ce n'est point seulement en été,
mais aussi dans la saison d'hiver; la Taupe n'y est pas sujette à
l'engourdissement.» (XVe leçon, p. 39.) Buffon avait déjà dit, en
parlant de la Taupe: «Il lui faut une terre douce, fournie de racines
esculentes, et surtout bien peuplée d'insectes et de vers dont elle fait
sa principale nourriture.»
Mais, en supposant même qu'elle ne les mange pas, elle détruit un grand
nombre de plantes ou tout au moins leur porte un notable dommage. Tantôt
elle soulève et bouleverse celles sous lesquelles passe une de ses
galeries; tantôt elle émonde les radicelles d'un arbrisseau à l'ombre
duquel elle trace sa voie souterraine; d'autres fois ce sont des
chaumes, des pailles ou des tiges qu'elle entraîne dans son nid pour
s'en constituer un moelleux et sec coucher. Par les dents ou par les
pieds, elle est l'hôte onéreux des champs et surtout des jardins, et
c'est en vain qu'elle invoquerait les circonstances atténuantes. Pour
quelques services rendus, que de dommages causés!
En effet, condamnée à ne vivre que d'un travail pénible et à peine
interrompu, il lui faut sans cesse fouiller le sol pour y trouver des
aliments. La Taupe fouille pour vivre, et elle distingue instinctivement
les contrées et les sols qui lui promettent la subsistance la plus
abondante et la plus assurée: les terrains légers sans être sableux,
frais sans être humides, riches, rarement remués. Dans une prairie, elle
parcourt le bas en été et le haut en hiver; on ne la trouve en terres
tourbeuses que durant la belle saison; elle vit à la surface pendant les
saisons humides et s'enfonce plus ou moins profondément durant les
saisons sèches; elle fuit devant l'inondation et se réfugie souvent dans
les digues et les levées qu'elle mine de ses travaux; elle n'est point
embarrassée pour traverser à la nage un ruisseau, une rivière ou un
étang; mais c'est dans les jardins qu'elle se plaît plus
particulièrement en toutes saisons et surtout en hiver, on le comprend.
Une Taupe apportée dans un champ s'y cantonne après avoir étudié le
terrain: «Elle creuse dans chaque direction un boyau à plusieurs
embranchements: exploitant chaque fois d'autres lieux, elle revient sans
cesse à la charge. Il ne faut pas beaucoup de temps pour que la terre
soit minée en plusieurs sens. Quelques boyaux débouchent fortuitement
les uns dans les autres, et d'autres fois avec intention: la Taupe lie
ensemble plusieurs canaux, en élargit quelques-uns, et, se créant des
routes usuelles, elle finit par soumettre toutes les percées qu'elle a
faites à un système parfaitement combiné, lequel, amené à sa perfection,
s'appelle le cantonnement de la Taupe. Son gîte en occupe ordinairement
le centre. Le nid, pour l'éducation des petits, est une chambre écartée
et différente à quelques égards.
«Pour que ces habitations soient à l'abri des pluies d'orage, leur fond
se trouve presque de niveau avec le terrain; il est par conséquent de
beaucoup supérieur au sol des galeries qui reçoivent et contribuent à
perdre les eaux fluviales.» (Geoffroy Saint-Hilaire.)
Les galeries du terrain de chasse ont un diamètre à peine supérieur à
celui du corps de l'animal; dans celles qui lui servent de passage
habituel, le diamètre tend sans cesse à s'agrandir, l'animal y circulant
fréquemment et précipitamment. Dans les terres fortes, les galeries sont
plus superficielles; situées plus profondément au contraire dans les
sols légers. Quand il s'agit de franchir un obstacle, comme une route ou
un mur, la galerie s'enfonce souvent à 0m,50 et même plus. Le plancher
des galeries de chasse est en moyenne de 0m,12 à 0m,16 en dessous de la
surface du sol. Mais pour opérer ces galeries, il faut trouver un
emplacement pour les déblais; aussi, de distance en distance, la Taupe
rejette-t-elle la terre émiettée qu'elle transporte et accumule à la
surface du terrain, formant ce qu'on appelle une taupinière.
Au travail, la Taupe chemine avec une vitesse variable selon la nature
du sol plus ou moins résistant, de 10 mètres à 15 mètres par heure, soit
en moyenne 12m,50 environ; mais lorsqu'elle revient à son gîte,
lorsqu'elle court à la surface du sol et qu'elle est effrayée, elle peut
atteindre, comme dans les expériences de Lecourt, la vitesse d'un
cheval au trot. A la saison des amours, les mâles poursuivant une
femelle creusent parfois de 50 à 60 mètres de galeries par heure.
[Illustration: Fig. 2]
La Taupe parcourt ses galeries de chasse (qui ont parfois ensemble plus
d'un kilomètre) quatre fois par jour: au lever du soleil, de neuf à dix
heures du matin, de deux à trois heures du soir, enfin un peu avant le
coucher du soleil. Dans les intervalles du travail, elle se retire dans
un gîte ou chambre qu'elle établit en un endroit d'accès difficile, sous
des ruines, sous un mur, au pied d'une haie, etc. Ce gîte, qui a donné
lieu à un plus fort déblai que les taupinières ordinaires, est assez
éloigné du terrain de chasse avec lequel il communique par une seule
voie qui se bifurque ensuite plus ou moins; autour du gîte rayonnent
quelques courtes galeries. Voici comment Geoffroy Saint-Hilaire décrit
cette merveilleuse construction, toujours établie sur le même plan et
qui nous paraît presque comparable aux travaux de l'abeille: «Par des
déblais plus considérables, l'animal s'est procuré une plus grosse
taupinière: le tout est bientôt façonné au moyen d'une galerie
circulaire sous clef; non contente d'avoir ouvert cette galerie en se
glissant entre deux terres, la Taupe continue ses tassements de dedans
sur le dehors par des poussées de son corps et de sa tête. (Cette
galerie est marquée _ii_ dans la figure 2 A.) Une autre galerie
circulaire, au-dessous de la première, _uu_, est plus grande et de
niveau avec le terrain environnant. La Taupe y fait les mêmes
tassements. Les galeries communiquent entre elles par cinq boyaux
également espacés (fig. 3 A), et la galerie supérieure aboutit au sommet
du gîte par trois routes. Le gîte, ou la chambre qu'habite la Taupe,
porte au fond un trou (c'est l'emplacement circonscrit par une ligne de
points et marqué _g_) qui fait l'entrée d'une route de sauvetage pour
elle, si elle est menacée. Ce trou est d'ordinaire bouché par un matelas
d'herbages: pour que le tassement, sous le comble de la taupinière,
puisse acquérir la plus grande densité possible, la Taupe y ouvre encore
plusieurs autres boyaux aveugles, dont elle fait les enduits avec son
poil lisse et les pressions de toute sa masse. Ces boyaux sont en outre
comme autant de sentinelles avancées; car les premiers rompus,
l'éboulement de leurs flancs intérieurs devient un sujet d'alarme.»
[Illustration: Fig. 3]
La figure 3 montre comme faisant partie du tracé général des routes, le
gîte en _i_, et les galeries latérales par où la Taupe s'échappe. En A
est le gîte grandi et vu de face; et en A (fig. 2) est cette même
habitation aperçue de profil. Enfin la courbe _zz_ figure la coupe de
l'extérieur du terrain.
La Taupe est loin d'être sociable; elle ne supporte autour d'elle aucun
animal vivant; elle attaque les grenouilles (mais non les crapauds), les
mulots, les souris, campagnols, musaraignes, l'orvet; elle se défend
contre la belette et la vipère; quand elle rencontre une de ses
semblables, il s'ensuit un duel qui ne se termine que par la défaite, la
mort et l'engloutissement de l'une des deux. Mais l'heure du berger
sonne aussi pour la Taupe. Les mâles entrent en rut et les femelles en
chaleur, depuis le 15 février jusqu'au 15 août environ.
Une autre vie commence alors; les mâles et les femelles qui, jusque-là,
ont vécu isolés, quittent leurs galeries et leurs gîtes, abandonnent
leurs cantonnements et s'en vont errer à l'aventure. Il y a trêve entre
les femelles, mais guerre déclarée entre les mâles. Quand deux de
ceux-ci se rencontrent, le combat commence sous terre et se termine par
la mort ou la fuite du vaincu. Quant au vainqueur, il se met en quête
d'une compagne qu'il lui faut conquérir, non-seulement contre des
rivaux, mais aussi contre elle-même. Tout en désirant l'approche du
mâle, la femelle s'enfuit devant lui, et, comme la nymphe sans doute,
Fugit ad salices et se cupit ante videri.
[Illustration: Fig. 5]
Elle fuit, se creusant de nouvelles galeries étroites et sinueuses; le
mâle la poursuit, creusant rapidement des contre-galeries en ligne
droite, à fleur de terre, afin de lui couper la retraite et de l'acculer
dans une impasse. Poussé par une ardente passion, le mâle mine avec une
incroyable ardeur, et, en trois heures, on en voit creuser jusqu'à 150
et 200 mètres de galeries. La femelle se rend, épuisée de fatigue ou
impuissante à trouver une issue; l'aube se lève à peine ou le crépuscule
est déjà tombé; l'accouplement s'opère, dans la galerie même et au
milieu du plus grand mystère. Les deux époux vont faire ménage commun...
jusqu'à la mise bas. C'est ensemble qu'ils vont creuser le nid où la
mère fera ses couches. «Ce nid n'est pas toujours surmonté d'un dôme à
l'extérieur: dans le cas contraire, la taupinière du nid se reconnaît à
son volume quadruple de celui d'une taupinière de déblais, et à sa forme
qui n'est ni aplatie ni pyramidale, et dont une sébile de bois renversée
donne une idée assez exacte. La Taupe femelle qui construit son nid se
borne à agrandir un des carrefours formés par la rencontre de trois ou
quatre routes.» (Geoffroy Saint-Hilaire.) La lettre B (fig. 5) montre
ce nid dans ses rapports avec le terrier tracé par le mâle, et celle E
(fig. 4), un nid abandonné, celui de l'année précédente. Ces figures 4
et 5 montrent ces nids isolés et grossis (comparativement aux autres
dessins) pour donner une idée de leur forme. Cet emplacement est le plus
souvent situé assez loin du gîte, mais il lui est relié par une galerie.
Le nid est une chambre haute de 0m,40, large de 0m,20, placée au-dessus
du niveau du sol, ayant une forme d'entonnoir dont une galerie forme le
drain, tapissée d'un matelas d'herbes. Geoffroy Saint-Hilaire, guidé par
le taupier Lecourt, ayant ouvert un de ces nids, en mars 1825, y compta
quatre cent deux tiges de froment garnies de leurs feuilles encore
vertes et fraîches, ce qui prouvait qu'elles avaient été recueillies en
très-peu de jours.
[Illustration: Fig. 4]
Après une gestation de trente à trente-cinq jours, la Taupe met bas,
sans douleurs bien vives (à cause de la situation de l'utérus en dehors
du bassin), de deux à cinq petits de la grosseur d'un gros pois,
aveugles et nus; mais ils se développent rapidement, et à l'âge de cinq
à six semaines, ils ont atteint déjà 0m,05 à 0m,07 de longueur. C'est la
mère qui se charge de leur éducation, leur apprenant à fouir, dès qu'ils
sont de force à quitter le nid. Mais son amour maternel ne va pas
jusqu'à sacrifier sa vie à leur défense, car en cas de danger, elle
fuit, sans s'inquiéter d'eux. Quant au mâle, après avoir pris sa part à
la construction du nid, il est retourné dans son cantonnement et ne le
quittera que dans une année et dans le même but. Lecourt, un taupier
expérimenté, sous la dictée duquel Cadet de Vaux a écrit son livre _De
la Taupe_ (Paris, Colas, 1803, p. 88), dit que, le moment de
l'accouplement passé, mâle et femelle s'isolent, et que jamais il n'a,
de sa vie, saisi un couple au gîte; il y a plus, jamais il n'a saisi au
nid la mère et les petits; elle fuit, au moindre danger, en les
abandonnant.
[Illustration: Fig. 2]
[Illustration: Fig. 1]
[Illustration: Fig. 4]
[Illustration: Fig. 5]
[Illustration: Fig. 3]
«Nous reproduisons le dessin très-fidèle d'un relevé de terrain fait en
1825, par les soins de M. Geoffroy Saint-Hilaire. Il a vingt-quatre
mètres de longueur dans la ligne partant du point _c_, passant par _h_,
_j_, _k_, _m_ et _b_, jusqu'au point _e_. La ligne partant du nid _b_ et
se rendant au point _a_ en passant par _q_ a quinze mètres de largeur.
Une ligne ponctuée R, S, laisse au-dessous d'elle les restes d'un ancien
cantonnement submergé pendant l'hiver; au-dessus sont les travaux
récents de la Taupe mâle, galeries où elle conduit et renferme la Taupe
femelle pendant le temps de la gestation et du part. Le terrain où ces
travaux ont été étudiés et relevés était situé à quelque distance de
Pontoise, en dessus et sur la droite de la rivière; la Taupe mâle, qui
était venue s'emparer de ce théâtre d'exploitation, s'y était rendue
d'assez loin et arriva en pleine terre jusqu'au point C; elle trouva une
terre molle, facile à percer: pour gagner de vitesse, elle ne tassa
point la terre, mais elle multiplia les taupinières de décharge, et ce
sont ces taupinières qui sont indiquées par les petits cercles, répandus
sur les lignes. Huit jours suffirent pour l'achèvement des galeries; à
peine un bout de tuyau était-il ouvert que le mâle gagnait son ancien
cantonnement, s'y mettait en recherche d'une femelle et s'en faisait
suivre. Éveillés par ces courses répétées, d'autres mâles se mettaient à
la piste du couple et s'acheminaient derrière lui sur la prairie,
jusqu'à l'entrée de la galerie centrale. Arrivé là, le mâle y enferma sa
femelle, et revint sur ses pas pour interdire à ses rivaux l'entrée de
ce cantonnement. Dans la figure 1, cet emplacement est entouré de
points: la ligne R, S, coupe par le travers de cette arène où
s'engagèrent des assauts rudes et violents qui ne cessèrent que par la
retraite ou la mort des vaincus.
«Cependant la femelle, acculée dans la galerie _j_, _k_, _l_, essayait
de fuir dans des boyaux qu'elle ouvrait de côté; c'est une partie de ces
travaux que la figure 1 exprime, et qu'on trouve figurés aux points _j_,
_k_, _l_, _n_, _o_. Mais le vainqueur ne tarda point à rejoindre cette
femelle vagabonde, et à la ramener dans ses propres galeries: ce manége
fut répété plusieurs fois, c'est-à-dire tout autant que d'autres mâles
entrèrent en lice. Arriva enfin, et assez promptement, l'instant où la
supériorité du vainqueur fut reconnue. Dès lors, le mâle et la femelle
creusèrent ensemble et achevèrent les galeries figurées au plan. Dans
les derniers moments, la femelle se détourna et creusa encore à part,
obligée d'aller en chasse pour vivre.
«Enfin, après qu'eurent été produites les galeries d'hésitation et de
recherche de nourriture en _o_, _r_ et _s_, le mâle conduisit sa femelle
à la patte d'oie marquée _v_. Dès ce moment, la femelle excédée ne
creusa plus en plein tuf, mais à fleur de terre: elle traça, ne faisant
qu'écarter les racines des végétaux. Revenant à son trou, elle en était
repoussée par le mâle; de là les embranchements _y_, _y_, _y_, _y_ qui
passent du même point.»
M. Henri Lecourt a passé plusieurs mois à contempler les mouvements des
Taupes pendant leurs amours. C'est d'après son récit que s'expliquent
les diverses sinuosités représentées dans la figure 1 de notre planche.
Aucun autre terrain ne lui avait jusqu'alors encore offert une occasion
aussi favorable pour l'observation.
La Taupe est depuis longtemps connue des agriculteurs: Aristote
(quatrième siècle avant J. C.), Pline (premier siècle après J. C.),
Columelle et Varron Oppien (deuxième siècle après J. C.), Elien
(troisième siècle après J. C.), ont décrit ses mœurs à leur manière
et brodé chacun un petit roman sur ce sujet: Varron d'abord, Pline
ensuite, et d'après le premier, racontent qu'une ville de Thessalie,
dont ils ne disent point le nom, fut minée et détruite par les Taupes.
De Lafaille, pour appuyer ce dire des anciens, cite, d'après le voyageur
Lacaille, les dégâts causés au Cap par les travaux d'une Taupe qui n'est
autre que la chrysochlore dorée (_chrysochloris aurata_), un genre
voisin; sillonnant toute la campagne de ses galeries profondes dans les
sables, elle rend dangereuse la promenade ou la course à cheval.
Puis c'est Buffon qui la décrivit avec le succès que l'on sait (1767);
de Lafaille, qui cumule trop souvent les erreurs des anciens avec la
crédulité du moyen âge; Cadet de Vaux, qui, dans un travail trop diffus,
entreprit d'exposer les observations de Lecourt.
«Henri Lecourt occupait, avant la Révolution, un emploi au château de
Versailles; entraîné par un goût irrésistible, il fixa de bonne heure
son attention sur l'instinct des animaux; plus tard, les difficultés de
l'observation et l'utilité de l'entreprise, en donnant une autre
direction à son génie, l'amenèrent à étudier exclusivement la Taupe.
Lecourt se fit Taupier à Pontoise (Seine-et-Oise), ou plutôt,
renouvelant les méthodes, il créa réellement une profession où l'homme
lutte avec les forces de son esprit contre une industrie et une
puissance de multiplication merveilleuses.» (Geoffroy Saint-Hilaire.)
En trois ans, Lecourt avait détruit, sur six cents hectares du
territoire de Pontoise, dix mille Taupes; seul, il en prenait plus de
quatre-vingts par jour. Les autorités de Pontoise, prisant fort son
habileté, craignaient de perdre leur libérateur et, avec lui, ce qu'ils
appelaient son secret. Cadet de Vaux, mis en rapport avec Lecourt, et
édifié sur son habileté, proposa au préfet et obtint de lui la
fondation, à Pontoise, d'une école de taupiers, sous la direction de
Lecourt. Peu après, le préfet et la Société d'agriculture du Calvados
établissaient dans ce département une école analogue, toujours sous la
direction de Lecourt. Depuis lors, l'enseignement du taupier est devenu
un enseignement mutuel, ce qui ne veut pas dire qu'il ne se soit pas
perfectionné.
C'est Cadet de Vaux qui, nous l'avons dit, se chargea de vulgariser les
observations de la méthode de Lecourt: il énumère longuement les dégâts
que cause le petit mammifère aux espaliers, aux murs, dans les haies,
dans le potager, dans le verger, dans les champs, dans les prés, dans
les bois récemment ensemencés, sur les berges, digues, levées et jetées,
dans les canaux, sur les routes, autant dire partout, et en toutes
saisons, même sous la neige.
Lecourt distingue les travaux en: 1º extérieurs (traces, taupinières,
tuyaux, gîtes, nids lorsqu'elle les laisse apparents); 2º intérieurs
(routes de communication, passages, galeries, boyaux, trous, gîtes,
nids). Il distingue les traces ou galeries de chasse et les traces
d'amour; les taupinières d'hésitation, d'entrée d'héritage, d'entrée de
clôture, de cantonnement, de repos, de passage, de gîte, de nid, des
mâles, et anciennes.
C'est de la connaissance approfondie de ces divers signes extérieurs et
des mœurs de l'animal qu'il déduit ses procédés de destruction: 1º
au hoyau; 2º aux piéges; s'aidant seulement d'une sonde et d'un couteau
à gaîne.
De cette circonstance que le gîte est la citadelle de la Taupe et qu'un
passage y conduit, ou que, si elle n'est pas gîtée, elle a, dans le lieu
de son cantonnement, un passage, il déduit que c'est dans ce passage
qu'il faut placer le piége. Puis après avoir pris la mère et voulant
détruire les petits, il recherche le nid auquel viennent aboutir de un à
trois passages rectilignes, et que signalent deux taupinières placées à
des intervalles de quinze à vingt mètres et d'une forme particulière.
Sur ce ou sur ces passages il place des piéges opposés au delà de
l'abouchement des galeries reconnaissables aux nombreuses taupinières
qui les surmontent.
Le service qu'avait rendu Cadet de Vaux à Henri Lecourt, M. Dralet le
rendit à son tour à un sieur Aurignac, taupier des environs d'Auch
(Gers). C'est la méthode d'Aurignac qu'il expose dans ce livre; elle
diffère de celle de Lecourt en ce qu'il considère que c'est pendant le
travail qu'il faut prendre la Taupe, et que pour cela, il faut l'isoler
sur deux points peu éloignés d'une galerie au moyen de coupures et de
tassements légers du sol. C'est là la base de sa théorie; mais il expose
ensuite huit cas différents qui peuvent se présenter dans la pratique,
et donne pour chacun d'eux la solution du problème.
L'ART
DU TAUPIER
Tout le monde sait combien la Taupe[B] est funeste à l'agriculture. Cet
animal vit sous la terre, et bouleverse les racines qu'il rencontre, en
parcourant les longues routes souterraines qu'il se forme à l'aide de
son museau et de ses pattes. Il se plaît surtout dans la terre légère
des jardins, où il fait des dégâts considérables; mais c'est dans les
prairies que son séjour est le plus nuisible: il couvre de nombreux
monticules que l'on nomme _taupinières_ le terrain sous lequel il
habite; et le dommage que ces taupinières occasionnent au propriétaire
ne consiste pas seulement dans l'herbe dont elles coupent la place,
elles font encore perdre une partie de celle qui les avoisine, en
portant obstacle au cours de la faux au moment de la coupe des foins.
Tels sont les désastres les plus apparents causés par cet animal
destructeur; mais il en est de plus considérables dont tout le monde ne
s'aperçoit pas: ils ont lieu dans les prairies qui avoisinent les
rivières et les ruisseaux. On y élève ordinairement, à grands frais, des
digues de terre appelées _mues_, pour prévenir les inondations. Ces
sortes d'ouvrages ne manquent pas d'être percés, pendant l'été, par les
Taupes, qui vont, dans cette saison, chercher la fraîcheur sur le
rivage; et le boyau qu'elles forment pour leur passage, donnant une
issue à l'eau, fait détruire la digue et inonder la prairie, à la
première crue du ruisseau ou de la rivière.
Voilà des motifs bien puissants pour engager les cultivateurs à
s'occuper sérieusement de la destruction des Taupes. Mais on peut y
ajouter que l'on tire parti de la dépouille de ces animaux après leur
mort. Agricola dit avoir vu des habits fourrés de la peau de ces
animaux; et, au rapport de Pline, on en faisait des couvertures de lit,
à Orchomène. Ces sortes de fourrures peuvent être très-agréablement
nuancées, puisqu'on trouve des Taupes plus ou moins noires, plus ou
moins brunes. Aurignac en a pris quelques-unes de blanches dans le
département du Gers; il en a aussi trouvé une tachetée de blanc et de
noir.
Dans tous les temps on s'est occupé de faire la guerre aux Taupes. Les
appâts, les piéges, les machines, le poison, les armes à feu ont été mis
en usage tour à tour, et tous ces moyens ont été jusqu'à présent ou
trop coûteux ou insuffisants.
De tous ceux qui ont été essayés, le plus simple est sans doute celui
qui est employé dans les environs d'Auch, puisqu'il ne nécessite l'usage
d'aucun instrument que celui d'une houe ordinaire ou d'un hoyau.
Mais ce moyen, découvert par le hasard, ne pouvait devenir vraiment
efficace qu'à l'aide du temps et par le secours d'une longue
observation. Aussi n'est-ce qu'après vingt ans d'un travail assidu, que
le sieur Aurignac est parvenu à savoir prendre en vie, dans une matinée,
toutes les Taupes d'un héritage, fussent-elles au nombre de vingt-cinq
ou trente.
Nous allons faire ici l'exposition des procédés employés par ce Taupier;
elle sera précédée de quelques instruction préliminaires, sans
lesquelles on tenterait en vain de faire avec succès la guerre aux
animaux dont il s'agit.
ARTICLE PREMIER.
_Notions sur l'histoire naturelle de la Taupe, servant d'introduction à
l'Art du Taupier._
1. La Taupe passe sa vie sous la terre; elle s'y forme un gîte qui se
trouve ordinairement sous un arbre, près d'une haie, ou au pied d'un
mur. C'est là qu'elle se retire pendant la nuit, et où elle va se
reposer à certaines heures du jour. Ce gîte est recouvert d'un dôme
construit en terre solide, d'une forme aplatie; quelquefois il n'est
indiqué à l'extérieur que par un monticule de terre meuble que l'on
nomme taupinière.
2. De ce gîte, la Taupe s'ouvre une route souterraine pour aller
chercher sa nourriture. Aucun obstacle ne l'arrête dans ce travail, qui
s'étend quelquefois à plusieurs centaines de mètres: elle perce le mur
qu'elle rencontre sur son passage, ou bien elle pénètre sous les
fondations; elle passe d'une rive à l'autre d'un ruisseau, en cheminant
sous son lit. C'est en ligne à peu près directe qu'est dirigée cette
route, que l'on peut appeler premier ou grand boyau. On la reconnaît
extérieurement à l'affaissement de la terre, et à la pâleur des plantes
sous les racines desquelles elle passe. Il arrive souvent que cette
route est fréquentée par plusieurs Taupes.
3. La Taupe se nourrit beaucoup d'insectes et de vers; c'est pourquoi on
la trouve ordinairement dans les terres douces et de bonne qualité.
4. Elle ne réside ni dans la fange, ni dans les terrains pierreux.
5. Quelquefois elle abandonne le terrain qu'elle habite, paraît quelques
instants à la surface de la terre, pour entrer bientôt dans un lieu
plus commode: cela arrive notamment lorsqu'elle a été surprise par une
inondation.
6. Pendant l'hiver et les temps pluvieux, elle habite les endroits
élevés, parce qu'ils sont moins humides et plus à l'abri des
inondations.
7. Dans la belle saison, la Taupe descend dans les vallons,
principalement dans les prés, où elle trouve une terre fraîche et facile
à travailler.
8. Lorsqu'il y a de longues sécheresses, elle se réfugie le long des
fossés, sur le bord des ruisseaux et sous les haies.
9. C'est en mars, avril et mai que les femelles mettent bas leurs
petits. Il y en a ordinairement quatre ou cinq à chaque portée.
10. Elles ont préparé d'avance un nid souterrain, couvert d'une voûte
solide, dans un endroit élevé, et ordinairement protégé par une haie ou
un buisson. On voit quatre ou cinq grosses taupinières fort rapprochées
au-dessus de cette demeure.
11. La Taupe ne fait pas de provisions; elle est donc obligée de se
livrer à un travail journalier pour chercher sa nourriture. Il consiste
à former à droite et à gauche de la grande route, dont on a parlé plus
haut, des boyaux de peu d'étendue que l'on peut désigner sous le nom de
chemins, petits boyaux, ou boyaux accessoires.
12. Les boyaux sont ordinairement parallèles à la surface de la terre, à
la profondeur de 12 à 18 centimètres, suivant les saisons.
13. Comme les Taupes craignent presque également le froid et le chaud,
c'est en hiver et en été qu'elles s'enfoncent le plus profondément dans
la terre, c'est-à-dire que leurs boyaux sont le plus éloignés de sa
surface.
14. Elles sont fort craintives: lorsqu'elles se sentent en danger, elles
s'enfoncent en terre par un boyau perpendiculaire qu'elles creusent
quelquefois jusqu'à la profondeur de 50 centimètres.
15. A mesure que les Taupes forment des boyaux, elles rejettent à la
surface du sol la terre qu'elles ont détachée: c'est ce qui produit ces
monticules que l'on nomme taupinières; elles en font à chaque reprise,
trois, quatre, six, jusqu'à neuf, suivant leur âge et leur force.
Les taupinières provenant de la grande route qui conduit au gîte sont,
comme elle-même, disposées en ligne directe; leur volume est
considérable; elles sont à d'égales distances les unes des autres, et
espacées de 8 à 10 mètres.
Celles des chemins ou boyaux accessoires sont placées sans ordre, d'un
volume inégal, et à de petites distances.
Dans les terres nouvellement ameublies par la culture, surtout si elles
ont été récemment arrosées, la Taupe ne forme aucune taupinière sur son
passage; elle se glisse à la superficie; on la voit s'avancer, seulement
couverte de la légère couche de terre qu'elle soulève.
16. Revenons aux taupinières. D'après ce que l'on a dit plus haut, il y
a nécessairement entre elles une communication par des boyaux
souterrains.
17. _Si l'on ouvre avec un instrument quelconque un boyau qui communique
à deux taupinières nouvellement formées, la Taupe vient quelques
instants après le réparer, afin de se mettre à couvert du danger et du
grand air. Pour y parvenir, elle forme à l'endroit ouvert une voûte de
terre mobile, qui a la forme d'une taupinière oblongue, au moyen de
laquelle elle réunit et rapièce, pour ainsi dire, le boyau coupé._
_Si l'on fait de pareilles ouvertures à la grande route, la Taupe les
réparera de la même manière, soit lorsqu'elle sortira de son gîte, soit
lorsqu'elle y retournera._
18. _Si l'on endommage une taupinière fraîche, la Taupe vient aussi la
réparer[C]._
19. La Taupe travaille dans toutes les saisons, puisque ce n'est qu'à
force de travail qu'elle se procure de la nourriture.
20. Il n'est pas vrai qu'elle dorme tout l'hiver, comme l'ont prétendu
quelques naturalistes; mais, dans cette saison, elle a peu d'activité,
et travaille beaucoup moins qu'en été.
21. C'est à l'approche du printemps que les Taupes sont plus ardentes à
l'ouvrage, et qu'elles forment un plus grand nombre de taupinières. Il y
en a plusieurs raisons: la première est la nécessité de fournir de la
nourriture à leurs petits, qui naissent ordinairement alors; la seconde
est la facilité qu'elles trouvent à remuer la terre; la troisième enfin
vient de ce que la température venant à s'adoucir, l'animal recouvre ses
forces, que diminuait la rigueur du froid.
22. La mâle est beaucoup plus vigoureux que la femelle, et les
taupinières qu'il forme sont grosses et multipliées.
23. La femelle travaille moins que le mâle; ses taupinières sont petites
et peu nombreuses.
24. Les jeunes ne font que de longues traînasses, en effleurant la
superficie de la terre, qui suffit à peine pour les couvrir. Lorsqu'ils
commencent à faire des taupinières, elles sont petites, informes,
disposées en zigzag.
25. Les heures auxquelles les Taupes travaillent sont, au lever du
soleil, à neuf heures, à midi, à trois heures et au coucher du soleil;
mais c'est au coucher du soleil qu'elles sont le plus ardentes à
l'ouvrage.
26. Dans les temps de sécheresse, on ne les voit guère faire de
taupinières qu'au soleil levant; et, en hiver, elles saisissent le temps
où il a réchauffé la terre par ses rayons.
27. Il paraît que le sens de la vue est presque nul dans la Taupe; mais
en revanche, la nature lui a donné le sens de l'ouïe très-délicat.
ARTICLE II.
_Principes de l'Art du Taupier._
28. On ne prend aisément les Taupes que lorsqu'elles travaillent.
29. Le temps le plus favorable au Taupier est donc vers le commencement
du printemps. (Voir paragraphe 21.)
30. C'est dans les prairies que, dans cette saison, il faut
principalement leur faire la guerre (7).
31. Il faut les attaquer au lever du soleil, ou à neuf heures du matin,
ou à midi, ou à trois heures, ou au soleil couchant (25).
32. Il est plus avantageux de commencer au soleil levant qu'aux autres
heures du jour (25).
33. L'heure la plus commode est ensuite à neuf heures du matin, parce
que si l'on n'est pas parvenu à prendre toutes les Taupes que l'on avait
en vue, on peut continuer successivement les opérations commencées aux
autres heures de la journée.
34. Lorsque l'on guette une Taupe, il faut soigneusement éviter de faire
du bruit et surtout de frapper la terre (27).
35. On peut, dans certains cas, obliger une Taupe à sortir de son
souterrain, en y versant une certaine quantité d'eau (5).
36. Lorsque l'on se trouve près d'une taupinière au moment où la Taupe y
souffle, si on coupe avec la houe le boyau qui communique à la
taupinière voisine, et que l'on ferme avec un peu de terre ce boyau aux
extrémités de la couture, la Taupe se trouvera emprisonnée entre
l'endroit de cette coupure et celui de la taupinière (16).
37. Une taupinière fraîche annonce la présence d'une Taupe; il en est de
même de plusieurs taupinières fraîches peu éloignées.
38. Quelque fraîche que soit une taupinière, si on la voit percée dans
son centre par un trou perpendiculaire d'environ cinq centimètres de
diamètre, il est certain que la Taupe a abandonné le terrain pour aller
en chercher un qui lui convienne mieux (5).
39. Lorsque l'on voit un assemblage de taupinières fraîches, si l'on
prenait la peine de les enlever toutes avec la houe, et de découvrir
dans toute leur longueur les boyaux qui communiquent de l'une à l'autre,
on serait assuré de rencontrer et de prendre la Taupe qui y travaille.
40. Cette opération serait sans doute trop longue et trop embarrassante;
mais elle deviendra extrêmement simple, si l'on peut réduire la Taupe
et l'enfermer entre deux points peu éloignés. Pour la prendre, il ne
s'agira alors que de découvrir avec la houe l'espace intermédiaire de
ces deux points.
41. On réduit une Taupe entre deux points d'un boyau, par le moyen de
quelques _coupures_ ou incisions faites à propos à ce boyau. Ces
incisions lui coupent, pour ainsi dire, le chemin, puisqu'elle ne les
franchit qu'après les avoir réparées (17).
42. Lorsque l'on a fait une coupure, il faut fermer légèrement, avec un
peu de terre, les extrémités du boyau qui y aboutissent, afin de
retarder la marche de la Taupe.
ARTICLE III.
_Application des principes précédents_, ou _Pratique de l'Art du
Taupier_.
INSTRUMENT DU TAUPIER.
Le seul instrument qui soit absolument nécessaire au Taupier est une
houe; mais il convient qu'il se munisse aussi de quelques brins de
paille, de quelques morceaux de papier blanc et d'un pot d'eau.
_Du nombre de Taupes qui se trouvent dans un héritage; de leur sexe
et de leur âge._
La première chose que doit faire un Taupier en entrant dans un héritage,
est de reconnaître, s'il est possible, les gîtes et les routes (1 et 2),
ensuite de savoir combien il renferme de Taupes, afin de les attaquer
toutes à la fois; c'est le moyen d'aller vite en besogne.
Je suppose une pièce de pré, représentée par la planche ci-jointe,
couverte de taupinières, _fig._ 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12.
J'aperçois d'abord une taupinière isolée, _fig._ 6. J'observe qu'elle
est fraîche; elle m'annonce la présence d'une Taupe (37): cette
taupinière est grosse; elle a donc été faite par un mâle (22).
Je passe aux deux taupinières, _fig._ 7. Elles sont peu éloignées l'une
de l'autre; elles ont donc été faites par une seule Taupe (37): elles
sont fraîches, la Taupe y travaille donc; elles sont petites, elles
appartiennent donc à une femelle (23).
Les trois taupinières, _fig._ 8, sont peu éloignées l'une de l'autre;
elles appartiennent donc à une seule Taupe; elles sont fraîches, cette
Taupe y travaille donc; elles sont grosses, c'est donc un mâle.
[Illustration: _Fig. 6._]
[Illustration: _Fig. 7._]
[Illustration: _Fig. 8._]
[Illustration: _Fig. 10._]
[Illustration: _Fig. 9._]
[Illustration: _Fig. 12._]
[Illustration: _Fig. 11._]
Les six taupinières, _fig._ 9, sont peu éloignées l'une de l'autre:
elles ont donc été faites par une seule Taupe; elles sont fraîches,
cette Taupe y travaille donc; elles sont petites, c'est donc une
femelle.
Les traînasses en zigzag, ou taupinières informes, _fig._ 10, sont
fraîches; elles annoncent la présence d'une jeune Taupe (24).
Les cinq taupinières, _fig._ 11, sont sèches, donc elles ont été
abandonnées, (5).
Les sept taupinières, _fig._ 12, sont encore fraîches; mais une d'elles,
_M_, est percée par le haut; donc la Taupe qui les a faites les a
quittées depuis peu (38).
Je dois être assuré, d'après ces observations, qu'il y a, dans le pré
dont il s'agit, deux Taupes mâles, deux femelles et une jeune.
Il n'est pas indifférent de connaître si les Taupes que l'on veut
prendre sont mâles ou femelles, si elles sont jeunes ou vieilles: les
mâles, travaillant plus vite (22), doivent être guettés de plus près que
les femelles les jeunes ne faisant qu'effleurer la terre (24) vont
aussi fort vite, et ne doivent pas être perdues de vue.
OPÉRATIONS
PREMIER CAS
_Lorsqu'une Taupe n'a fait qu'une taupinière,_
fig. 6.
[Illustration: Fig. 6.]
J'enlève d'abord la taupinière avec la houe, et je m'assure si elle n'a
pas de communication avec d'autres taupinières voisines. Pour y
parvenir, je tousse dans l'ouverture que j'ai faite, c'est-à-dire à
l'embouchure du boyau commencé; j'en approche en même temps l'oreille:
si la taupinière n'a pas de communication, la Taupe, peu éloignée, est
effrayée par le bruit; je l'entends s'agiter, et elle ne peut
m'échapper.
Je découvre le boyau _a_, _b_ avec la houe, et je suis jusqu'en _b_, où
je rencontre la Taupe.
Mais l'animal, connaissant le danger, a peut-être eu le temps de
s'enfoncer en terre, en y formant un boyau perpendiculaire _b_, _c_
(14); alors j'ai deux moyens pour le prendre: je creuse jusqu'en _c_, où
je rencontre ma proie, ou bien je verse de l'eau en _b_, et l'animal s'y
présente de lui-même (5).
Si, au contraire, en toussant je n'ai pas entendu l'animal s'agiter,
c'est une preuve que la taupinière communique avec quelques autres
taupinières voisines, et j'opère comme dans les cas suivants.
DEUXIÈME CAS
_Lorsque la Taupe a fait deux taupinières,_
A, B, fig. 7.
[Illustration: 7.]
Je fais une ouverture _d_, _e_, de la longueur de plus de 25
centimètres, dans la direction du boyau qui communique d'une taupinière
à l'autre. Je ferme avec un peu de terre les deux extrémités _d_, _e_ du
boyau (42). Quelques instants après, la Taupe, d'abord frappée par le
grand air, et craignant pour sa sûreté, vient réparer le dégât fait à
son souterrain (17), et elle souffle en _d_ ou en _e_. Si c'est en _d_
qu'elle se présente, je suis assuré de la trouver entre ce point et la
taupinière _A_, si c'est en _e_, je suis assuré qu'elle est entre ce
dernier point et la taupinière _B_. Dans l'une et l'autre hypothèse,
j'opère comme il est indiqué au premier cas ci-dessus, c'est-à-dire que
je découvre la partie du boyau qui aboutit à la taupinière A, ou celle
qui aboutit à la taupinière _B_.
TROISIÈME CAS
_Lorsque la Taupe a fait trois taupinières,_
C, D, E, fig. 8.
Je fais les ouvertures _f_, _g_, _h_, _i_.
[Illustration: Fig. 8.]
La Taupe viendra souffler ou en _f_, ou en _g_, ou en _h_, ou en _i_.
Si elle souffle en _f_, elle se trouve enfermée entre ce point et la
taupinière _C_.
Si elle souffle en _i_, elle se trouve enfermée entre ce dernier point
et la taupinière _E_.
Si elle souffle en _g_ ou en _h_, elle est dans l'espace intermédiaire
entre ces deux points.
Dans ces trois hypothèses, j'opère comme dans le premier cas, en
découvrant l'espace dans lequel se trouve la Taupe.
Si la Taupe est enfermée entre _g_ et _h_, que je ne veuille pas prendre
la peine de découvrir tout cet intervalle, j'enlève la taupinière _D_,
et je fais à sa place une troisième incision ordinaire. J'attends que la
Taupe y ait soufflé, et le côté où elle vient m'indique si je la
trouverai entre la troisième incision et le point _g_, ou entre cette
incision et le point _h_.
QUATRIÈME CAS
_Lorsque la Taupe a fait quatre taupinières et au delà_, fig. 4.
Je suppose les six taupinières _F_, _G_, _H_, _J_, _K_, _L_.
Je fais l'incision _k_, _l_.
Si la Taupe vient souffler en _k_, elle est enfermée entre ce point et
la taupinière _F_.
[Illustration: Fig. 9.]
Si, au contraire, elle vient souffler en _l_, elle est enfermée entre ce
dernier point et la taupinière _L_.
Dans l'une et l'autre hypothèse, je fais de _K_ en _F_, ou de _l_ en
_L_, les opérations indiquées dans le troisième cas ci-dessus,
c'est-à-dire que j'agis comme s'il n'y avait que trois taupinières.
_Autre manière d'opérer dans les 2e, 3e et 4e cas ci-dessus._
[Illustration: Fig. 7.]
Je suppose que lorsque j'aurai fait la coupure _d_, _c_, _fig. 7_, la
Taupe vient souffler en _d_, et que je me trouve là au moment où elle
souffle, je sais qu'elle traversera l'espace _d_, _e_, pour réparer le
boyau, en y formant une voûte avec la terre qu'elle détachera du fond de
l'endroit ouvert. Si je reste là sans faire de bruit, je la verrai
travailler à cette opération. Il ne s'agira, pour prendre la Taupe, que
de poser le bout du manche de ma houe derrière elle, avant qu'elle
arrive au point _e_. Par ce moyen, la terre que j'ai eu soin de mettre à
l'ouverture _d_ l'empêchera d'avancer. Le bout de ma houe l'empêchera de
reculer. Je la prendrai donc aisément, en enlevant avec mes doigts le
peu de terre mobile dont elle est couverte(1).
_Procédé essentiel à employer._
On peut, sans rester près d'une ouverture, savoir l'instant où une Taupe
commence à y souffler. Il ne s'agit que d'y planter un brin de paille,
au bout duquel on fixera un petit morceau de papier. Ce petit étendard
sera renversé ou au moins ébranlé au premier mouvement que viendra faire
la Taupe à l'endroit où il est planté. L'ébranlement ou la chute de cet
étendard avertira le Taupier de s'approcher pour guetter et prendre
l'animal.
CINQUIÈME CAS
_Lorsque la Taupe ne vient pas souffler aux premières ouvertures faites
par le Taupier._
[Illustration: Fig. 9.]
Je suppose qu'après avoir fait l'ouverture _k_, _l_, _fig. 9_, la Taupe
continue à souffler à la taupinière _L_; alors je suis sûr qu'elle est
entre le point _l_ et la taupinière _L_, et les opérations qui me
restent à faire sont les mêmes qu'au troisième cas ci-dessus,
c'est-à-dire que je dois agir comme s'il n'y avait que les taupinières
_J_, _K_, _L_.
Pour connaître si une Taupe, pendant mon absence, soufflera à une
taupinière, je l'aplatis légèrement avec le pied, et, à mon retour, si
j'aperçois une petite éminence sur la taupinière aplatie, nul doute que
la Taupe y aura travaillé. Mais si la Taupe, ne venant pas souffler aux
incisions, cesse aussi de souffler aux taupinières fraîches, on doit
conclure qu'elle s'est jetée dans la route par un des boyaux qui y
aboutissent (2), et qu'elle a regagné son gîte (1). C'est là où il faut
lui faire une nouvelle attaque. On pratique, dans ce cas, plusieurs
ouvertures sur la route, à proximité du gîte. La Taupe ne tarde pas à
venir souffler à l'extrémité de l'une de ces ouvertures, et
conséquemment à indiquer l'endroit où elle se trouve renfermée; on agit
alors comme dans les autres cas.
SIXIÈME CAS
_Autre manière d'opérer dans les 2e, 3e, 4e et 5e cas
ci-dessus, lorsqu'on se trouve près d'une taupinière au moment où
la Taupe y souffle._
Si je me trouve près de la taupinière _L_, _fig. 9_, au moment où la
Taupe y souffle, je n'emploierai pas le moyen incertain des jardiniers,
qui enlèvent la taupinière d'un coup de bêche; mais je donnerai en _m_,
_n_ un grand coup de houe sur le boyau qui communique de cette
taupinière à la voisine _K_. C'est une manière sûre d'enfermer la Taupe
entre la taupinière _L_ et le point _m_, _n_.
[Illustration: Fig. 9.]
Lorsque la Taupe est ainsi enfermée, j'opère comme dans le premier cas,
c'est-à-dire que je découvre l'intervalle dans lequel elle est enfermée,
etc.
Il est inutile de dire que, pour que ce moyen puisse être employé avec
succès, il faut que la taupinière où souffle la Taupe n'ait qu'une seule
communication.
SEPTIÈME CAS
_Lorsqu'une ou plusieurs taupinières fraîches se trouvent à
proximité des vieilles taupinières_, fig. 9 et 11.
[Illustration: _Fig. 9._]
[Illustration: _Fig. 11._]
Dans ce dernier cas, le plus embarrassant de tous pour le Taupier, il
est douteux si les taupinières fraîches communiquent par des boyaux
avec les vieilles. Quoi qu'il en soit, il faut d'abord faire des
coupures entre les unes et les autres, pour que la Taupe, inquiétée dans
les fraîches, ne puisse se retirer dans les vieilles. On opère ensuite,
suivant les circonstances, comme dans les cas précédents.
[Illustration: _Fig. 9._]
[Illustration: _Fig. 11._]
Lorsqu'il en est ainsi, on ne peut trop multiplier les coupures, si l'on
ne craint pas d'endommager le terrain. Il est bon, par exemple, dans les
_fig._ 9 et 11, de faire une coupure dans la direction de _H_ en _N_, et
une autre dans la direction de _H_ en _O_, parce qu'il peut y avoir un
boyau dans l'une ou l'autre de ces directions, et même dans l'une et
dans l'autre.
HUITIÈME CAS
Lorsqu'on se rencontre au moment où la Taupe forme un boyau superficiel
(5).
Il ne s'agit, dans ce cas, que de poser le bout du manche de la houe
derrière la Taupe pour l'empêcher de rétrograder. On la prend alors sans
difficulté, après avoir enlevé avec les doigts la légère couche de terre
dont elle est couverte.
OBSERVATIONS
Si l'on guettait constamment une Taupe, et que, sans désemparer, on
attendît qu'elle fût prise pour en attaquer une autre, on ne
parviendrait à en prendre qu'un très-petit nombre dans un jour.
Mais lorsqu'on parcourt un héritage pour reconnaître les Taupes qui le
dévastent, il faut aplatir légèrement avec le pied toutes les
taupinières fraîches, et faire toutes les ouvertures nécessaires sur les
boyaux, sans craindre d'en faire trop lorsque le terrain le permet. On
plante aussi les petits étendards dont il a été parlé page 79, ensuite
on se promène d'une Taupe à l'autre, et l'on opère comme il a été dit.
Si l'on attaque ainsi plusieurs Taupes à la fois, il faut être
très-vigilant et très-actif, parce que lorsqu'on est occupé à guetter
une Taupe, d'autres Taupes peuvent avoir le temps de traverser les
ouvertures faites à leur boyau, et l'on est obligé de recommencer ce qui
avait été fait.
La Taupe emploiera plus de temps à réparer une coupure et à la
traverser, si l'on pose sur le fond de cette coupure une petite motte
de terre; c'est donc une précaution que souvent il est bon de prendre;
c'est aussi dans cette vue que l'on ferme avec un peu de terre les deux
extrémités du boyau coupé.
VOCABULAIRE DE L'ART DU TAUPIER
BOYAU, chemin souterrain formé par une Taupe. Elle rejette la terre qui
provient de cette sorte d'excavation à la surface du sol: c'est ce qui
produit des taupinières. On donne le nom de route au grand boyau qui
conduit au gîte.
COUPURE, incision de 20 à 25 centimètres, que le Taupier pratique avec
une houe sur un boyau, ou à l'endroit d'une taupinière, pour en mettre
le fond à découvert et y attirer la Taupe. L'air qui s'introduit par
cette incision incommode la Taupe, et la porte à aller réparer la voûte
de son chemin couvert.
ÉTENDARD, brin de paille ou petit morceau de bois, à l'extrémité
supérieure duquel est attaché un peu de papier. On le plante sur une
taupinière, ou à l'ouverture faite à un boyau. Son ébranlement ou sa
chute annonce au Taupier, lors même qu'il est éloigné, que la Taupe
travaille à l'endroit signalé.
GÎTE, lieu où repose la Taupe. On le reconnaît à une voûte aplatie et
solide, ou à une taupinière d'un gros volume, quelquefois de forme
oblongue.
HOUE OU HOYAU, instrument de fer recourbé et fixé à un manche de bois.
Les Taupiers s'en servent pour faire les incisions ou coupures, enlever
les taupinières et creuser la terre dans laquelle la Taupe effrayée
s'enfonce, lorsqu'elle en a le temps.
ROUTE, est un grand boyau qui aboutit au gîte de la Taupe, et dont les
boyaux accessoires sont des ramifications.
SOUFFLER, désigne l'action de la Taupe, qui, avec son museau et ses
pattes, pousse la terre à une taupinière, ou forme une voûte sur
l'incision faite par le Taupier.
TAUPIER, homme qui, connaissant les mœurs et les usages de la Taupe,
sait l'attirer et la réduire entre deux points d'un boyau pour l'y
prendre.
TAUPINIÈRE, monticule produit par la terre que la Taupe a détachée pour
se former une route souterraine.
TAUPINIÈRE _fraîche_, est celle à laquelle une Taupe travaille ou vient
de travailler. On connaît qu'une taupinière est fraîche, lorsqu'on y
voit souffler une Taupe ou lorsque la terre n'en est point desséchée.
---- _vieille_, est celle à laquelle une Taupe a cessé d'apporter de la
terre. On connaît qu'une taupinière est vieille lorsqu'elle est
desséchée.
---- _trouée_, est celle par laquelle une Taupe est sortie pour aller
chercher un terrain qui lui convienne mieux que celui qu'elle quitte.
ADDITION A L'ART DU TAUPIER
Si, ainsi que nous l'avons dit, les dégâts causés par la Taupe lui ont
de tout temps attiré l'animadversion de l'homme, on a dû, de tout temps
aussi, chercher à la détruire. Malheureusement, sa vie souterraine et
l'ingénieux instinct dont elle a été douée par la nature l'ont jusqu'ici
avantagée dans la lutte; et comme elle est en outre prolifique et
vivace, elle pullule en certaines contrées en proportions effrayantes,
si l'on considère surtout qu'elle ne peut vivre que dans les régions
cultivées et surtout les plus riches. Du seul chef de la confection de
son nid, Cadet de Vaux ayant compté dans l'un d'eux 274 tiges de blé
qu'il évalue avoir dû donner 1 kil. 250 de blé ou de pain, et Geoffroy
Saint-Hilaire en ayant trouvé 402 tiges qui auraient donné, suivant la
même proportion, 1 kil. 821 de grain, si nous prenons la moyenne, nous
trouverons, par nid, 1 kil. 535. D'un autre côté, Lecourt ayant détruit,
en trois ans, 10,000 Taupes sur le territoire de 600 hectares
appartenant à Pontoise, soit 3,333 par an, si nous admettons que, sur ce
nombre, il y avait 2,220 jeunes, 555 pères et 555 mères, le dégât causé
par ces dernières, en supposant que tous les nids eussent été garnis de
blé, représenterait par an 351 kil. 925 de grain, ou près de 12
hectolitres, la nourriture annuelle de quatre hommes, en pain.
La destruction dut être tentée d'abord par tous les moyens primitifs, la
bêche, la houe, la pioche, etc.; puis vinrent les moyens mécaniques, et
Cadet de Vaux nous apprend qu'on inventa en 1751 une machine de un mètre
de hauteur, qu'il fallait vingt-cinq pages et six planches pour décrire,
et qui pouvait prendre jusqu'à... deux ou trois Taupes par jour. Plus
tard, on employa les moyens physiques ou chimiques; mais la victoire
paraît être restée aux engins mécaniques.
Une particularité physiologique qui n'a pas été vérifiée, mais qui est
affirmée par Cadet de Vaux et par tous les jardiniers, c'est que toute
piqûre à la tête de la Taupe, ou plutôt à son museau, donne lieu à une
hémorrhagie auriculaire qui ne tarde pas à devenir fatalement mortelle.
Aussi nombre de jardiniers se contentent-ils de placer de distance en
distance sur les galeries des tronçons d'églantiers, contre les épines
desquels la Taupe, en fouissant, vient se piquer et trouver la mort.
D'autres emploient le même procédé que pour les courtilières: «Les pots
pleins d'eau, disposés à fleur des galeries; ou d'autres pots dans
lesquels on emprisonne une femelle vivante, dans l'espoir qu'elle
attirera les mâles; des hameçons offrant en appât un morceau friand, ver
ou chenille; des nœuds coulants, etc.» (Eug. Guyot, _les Petits
Quadrupèdes de la maison et des champs_. Paris, Firmin Didot, 1871, t.
II, p. 155.) Brehm, ou plutôt son annotateur M. Gerbe, indique le moyen
suivant: «Pour protéger un jardin ou un enclos quelconque contre les
Taupes, il suffit d'entretenir tout autour, jusqu'à une profondeur de
0m,04 à 0m,05, une palissade d'épines, de tessons de bouteilles,
d'autres objets qui piquent; par ce moyen encore peu connu et
très-utile, on empêche la Taupe d'aller plus loin; si elle veut passer
outre, elle se pique la face et périt des suites de cette blessure.»
(Brehm, _l'Homme et les animaux_, t, Ier, p. 755.) Ceci revient au
procédé vulgaire dont nous parlions il n'y a qu'un instant, et demande
une vérification pratique, et autant que possible une explication
physiologique.
On a préconisé certaines plantes comme ayant la propriété d'éloigner les
Taupes d'un enclos de certaine étendue, par leur odeur, sans doute. De
ce nombre seraient: le ricin commun (_ricinus communis_--euphorbiacées),
dont dix pieds suffiraient pour protéger un hectare; et le datura
stramoine (_datura stramonium_--solanées), dont il suffirait de pieds en
nombre moitié moindre pour une même surface. M. Roger Schabol indique un
procédé de destruction qui nous laisse des doutes sur son efficacité, la
Taupe ne nous paraissant guère frugivore; néanmoins la voici: prendre
autant de noix, fruit du noyer commun (_juglans regia_), qu'il y a de
trous de Taupes; ajouter une poignée de ciguë tachée (_conium
maculatum_--ombellifères) et faire bouillir le tout pendant une heure et
demie dans de l'eau, puis en faire des boulettes, ou, si la pâte est
trop liquide, en mettre sur un morceau d'ardoise, dans le trou. Friande
de ce mets, la Taupe en mange et meurt, dit-il. (_La Pratique du
jardinage_, 1872, t. II, p. 34.) On a conseillé encore de saupoudrer
d'arsenic un poireau frais, un ognon de colchique, des vers de terre ou
des larves de hannetons, que l'on placerait ensuite aux deux extrémités
de coupures pratiquées dans les galeries. D'autres emploient les noix
bouillies avec du sulfate de fer. Quelques jardiniers prétendent
l'éloigner par l'odeur du fumier de porc, de la résine, du purin ou de
l'urine fermentés, du poisson pourri, du goudron ou des décoctions de
tabac.
Pour étouffer la Taupe dans sa retraite, quelques agriculteurs
conseillent de prendre une noix ou quelque petit vase étroit et solide,
et d'y brûler de la paille avec de la résine de cèdre, ou de la cire et
du soufre, puis de bien boucher toutes les entrées et issues de la
Taupe, afin que la fumée ne sorte pas. Ce moyen est très-incertain et
presque nul entre les mains de toute personne qui ne connaît point les
allures de la Taupe. Quelquefois, toutes les taupinières d'un pré ou
d'un jardin, soit fraîches, soit vieilles et abandonnées, communiquent
entre elles par des boyaux multipliés (voyez art. 3, septième cas). Il
faudrait donc, lorsque cela est ainsi, écraser et fermer toutes les
taupinières qui se trouvent dans le terrain; mais, en prenant ce parti,
on préserve soi-même la Taupe de l'effet de la fumigation. Je suppose
que vous voulez étouffer la Taupe qui a fait les taupinières de la
figure 4 et que vous mettiez les matières combustibles en H: si la Taupe
se trouve de J en L, comme vous avez fermé le passage en J, la fumée
n'y pénétrera pas, et la précaution que vous avez prise contre la Taupe
sera précisément son préservatif.
C'est encore uniquement par des incisions que ce moyen peut avoir
quelque succès. Voulez-vous étouffer la Taupe qui a fait les taupinières
de la figure 4, faites la coupure _l_, _k_, fermez-en les extrémités, et
mettez à volonté vos matières combustibles entre _k_ et F, et entre _l_
et L, après avoir bien aplati les taupinières L, F; mais il faut
auparavant vous être assuré que la taupinière H, figure 4, n'a pas de
communication avec celle de la figure 6; et, si elle en a, les avoir
fermées au moyen des incisions indiquées article 3, septième cas.
«Il y a un petit fourneau qui sert à étouffer les insectes dans les
serres, au moyen de la fumée de tabac. On y adapte un soufflet qui anime
le feu, et envoie cette fumée dans l'air de la serre. J'en ai appliqué
récemment un à l'embouchure d'un boyau de taupe, et j'ai pu forcer la
fumée du goudron que j'y avais mis jusqu'à deux mètres de distance dans
ce boyau; mais le soufflet n'avait pas assez de force pour la forcer à
aller plus loin. Je crois qu'en employant un soufflet plus fort, tel que
ceux des bouchers, on parviendrait à son but en envoyant la fumée aux
points extrêmes de la retraite des taupes.» (Note de M. Audot, éditeur
de la 16e édit., 1856, p. 52.) Depuis lors, la mécanique destructrice
a fait des progrès, et pour ceux qui préféreraient ce mode de chasse,
nous recommanderons le fusil à gaz perfectionné que l'on a construit
pour asphyxier dans leurs galeries et campagnols et mulots. En voici la
description succincte d'après M. Eug. Gayot: «Il consiste en un tube de
0m,40 de long, du calibre d'un tuyau de poêle ordinaire et portant une
douille à chacune de ses extrémités. L'une d'elles s'emmanche sur la
tuyère d'un soufflet, l'autre sert à la sortie des vapeurs qui seront
produites dans le tube.» (_Les Petits Quadrupèdes_, t. I, p. 34.) Dans
ce tube, en effet, on introduit des chiffons de laine découpés en
lanières et saupoudrés de fleur de soufre; après avoir allumé ces
matières avec un charbon incandescent, on place la buse du tube à
l'entrée d'une galerie que l'on suppose habitée, et on manœuvre le
soufflet; pendant ce temps, un aide ferme d'un coup de talon les
galeries qui viennent s'embrancher sur celle qu'on insuffle. Ce peut
être un amusement, mais cela ne saurait être une chasse sérieuse.
Quelques jardiniers guettent le passage des taupes dans leurs galeries,
à leurs heures ordinaires et bien connues de sortie, et, armés d'une
bêche, d'une houe, d'un piochon ou d'un maillet muni de longues pointes,
ils l'extraient de son souterrain ou l'y assomment. D'autres préfèrent
la chasse au fusil: chargez très-légèrement un fusil ordinaire de petit
plomb, et tirez à bout presque portant; par ce moyen, si l'animal
échappe aux plombs, il peut être asphyxié par la fumée; mais il faut
avoir la précaution de diriger votre coup vers l'endroit d'où la taupe
apporte la terre. Pour connaître cet endroit, enlevez d'abord, avec une
petite bêche, la taupinière et creusez-la jusqu'à ce que vous trouviez
les boyaux qui y aboutissent. La taupe viendra réparer ce dégât (voir nº
18); vous verrez de quel côté elle apporte la terre à l'endroit
endommagé, et c'est vers ce côté qu'il faudra diriger votre coup.
Lorsqu'on remarque une taupinière isolée (voir art. 3, premier cas),
sans communications avec d'autres et nouvellement faite, on peut tenter
un moyen qui parfois réussit: il consiste, après l'avoir décoiffée
jusqu'à l'entrée de la galerie, à verser de l'eau dans cette ouverture;
si les galeries sont habitées, la taupe, fuyant l'inondation dont elle
est menacée, ne tarde pas à se présenter à la surface du sol, où il
devient facile de la détruire.
L'illustre Buffon avait imaginé une destruction théorique de la taupe
que la pratique est loin de justifier: «La manière la plus simple et la
plus sûre de prendre la taupe et ses petits, c'est, dit-il, de faire
autour une tranchée qui l'environne en entier et qui coupe toutes ses
communications. Comme la taupe fuit au moindre bruit et qu'elle tâche
d'emmener ses petits, il faut trois ou quatre hommes qui travaillent
ensemble avec la bêche, enlèvent la motte tout entière, ou fassent une
tranchée presque dans un moment, et qui ensuite les saisissent et les
attendent au passage.» Assurément, cette manière est loin d'être aussi
simple que l'assure son inventeur. Elle est encore moins sûre; car, au
premier coup de bêche, la taupe peut fuir à 10 mètres de l'endroit où on
la cherche (voyez art. 3, septième cas). D'un autre côté, en supposant
qu'elle pût être cernée par une tranchée, on n'en serait pas plus
avancé, puisque la taupe, lorsqu'elle craint le danger, s'enfonce
perpendiculairement dans la terre (voir nº 14), et il est impossible de
l'y trouver lorsqu'on ne connaît pas le point auquel elle a creusé sa
retraite (voir art. 3, premier cas).
Enfin, il y a des chats et des chiens qui font la chasse aux taupes; je
les ai vus guetter le moment où elles travaillaient à la taupinière, et
les saisir adroitement avec leurs pattes de devant. «Il y a des chiens
aussi que l'on dresse spécialement pour cette chasse. Les chiens à
fouans (c'est le nom vulgaire de la taupe dans le département du Nord),
bien connus et très-appréciés aux environs de Lille, sont d'excellents
auxiliaires pour la chasse des taupes. Il serait donc utile que chaque
fermier possédât un de ces chiens, bien dressé, qui l'accompagnerait
toujours dans les champs. Il en est dont la finesse d'odorat est
remarquable; mais il faut qu'ils y joignent la promptitude et l'adresse,
car, une fois manquée du premier coup de museau ou de patte, la taupe
est sauvée. En vain le chien s'acharne à creuser la terre, le gibier est
déjà loin. Il est même essentiel de ne pas laisser les chiens s'habituer
à faire d'énormes trous qui ressemblent à des terriers, où ils
s'engloutissent tout entiers; c'est un défaut à corriger tout d'abord.
Ceux dont l'instinct est sûr et dont l'éducation est bien faite
abandonnent la taupinière dès que la taupe est manquée, et vont plus
loin recommencer avec plus de précaution un nouveau guet.» (De Norguet,
_la Chasse illustrée_.)
En attendant qu'on ait formé, par un dressage longtemps continué, une
race de chiens pour cette chasse d'un nouveau genre, il faut bien se
contenter d'y employer des hommes. Ceux-ci, qui font profession de
_taupiers_, appartiennent le plus souvent à la Normandie, aux
départements du Calvados et de l'Orne, aux communes de Falaise, Crocy,
Vignats, Baumais, la Hoguette, etc. Dans un grand nombre de familles, on
est taupier de père en fils. C'est là un métier qui demande de la
sagacité, de l'intelligence, de l'activité, de bons yeux et de bonnes
jambes. Les grands fermiers ont à leur choix deux combinaisons: 1º payer
les taupes détruites sur leurs champs, à raison de tant la pièce; mais
on n'a jamais la certitude que les queues présentées proviennent de
celles qu'on avait un intérêt plus direct à voir anéantir; 2º s'abonner
à raison de tant par an avec le taupier, pour qu'il détruise l'ennemi
sur toutes les terres de l'exploitation; mais celui-ci, pour ne pas
tarir la source de son revenu, respecte presque toujours un certain
nombre de couples destinés par lui à la reproduction.
[Illustration: Fig. 13.--Piége à taupes usité dans la Bavière rhénane.]
Les taupiers emploient des piéges qui sont de diverses natures, et que
l'on appelle parfois taupières. L'un des plus simples est un cylindre
creux, de bois, de fer-blanc ou de terre cuite, de 0m,35 de long environ
et d'un diamètre un peu plus grand que celui des boyaux faits pour la
taupe. Ce cylindre est fermé à l'une de ses extrémités, et l'on
pratique à l'autre une soupape qui bat contre un rebord extérieur.
Lorsque la taupe se présente à l'extrémité où se trouve la soupape, elle
la soulève pour continuer sa route et entre dans le cylindre d'où elle
ne peut plus sortir. On joint ensemble deux de ces piéges, de manière
qu'ils présentent une soupape à chacune des extrémités; par ce moyen, la
taupe pourra être prise, de quelque côté qu'elle se présente.
[Illustration: Fig. 14.--Plan du piége à taupes.]
[Illustration: Fig. 15.--Coupe du piége à taupes.]
[Illustration: Fig. 16.--Pièces diverses du piége à taupes.]
M. F. Villeroy, propriétaire dans la Bavière rhénane, a fait connaître,
en 1866, une ingénieuse modification de ce piége; voici comment il le
décrit: «Ce piége est une boîte ordinairement établie en bois de hêtre,
large d'environ 0m,28 et d'un diamètre intérieur de 0m,08. Il est coupé
en deux sur sa longueur, et les deux moitiés sont tenues ensemble par un
anneau, ordinairement en osier chez les paysans. Le piége étant placé
dans une galerie, la taupe y entre; elle pousse la pièce D; le ressort
E soulève la trappe ou soupape C, et l'animal est pris. Quand le piége
est tendu, avant de le fermer, on répand dedans du sable ou de la terre
très-finement émiettée, en suffisante quantité pour couvrir le fer.»
(_Journal d'agriculture pratique_, 1866.)
[Illustration: Fig. 17.--Piége à taupes de Lecourt.]
Henri Lecourt inventa le piége généralement usité encore en France,
après quelques légères modifications dans sa construction. «Le piége de
Lecourt a la forme des pinces d'argent de nos sucriers. Le ressort fait
partie du piége; il n'est ni ajouté ni soudé, comme dans les piéges
ordinaires; la détente tombe au passage de l'animal, et l'élasticité de
la tête du piége fait ressort. Ce piége consiste donc en deux branches
carrées et croisées, réunies par une tête à ressort, à la manière des
pincettes ordinaires. La tête est en acier aplati, les branches en fer.
Leur extrémité est armée de deux crochets pliés en contre-bas et à angle
droit de 20 lignes (0m,009). La longueur du grand piége est de 7 pouces
6 lignes (0m,20). Il y a un piége plus petit pour tendre dans les murs.
Le piége ouvert, on y place la détente.» (Cadet de Vaux, _De la Taupe_,
p. 205-206.)
[Illustration: Fig. 18.--Piége à taupes modifié de Lecourt.]
Ce piége aussi a été modifié par les constructeurs, en vue, sans doute,
d'en simplifier la fabrication. Il est maintenant généralement fait de
deux branches réunies au milieu par un boulon-rivet; les deux branches
les plus courtes sont tenues écartées, tant que le piége est au repos,
par un ressort; de sorte que quand la détente est placée entre les deux
grandes branches, celles-ci tendent à se rapprocher violemment, ce qui a
lieu lorsque la taupe a fait tomber la détente, en prenant sa place. Il
manque à ces piéges un petit appendice qui indique extérieurement leur
situation quand ils sont placés; on s'éviterait ainsi des pertes
fréquentes dues à un oubli bien concevable.
Il ne nous reste plus qu'à citer les ennemis naturels de la taupe:
l'homme, le chien, le renard, le chat, la fouine et peut-être la
belette; et à ajouter que, si la taupe a perdu depuis longtemps les
nombreuses vertus médicales qu'on lui attribuait, sa fourrure, surtout
lorsqu'elle est prise en automne et en hiver, pourrait être utilisée en
vêtements comme elle l'est déjà en sacs à tabac.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
INTRODUCTION.--Histoire naturelle de la Taupe. 1
L'art du taupier 51
ARTICLE PREMIER.--Notions sur l'histoire naturelle
de la Taupe servant d'introduction à
l'art du taupier 55
ARTICLE II.--Principes de l'art du taupier 64
ARTICLE III.--Application des principes précédents
ou pratique de l'art du taupier 68
OPÉRATIONS.--_Premier cas._--Lorsqu'une
Taupe n'a fait qu'une taupinière 72
_Second cas._--Lorsque la Taupe a fait deux taupinières 74
_Troisième cas._--Lorsque la Taupe a fait trois
taupinières 75
_Quatrième cas._--Lorsque la Taupe a fait quatre
taupinières et au delà 76
Autre manière d'opérer dans les 2e, 3e et 4e cas
ci-dessus 77
Procédé essentiel à employer 78
_Cinquième cas._--Lorsque la Taupe ne vient pas
souffler aux premières ouvertures faites par le
taupier 79
_Sixième cas._--Autre manière d'opérer dans les
2e, 3e, 4e et 5e cas ci-dessus, lorsqu'on se
trouve près d'une taupinière au moment où la
Taupe y souffle 81
_Septième cas._--Lorsqu'une ou plusieurs taupinières
fraîches se trouvent à proximité des
vieilles taupinières 82
_Huitième cas_ 84
OBSERVATIONS 84
Vocabulaire de l'art du taupier 87
Addition à l'art du taupier 91
TABLE DES GRAVURES
Figures. Pages.
1 Taupe commune 3
2 Gîte grandi et vu de face 33
3 Tracé général des routes et galeries par où la
Taupe s'échappe 34
4 Nid abandonné 38
5 Carrefour formé par la rencontre de trois ou
quatre routes 37
Relevé de terrains fait par M. Geoffroy Saint-Hilaire 41
6, 7, 8, 9, 10, 11, 12. Pré couvert de taupinières 70
6 Taupinière seule 72
7 Représentant deux taupinières 74, 77
8 -- trois taupinières 75
9 -- six taupinières 77, 82, 83
11 -- cinq taupinières 106
13 Piége à Taupes usité dans la Bavière rhénane 107
14 Plan du piége à Taupes 108
15 Coupe du piége à Taupes 108
17 Piége à Taupes de Lecourt 109
18 Piége à Taupes modifié de Lecourt 110
PARIS.--TYPOGRAPHIE DE E. PION ET CIE 8, RUE GARANCIÈRE.
NOTES:
[A] _Cours d'histoire naturelle des mammifères_, Paris, Pichon et
Didier, 1829.--XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe leçon.
[B] _Talpa caudata_, Linn.
[C] Ces trois points de fait sont la base principale de l'Art du
Taupier.
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L'art du taupier; ou, méthode amusante et infaillible de prendre les taupes
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The Project Gutenberg EBook of L'art du taupier, by Étienne François Dralet
This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
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Title: L'art du taupier
ou méthode amusante et infaillible de prendre les taupes
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Book Information
- Title
- L'art du taupier; ou, méthode amusante et infaillible de prendre les taupes
- Author(s)
- Dralet, M. (Etienne François)
- Language
- French
- Type
- Text
- Release Date
- June 10, 2011
- Word Count
- 19,003 words
- Library of Congress Classification
- SB
- Bookshelves
- FR Sciences et Techniques, FR Métiers et Artisanat, Browsing: Nature/Gardening/Animals, Browsing: Science - Earth/Agricultural/Farming
- Rights
- Public domain in the USA.