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n'a pas été harmonisée.
Champlain
IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE CINQ CENTS EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS
No 225
[Illustration: Portrait de SAMUEL CHAMPLAIN
(Dessiné par E. RONJAT.)]
LES COMMÉMORATIONS FRANCO-AMÉRICAINES
Champlain
PAR
GABRIEL HANOTAUX
DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
PRÉSIDENT DU COMITÉ FRANCE-AMÉRIQUE
[Illustration: logo]
PARIS
E. SANSOT & Cie, ÉDITEURS
9, RUE DE L'ÉPERON, 9
1912
[Illustration: SIGNATURE DE CHAMPLAIN]
LA FRANCE
et le
TROISIÈME CENTENAIRE DE CHAMPLAIN
_Il y a quelques mois, l'ambassadeur de France à Washington, M.
Jusserand, rappelait au ministre des Affaires étrangères la fréquence
des commémorations françaises aux États-Unis._
_Pour ne signaler que les plus récentes, c'est en août 1910 que la
statue de Washington nous a été offerte par l'État de Virginie, et son_
_inauguration à Versailles a eu lieu en présence des délégués
américains. En décembre, «la capitulation de Yorktown», par J.-P.
Laurens, a été solennellement inaugurée en présence de toutes les
autorités de la ville, dans le Palais de Justice de Baltimore. En
février 1911, un monument a été érigé à Savannah pour rappeler le
sanglant assaut livré par d'Estaing et les troupes franco-américaines
aux redoutes anglaises où sept cents ou huit cents Français restèrent
sur le champ de bataille. Le 19 avril à Annapolis, près de Washington, a
été inauguré un monument aux soldats et marins français morts pour
l'indépendance américaine. En juin, la fondation de Mobile par notre
compatriote Le Moyne d'Iberville a été célébrée dans l'Alabama._
_C'est pour continuer cette suite d'anniversaires, de fêtes, de
cérémonies franco-américaines, inspirés par un sentiment public si
remarquablement unanime et constant, qu'une nouvelle manifestation se
préparait en 1912 par l'érection sur les bords du lac Champlain, d'un
monument consacré à la mémoire de notre illustre compatriote._
_Ce monument, que les états de New-York et de Vermont se proposent
d'élever, commémore les grands souvenirs historiques évoqués par cette
région. Ces souvenirs sont communs à la France, aux États-Unis et au
Canada et ont trait, en majeure partie, à la longue lutte que se
livrèrent sur le continent américain les forces opposées de la France et
de la Grande-Bretagne._
_La découverte en 1609, par Samuel Champlain, du lac qui porte son nom,
constitue le premier chapitre de cette histoire. Les souvenirs en sont
nombreux encore dans toute la région que se partagent aujourd'hui les
états de New-York et de Vermont et la province de Québec. A Crown Point,
on peut voir, en bon état de conservation, non seulement les murs des
forts élevés par les Anglais, mais d'importants vestiges des ouvrages
militaires plus anciens construits par les Français, le vieux fort
Frédéric, notamment, qui constituait un poste avancé de la domination
française dans le Sud._
_Naguère, le 15 septembre 1898, la ville de Québec a inauguré un
monument élevé à la mémoire de Champlain. A cette inauguration, le
Président de la République et le gouvernement étaient représentés par
notre consul général d'alors, M. Kleczkowsky. L'Académie française avait
été invitée et, si elle n'a pu à ce moment répondre à cet appel, du
moins a-t-elle tenu à exprimer toute sa gratitude pour le souvenir
affectueux qui lui était adressé par un «pays de langue française», qui
reste si fidèle au culte de ses origines et qui s'est toujours associé
aux joies et aux douleurs de la France. Le monument lui-même était
l'œuvre de deux Français: M. Le Cardonnel, architecte, et M. Chevret,
sculpteur, qui ont conçu et exécuté une œuvre simple, élancée et fière,
qui représente dignement l'art français sur une terre où la France a,
partout, laissé les plus vivants souvenirs._
_Aujourd'hui, c'est au centre de cette même région que les États-Unis
vont commémorer le troisième centenaire de l'illustre explorateur qui
fut un fondateur et un initiateur, le fondateur du Canada, l'initiateur
de ce qui devait être la puissance des États-Unis._
_Une pareille succession d'hommages aux hommes de France en Amérique
et aux inaltérables bons rapports des deux nations ne saurait laisser
indifférent le sentiment public en France. La France doit y répondre en
contribuant à perpétuer ces souvenirs, c'est pourquoi, répondant à la
demande que, sur l'initiative de notre ambassade à Washington, le
ministère des Affaires étrangères a adressé au Comité France-Amérique,
nous avons fait paraître un appel pour célébrer la mémoire de ce grand
Français, trop oublié de la nation dont il était le fils glorieux._
_Voici le texte de l'appel que la presse française et américaine a
publié_:
«_Sur l'initiative de l'ambassade de France aux États-Unis, le Comité_
_France-Amérique ouvre une souscription publique dans le dessein de
faire participer notre pays aux manifestations qui, depuis plusieurs
années, se sont succédées aux États-Unis en l'honneur de la France et
des Français._
_A l'occasion du troisième centenaire de Champlain, les États de
New-York et de Vermont érigent un monument en l'honneur de l'illustre
initiateur qui conçut le projet d'une vaste domination, une «Amérique
française» s'étendant de la Louisiane au Canada par le cours du
Mississipi. C'est le territoire sur lequel se développa, par la suite,
la grande République des États-Unis d'Amérique._
_Cette commémoration, si honorable pour nous, la France ne peut la
laisser passer, sans y prendre part et le Comité France-Amérique a
décidé d'offrir aux États-Unis un buste en bronze représentant la France
que l'illustre sculpteur Rodin vient de terminer. Cette œuvre d'art
sera placée au pied du phare monumental qui va être élevé en l'honneur
de notre compatriote sur les bords du lac qui porte son nom._
_Le Comité fait appel au concours de tous ceux, Français ou amis de la
France qui veulent répondre à l'initiative américaine par un témoignage
d'affection et de gratitude au moment où va être célébrée la mémoire
d'un grand Français._
_Le bureau du Comité France-Amérique: G. Hanotaux, de l'Académie
française, ancien ministre des Affaires étrangères; le général Brugère;
A. Leroy-Beaulieu, de l'Institut; Heurteau; vicomte de Caix de
Saint-Aymour; comte Robert de Vogué; Gabriel Louis Jaray, auditeur au
Conseil d'État._»
_Sur l'appel que le Comité France-Amérique adressa au public, la
souscription obtint rapidement le succès désiré._
_Tel est l'appel; voici le résultat._
[Illustration: deco]
POUR UN GRAND FRANÇAIS
[Illustration: deco]
On l'a dit cent fois, si la France est capable, souvent, des grandes
initiatives, rarement elle en recueille le bénéfice: nos départs sont
beaux, nos arrêts sont brusques. Que de belles découvertes, dues à l'un
des nôtres, ont été exploitées par nos rivaux!
Dans tous les domaines, cette discontinuité, ce décousu des efforts se
retrouve, et notre âge ne diffère pas, en cela, des âges précédents.
Brazza, pendant vingt ans, nous entraîne à sa suite: une imagination
prévoyante, une vaillance indomptable secouent la torpeur publique;
l'heureuse adaptation des actes coloniaux en Afrique et des actes
diplomatiques en Europe constitue rapidement un empire qui relie
l'Algérie au Congo. Quinze ans passés, son œuvre semblait oubliée,
négligée.
Comment cet enthousiasme de la veille peut-il se résoudre en ce
détachement du lendemain? Étrange loi de nos alternatives, caprices
funestes de notre histoire ballottée, sans cesse, de l'engouement à
l'abandon.
Trois grands Français (je ne veux parler aujourd'hui que de ceux-là) ont
été, en Amérique, des initiateurs: Champlain, Jacques de Liniers, F. de
Lesseps; Champlain dans le Nord, Liniers dans le Sud, Lesseps au centre.
Les États-Unis, la République Argentine, le canal de Panama ont, à leurs
origines, une pensée française, une volonté française.
Tandis que la République Argentine nous réapprend le nom de Liniers, les
États-Unis restaurent la gloire de Champlain; demain, il faudra bien
parler de Lesseps, quand on inaugurera la seconde grande voie maritime
que son génie a créée.
De ces trois noms, le plus grand peut-être est celui de Champlain: il
fut à la fois un fondateur et un initiateur.
Le Canada lui doit l'existence; Québec célébra, il y a douze ans, la
mémoire de l'homme qui, ayant pleinement connaissance de ce qu'il
faisait, posa la première pierre de la métropole française en Amérique.
Il eut aussi «les grands desseins et les vastes pensées». Homme
d'action, il fut un homme d'imagination. Il rêva l'établissement, au
profit de la France, d'une immense domination couvrant le continent
américain, du Canada à la Louisiane et à la Floride, par la vallée du
Mississipi: ce n'était ni plus ni moins que l'idée de la future
République des États-Unis; mais, dans la pensée de Champlain, il
s'agissait d'une «Amérique française».
Dès la première page de son livre (aujourd'hui si rare et si recherché
des bibliophiles), livre qu'il dédiait au cardinal de Richelieu, seul
capable de le comprendre, Champlain expliquait sa pensée en termes d'une
clarté saisissante. «Il faudrait, écrivait-il, en 1632, que, sous le
règne du roi Louis le Juste, la France se vît enrichie d'un pays dont
l'étendue excède plus de seize cents lieues en longueur et, en largeur,
plus de cinq cents, et cela sur un continent qui ne laisse rien à
désirer par la bonté de ses terres et pour l'utilité qu'on en peut tirer
tant pour le commerce du dehors que pour la douceur de la vie au
dedans... la communication des grandes rivières et lacs qui sont comme
des mers traversant ces contrées rendent une si grande facilité à toutes
les découvertes dans le profond des terres qu'on pourrait aller de là
aux mers de l'Occident, de l'Orient, du Septentrion et s'étendre même
jusques au Midy.»
Quand je citais cette page en 1898, j'ajoutais: «Seize cents lieues sur
cinq cents! ce sont des proportions sur lesquelles on ne travaille plus
guère maintenant qu'en Afrique!»
Probablement les métropoles qui s'éléveront un jour sur les rives de la
Sangha, de l'Oubanghi et du Congo célébreront Brazza, comme les
États-Unis s'apprêtent à glorifier Champlain.
Il y a quelques mois, notre ambassadeur à Washington, M. J. Jusserand,
signalait au ministère des Affaires étrangères la fréquence des
commémorations françaises aux États-Unis. Il annonçait notamment
l'érection prochaine, sur les bords du lac Champlain, d'un monument
consacré à la mémoire de notre compatriote, et il demandait au
gouvernement de faire en sorte que la France ne fût pas trop «absente»
de ces manifestations si honorables pour elle.
Le ministère des Affaires étrangères s'est adressé au Comité
France-Amérique et c'est celui-ci qui a fait à son tour appel au public.
N'était-il pas désirable, en effet, n'était-il pas convenable que la
France n'ignore pas absolument ce qui se fait pour elle? Qu'elle oublie
les services, passe! les peuples ont le droit d'être ingrats; mais
qu'elle néglige les bons procédés, voilà ce qui serait inexcusable. Un
manque de savoir-vivre est pire qu'une faute. Puisque l'Amérique du Nord
ou, pour parler plus exactement, les États de New-York et de Vermont
veulent se souvenir, nous obstinerons-nous à oublier?
Le monument en construction est admirablement adapté aux lieux et aux
titres de l'homme qu'il s'agit de célébrer: c'est, à l'extrémité du lac
découvert par Champlain et qui porte son nom, un phare projetant sa
lumière sur les eaux dont ses yeux d'Européen contemplèrent les
premiers, l'immense étendue vide et sauvage et qui sont, maintenant,
parcourues par la flotte des grands paquebots, peuplées par une
fourmilière d'hommes.
Un massif de maçonnerie, une couronne de colonnes portant une terrasse,
et tout en haut, la lanterne du phare, tels sont, de la base au sommet,
les membres de cette puissante architecture. Du massif de maçonnerie
surgit un rostre, au-dessus duquel Champlain se tient debout comme un
pilote.
Que peut faire, que doit faire la France? Quelle pierre, digne d'elle,
apportera-t-elle au monument? Il n'y a qu'une solution, c'est que cette
pierre soit _précieuse_...
Nous sommes allés chez Rodin. On sait à quel point son nom est populaire
en Amérique. Le sculpteur magnifique dont la renommée rayonne sur le
monde n'a nulle part de plus fervents admirateurs. Nous avons parcouru
les salons de l'hôtel Biron, ces nobles salons nus et pleins de génie
d'où la barbarie administrative est en train d'expulser la gloire et,
parmi tant d'œuvres où l'admiration s'épuise, nous avons découvert
(c'est le mot juste, car la fière modestie du maître le signalait à
peine) un buste en bronze: _la France_.
Imaginez l'émotion de cette rencontre. Nous cherchions une image, un
symbole, j'oserai dire une signature de notre pays pour l'envoyer
là-bas, et nous trouvions la France elle-même, une mignonne France
pleine de grâce, de vivacité et de courage, une jeune femme française
aux narines frémissantes, aux joues pleines, au menton délicat et
volontaire, au regard loyal, mutin et brave, une jeune femme où se
résument nos Clotilde, nos Blanche, nos Henriette et nos Jeanne, coiffée
de ses cheveux comme d'un casque, armée de sa parure comme d'une
cuirasse. Nous cherchions une pensée française et nous trouvions l'image
même de la France.
C'est cette figure que nous envoyons là-bas pour qu'elle soit mise près
du monument de Champlain. Devant le massif de maçonnerie, une
architecture légère, un édicule, qui serait comme une châsse de pierre,
abriterait le buste et l'isolerait, et ainsi l'art français apporterait
son offrande toute simple, et toute belle et s'associerait à la
puissante commémoration américaine.
L'idée parut juste et digne--digne du gouvernement et de l'ambassade qui
nous l'ont confiée, digne de l'homme qui fut, il y a trois siècles, le
champion de notre pays, digne de la République-sœur, et la France a
souscrit cette carte de visite qui sera portée là-bas en son nom.
L'inauguration du monument a lieu, en 1912; une délégation française va
remettre au comité d'érection le bronze de Rodin. Le temps pressait. Le
bronze, qui demandait quelques remaniements, a été vite achevé et la
pensée du maître a fait de l'ensemble une chose délicate et fière, une
fleur de France fleurant bon l'art, au pied du colossal monument. Il
faut de l'argent, un peu: mais il faut surtout une hâte réfléchie pour
éviter à la fois une faute de goût et un manque d'exactitude. _Le
Figaro_ nous a ouvert ses colonnes; _le Temps_, _le Matin_, la presse
parisienne nous ont aidés et notre appel aux amis de l'Amérique et aux
amis de la France a trouvé écho et succès.
[Illustration: deco]
L'ŒUVRE DE SAMUEL CHAMPLAIN
[Illustration: deco]
C'est tout un passé d'aventures, de flamme et de sage énergie, que les
États-Unis se préparent à célébrer, en remontant vers leurs origines et
en faisant revivre la figure, trop oubliée, de S. Champlain. Qui connaît
ce nom, aujourd'hui, parmi nous? Et pourtant, qui devrait ignorer la
gloire du fondateur d'une colonie devenue un vaste empire et qui garde,
au delà des mers, les traits caractéristiques, les vertus natives et
l'antique renom de la race française?
Samuel Champlain, né au Brouage, appartient à l'époque d'Henri IV et de
Richelieu. De son état, il était marin, capitaine au long cours. Il a
laissé un _Traité de la marine et du bon marinier_, écrit en langue
naïve et savoureuse, où l'on trouve des préceptes de conduite dont plus
d'un homme de mer ferait encore son profit. Dans ce livret, l'excellent
homme s'est peint au naturel. Taciturne et peu communicatif, il était
actif, brave, prudent et humain. C'est ainsi qu'il sut faire aimer le
nom de la France par les peuplades naïves au milieu desquelles il passa
les longues années d'une vie souvent solitaire.
Il était entré dans ce que nous appellerions aujourd'hui, la carrière
coloniale, sous les auspices d'une femme dont le nom est tout aussi
ignoré que le sien, mais qui a cependant de fiers états de service,
puisqu'elle fut la protectrice et véritablement la patronne de deux
hommes qui comptent dans notre histoire: Champlain, dont nous parlons,
et le cardinal de Richelieu. C'est Antoinette de Pons, marquise de
Guercheville, dame d'honneur de Marie de Médicis.
Mme de Guercheville mériterait d'être célèbre, rien que pour la jolie
réponse qu'elle fit à Henri IV. Celui-ci l'avait trouvée à son goût.
Elle était belle femme, en effet, et assez mal mariée, aubaine toute
trouvée pour le Vert-Galant. Un jour qu'il la pressait: «Sire, lui
dit-elle, je ne suis pas d'assez haute naissance pour être votre femme,
mais je suis de trop bonne maison pour être votre maîtresse.» Le Roi se
le tint pour dit et, sans insister davantage, il la proclama, de bonne
grâce, la dame la plus vertueuse de la Cour.
Jolie femme et vertueuse, elle s'entendait cependant aux affaires. En
outre, elle avait le souci d'étendre au loin le renom de la France et la
gloire du Christ. C'est pour ces diverses raisons, qu'en l'année 1610,
elle fit, dans la Cour, une quête, pour réunir une somme destinée
à l'entretien d'un certain nombre de missionnaires dans la
Nouvelle-France; cette somme devait servir en même temps de fonds de
roulement à un commerce de pelleteries et de pêcheries, nécessaire pour
faire prospérer la colonie et les missions. De l'acte de charité, on en
vint à un contrat d'association passé en due forme par devant notaire;
et ainsi fut fondée la première Compagnie qui entreprit sérieusement
l'œuvre de la colonisation du Canada. Champlain, qui avait déjà fait
plusieurs voyages en Amérique septentrionale, entra au service de cette
Compagnie.
Déjà, au cours d'une de ses précédentes explorations, il avait eu
l'intuition du vrai lieu où devaient se concentrer les efforts de la
colonie naissante. Remontant le Saint-Laurent, négligeant le port de
Tadoussac, où se faisait jusque-là le commerce de pelleteries, il
s'était établi à un endroit où le fleuve se resserre. Voici ses propres
paroles, si intéressantes dans leur simplicité: «Trouvant un lieu le
plus étroit de la rivière, que les habitants du pays appellent Québec,
j'y fis bâtir et édifier une habitation, défricher des terres et faire
quelques jardinages.» Telle fut l'origine modeste de la future capitale
du Canada et de la grande ville qui a élevé naguère une statue à S.
Champlain.
Quel joli roman d'aventures que le récit de sa vie, tel qu'il le fait
lui-même dans un livre dédié au cardinal de Richelieu. Quelle sensation
de fraîche et naïve nature, au cours de ces pérégrinations où, toujours
peu accompagné, souvent seul, Champlain va droit devant lui sur cette
terre nouvelle qui offre à sa course errante des paysages qui, si
fréquemment, lui rappellent la terre de France. Ce sont des prairies,
des bouquets d'arbres, des champs de maïs ou d'orge, des plants de
tabac, des buissons de myrtilles et de framboisiers. Certes, les hivers
sont rudes, les neiges épaisses, le froid intense; mais, jusque dans
cette rigueur de l'hiver, il y a quelque chose qui rappelle encore la
chère patrie. Et les froids ne sont pas si âpres qu'ils empêchent la
vigne de pousser. Et, partout, ce sont les arbres familiers, le chêne,
le frêne, le hêtre, le noyer et l'ormeau.
L'explorateur erre du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest, se laissant
guider le plus souvent, trompé par les récits obscurs ou les contes
merveilleux des peuplades sauvages au milieu desquelles il s'est
accoutumé à vivre. Il remonte le cours du Saint-Laurent, franchit les
rapides, détermine l'emplacement des futures grandes villes, Montréal,
Ottawa. Il rencontre un grand lac qui lui paraît une mer intérieure; il
le traverse, c'est le lac Ontario; un autre ensuite, c'est le lac Huron.
S'il tourne au Sud, vers la terre de Virginie, il découvre un autre lac
encore, qu'il appelle lui-même le lac Champlain.
Mais le Nord surtout l'attire: c'est le pays des belles fourrures et le
grand commerce des pelleteries qui se fait à la côte vient de là.
Champlain sait qu'il y a de ce côté d'immenses terres nouvelles: le
Labrador, le pays des Esquimaux. Il n'ignore pas qu'en marchant toujours
dans ce sens, il trouverait la mer. Mais faute de ressources, il est
obligé de s'arrêter au moment où il s'approche déjà de la baie d'Hudson.
Dès lors, il a conçu le projet, commun à tous les explorateurs de ces
régions, de trouver au Nord le chemin qui, par mer, réunirait l'Europe à
la Chine et aux Indes orientales. Les forces et le temps lui manquent,
mais, du moins, il a posé le problème.
Un autre rêve, plus vaste encore, le hante. Et c'est ici que Samuel
Champlain dépasse, à nos yeux, la mesure d'un aventurier hardi ou d'un
explorateur sagace, pour atteindre celle d'un véritable homme d'État et
d'un fondateur d'empire.
Tournant ses regards vers le Sud, il a deviné l'avenir de ces immenses
contrées qu'il n'a fait qu'entrevoir, mais qui seront bientôt le champ
d'action de la grande confédération américaine. Par une conception
véritablement géniale, il songe, dès le début du dix-septième siècle, à
réunir en une seule domination, par l'intérieur des terres, les
établissements fondés par les Français sur divers points de l'Amérique
du Nord. Il devine l'importance qu'auraient, comme trait d'union, la
série des grands lacs qu'il a découverts et les grands fleuves qui vont
vers le Sud.
Il voudrait réunir le Canada à la Louisiane et à la Floride. Champlain
rêvait d'une Amérique française. Tel était le plan gigantesque que cet
homme d'action avait conçu et à la réalisation duquel il consacra sa
vie.
Vingt fois, il fit le voyage, aller et retour, sur ces médiocres
galiotes de quinze ou vingt tonneaux qui suffisaient aux vigoureux
marins d'alors. En France, il remua ciel et terre. Il vit le cardinal de
Richelieu et l'intéressa à sa cause. Mais celui-ci était alors très
occupé: il était retenu par nos éternelles dissensions intérieures et
assiégeait La Rochelle.
Champlain put du moins empêcher, qu'en ce qui concernait la colonie du
Canada, la grande faute, accomplie plus tard au dix-huitième siècle, ne
fût commise un siècle plus tôt. En 1629, au cours des négociations qui
suivirent la prise de La Rochelle, on avait abandonné à l'Angleterre les
établissements de la Nouvelle-France. Grâce à l'intervention directe et
personnelle de Champlain, le Canada nous fut restitué. A partir de cette
époque, la colonie, fondée et défendue, prend un réel développement.
Champlain trouva, d'ailleurs, jusqu'à sa mort, en 1635, l'appui du grand
cardinal, et c'est par la collaboration de ces deux hommes qu'une fille
nouvelle de la France se mit à grandir et à prospérer au delà des mers.
Les contemporains n'ont guère apprécié les mérites de Champlain. Ses
successeurs ne se sont pas toujours montrés dignes de l'héritage qu'il
avait laissé. Mais, après trois siècles, sa renommée renaît pure et sans
tache. De son vivant, il n'a fait que du bien. Les sauvages, au milieu
desquels il marchait avec confiance, l'aimaient et se fiaient en lui.
Par là encore, il a laissé des exemples et inauguré une des traditions
les plus persistantes de l'exploration et de la colonisation françaises.
«Le Français est-il colonisateur?» telle est la question qui se pose
autour de nous, au moment où un vaste empire colonial vient de nouveau
de nous être acquis par les efforts persévérants de nos explorateurs, de
nos missionnaires et de nos soldats. «Le Français est-il colonisateur?»
La réponse à cette question est dans la vie d'un Samuel Champlain et
dans les progrès toujours croissants de la belle colonie française qui,
détachée depuis plus d'un siècle de la mère patrie, se développa en
terre américaine.
Si le vaste rêve de Champlain n'a pas été réalisé tout entier, du moins
son œuvre subsiste et la leçon de sa vie peut instruire les générations
présentes. D'audacieuses entreprises démontrent chaque jour qu'elles
comptent des hommes dignes de leurs glorieux devanciers. Mais il ne
suffit pas d'entreprendre: il faut persévérer et conduire à bonne fin.
Et c'est pourquoi nous devons être particulièrement attentifs à tout ce
qui nous vient de cette population française de l'Amérique du Nord, qui
garde les vertus des ancêtres et qui nous donne, à son tour, un double
et excellent exemple: durer d'abord; en outre, croître et multiplier.
[Illustration: deco]
APPENDICES
LA DÉLÉGATION FRANÇAISE AU 3e CENTENAIRE DE CHAMPLAIN
[Illustration: deco]
La délégation française, groupée par le Comité France-Amérique, pour
participer au troisième centenaire de Champlain, s'est embarquée le 20
avril 1912 à bord de _la France_, lors du voyage d'inauguration de ce
navire.
Elle apporte le buste de «la France» sculpté par Rodin et acquis par
souscription publique. Sur la plaque de bronze, qui forme fond à ce
buste en bas-relief, sont inscrits ces mots:
_LE 20 JUILLET 1609 LE FRANÇAIS S. CHAMPLAIN
A DÉCOUVERT LE LAC QUI PORTE SON NOM.
LE 3 MAI 1912,
LES ÉTATS DE NEW-YORK ET DE VERMONT
ÉLEVANT CE MONUMENT,
UNE DÉLÉGATION FRANÇAISE A SCELLÉ
CETTE FIGURE DE
LA FRANCE._
La délégation française est composée de la manière suivante:
_Chef de la mission_:
M. GABRIEL HANOTAUX, de l'Académie française, Président du Comité
France-Amérique.
M. POINCARÉ, président du Conseil, ministre des Affaires
étrangères, est personnellement représenté par M. le Comte CHARLES
DE CHAMBRUN, secrétaire d'ambassade.
_Membres de la mission_:
MM. ÉTIENNE LAMY, de l'Académie française.
RENÉ BAZIN, de l'Académie française.
CORMON, président de l'Académie des Beaux-Arts.
Le Général BRUGÈRE, ancien vice-président
du Conseil supérieur de la Guerre.
VIDAL DE LA BLACHE, de l'Institut, professeur
à la Sorbonne, représentant l'Université de Paris.
LOUIS BARTHOU, député, ancien ministre.
Le Baron D'ESTOURNELLES DE CONSTANT, sénateur,
Le Comte de ROCHAMBEAU.
Le Général LEBON, ancien membre du Conseil supérieur de la
Guerre.
La mission était accompagnée des personnes suivantes qui complétaient la
délégation du Comité France-Amérique:
LÉON BARTHOU, représentant l'Aéro-Club.
LOUIS BLÉRIOT.
Le DUC DE CHOISEUL.
DAL PIAZ, directeur général de la Compagnie Transatlantique.
GIRARD.
GABRIEL LOUIS-JARAY, membre du Conseil d'État, secrétaire général
du Comité France-Amérique et de la délégation
LISTE GÉNÉRALE DE SOUSCRIPTION A «LA FRANCE» DE RODIN
_Offerte aux États-Unis
pour faire participer la France à la Commémoration
du troisième centenaire de Champlain._
[Illustration: deco]
MM.
Francs
Le Président de la République 2.000
A. Dubost, président du Sénat 250
H. Brisson, président de la Chambre 250
De Selves, ministre des Affaires étrangères[1] 1.000
Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts[1] 1.000
Jusserand, ambassadeur de France aux États-Unis 500
Marquis de Vogüé, de l'Académie Française, membre du Comité
de patronage du Comité F.-A. 100
Alexandre Ribot, de l'Académie Française, membre du Comité
de patronage du Comité F.-A. 100
Étienne Lamy, de l'Académie Française, membre du Comité de
patronage du Comité F.-A. 100
Raymond Poincaré, de l'Académie Française, membre du Comité
de patronage du Comité F.-A.[2] 100
Paul Deschanel, de l'Académie Française, membre du Comité de
patronage du Comité F.-A. 100
Paul Hervieu, de l'Académie Française, membre du Comité de
patronage du Comité F.-A. 50
Gabriel Hanotaux, de l'Académie Française, président du Comité
France-Amérique 100
Général de Lacroix, ancien vice-président du Conseil supérieur
de la guerre, membre du Comité de patronage du Comité F.-A. 30
Le général Brugère, ancien vice-président du Conseil supérieur
de guerre, président de la section des États-Unis du Comité
France-Amérique 100
Comte de Rochambeau, membre du Comité de patronage du Comité
F.-A. 100
Compagnie générale transatlantique 2.000
James H. Hyde, membre du Conseil de la section des États-Unis
du Comité F.-A. 500
Gabriel Louis-Jaray, secrétaire général du Comité F.-A.,
membre du Conseil d'État 100
Banque Morgan, Harjes et Cie 500
Poirrier, sénateur 20
A. Calvet, sénateur 100
Georges Leygues, député 500
Alexandre Millerand, député[3] 100
Banque de l'Union Parisienne 500
Piccioni, ministre plénipotentiaire, membre du Conseil de
direction du Comité F.-A. 100
Demellette, président du Syndicat général de l'industrie
hôtelière 100
Leroy-White, président de la Fédération de l'Alliance française
aux États-Unis 100
Saudray, président de la Chambre des agents et représentants
pour l'exportation 100
Abbé Félix Klein 10
Heurteau, délégué général du Conseil d'administration de la
Compagnie d'Orléans, vice-président du Comité France-Amérique 25
Pierre de Nolhac, conservateur du Musée de Versailles 20
Alfred Mayen 200
G. de C.-M. 250
Henri Froidevaux, rédacteur en chef de _France-Amérique_ 10
Vicomte de Foucauld, administrateur du Comité 10
Fernand Paris, chef du service de propagande du Comité 10
Willy Blumenthal 100
Hôtel de Crillon, place de la Concorde 100
Baron d'Anthouard, ministre de France 20
André Benac, administrateur de la Banque de Paris et des
Pays-Bas, membre du Conseil de direction du Comité F.-A. 100
Guenard, secrétaire général de «La Canadienne» 10
Ed. Noetzlin, président du Conseil d'administration de la
Banque de Paris et des Pays-Bas 200
Boutroux, de l'Institut, vice-président de la section des
États-Unis du Comité France-Amérique 100
Edward Tuck, vice-président de la section des États-Unis du
Comité France-Amérique 500
Fernand Laudet, directeur de la _Revue hebdomadaire_, membre
du Conseil de direction du Comité F.-A. 20
Ed. Fabre-Luce, vice-président du Conseil d'administration
du Crédit Lyonnais, membre du Conseil de direction du Comité
F.-A 100
Mme J. Bogelot, membre du Conseil supérieur d'assistance et
d'hygiène publiques 5
Édouard Julhiet, membre du Conseil de la section des États-Unis
du Comité F.-A. 50
Appell, de l'Institut, doyen de la Faculté des Sciences,
président de la Commission de l'enseignement de la Ligue
française de propagande du Comité 25
Léon Grunbaum 100
Houbigant, parfumeur 100
Antonio Dellepiane, professeur à l'Université de Buenos-Ayres,
agréé à l'Université de Paris 100
Fernand Devise, administrateur de la Compagnie générale
transatlantique 50
Vidal de la Blache, de l'institut, professeur à la Sorbonne,
membre du Conseil de la section des États-Unis du Comité
F.-A. 20
Henri Cachard, ancien président de la Chambre de Commerce
américaine de Paris, membre du Conseil de la section des
États-Unis du Comité F.-A 100
Lequime 20
Banque internationale du Canada 500
Caisse hypothécaire canadienne 200
Maison d'orfèvrerie Christofle et Cie 200
Girard, fabricant de produits pharmaceutiques 100
Shoninger, président de la Chambre de Commerce américaine,
vice-président de la section des États-Unis du Comité F.-A. 100
Maison d'édition Hachette et Cie 100
A. Legallet, président de la French-American Bank de
San-Francisco 100
Gaston Liégeard 25
Charles Lamy, président de la Chambre de Commerce de Limoges 20
André Hallays 50
Alfred S. Heidelbach, vice-président de la Chambre de Commerce
américaine 100
Maison de Champagne Pommery et Greno 500
Izoulet, professeur au Collège de France 100
Charles de Lesseps 50
Duc et duchesse de Choiseul 100
Percy Peixotto 100
J.-C. Duval 100
Raphaël-Georges Levy, banquier, professeur à l'École des
Sciences politiques, membre du Conseil de direction du
Comité F.-A. 100
La Canadienne 25
Comte Michel de Pierredon, membre du Conseil de la section
des États-Unis du Comité F.-A. 100
Kleczkowski, ministre de France, membre du conseil de direction
du Comité F.-A. 50
Guillemin, ministre plénipotentiaire 50
Joseph Willermoz 10
E. Sacquet, ingénieur 5
R. Koch, chef du bureau des étrangers au Crédit Lyonnais 20
Sidney B. Veit, membre de la Chambre de commerce américaine de
Paris 25
Georges Aubert, banquier 100
Gauger 10
Léon Lévy, directeur de Châtillon-Commentry 25
V. Faga 20
Henri Vignaud, ancien conseiller de l'ambassade des États-Unis,
membre du Conseil de la section des États-Unis du Comité
F.-A. 26
Maurice Fenaille 500
Marcel Proust et le docteur Proust 100
L'Action Française 100
H. Vaugeois, L. Daudet, Ch. Maurras, L. de Montesquiou,
L. Moreau, M. Pujo, P. Robain, R. de Boisfleury, J.
Rivain, B. de Vésins: en souvenir de la revanche militaire
et maritime de Louis XVI, moins de vingt ans après que
Louis XV eut perdu l'empire colonial fondé par Louis XIII
et Louis XIV 50
S. de Jonge 100
Le Comité de patronage des étudiants étrangers, près
l'Université de Grenoble 5
Maison d'édition Larousse 200
Comtesse de Saint-Romans, née Slidell 100
Colonel Marchand et Madame, née de Saint-Romans 100
Adolphe Carnot, de l'Institut 20
Chambre de commerce de Lyon 100
Henri Grogniez 10
Louis Arnould, professeur à la Faculté de Poitiers 10
Maison de fourrures Révillon frères 200
Chambre de commerce de Reims 20
Leau, de «la Canadienne» 10
La baronne d'Erlanger, née Slidell 100
Toutain (Jean Revel) 100
Brière, ancien commissaire de la Marine 100
Dorizon, directeur général de la Société générale 100
Maurice Léon, du barreau de New-York 50
De Grandmaison, député 20
F. Guillain, ancien ministre, membre du Conseil de direction
du Comité F.-A. 50
Darboux, secrétaire perp. de l'Académie des sciences, membre
du Conseil de direction du Comité F.-A. 25
Alexis Rostand, président du Conseil d'administration du
Comptoir national d'Escompte 100
Eugène Étienne, député, membre du Comité de patronage du Comité
F.-A 100
Louis Brunschwig, vice-président de la Chambre de commerce
française de la Havane 25
Émile Dupont, sénateur, président du Comité français des
expositions à l'étranger 100
Pierre Saint-Girons, avocat à la Cour d'appel 10
Aynard, député, membre du Comité de patronage du Comité F.-A. 100
Francastel, consul général de France à la Nouvelle-Orléans 25
C. Inman Barnard, correspondant du _The New York Tribune_ 50
Mac Dougall Hawkes, vice-président de l'Institut français de
New-York 100
Xavier Charmes, de l'Institut 100
La Chambre de Commerce de Paris 200
Max Leclerc, éditeur (maison Armand Colin), membre du Conseil
de la section des États-Unis du Comité F.-A. 100
Anatole Leroy-Beaulieu, de l'Institut, directeur de l'École
des sciences politiques, vice-président du Comité F.-A 50
Jean de Pulligny, directeur de la Mission française
d'ingénieurs aux États-Unis 100
Gustave Benoist, ex-mécanicien de la Marine, promoteur du
monument de Liniers à Niort 5
Un groupe de Français de Santiago du Chili 100
Luis J. Supervielle, président de la Banque d'assurances
d'État, à Montevideo 100
La Chambre de commerce française de Rio de Janeiro 50
Comte de Reganhac 5
Jean Guiffrey, en mission au musée de Boston 50
Firmin Roz, secrétaire de la section des États-Unis du Comité
F.-A. 10
Mme Depew 100
Paul Desprez, ministre de France 20
Thurwanger, président du cercle français de Boston 10
Léon Bocqueraz, président de l'Alliance française à
San-Francisco 250
Roger Bocqueraz 250
P.-A. Bergerot, ancien président de l'hôpital français de
San-Francisco 500
Charles Carpy, ancien président de la French Bank of Savings 250
J.-M. Dupas, ancien président de l'Alliance française à
San-Francisco 250
Willis Folk 250
G. Fouchan, ancien président de l'hôpital français 250
H. Mérou, consul général de France à San-Francisco 25
C. de Cazotte, consul de France à San-Francisco 25
_L'Écho de l'Ouest_, à San-Francisco. 50
Raphaël Weill, propriétaire de _l'Écho de l'Ouest_, à
San-Francisco. 500
Léon L. Rey 5
Docteur Georges Juilly 12
Alfred Blanc 2.50
Marius Mathieu 2.50
Émile Raas 12
Louis Savart 5
E. Féret 5
Un ami 5
A.-M. Rolland 12
Géo Tessier 5
J. Delabriandais 2.50
P. Viguié 2.50
A. Helip 5
Un Français 25
Louis Baylacq 5
Pierre Barbé 2.50
A. Lompré 5
Henri Ruellan 2.50
Laurence Vergez 2.50
Simon Toulouse 2.50
J.-L. Bourdieu 2.50
L. L. 2.50
Joseph Barbé 5
Justin Carroul 5
Un Béarnais 2.50
Abel Chevalley, ministre plénipotentiaire, s.-directeur
d'Amérique au ministère des Affaires étrangères, membre
du Conseil de direction du Comité 50
Le général Lebon, ancien membre du Conseil supérieur de la
guerre, membre du Conseil de direction du Comité 30
Paléologue, ministre plénipotentiaire, directeur des Affaires
politiques au ministère des Affaires étrangères 30
André Michel, conservateur des Musées nationaux, membre du
Conseil de la section des États-Unis du Comité 20
Prosper Bouneault, promoteur du monument Liniers à Niort 10
Le professeur Grasset, professeur à l'Université de Montpellier 50
Commandant Léonce Abeille 10
Comte Fernand de Montebello 20
J.-C. Duval 100
Gaston Bouzanquet, promoteur du monument Montcalm 20
Béthune 20
Paul W. Bartlett, président de l'_American Art Association_,
membre du Conseil de la section des États-Unis du Comité 50
Francis Vielé-Griffin, membre du Conseil de la section des
États-Unis du Comité 100
Walter Gay, membre du Conseil de la section des États-Unis du
Comité 100
Lazare Weiller, membre du Conseil de la section des États-Unis
du Comité 100
Paul Doumer, sénateur, membre du Comité de patronage du Comité 20
Croiset, doyen de la Faculté des lettres de Paris, membre du
Conseil de direction du Comité 20
André Thome, membre du Conseil de direction du Comité 100
J. Gauguier, président du tribunal civil à Meaux 20
Mme Juliette Adam 25
Amiral Gervais, membre du Comité de patronage du Comité 5
André Javey, membre du Conseil de la section des États-Unis du
Comité 100
Le Crédit Algérien 100
Méline, sénateur, ancien président du Conseil 20
D'Eichthal, de l'Institut 25
Frank-Mason, consul général des États-Unis, membre du Conseil
de la section des États-Unis 100
L. Marie, délégué du chemin de fer du Nord au Congrès de
Washington 25
Louis Barthou, député des Basses-Pyrénées 100
Jean Dupuy, Ministre des Travaux publics 100
Jules Corréard, Inspecteur des Finances 10
Auguste Isaac, Président de la Chambre de commerce de Lyon 25
Major Mahan 50
Steeg, Ministre de l'Intérieur 100
Docteur Charcot 50
Morel, sculpteur 10
Bibliothèque d'art et d'archéologie 100
Comte J. de Pourtalès 25
Léon Barthou, Maître des Requêtes honoraire au Conseil d'État 50
Mazery 10
L. Klotz, Ministre des Finances 100
Léon Lhermitte, de l'Institut 20
René Bazin, de l'Académie française 50
Briand, Ministre de la Justice 100
Paul de Rousiers 100
Lebrun, Ministre des Colonies 100
Guirot 2
Constantin Mennesson 20
Magenties 10
Macaigne 5
Prince Pierre d'Arenberg 20
Jeanniot 5
[Illustration: deco]
[1] A l'époque de l'ouverture de la souscription.
[2] Aujourd'hui président du Conseil et ministre des Affaires
étrangères.
[3] Aujourd'hui ministre de la Guerre.
[Illustration: deco]
L'ŒUVRE DU COMITÉ FRANCE-AMÉRIQUE
[Illustration: deco]
Le Comité France-Amérique, sous les auspices duquel s'est préparée la
manifestation en l'honneur de Champlain, a été fondé à la fin de 1909
par un grand nombre de personnalités; elles ont lancé l'appel suivant,
qui résume le programme du Comité:
Les Français qui signent cet appel viennent de fonder une institution
qui se consacre à une œuvre urgente de rapprochement et de sympathie
entre la France et les nations américaines; c'est le Comité
France-Amérique.
Travailler au développement des relations économiques, intellectuelles,
artistiques, etc., entre les nations du Nouveau Monde et la nation
française; fonder une Revue mensuelle et y coordonner les renseignements
les plus complets sur la vie économique et intellectuelle des peuples
américains; attirer en France des étudiants et des voyageurs des deux
Amériques, et leur préparer un accueil cordial; encourager toute œuvre
ou toute action qui fera connaître l'Amérique en France ou la France en
Amérique, telle sera la direction donnée à nos efforts.
Les soussignés font appel au concours généreux et au dévouement actif de
ceux qui, en France, s'intéressent aux Amériques et de ceux qui, dans
les Amériques, s'intéressent à la France.
Le Comité s'est consacré, depuis lors, à une œuvre urgente de
rapprochement et de sympathie mieux éclairée entre la France et
l'Amérique; son nom résume la pensée qui a présidé à sa fondation.
Unir de plus en plus les deux pays, faire mieux connaître l'Amérique à
la France et la France à l'Amérique, tel est son programme, et nous
aurions dû dire, tout de suite, pour ne laisser aucun doute: les deux
Amériques. Car, si l'Amérique du Nord offre un champ plus vaste,
l'Amérique du Sud nous invite à une sympathie étroite en raison de la
race et de la culture générale à tendance latine plus accusée. Cette
tendance est, il est vrai, répandue sur tout le continent: du Canada au
détroit de Magellan, par le Mexique et les républiques centrales,
partout, une forte mixture de sang latin se retrouve dans les artères
des races neuves. Mais, c'est surtout à l'Amérique du Sud que s'applique
le fameux proverbe américain: «Du sang ce n'est pas de l'eau.»
Donc, les deux Amériques sollicitent, à des titres divers, l'attention
du Comité. Quoique le champ soit vaste, jusqu'à en être effrayant, il
n'en retranche aucune partie. L'heure n'est pas venue de restreindre et
de spécialiser. Rien n'existe; il faut créer d'abord. L'avenir se
débrouillera.
Il ne peut s'agir, bien entendu, de pénétration ou d'expansion, mais
bien de collaboration et d'accord. Nous avons à emprunter de l'Amérique,
autant qu'à lui apporter. Si notre civilisation plus ancienne est plus
raffinée, comment ne se retournerait-elle pas vers les exemples de
vigueur, de réalisme et d'énergie, qui lui sont donnés par le jeune
continent? Nos vieilles villes ont leurs cathédrales et leurs donjons;
ses villes récentes ont leurs usines et leurs gratte-ciels. Nous suons
l'histoire, ils respirent l'avenir; toutes les grandeurs ont leur
efficacité et leur poésie.
La première pensée fut de grouper, en France, les hommes qui
s'intéressent aux Amériques, dans l'espoir de grouper, un jour, aux
Amériques, les hommes qui s'intéressent à la France, et, si c'était
possible, de réunir ces bonnes volontés dispersées en un faisceau qui,
par le simple rapprochement, deviendrait une force.
Les concours que le Comité a recueillis ont été si nombreux que, dès
1911, le nombre de ses membres actifs et de ses adhérents approchait du
millier. Après avoir organisé ainsi en France une base solide, il a
fondé des comités correspondants en Amérique; les premiers se sont
fondés à Montréal et à la Nouvelle-Orléans; d'autres sont créés ou en
voie de formation à New-York, Sao-Paolo, Rio de Janeiro, La Havane,
Montévidéo, Buenos-Ayres et Santiago.
D'autre part, une section de propagande organise, depuis le 1er janvier
1912, un service de renseignements en Amérique sur le tourisme en
France, l'enseignement français et les produits de l'industrie
française. Enfin depuis le mois de mars 1912 des sections nationales ont
été fondées; celle des États-Unis a comme membres de son bureau le
général Brugère, M. E. Tuck, le président de la Chambre de commerce
américaine, M. Boutroux et M. d'Estournelles de Constant.
Le Comité central de Paris, qui a son siège social, 21, rue Cassette,
se compose d'un bureau, d'un conseil de direction, de membres actifs et
d'adhérents. Le bureau est actuellement formé des personnes suivantes:
_Président_: M. Gabriel HANOTAUX, de l'Académie française, ancien
ministre des Affaires étrangères.
_Vice-présidents_: MM. le général BRUGÈRE; Anatole LEROY-BEAULIEU, de
l'Institut, directeur de l'École des Sciences Politiques; HEURTEAU,
délégué général du Conseil d'administration de la Compagnie d'Orléans;
Vicomte Robert DE CAIX DE SAINT-AYMOUR.
_Trésorier_: M. le Comte R. DE VOGÜÉ.
_Secrétaire général_: M. Gabriel-Louis JARAY, auditeur au Conseil
d'État.
Le Comité publie depuis le 1er janvier 1910, une revue mensuelle,
_France-Amérique_, qui est la propriété du Comité[4].
[4] Cotisation minimum des adhérents, donnant droit au service de la
Revue et prix d'abonnement: France: 24 francs; Amérique: 25 francs;
Étranger: 26 francs.
Siège social: 21, rue Cassette, Paris, VIe; spécimen sur demande. Cette
revue étudie la vie des nations américaines dans toutes leurs
manifestations, politiques, nationales, économiques, financières,
sociales, intellectuelles, artistiques, etc... Elle a publié
régulièrement des articles et chroniques des auteurs les plus connus et
les plus compétents. C'est une revue de luxe, qui paraît sur 92 pages de
grand format, publie chaque mois des gravures ou cartes en planche hors
texte sur papier couché et a un supplément mensuel consacré au Canada.
En 1912, cette revue a offert à ses lecteurs deux séries d'articles sur
les chemins de fer en Amérique et sur les relations des ports et centres
commerciaux en France avec l'Amérique. Enfin, pour faire de plus en plus
de cette Revue le grand périodique américain de langue française, le
Comité développe les chroniques mensuelles, en les groupant sous trois
rubriques: la vie économique, commerciale et financière; la vie
politique et internationale; la vie intellectuelle, sociale et
artistique. Désormais ses lecteurs trouvent soit mensuellement, soit
périodiquement, à côté des chroniques spéciales à chaque pays
d'Amérique, les chroniques générales suivantes: Finances publiques:
budget, dette et circulation monétaire, par M. F. Lefort; Chronique
commerciale: produits, changes et frets d'Amérique, par M. P. Gebhard;
Propriété industrielle, littéraire et artistique, par M. Georges
Chabaud, avocat à la Cour d'appel; Actes et faits internationaux, par M.
Georges Salle, professeur à l'Université de Lille; Cartographie
américaine, par M. le capitaine Périer, du service géographique de
l'armée; Antiquités américaines, par le docteur Rivet, assistant au
Muséum, etc.
_France-Amérique_ est la revue d'un Comité dont l'œuvre est faite de
dévouement désintéressé, de souci patriotique, d'amitié
franco-américaine et de conciliation des intérêts de pays américains et
de la France.
[Illustration: deco]
TABLE DES MATIÈRES
[Illustration: deco]
I.--LA FRANCE ET LE TROISIÈME CENTENAIRE DE CHAMPLAIN.
II.--POUR UN GRAND FRANÇAIS.
III.--L'ŒUVRE DE SAMUEL CHAMPLAIN.
APPENDICES:
I.--La Délégation française au 3e centenaire de Champlain.
II.--Liste générale de souscription à «la France» de Rodin
offerte aux États-Unis pour faire participer la France à
la commémoration du troisième centenaire de Champlain.
III.--L'œuvre du Comité France-Amérique.
PLANCHES HORS TEXTE:
I.--Signature de Samuel Champlain.
II.--Portrait de Samuel Champlain.
26-3-12.--Tours, imprimerie E. ARRAULT et Cie.
End of the Project Gutenberg EBook of Champlain, by Gabriel Hanotaux
*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 52669 ***
Champlain
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Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le
typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée et
n'a pas été harmonisée.
IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE CINQ CENTS EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS
LES COMMÉMORATIONS FRANCO-AMÉRICAINES
Champlain
PAR
GABRIEL HANOTAUX
DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
PRÉSIDENT DU COMITÉ FRANCE-AMÉRIQUE
PARIS
E. SANSOT & Cie, ÉDITEURS
9, RUE DE L'ÉPERON, 9
1912
_Il y a...
Read the Full Text
— End of Champlain —
Book Information
- Title
- Champlain
- Author(s)
- Hanotaux, Gabriel
- Language
- French
- Type
- Text
- Release Date
- July 29, 2016
- Word Count
- 7,907 words
- Library of Congress Classification
- F1001
- Bookshelves
- FR Biographie, Mémoires, Journal intime, Correspondance, Browsing: Biographies, Browsing: History - American
- Rights
- Public domain in the USA.
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