The Project Gutenberg EBook of Bases pour servir aux entreprises de
colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes
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Title: Bases pour servir aux entreprises de colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine
Author: Auguste Brougnes
Release Date: August 25, 2007 [EBook #22393]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK BASES POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION ***
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BASES
Pour servir aux Entreprises de Colonisation
DANS LES
TERRITOIRES NATIONAUX
DE LA
RÉPUBLIQUE ARGENTINE
PAR LE
Docteur AUGUSTE BROUGNES
Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre
Hautes-Pyrénées.
_La colonisation à l'extérieur est,
dans les conditions économiques
actuelles, le remède le plus
efficace du paupérisme agricole._
_COHEN._
_SEMAINE du 22 novembre 1850._
_La rédemption de la race blanche se
trouverait dans l'acquisition morale
de tout un monde riche et vierge,
d'un monde qui donnerait terre,
travail, fortune._
_ANDRES LAMAS._
_Notice sur l'Uruguay._
TARBES
Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7.
1882
À SON EXCELLENCE
M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE
Brigadier général, Jules ROCA
_Hommage de ma respectueuse estime._
Dr BROUGNES.
BASES
Pour servir aux Entreprises de Colonisation
DANS LES
TERRITOIRES NATIONAUX
DE LA
RÉPUBLIQUE ARGENTINE
PAR LE
Docteur AUGUSTE BROUGNES
Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre
Hautes-Pyrénées.
TARBES
Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7.
1882
Tarbes, imprimerie de E. Vimard, place Maubourguet, 7.
INTRODUCTION
_La colonisation à l'extérieur est,
dans les conditions économiques
actuelles, le remède le plus
efficace du paupérisme agricole._
_COHEN._
(_Semaine_ du 21 novembre 1850).
Nous livrons aujourd'hui au public la traduction d'une brochure, publiée
en espagnol, au mois d'août 1881, à Buenos-Ayres, capitale de la
République Argentine. Nous l'offrons à nos compatriotes, sans ambition
pour son mérite littéraire, que nous n'avons pas cherché, mais seulement
pour son utilité économique et pratique, considérée au point de vue des
intérêts matériels de l'intéressante population agricole européenne
pauvre, dont nous voudrions voir améliorer le sort.
Frappé d'admiration dans notre dernier voyage de l'Amérique du Sud, de
l'immense mouvement commercial et industriel qu'offrait cette contrée
que nous visitions pour la troisième fois depuis trente ans; enchanté du
tableau vivant de la richesse de sa campagne, peuplée d'innombrables
troupeaux de brebis, de vaches, de chevaux, au milieu desquels se
promenaient des groupes de cerfs; étonné surtout de voir chaque semaine
descendre sur la plage des milliers d'émigrants, en grande partie colons
italiens, suisses, savoyards, et quelques Français, dont la majeure
partie étaient dirigés, aux frais du gouvernement, aux nombreuses
colonies de la province de Santa-Fé, autrefois la plus pauvre et
aujourd'hui une des plus riches de la République; heureux de voir dans
ce pays que l'idée de la colonisation, dont j'avais été le promoteur et
le premier entrepreneur en 1854, avait pris un développement
inespéré[1], à l'aspect, dis-je, de ce mouvement agricole, commercial et
industriel, je me mis de nouveau à étudier la question de la
colonisation argentine, organisée en vue de compléter l'oeuvre par une
combinaison propre à produire de meilleurs, de plus grands résultats.
Partant du principe économique que le travail, le travail agricole
surtout, est d'autant plus productif que l'outillage (capital mobilier
et de rente) est plus complet; trouvant d'autre part, dans la loi sur la
colonisation, promulguée par le gouvernement argentin le 6 octobre 1876,
des dispositions largement libérales, dans les concessions des terres et
autres priviléges que le gouvernement accorde, je m'occupai de
coordonner dans les proportions voulues l'action de ces trois éléments:
terre, travail, capital, de manière à leur faire produire, par leur
concours simultané, les plus grands résultats possibles.
Le but que je me proposais, en me livrant à ce travail, consistait à
ouvrir au cultivateur européen pauvre une voie de salut large, facile à
parcourir, sans sacrifice d'argent de sa part, entreprise qui lui
permette de se créer une honnête aisance pour ses vieux jours, une
fortune pour ses enfants. Les moyens que je propose en vue de ce
résultat, et que j'exposerai dans le cours de ce travail, sont clairs et
bien définis. Je n'en connais pas de plus efficaces pour remédier aux
souffrances du cultivateur pauvre, ce Sisyphe de notre époque, condamné
à la peine, aux privations, sans espoir d'en voir la fin.
Les souffrances de l'agriculture, tout le monde les connaît, le
cultivateur plus que tout autre. Une enquête sérieuse sur sa situation
dévoilerait des misères profondes, inconnues. On serait étonné comment,
avec sa propriété réduite, le peu de rendement que donne le sol, les
risques que font courir les perturbations atmosphériques, telles que
sécheresse, gelées, grêle, maladie des plantes, la mortalité des
animaux, sans compter toutes les charges que le fisc fait peser sur
l'agriculture[3], celles que lui impose l'entretien d'une famille et
d'une maison d'exploitation; on serait étonné, dis-je, comment ce
cultivateur, qui donne à la terre tout le travail d'une année, peut se
maintenir sans se ruiner et conserver son faible patrimoine jusqu'au
jour où ses enfants viendront se le partager et le réduire en lambeaux.
Sans doute, telle n'est pas la situation de tous les petits
cultivateurs; je ne veux pas exagérer le tableau. Il y en a certes dans
le nombre qui, à force de travail et d'économie, en s'aidant des
bénéfices de quelque autre industrie, ou favorisés par quelque héritage,
se procurent une certaine aisance; mais ceux-ci sont peu nombreux.
_Apparent rari nantes in gurgite vasto_; et leur situation
exceptionnelle ne détruit pas mon assertion.
Sans doute, aussi, nos économistes, nos hommes d'État, émus de cette
situation, ont cherché et cherchent encore les moyens d'y remédier.
Jusqu'à ce jour, leur bonne volonté, tous leurs efforts, sont restés
impuissants pour améliorer cette situation, et le pauvre cultivateur
attend encore la nymphe Egérie qui doit souffler, aux oreilles de nos
législateurs et de nos ministres, les mesures de salut propres à
l'arracher au gouffre béant de la misère. Bien des propositions ont été
faites, de nombreux projets ont été présentés et étudiés. On a bien vite
reconnu que ces propositions, ces projets, n'étaient que des palliatifs,
des mesures impuissantes pour remédier au mal. Ce n'était qu'appliquer
un sédatif sur une plaie douloureuse, sans pouvoir la cicatriser.
Pense-t-on, en effet, qu'avec la faible gratification de quelques
francs, résultant de la diminution ou de l'exemption de l'impôt foncier,
de celui des portes et fenêtres, ou de la prestation, guérir le mal qui
dévore la petite culture? On ne peut le croire; et les soixante millions
provenant de la conversion de la rente, distribués chaque année à nos
trois millions de petits cultivateurs, c'est-à-dire vingt francs pour
chacun d'eux, changeront-ils sa situation? Et croit-on que l'institution
des banques agricoles, en facilitant les emprunts au petit cultivateur,
c'est-à-dire le moyen de dépenser davantage, au lieu de diminuer le mal,
ne l'aggraverait pas? Peut-on, avec de telles mesures, couvrir la dette
hypothécaire de huit milliards de francs qui pèse sur la propriété,
prélevant chaque année sur la production agricole de trois à quatre cent
millions de francs?
Non, tous ces moyens proposés, toutes ces mesures indiquées ne suffisent
pas et sont impuissantes à résoudre le grand problème de l'extinction du
paupérisme agricole.
Pour mon compte, je ne connais qu'un moyen réellement efficace,
pratique, radical, c'est celui indiqué par Cohen dans le journal la
_Semaine_ du 22 novembre 1850 (cité plus haut). C'est aussi celui que la
nature nous conseille. Lorsqu'une plante, un arbre, dépérissent sur un
sol maigre et stérile, transplantés sur un terrain gras et fertile, ils
revivent, reprennent leur vigueur et se couvrent de fruits.
Notre oeuvre de colonisation ne s'adresse pas précisément aux
propriétaires qui jouissent de plus ou moins d'aisance. Que ceux-ci
continuent à vivre dans le village où les retiennent des habitudes
sociales, des relations d'amitié ou de familles, pénibles à rompre.
Notre oeuvre a pour unique objet d'ouvrir une voie de salut à tous ces
malheureux petits cultivateurs, qui usent inutilement leur vie et leur
courage par un travail stérile, improductif, accablés sous le fardeau de
lourdes charges qui paralysent l'action du travail et à qui, s'ils
venaient à liquider leur situation, il ne resterait rien ou resterait un
capital insignifiant. C'est pour ces Danaïdes de notre époque,
condamnées à remplir d'eau un tonneau dont la bonde est ouverte; c'est,
en un mot, au cultivateur pauvre qu'est destinée notre oeuvre. Dans
notre conviction, nous croyons faire une bonne oeuvre.
L'histoire économique moderne nous offre une preuve éclatante des
résultats que procure la mesure que nous conseillons. En moins de
quatre-vingts ans, trois millions de colons irlandais et allemands ont
fait des terres désertes et incultes des États-Unis de l'Amérique du
Nord le champ le plus vaste d'exploitation agricole; en s'enrichissant,
ces colons ont fait de cette contrée une des plus puissantes et des plus
riches nations du monde. Pendant que l'Amérique espagnole fermait ses
portes aux étrangers, les États-Unis de l'Amérique du Nord promulguaient
leur _homestead Lau_ (Loi du domicile) et concédaient à très bas prix,
même gratuitement, des terres aux colons. Aujourd'hui, les Argentins de
l'Amérique du sud, convertis aux idées de colonisation, viennent aussi
de promulguer une loi de colonisation plus complète et bien plus
libérale que celle de l'Amérique du Nord, sans pour cela être parfaite.
Le plan de colonisation que nous publions aujourd'hui a pour objet de
compléter cette loi, en simplifiant les procédés d'exécution et en
donnant un développement plus grand, plus élevé, aux opérations de cette
classe, tout en restant dans le cercle des dispositions des articles 98,
99 et 104 de la partie de cette loi qui s'applique aux entreprises
particulières de colonisation. La loi homestead Lau, de l'Amérique du
Nord, se bornait à céder où à vendre à bas prix des terres aux colons.
Dans notre système de colonisation, en 1853, nous ajoutions, à la
concession d'un vaste terrain, des avances remboursables, consistant en
une habitation, la subsistance durant la première année, les outils
agricoles indispensables au colon. La loi argentine du 6 octobre 1876 a
adopté ce système; aujourd'hui, nous venons le compléter, en le
régularisant, en l'élevant à un plus haut degré de puissance productive,
par un bon choix de familles agricoles et par l'emploi d'un capital
suffisant pour permettre au colon de faire de la colonisation une
industrie des plus productives pour lui, pour les entrepreneurs, pour le
gouvernement lui-même, ce qui est le perfectionnement de l'oeuvre
économique de la colonisation, comme le prouveront les résultats
immenses que notre système produira.
BASES
POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION
DANS LES
TERRITOIRES NATIONAUX & PROVINCIAUX
DE LA
RÉPUBLIQUE ARGENTINE
Une des premières conditions de toute colonisation, c'est que le pays
que l'on veut coloniser offre des garanties d'ordre et de paix, une
situation hygiénique et climatérique, sans danger pour la vie des
colons, où enfin règnent et se développent à l'aise le progrès et la
prospérité. Or, toutes ces conditions se trouvent aujourd'hui réunies
dans la République Argentine.
Située entre les 22ème et 53ème degrés de latitude de l'hémisphère sud,
limitée à l'ouest par la chaîne des cordillères, sur une longueur de six
cents lieues et arrosée au sud-est et à l'est par les eaux de l'Océan
atlantique, sur une étendue de près de quatre cents lieues, jouissant du
bénéfice de tous les climats, tropical au nord, tempéré au centre,
glacial au sud, la République Argentine offre au travail du cultivateur
européen le plus vaste, le plus fructueux champ d'exploitation qui
existe sur le globe.
Un territoire de cent mille lieues carrées[4] quatre fois plus étendu
que celui de la France, dont quarante mille appartiennent à l'État,
formant huit territoires; une population réduite de 1,852,029 habitants,
une terre vierge des plus fertiles,--5,116,029 têtes de
bétail,--1,534,478 chevaux et juments,--45,511,351 brebis ou moutons,
évalués à 364,090,860 francs. (Recensement de 1875).... Voilà, en gros,
le pays que le gouvernement argentin veut coloniser, en le livrant à
l'activité du travailleur agricole européen, et pour quel objet il a
promulgué une loi dont nous ferons connaître plus loin les principales
dispositions.
Le moment est on ne peut plus favorable pour cette entreprise.
Les questions d'ordre politique intérieur ont été résolues par la
constitution fédérale de 1853, qui maintient unies les quatorze
provinces argentines, sous la protection d'un gouvernement national fort
et respecté, disposant de la force publique et de toutes les ressources
nationales. La question de la capitale de la République, qui a tenu
durant vingt ans les Argentins dans un état d'agitation passionnée, a
été résolue, il y a deux ans, par la cession au gouvernement national de
la riche cité de Buenos-Ayres, avec ses trois cent mille habitants, ses
établissements publics, ses immenses ressources et son port de commerce
visité chaque année par les navires de toutes les nations du globe. Les
Indiens, qui occupaient l'immense et fertile plaine des Pampes et qui,
durant des siècles, furent la terreur des éleveurs de bétail des
provinces de Buenos-Ayres, Santa-Fé, Cordova, Saint-Louis et Mendosa,
ont disparu et sont tenus à distance par la ligne militaire de la
frontière, à la suite d'une expédition armée, habilement dirigée par le
général Roca, Président actuel de la République. Huit mille Indiens avec
leurs caciques faits prisonniers, un grand territoire conquis, la
confiance rétablie parmi les éleveurs de bétail des provinces
voisines... tels ont été les résultats de cette heureuse et importante
expédition sur les Indiens, dont la race tend à disparaître sous
l'action de la misère et de la maladie. Enfin, la question des
frontières avec le Chili, qui, depuis soixante ans, préoccupaient les
esprits de l'un et de l'autre côté des Andes, s'est terminée par un
traité de limites signé en juillet 1881.
Ces trois importantes questions--choix de Buenos-Ayres pour capitale de
la République,--conquête de plusieurs territoires sur les
Indiens,--traité de limites avec le Chili, se trouvant heureusement
résolues, la paix et l'ordre étant assurés, une ère de prospérité d'une
portée incalculable s'ouvre aujourd'hui pour la République Argentine.
Cette ère s'est déjà manifestée pour tous ceux qui jugent sans passion
la marche des affaires dans ce pays. Le tableau de sa situation
économique, commerciale et financière, formulé en chiffres statistiques
dans le Message du Président de la République, à l'ouverture du congrès
le 7 mai dernier (1882), est la preuve éclatante de ce fait.
D'après ce Message, le commerce international pendant l'année 1881 s'est
élevé au chiffre de 582,155,035 francs, avec 14 pour cent d'augmentation
sur celle de 1880. Il promet de s'élever à 711,800,000 francs pour
l'année courante de 1882, le mouvement commercial pour le premier
trimestre ayant été de 174,900,000 francs, ce qui est considérable pour
un pays de moins de deux millions d'habitants. Dans ce chiffre,
l'importation figure pour 270,870,020 francs, et l'exportation pour
280,930,970. Durant la même année de 1881, 11,691 navires sont entrés
dans les ports de la République argentine. La dette nationale, dont
partie a été employée à la construction de chemins de fer, s'élevait, au
31 décembre 1881, à 397,005,705 francs; on a amorti, durant la même
année, 16,057,245 francs. La circulation des lettres à la poste a été,
pour la même année, de 12,285,000 fr., cinq millions de plus que l'année
précédente; 11,489 kilomètres de fil de fer fonctionnent par le
télégraphe électrique, 2,590 kilomètres de chemins de fer sont livrés à
la circulation; 2,777 sont en construction. L'État pourvoit aux frais de
12 colléges et de 1,341 écoles primaires. L'armée permanente d'environ
quinze mille hommes, formant quatre divisions, occupe les principales
villes de l'intérieur et la ligne des frontières. L'escadre, composée
d'un cuirassé de premier ordre, de neuf vapeurs de guerre et de cinq
navires à voile, est occupée à l'exploration des côtes et des fleuves.
Quand un pays offre une pareille situation, les cultivateurs européens
et les entrepreneurs de colonisation peuvent hardiment répondre à son
appel et avoir confiance dans son avenir.
À l'époque où nous conçûmes notre projet de colonisation organisée
(1852) dans la République Argentine en vue de l'extinction du paupérisme
agricole européen, personne dans l'Amérique du Sud n'avait songé à cette
idée et moins encore à la mettre à exécution. Seule l'émigration des
Basques vers Montevideo, provoquée par les frères Brië de
Saint-Jean-Pied-de-Port, avait pris un certain développement, en dehors
de toute idée de colonisation. Celui, en effet, qui eût osé proposer à
cette époque au dictateur Rosas l'établissement de colonies avec des
éléments étrangers, aurait été bien mal reçu. Les partisans de ce tyran,
imbus des idées et des haines de leurs pères contre les étrangers, ont
été longtemps opposés à l'établissement de colonies dans ce pays, et
quelques-uns d'entre eux le sont encore aujourd'hui.
Au contraire, les hommes du parti libéral de cette époque qui
s'allièrent au général Urquiza dans sa lutte contre Rosas, plus
intelligents et plus instruits, acquis depuis longtemps aux idées de la
civilisation et de la science économique modernes, Alsina père, Alberdi,
Mitre, Gorostiaga, Sarmiento, Luis-Jose de la Péna, Édouard Olivera,
Avettaneda, Roca, Président actuel de la République..... arrivèrent au
pouvoir avec des opinions tout opposées à celles des Rosistes. Ils
avaient compris que l'immigration des cultivateurs européens portait en
elle le germe d'un accroissement d'ordre, de puissance et de richesse
pour leur pays.
La prospérité prodigieuse des États-Unis de l'Amérique du Nord due en
grande partie à l'émigration agricole européenne les avait conquis à
l'idée de colonisation. C'est donc de 1853 que date l'ère de la
colonisation dans la République Argentine;[5] et le premier contrat de
colonisation passé dans ce pays fut le mien.
Les deux premières colonies fondées furent celle de Sainte-Anne dans la
province de Corrientes et celle de Esperanza dans la province de
Santa-Fé. Le contrat avec la première de ces provinces fut résilié pour
des raisons expliquées plus haut. La colonisation continua dans celle de
Santa-Fé. Durant les vingt années qui ont suivi, cinquante colonies ont
été fondées dans cette province: elles comprennent aujourd'hui un
personnel de 28,910 individus de tout âge, une extension territoriale de
529,434 hectares 88 ares, desquelles 155,778 furent semées en 1879. Les
chiffres statistiques suivants du rapport de l'administrateur des
colonies de Santa-Fé, Jonas Larguia, peuvent donner une idée du
mouvement productif de ces colonies pour l'année 1879.
Colonies de Santa Fé en 1879.
Population 28,910 de tout âge et sexe.
Extension territoriale 318,170 cuadros 529,434 hectares.
Terrain cultivé en 1879 94,617 155,778
Production de l'année 1879.
TERRES ENSEMENCÉES,
Froment, 70,186 cuadros 116,789 hectares.
Maïs, 11,729 cuadros 19,517 --
Avoine, 1,110 cuadros 1,847 --
Arachides, 2,133 cuadros 3,549 --
Autres produits, 9,295 15,466 --
RÉCOLTE
586,937 fanègues de 15 arrobes (10 kil.) 1,269,318 hectolitres,
81,024 fanègues de 12 arrobes 139,766 --
12,568 fanègues -- 21,679 --
168,095 arrobes 19,330 --
947,282 arrobes 109,937 --
La valeur de ces produits en argent était de:
Blé, 586,937 fanègues de 13 décalitres, à 25 f. la fanègue, 14,673,425 fr.
Maïs, 81,024 fanègues -- à 10 f. la fanègue, 810,024 fr.
Avoine, 12,588 fanègues -- à 15 f. la fanègue, 188,820 fr.
Arachides, 168,095 arrobes de 11 k. à 2 fr. 50 arrobe, 420,237 fr.
[6] Autres produits 947,283 arrobe à 1 fr. 25 arrobe, 1,184,106 fr.
Valeur de la récolte en 1879, 17,066,829 fr.
Mouvement du port de Santa-Fé sur le Parano en 1879.
Durant la même année de 1879, 1,169 navires à voile et 444 à vapeur
entrèrent dans le port de Santa-Fé; il en sortit 1.067 chargés, sur
lesquels 69 à vapeur.
La valeur de l'importation s'éleva à 976,734
piastres fortes (5 fr.) 4,883,670 fr.
Celle de l'exportation, à 1,139,372 piastres fortes 5,696,860 fr.
Différence en faveur de l'exportation, 190,385 fr. 951,925 fr.
Parmi les matières exportées, on compte 3,506,004 kil. de farine et
169,946 kil. de blé, soit 43,822 balles de farine de 80 kil. et
2,124 hectolitres de blé.
Le succès de la colonisation dans la province de Santa-Fé engagea le
gouvernement national à entreprendre la création de colonies agricoles
dans les territoires nationaux. À cet effet, il présenta au congrès un
projet de loi sur l'immigration et la colonisation qui fut votée par les
Chambres le 6 octobre 1876. La première partie de cette loi, celle de
l'immigration, comprend dix titres: dans le premier, il est créé un
bureau d'immigration sous la direction d'un commissaire général; le
deuxième institue les agences d'immigration à l'étranger; le troisième
traite des commissions d'immigration dans les provinces; le quatrième
établit les bureaux de placement pour les immigrants; le cinquième
traite des priviléges accordés aux immigrants; le sixième, des navires
de transport; le septième, du débarquement des immigrants, de leur
subsistance et logement en attendant leur placement, par les soins et
aux frais du bureau d'immigration. Enfin, par le dixième, il est créé
des ressources pour le fonctionnement de l'institution.
La seconde partie de la loi comprend tout ce qui se rattache à la
colonisation. Par le chapitre 1er, il est créé un bureau de terres et
des colonies nationales, chargé de l'examen et de l'enregistrement des
propositions de colonisation qui sont adressées au gouvernement, et des
rapports sur la matière; de veiller aux opérations de comptabilité et de
statistique; d'ordonner les explorations, l'arpentage et le bornage de
terres, de s'occuper enfin de tout ce qui se rattache à la colonisation
des territoires nationaux. Les six titres suivants traitent: 1º de la
division des territoires nationaux, de la colonisation, des concessions
de terres, de leur vente; 2º des entreprises de colonisation par des
particuliers ou par des compagnies; 3º de l'emploi des fonds provenant
de la vente de terres et de la gratification à faire aux colons; 4º de
l'administration des colonies; 5º de la colonisation des terres
appartenant au gouvernement des provinces.
Je me bornerai ici à citer quelques-uns des articles se rattachant
principalement au sujet que je traite:
Art. 65.--Les territoires nationaux se diviseront en sections carrées de
vingt kilomètres de côté.
Art. 67.--Chaque section se divisera en quatre cents lots de cent
hectares chaque.
Art 68.--Quatre lots seront destinés à la création d'un village qui
devra être placé au centre de la section.
Art. 72.--Chaque section sera divisée dans toute sa longueur et largeur
par deux routes de cinquante mètres de large, lesquelles devront se
croiser au centre du village.
Art. 73.--Les chemins vicinaux qui sépareront les lots devront avoir
cinq mètres de largeur.
Art. 82.--Le pouvoir exécutif désignera les territoires à coloniser,
après quoi le bureau de colonisation fera procéder à l'arpentage,
division et bornage des sections, et à la construction, dans chacune
d'elles, d'un édifice pour les employés de la colonie, et pouvant loger
cinquante familles, au moins, et contenir les vivres nécessaires à la
subsistance des colons, ainsi que leurs instruments agricoles.
Art. 88.--Les colons auront droit aux avantages suivants:
1º À l'avance du passage du point d'embarquement jusqu'à leur
destination coloniale;
2º À la livraison, à titre d'avances, d'une habitation, des vivres,
durant la première année, d'animaux de travail et de production, des
semences, des outils aratoires. La somme de ces avances ne devra pas
dépasser mille piastres fortes (5,000 francs), et sera remboursée par
annuités à partir de la troisième année.
Art. 99.--Relatif aux entreprises.--Entre section et section subdivisées
et livrées à la population, il sera réservé une section (25 lieues
carrées) sans être divisée, mais bornée sur ses côtés. Ces sections
seront destinées:
1º À la colonisation par entreprise particulière;
2º À la réduction des Indiens;
3º À l'élève du bétail.
Art. 98.--Le pouvoir exécutif pourra concéder à toute compagnie ou
entreprise qui en fera la demande, une des sections déterminées dans
l'article précédent, sous les conditions suivantes:
1º Se soumettre à l'arpentage, subdivision au plan prescrit par la
présente loi;
2º Établir sur la susdite section cent quarante familles agricoles pour
le moins durant les deux premières années;
3º Donner ou vendre à chaque famille un terrain de cinquante hectares
pour le moins;
4º Construire sur le terrain destiné à cet objet un édifice, dans les
conditions déterminées par l'article 83.
5º Fournir aux colons qui en feront la demande une habitation, outils
aratoires, animaux de travail et de production, semences et subsistance,
durant un an au moins, ne se faisant rembourser pour ces avances que le
prix coûtant, avec 1,20 % de prime et un intérêt de 10 % l'an, sur la
totalité de la somme des avances[7].
6º N'exiger des colons le remboursement du montant de ces avances que
par annuités proportionnelles à partir de la troisième année;
7º Déposer au bureau des terres et colonies les contrats passés avec les
colons, en vue d'empêcher des contraventions à la présente loi;
8º Se soumettre aux lois, décrets et autres dispositions qui se
rattachent au gouvernement, administration, colonisation du territoire;
9º Déposer la somme de deux mille piastres fortes (10,000 fr.), ou
fournir caution pour une pareille somme, à titre d'amende dans le cas
d'infraction au contrat, sans préjudice de caducité dans le cas échéant.
Art. 99.--Les entreprises ou compagnies auront droit au transport des
colons par le gouvernement du point de débarquement au lieu destiné à la
colonie.
Art. 104.--Dans les territoires nationaux qui ne seront pas arpentés, ni
livrés à la colonisation, le pouvoir exécutif pourra concéder des
terrains aux entreprises qui en feront la demande, pour coloniser aux
conditions suivantes:
1º Le terrain concédé à une entreprise ne pourra s'étendre au-delà de
deux sections (50 lieues carrées) ayant chacune l'extension donnée par
l'article 65 (25 lieues par section; ensemble, les deux sections, 50
lieues carrées).
2º L'entreprise se soumettra à l'obligation de coloniser, conformément
au plan et aux divisions prescrites par la présente loi;
3º Elle s'obligera à introduire, pour le moins, deux cent cinquante
familles agricoles pendant la durée de quatre années, à partir du jour
de la signature du contrat;
4º L'arpentage, l'exploration et la division du terrain, ainsi que
toutes les autres dépenses, seront à la charge de l'entreprise, à
l'exception de ceux résultant du transport des colons, du port de
débarquement à la colonie, qui restent à la charge du gouvernement;
5º L'entreprise s'obligera, en outre, à se conformer aux prescriptions
des paragraphes 3, 4, 5, 6, 7 et 8 de l'article 98.
Art. 105.--L'entreprise qui n'observerait pas les conditions stipulées
dans le contrat de concession, paiera une amende de dix mille piastres
fortes (50,000 francs). À cet effet, elle fournira caution acceptable,
sans préjudice de la nullité du contrat.
La loi sur la colonisation argentine dont nous venons de citer les
principaux articles, est certainement la plus libérale de toutes celles
qui ont été publiées sur la matière. Elle fait de larges concessions de
terres et facilite l'entreprise du colon au moyen des avances qui lui
sont faites. C'est conformément aux dispositions de cette loi que le
gouvernement national de la République Argentine a créé neuf colonies
sur les territoires nationaux et provinciaux[8]. La dépense s'est élevée
à 311,707 piastres fortes (1,558,535 francs). Ce mois de juin dernier,
le ministre de l'intérieur a encore présenté au congrès une demande
d'une somme de un million de piastres fortes (5,000,000 de francs) pour
établir quatorze nouvelles colonies.
Selon nous, cependant, la loi argentine est un peu trop compliquée dans
ses détails; on aurait pu la réduire à moins d'articles et supprimer un
certain nombre de paragraphes qui gênent l'action du gouvernement et
celle des entrepreneurs pour la rédaction d'un contrat. Cette loi pèche
surtout dans le mode de recrutement des colons qu'elle prend un peu trop
au hasard à leur débarquement, sans connaître leurs aptitudes et leur
moralité[9]. Ce sera, si l'on veut, de la colonisation spontanée, tant
prônée par les journaux argentins, mais la spontanéité comporte bien des
inconvénients. Mieux vaudrait choisir le colon chez lui, avant son
départ, lui faire connaître exactement, sans exagération, dans toute sa
vérité, la situation qu'on lui offre, et traduire dans un contrat
formulé d'avance les obligations réciproques de l'entreprise, et du
colon, du colon et du gouvernement quand celui-ci se fait entrepreneur.
Les obligations étant bien définies, il n'y aurait qu'à les remplir
exactement, avec loyauté de part et d'autre. On éviterait ainsi bien des
mésintelligences qui se produisent au moment et après l'installation des
colons.
De grands esprits, des journaux importants de Buenos-Ayres, ont vivement
critiqué cette loi et la combattent surtout au point de vue d'entreprise
gouvernementale, qualifiée de colonisation officielle. Ils ont tort et
ils ont raison. Ils ont tort de reprocher au gouvernement d'avoir
entrepris lui-même l'opération de colonisation. Cette initiative était
nécessaire pour démontrer la possibilité de son exécution et surtout
pour donner l'impulsion, en appliquant à ce genre d'opérations le
capital nécessaire que l'entreprise particulière ne possédait pas. Ils
ont raison quand ils conseillent au gouvernement de ne pas descendre au
rôle d'entrepreneur, et de laisser aux grandes compagnies, ou sociétés
industrielles et financières, l'oeuvre de la colonisation argentine, et
celle des chemins de fer; et de rester dans sa haute mission de traiter,
de faire des concessions ou d'accorder des subventions, suivant les
circonstances et la convenance des intérêts du pays. Les gouvernements
ne visent pas la spéculation, ils bornent leur action à l'exécution
d'une oeuvre d'intérêt public; pendant que les grandes sociétés ou
compagnies d'entreprise, ayant pour objet la plus grande production
possible, c'est-à-dire le gain le plus élevé, appliquent à l'exécution
de l'oeuvre tous les capitaux nécessaires, les engins les plus
puissants, les hommes les plus habiles. Ce sont elles qui ont produit
ces oeuvres colossales qui font l'admiration du monde, la construction
des chemins de fer, des télégraphes électriques, le percement des
isthmes . . . . . . . . .
C'est frappé d'admiration pour ce phénomène qui se reproduit tous les
jours, que nous venons aujourd'hui proposer le même procédé pour
l'exécution de cette autre grande oeuvre d'économie sociale,
l'extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation dans la
République Argentine, procédé que nous allons exposer dans le chapitre
qui suit.
SYSTÈME DE COLONISATION ORGANISÉE
_Agricole et industrielle à production élevée_.
Dans toute colonisation, trois éléments concourent à l'opération: 1º la
terre, ou sol à élaborer;--2º le travail, qui élabore;--3º le capital,
c'est-à-dire l'outillage nécessaire au travail pour obtenir la
production. Nous traduisons ces trois éléments par la formule suivante:
terre + travail + capital = production. Maintenant si nous voulions
élever le chiffre de la résultante production, à un plus haut degré de
puissance qui est le résultat à chercher, il nous suffira d'élever la
puissance des facteurs par cette autre formule (terre + travail +
capital)^m = production^m--élevée à sa plus haute puissance.
C'est-à-dire _terre concédée_, acquérant une valeur croissante à côté
d'une voie ferrée et dont la culture est accompagnée de l'industrie si
productive de l'élève du bétail, établie sur une grande échelle.
_Capital anonyme_, agent le plus élastique, le plus puissant de
l'industrie;--_travailleur de la terre_, choisi seulement dans la
population agricole, parce que celle-ci comporte plus de vigueur de
corps, plus d'esprit d'ordre, plus de moralité, plus d'aptitude pour le
travail de la terre et l'élève du bétail.
La formule, telle que nous venons de l'établir, va être le pivot sur
lequel roulera notre système de colonisation à production élevée.
PREMIER FACTEUR
Terre à côté de chemins de fer, concédés par le
gouvernement, ayant pour agent le gouvernement.
La concession de la terre n'est pas une condition onéreuse pour le
gouvernement national qui a sous sa main 47,000 lieues carrées
appartenant à l'État: ni pour les gouvernements des provinces qui
possèdent d'immenses espaces de sol incultivé. Au contraire, les uns et
les autres ont un grand intérêt à livrer ce terrain au travail du
cultivateur pour lui faire acquérir de la valeur et accroître ainsi la
richesse du pays. Toutefois, une condition essentielle s'impose dans
toute oeuvre de colonisation, et qu'il est de toute nécessité de
remplir, si on veut les voir prospérer; c'est que les colonies aient des
rapports faciles avec de grandes cités commerciales et des ports de mer,
par où doivent s'écouler leurs produits agricoles; en conséquence, elles
doivent se fonder non loin des fleuves navigables, comme dans la
province de Santa-Fé, ou le long des chemins de fer. Or, les provinces
de l'ouest de la République Argentine, ni le territoire national des
Pampes qui leur est adjacent, ne possèdent pas de fleuve navigable. Il
sera donc indispensable d'y créer des chemins de fer, si l'on veut
fonder des colonies dans ces contrées[10]. En attendant la construction
des voies ferrées sur les territoires nationaux, le chemin de fer de
l'ouest de Villa-Nueva à Mendosa, qui est aujourd'hui en circulation,
pourrait permettre la fondation d'un certain nombre de colonies; car,
sur un parcours de cent trente lieues du Rio-Cuarto à Mendosa, on
rencontre à peine une dizaine de centres de population.
Mais le chemin de fer qui est appelé à jouer le plus grand rôle
économique et politique, pour la prospérité des provinces du centre et
de l'ouest de la République, c'est sans contre-dit le chemin de fer
central des Pampas, qui reliera ces dernières provinces aux deux plus
grands ports argentins sur l'Océan Atlantique, les ports de
Saint-Antoine et de Bahia-Blanca, mettant ainsi une population
industrieuse et commerçante de 400,000 âmes, en rapport direct et rapide
avec le commerce étranger. Le chemin de fer central de la Pampa aura un
autre grand avantage, celui de rendre possible et facile la colonisation
du vaste territoire des Pampas de dix mille lieux carrées de superficie,
de cette immense plaine herbacée qui fait suite à la Pampa de la
province de Buenos-Ayres, et s'étend jusqu'aux pieds des Cordillières;
que les Indiens avaient choisie pour résidence à cause de sa fertilité
et de son climat tempéré, et que le gouvernement national doit
s'empresser de livrer aujourd'hui au travail producteur du cultivateur
et de l'éleveur de bétail, en y créant des centres de population,
destinés à devenir prospères et à accroître la richesse du pays, centres
de population autour desquels viendront s'établir de nombreux éleveurs
de bétail.
La distance entre la ville de Mercedes (province de San-Luis) point de
départ du chemin de fer Pampéen et le port de Saint-Antoine où il devra
aboutir, peut être calculée à 170 lieues; celle de l'embranchement de
Poytagué à Bahia-Blanca à 40 lieues et celle du Port Saint-Antoine à la
vallée de Rio-Negro de 11 lieues[11], 80 milles (140 kilomètres) d'après
le capitaine anglais Fitz Roy. Il y a donc dans les Pampas un vaste
champ ouvert à la colonisation et à l'industrie si productive de l'élève
du bétail qui a enrichi et enrichira encore davantage à l'avenir les
nombreux éleveurs de la province de Buenos-Ayres. En mettant une
distance de dix lieues, d'axe à axe entre ces colonies, et en
intercalant celle du côté opposé, de manière à former des stations de
cinq lieues de distance, il reste un terrain intermédiaire de six lieues
sur chaque côté de la voie appartenant au gouvernement qui en disposera
comme il l'entendra.
L'article 104 de la loi sur la colonisation argentine suffirait au
besoin au gouvernement pour passer un contrat avec une entreprise.
Toutefois, pour mieux coordonner notre système de colonisation avec la
loi, nous préférerions qu'il fût ajouté à cette loi un chapitre VIII
spécial, avec le titre suivant: _Des colonies à établir le long des
chemins de fer_. Les quelques articles suivants suffiraient pour la
rédaction de ce chapitre.
CHAPITRE VIII
_Colonisation le long des chemins de fer dans les
territoires nationaux._
Art. 128.--Étant de toute nécessité de peupler les territoires
nationaux, surtout les lieux où doivent se construire les chemins de
fer, le Pouvoir Exécutif est autorisé à passer des contrats avec des
entrepreneurs de chemins de fer et de colonisation, les deux opérations
réunies ou séparées, aux conditions suivantes:
1º Les colonies seront établies le long des voies ferrées sur un seul,
ou sur les deux côtés de la voie;
2º Dans ce dernier cas, les colonies seront distantes l'une de l'autre
de dix lieues d'axe à axe du terrain colonial faisant face au chemin de
fer par son front de quatre lieues de largeur, de manière qu'une colonie
ayant quatre lieues de front, il reste un terrain de six lieues
d'intervalle appartenant à l'État. Même disposition pour le côté opposé,
à la condition d'intercaler les colonies en face du terrain d'État, et
permettre ainsi d'établir des stations à cinq lieues d'intervalle l'une
de l'autre. (Voir la disposition des colonies dans la carte.)
3º Dans le cas où les terrains ne seraient pas propres à la colonisation
à cause de leur infertilité ou insalubrité, on prolongera la distance
d'une colonie à l'autre, jusqu'à trouver un terrain favorable.
Art. 129.--Le Pouvoir Exécutif est autorisé à concéder des terrains aux
entrepreneurs de colonisation avec les conditions suivantes:
1º Vingt lieues carrées de terrain dont quatre faisant face au chemin de
fer et cinq de profondeur pour chaque groupe de quarante à quatre-vingts
familles, composées de cinq personnes, au moins, âgées de dix ans,
2º Dix lieues carrées pour chaque groupe de vingt à quarante familles,
3º Cinq lieues carrées pour chaque groupe de dix à vingt familles.
Art. 130.--Dans chaque terrain colonial concédé, le gouvernement réserve
une lieue carrée, adjacente à la voie ferrée, pour être affectée au
service du chemin de fer et à l'établissement d'une station. Ce terrain
devant être concédé à l'entreprise du chemin de fer.
Quant au chemin de fer central de la Pampa, de Mercedes (San-Luis),
ville de six mille âmes, au port de mer de Saint-Antoine, et de
Bahia-Blanca, chemin dont la prospérité, dans l'avenir, ne peut être
douteuse, il devrait se combiner avec l'entreprise de colonisation à
laquelle il prêtera un puissant concours. Les grands bénéfices, que
procurera celle-ci, pourraient compenser, durant les premières années,
les bénéfices moindres de celle-là. Dans tous les cas, on peut compter
sur une garantie de sept pour cent, pour le capital employé, qu'en
principe, le gouvernement argentin accorde à cette classe d'entreprises.
Si nous ajoutons à ce chiffre de garantie d'intérêt une lieue carrée par
colonie pour chaque station, soit environ cent trente-cinq lieues
carrées, sur toute la longueur du chemin de fer, terrain qui, vendu plus
tard en détail, acquerra une grande valeur, par le fait de sa situation,
on peut calculer qu'à ces conditions le produit de l'opération sera
grandement rémunérateur.
Art. 131.--Chaque terrain colonial sera divisé en son milieu, faisant
face au chemin de fer, par une ligne de deux cuadres de largeur (260
mètres), et de cinq lieues de profondeur. Une seconde ligne de cinquante
mètres de largeur coupera en travers dans son milieu le terrain concédé;
Art. 132.--L'arpentage du susdit terrain sera fait par deux géomètres,
un représentant l'entreprise de colonisation, l'autre le bureau central
des terres;
Art. 133.--Restent à la charge des entreprises de colonisation toutes
les obligations relatives aux colons, savoir:
1º Le passage d'Europe à un port argentin; le gouvernement argentin
prenant à sa charge le transport du port de débarquement à la
destination coloniale, conformément à l'article 99 de la loi;
2º Les avances à faire aux colons, savoir: maison d'habitation, vivres
pour une année, semences, instruments de travail, animaux de labour et
de production, conformément à l'article 98, dont la quantité et la
valeur seront déterminées dans les contrats passés avec les colons;
Art. 134.--Les entreprises de colonisation joindront à leur demande de
concession de terres une copie des contrats passés ou à passer avec les
colons, pour être approuvés par le gouvernement argentin; une copie de
leurs statuts pour les sociétés anonymes ou de leur constitution pour
les sociétés en commandite, ou autres. Art. 135.--Pour assurer
l'accomplissement de leurs obligations, les entreprises déposeront à une
banque de Buenos-Ayres la somme de 2,000 piastres fortes (10,000 francs)
ou bien une caution pour pareille somme, acceptée par le gouvernement
sans préjudice de la caducité du contrat, s'il y avait lieu;
Art. 136.--Les autorités civiles, de police et militaires, établies dans
les colonies, seront sous la dépendance du gouvernement national.
Art. 137.--Le gouvernement reste chargé de l'établissement des services
publics, religieux, judiciaires et d'instruction primaire dans les
colonies;
Art. 138.--Un sept pour cent de garantie du capital employé à la
construction des chemins de fer dans les territoires nationaux, sera
accordé par le gouvernement aux entrepreneurs, soit que la construction
se fasse séparément ou conjointement avec l'entreprise coloniale.
* * * * *
Les frais de construction du chemin de fer ne seront pas relativement
considérables, si l'on considère que cette construction se fera sur un
pays de plaine où le bois abonde, ce qui n'existe pas dans la Pampa, de
Buenos-Ayres. Les études préparatoires prouveront que l'entreprise est
de facile exécution et d'une grande importance par les résultats qu'elle
est appelée à produire. Je puis affirmer qu'une grande partie des
actions pourront se placer à Buenos-Ayres, où existent de grands
capitaux et que leur négociation à la Bourse de cette ville ouvrira un
vaste champ à la spéculation.
Nous terminons ici nos explications sur le facteur _terre_ et son
satellite le chemin de fer, qui élève sa puissance. C'est le premier
terme de notre formule. Nous allons passer à l'exposition du deuxième
facteur, le _capital_, élément qui, jusqu'à ce jour, a été négligé et
appliqué en grande disproportion dans les opérations de colonisation, et
qui, élevé à sa puissance dans notre système, est appelé à produire des
résultats incalculables, en permettant d'ajouter au produit agricole du
colon le produit si considérable de l'industrie de l'élève du bétail,
facile à faire sur une grande échelle dans ces plaines herbacées à
grands espaces, où les contenances des domaines s'expriment par lieues
carrées, et les têtes de bétail de production par milliers; où
l'industrie de l'élève du bétail se pratique sans frais de préparation
de fourrages, ni de construction d'étables, les animaux se nourissant et
vivant toujours dehors; industrie qui donne, en général, un produit net
de 33 %, les frais déduits; et qui, dans notre système, rapportera bien
davantage, le travailleur agricole, concourant à l'opération, étant
chargé de cette partie de travail et des soins à donner à cette
industrie.
DEUXIÈME FACTEUR
Le Capital, ayant pour agent une Société anonyme ou en commandite.
Le travail de l'homme, appliqué à la culture du sol, réduit aux seuls
efforts de ses bras serait improductif, ou bien peu productif, s'il ne
s'aidait d'instruments, d'outils, de machines, propres à accroître la
production: ces instruments de travail sont surtout indispensables au
cultivateur-colon, à qui on livre un vaste domaine de cinquante hectares
à exploiter. Ces instruments, ces outils, ces machines, constituent ce
qu'on appelle _le matériel agricole_, autrement dit _l'outillage du
cultivateur_. Cet outillage représente une valeur que l'on désigne sous
le nom de _Capital mobilier_. Or, le cultivateur qui émigre, le
cultivateur pauvre surtout, celui au sort duquel nous nous intéressons,
n'emporte pas avec lui ce capital mobilier, ni même l'argent pour se le
procurer. Il est donc indispensable de le lui fournir. C'est ce que nous
faisons dans notre système de colonisation, sous le titre d'avances
remboursables à des époques déterminées assez éloignées.
À ce capital, représenté par l'outillage, nous ajoutons d'autres objets
de première nécessité, tels que l'abri ou habitation, les semences, la
subsistance, durant la première année en attendant la récolte...
L'ensemble de ces dépenses, nous en évaluons la valeur à 2,500 francs.
L'article 88, paragraphe 2 de la loi sur la colonisation, élève le
chiffre de ces avances à 5,000 francs (mille piastres fortes), mais il y
comprend le bétail de travail, que nous rapportons à une autre catégorie
d'avances, sous le titre de cheptel. Ces avances, nous les classons sous
la dénomination d'avances improductives, parce que, sauf l'intérêt de
dix pour cent prescrit par le paragraphe 5 de l'article 98, elles ne
produisent aucun bénéfice à l'entreprise de colonisation, et nous
classons, sous le titre d'avances productives, celles qui se rattachent
à l'industrie de l'élève du bétail, dont le produit est partagé entre le
colon et l'entreprise. Cette seconde catégorie d'avances, dite
productive, comprend 500 brebis, 20 vaches, 5 juments; elle est destinée
à augmenter la production au profit du colon et de l'entreprise, sous le
titre de cheptel.
C'est la première fois, à notre connaissance, que cette industrie est
ajoutée à l'industrie agricole du colon. Nous verrons, plus loin, dans
nos tableaux de calcul des produits, les grands bénéfices qu'elle
rapporte à l'entreprise; ce qui nous autorise à donner à notre système
de colonisation, celui de _système de colonisation organisée à
production élevée._ Nous évaluons le chiffre de la valeur des avances de
cette seconde catégorie à faire au colon à 5,500 francs, à 8,000 francs
pour chaque famille, y comprenant les 2,500 francs de la première
catégorie, et à 9,500 francs si nous ajoutons les 1,500 francs, montant
du passage des cinq membres de la famille du colon. Le transport du port
de débarquement à la colonie restant pour le compte du gouvernement
(article 104, paragraphe 4 de la loi sur la colonisation).--La somme des
avances s'élevant ainsi à 9,500 francs pour chaque famille, celle de
quarante familles, formant une colonie, s'élèverait à 380,000 francs, et
à 430,000 avec le magasin commercial à établir dans chaque colonie. Ce
capital 380,000 francs, remboursable après cinq ans, sera hypothéqué sur
les biens, meubles et immeubles du colon, et garanti, en outre, par les
vingt lieues carrées concédées par le gouvernement pour chaque colonie.
Quant au capital total à employer à l'entreprise de colonisation, nous
proposerons de l'élever à sept millions cinq cent mille francs pour
l'établissement de quinze colonies en cinq ans, trois chaque année, soit
1,500,000 francs pour chaque année. Les quinze colonies pourraient être
établies le long de la voie ferrée de l'ouest, entre le Rio-Quarto et la
ville de Mendosa, sur une étendue de cent dix lieues, ligne sur laquelle
on rencontre à peine dix centres de population.
Le capital de sept millions cinq cent mille francs pourrait être réalisé
par une société anonyme, moyennant une émission de 15,000 actions de 500
francs chacune, payable par annuités de cent francs, soit 1,500,000
francs, destinés à l'établissement de trois colonies par an, durant cinq
ans, et quinze colonies en cinq ans, avec le capital 7,500,000 fr.
Dans tous les cas, aucun appel de fonds ne serait fait qu'après
réalisation des contrats de concession de terres qui restent à notre
charge, et pour l'obtention desquels les dispositions nécessaires sont
déjà prises par nous, auprès du gouvernement national et provincial de
la République Argentine.
Construction de chemins de fer avec colonisation
dans les territoires nationaux
Cette classe d'opérations est bien plus importante que celle de la
simple colonisation dont nous venons de parler. Elle exige aussi
l'emploi d'un capital plus élevé. Mais comme, d'autre part, on ne peut
faire de la colonisation dans les vastes territoires de la République
Argentine sans chemins de fer, ni des chemins de fer sans colonisation
au travers de déserts, dépourvus de population, si fertiles, si beaux
qu'ils soient, la simultanéité de ces deux opérations s'impose. Aussi
est-ce sous ce point de vue que je vais les traiter.
Tout chemin de fer doit avoir pour objet l'utilité: autrement dit de
donner satisfaction aux intérêts économiques du pays qu'il relie ou
qu'il traverse: c'est-à-dire de développer son mouvement commercial,
industriel, agricole, et accroître ainsi sa richesse, sa prospérité, sa
puissance nationale; or, le chemin de fer qui est en première ligne
appelé à produire ces résultats, c'est, sans contre-dit, le chemin de
fer central du territoire de la Pampa, devant relier les deux grands
ports de mer de Saint-Antoine et de Bahia-Blanca aux provinces de
l'Ouest de la République. (Voir la carte ci-jointe à la fin de la
brochure.) Cette oeuvre, d'un haut intérêt, pour cette contrée, le
gouvernement argentin devrait, sans retard, mettre à l'étude cette
question et s'imposer tous les sacrifices nécessaires pour son
exécution. Le pays et les générations futures lui en seront
reconnaissants.
Le chemin de fer central de la Pampa comprend la ligne qui, partant de
Mercedes, ville de la province de Saint-Louis, se dirigerait vers le sud
pour aboutir au grand port de Saint-Antoine, sur l'Océan atlantique. Un
embranchement, partant de Poitagué, relierait ce chemin de fer au port
de Bahia-Blanca. Pris en totalité, ce chemin de fer aurait une étendue
de 175 lieues, entre Mercedes et le port Saint-Antoine, et de 215 en
ajoutant les 40 lieues de distance de Poitagué à Bahia-Blanca pour
l'embranchement. Ces 215 lieues à 300,000 francs la lieue[12]
porteraient la dépense à 64,500,000 fr., et à 72,000,000 de fr. en
ajoutant les 7,500,000 pour la colonisation.
Toutefois, cette grande ligne pourrait être entreprise partiellement,
par tronçons, de la manière suivante:
1º Ligne de Mercedes à Bahia-Blanca[13], longueur 110 lieues,
à 300,000 fr. la lieue....................... 33,000,000 fr.
Pour la colonisation........ 7,500,000
Total.......... 40,500,000 fr.
2º Tronçon de Mercedes à Poitagué, longueur 70 lieues à
300,000 fr. la lieue......................... 21,000,000 fr.
Pour la colonisation...... 7,500,000
Total...... 28,500,000 fr.
3º Tronçon de Mercedes au territoire national de la Pampa,
longueur 30 lieues, à 300,000 fr. la lieue... 9,000,000 fr.
Pour la colonisation......... 7,500,000
--------------
Total....... 16,500,000 fr.
4º Tronçon du port Saint-Antoine, à la vallée du Rio-Negro,
longueur 11 lieues, à 300,000 fr. la lieue... 3,300,000 fr.
Pour la colonisation......... 7,500,000
--------------
Total......... 10,800,000 fr.
Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du Rio-Negro serait
le moins coûteux et celui qui offrirait le plus vaste champ
d'exploitation pour la colonisation d'une vallée fertile d'une longueur
de 150 lieues sur une à six de largeur, avec un fleuve navigable sur
toute son étendue et voisine d'un port de mer appelé à devenir le plus
grand port de la contrée. En outre, le chemin de fer du port
Saint-Antoine au Rio-Negro monopolisera plus tard, par sa jonction avec
le Central de la Pampa, les transports de la Pampa et des provinces
argentines de l'ouest.
Toutes ces diverses entreprises ouvrent aujourd'hui un vaste champ
d'exploitation à la spéculation; toutes donneront de grands résultats.
Mais c'est la colonisation fondée sur les bases de notre système qui les
produira aux trois quarts. Que les capitalistes et les hommes
d'entreprises sachent bien que les nombreuses et grandes fortunes
acquises dans les États-Unis de l'Amérique du Nord, sont dues, en
général, aux spéculations sur la terre. Les immenses fortunes créées
dans la Californie ont eu pour origine, moins les mines d'or qui ne
tardèrent pas à s'épuiser, que les opérations sur la terre achetée
d'abord à vil prix et vendue, plus tard, pour des sommes énormes, le
jour où l'immigration se répandit dans le désert et qu'un chemin de fer
vint y donner la vie et répandre le mouvement. Pareil résultat est
réservé dans la République Argentine aux entreprises de colonisation
fondées sur de bonnes bases et combinées de manière à donner la
production la plus élevée possible, jointes ou non aux opérations de
chemins de fer. Nul ne peut en douter. Je dis plus, c'est que ce pays
est aujourd'hui l'unique au monde qui offre les conditions les plus
favorables pour ce genre d'entreprise.
CRÉATION DU CAPITAL.
Le capital, outillage agricole du travail du colon, étant indispensable
à celui-ci pour obtenir une plus grande production possible, nous avons
dû le comprendre dans notre système, comme agent nécessaire de
l'opération de colonisation.
On a cru longtemps, et des personnes croient encore aujourd'hui, qu'il
suffisait de faire une large concession de terres au colon et de lui
accorder quelques mesquines avances pour lui faciliter ce genre
d'entreprises. L'expérience a démontré le peu de résultat que ces
opérations donnaient. Si l'on veut que le colon produise tout ce que son
travail peut produire, il faut mettre sous sa main un outillage complet.
C'est ce que nous faisons aujourd'hui dans notre système de
colonisation.--Outre les cinquante hectares concédés, nous lui faisons
les avances suivantes: le passage d'Europe à l'Amérique du Sud,--une
habitation,--la subsistance de la famille durant la première année,--les
semences,--les outils et instruments de travail, les animaux de
labour,--et nous ajoutons à l'industrie agricole du colon, l'industrie
productive de l'élève du bétail. Le tout évalué à neuf mille cinq cents
francs, remboursables après cinq ans.
Soit donc, neuf mille cinq cents francs, la somme à dépenser
pour l'établissement de chaque famille agricole, composée
de cinq personnes au-dessus de dix ans, à......... 9,500 fr.
Le capital à employer pour une colonie de
quarante familles s'élèverait à................. 380,000
Plus cent vingt mille pour magasin commercial,
frais d'administration et réserve............... 120,000
soit............................................ 500,000
En limitant l'opération à trois colonies par
an, la dépense s'élèverait, par an, à......... 1,500,000
Et à sept millions cinq cent mille francs celle
de 15 colonies, durant une période de cinq
ans, à........................................ 7,500,000
Ce capital, étant remboursable par le colon après la cinquième année,
peut se réappliquer à une seconde période quinquennale pour
l'établissement de quinze nouvelles colonies. Voilà pourquoi, dans notre
système de construction de chemins de fer coloniaux, nous ne comprenons
que le chiffre de 7,500,000 francs pour les colonies à établir le long
des divers chemins de fer à construire. C'est donc un capital de
7,500,000 fr. qu'il s'agit de créer.
Or, comme l'institution d'une société anonyme se prête mieux à la
création de capitaux, nous avons adopté ce moyen, et nous conseillons de
fixer le capital de l'émission à 7,500,000 francs, à réaliser par une
émission de 15,000 actions de 500 francs chaque.--Mais comme le capital
7,500,000 francs ne doit s'employer que durant le cours d'une période de
cinq années pour l'établissement de 15 colonies, trois colonies par an,
soit 1,500,000 francs par an, nous divisons le paiement de l'action 500
francs en cinq coupons ou cinq annuités de 100 francs, à verser par an
durant cinq ans. Ainsi, le capitaliste qui prendrait les 15,000 actions,
n'aurait à payer, durant cinq ans, qu'une annuité de 1,500,000
francs.--Nous verrons, plus loin, les gros bénéfices que ce capital
rapporte dans les conditions établies par nous. Ce dont le lecteur
pourra se convaincre.
Soit donc, capital social...................... 7,500,000 fr.
à employer pour l'établissement de 15 colonies
en cinq ans.
Chiffre de l'émission, actions de 500 fr......... 15,000
à payer en cinq ans, par annuités, soit 100 fr.
Emploi annuel du capital pour fondation de
trois colonies................................. 1,500,000
Emploi, durant cinq ans, pour fondation de
15 colonies................................... 7,500,000[14]
_Garantie du capital_.--Ce capital est garanti: 1º par une hypothèque
sur tous les biens meubles et immeubles concédés au colon; 2º par les
300 lieues carrées concédées à l'entreprise, par les gouvernements
national ou provinciaux, 20 lieues par colonie (300 lieues pour 15
colonies), dont la valeur augmentera par le fait de la création d'un
centre de population.
Mais, me dira-t-on, le colon pourra-t-il payer le dix pour cent par an
et rembourser le capital de 11,400 francs, y compris la prime 1,900
francs, prescrite par la loi sur la colonisation? Ce doute n'est pas
permis, en présence de la grande situation qui est faite au colon,
possesseur, à cette époque, d'un domaine de cinquante hectares, d'une
maison, d'un outillage agricole, d'un nombreux troupeau de bétail de
plus de trois mille brebis, d'une centaine de vaches. Le troupeau seul
suffirait pour opérer le remboursement. Ne nous préoccupons pas de cela,
le colon saura bien trouver, dans ses économies accumulées, le capital
du remboursement et ne se laissera pas exproprier d'un domaine dont la
valeur dépassera le chiffre de la dette. Et d'ailleurs, y aurait-il
retard dans le remboursement, les vingt lieues carrées concédées à
l'entreprise ne sont-elles pas une garantie suffisante pour une créance
de cinq-cent mille francs par colonie[15].
TROISIÈME FACTEUR
Le travail, ayant pour agent, le colon chef
de la famille agricole.
Le troisième facteur dans l'oeuvre de colonisation des territoires
nationaux de la République argentine, c'est le travail du colon, chef de
famille agricole. C'est le cultivateur qui apporte à l'exécution de
l'oeuvre son plus puissant levier, le travail de la terre; c'est lui qui
fait surgir du sol les merveilles de la production et transforme les
déserts en centres de production, en foyer de richesse, de lumière et de
civilisation. Dans notre combinaison, c'est le travail du colon qui fait
la richesse du gouvernement, celle de l'entrepreneur capitaliste et la
sienne propre; le concours du gouvernement, celui de l'entrepreneur,
n'ayant d'autre objet que celui de préparer, de faciliter, les moyens
d'exécution, de favoriser le travail agricole et de lui permettre de se
développer avec toute sa puissance. Cet agent du travail agricole, le
colon, n'existe pas dans l'Amérique du Sud, où l'homme s'est livré à
l'industrie bien plus productive de l'élève du bétail. Il est donc de
toute nécessité d'aller le chercher là où il se trouve, c'est-à-dire en
Europe, où la population agricole est nombreuse, trop serrée, trop
compacte.
Mais le travailleur de la terre, si pauvre qu'il soit, n'émigre pas.
Ignorant s'il existe d'autres régions plus favorables à son industrie,
il continue à vivre pauvrement dans le village où il est né, où vivent à
côté de lui des parents, des amis. Et lorsqu'on voudra le faire sortir
de son engouement et de sa misère, pour l'élever à une situation
meilleure, il faudra aller à lui, l'instruire, l'éclairer, le
renseigner, lui faire connaître toutes les faces de l'entreprise qu'on
lui propose, et les conditions favorables qui lui sont accordées pour
améliorer sa position, et le placer sur la voie de la fortune. Il devra
être éclairé, non avec des tableaux exagérés et trompeurs et des
promesses illusoires, mais bien en lui exposant clairement, loyalement,
dans toute sa vérité, la nouvelle situation qui lui a été préparée, afin
qu'il puisse entreprendre avec connaissance et résolution, l'opération
qu'on lui propose, consigner, enfin, dans un contrat, les obligations
réciproques du cultivateur-colon et de l'entreprise, et les remplir
comme le feraient deux hommes sérieux et honnêtes, sans nécessité de
l'intervention des tribunaux.
De son côté, le travailleur agricole devant apporter à l'opération de
colonisation son travail élevé à une haute puissance, devra être choisi
parmi les cultivateurs des campagnes, connus par leurs habitudes
d'ordre, de travail et de moralité, et non pas le prendre au hasard,
comme cela se pratique dans la colonisation par l'émigration spontanée,
qui permet ainsi l'introduction dans les colonies d'éléments divers,
impropres à l'espèce de travail qu'elles comportent, sans activité, ni
intelligence, et, quelquefois, promoteurs de désordre dans les colonies.
Pour obtenir cet agent précieux de la colonisation, le bon, le laborieux
cultivateur, si pauvre qu'il soit, il sera nécessaire d'établir une
agence de recrutement sous la direction d'un homme intéressé au succès
de l'entreprise et chargé, sous sa responsabilité, de créer en Europe,
les sous-agences nécessaires. Le directeur du bureau de recrutement
devra, en outre, être chargé des opérations de transport d'Europe en
Amérique, opérations qui se lient, sous bien des rapports, avec celles
du recrutement. L'ordre et la plus grande exactitude devront être
apportés dans le mouvement de ces transports.
Un directeur des colonies devra également être établi dans la contrée où
se fonderont les colonies pour diriger sur les lieux et surveiller les
opérations coloniales, exécuter et faire exécuter les obligations
contractées. Un agent colonial, dans chaque colonie, sera chargé de la
direction du magasin commercial et de la surveillance de la colonie. Cet
agent sera placé sous la surveillance et le contrôle du directeur des
colonies.
Un agent général représentera l'entreprise dans la ville de
Buenos-Ayres, capitale de la République Argentine.
COMBINAISON DE L'OPÉRATION
Notre système de colonisation repose, comme on le voit, sur la
coopération de trois facteurs: 1º terre ayant pour agent le gouvernement
argentin qui la concède; 2º capital ou outillage du travail ayant pour
agent l'entrepreneur capitaliste; 3º le travail ayant pour agent le
colon, père de famille agricole, qui l'apporte. C'est donc une opération
coopérative, non pas dans le sens des utopistes socialistes qui
préconisent la coopération individuelle organisée, mais bien dans le
sens que la nature indique, celui de la coopération de trois forces
distinctes l'une de l'autre, de trois agents indépendants qui
s'associent librement pour l'exécution d'une oeuvre dont le produit doit
être partagé entre eux. Ce genre de coopération rentre dans le cercle
des principes économiques.
La loi argentine sur la colonisation est conçue aussi sur la coopération
de ces trois agents; seulement, ici, le gouvernement fournit les deux
facteurs _terre_ et _capital_ et le colon le travail; c'est-à-dire, que
le gouvernement prend à sa charge l'action des deux premiers agents,
gouvernement et entrepreneur capitaliste, pendant qu'il devrait rester
dans son vrai rôle d'agent gouvernemental. Ce système a été qualifié de
colonisation officielle, que condamnent des économistes éminents
argentins. Notre combinaison, en réduisant l'action gouvernementale à
son unique et véritable rôle, consiste donc dans l'application de la
formule suivante, établie par nous, comme axiome fondamental de la
science économique: Terre + travail + capital (^m) = production (^m).
C'est-à-dire, terre adjacente à un chemin de fer.--Travailleur agricole
choisi et réunissant les aptitudes nécessaires;--entrepreneur
capitaliste fournissant un outillage complet, plus le capital
Cheptel.--La résultante sera: production élevée.
Toutefois, il ne suffit pas au facteur _terre_ de comprendre une grande
extension de vingt lieues carrées pour l'entrepreneur, de cinquante
hectares pour le colon, et de posséder à son côté un chemin de fer pour
l'écoulement des denrées, il était essentiel qu'il offrît aussi les
conditions hygiéniques nécessaires pour protéger l'existence du colon.
Or, sous ce rapport, la République Argentine ne laisse rien à désirer.
Le territoire des Pampas situé entre les 34ème et 40ème degrés de
latitude Sud, jouissant d'un climat tempéré, pareil à celui du midi de
la France, de l'Espagne, de l'Italie... rafraîchi par les brises de
l'Océan Atlantique, protégé à l'Ouest par les Cordillières... offre au
point de vue de la salubrité du climat toutes les garanties hygiéniques
désirables. Les institutions politiques et administratives du pays se
rapprochent de celles des pays libres de l'Europe, la religion
catholique y est généralement pratiquée et toutes les autres y sont
libres.
Quant à la puissance du facteur _capital_, nous l'élevons en ajoutant au
capital agricole celui du cheptel en vue d'augmenter la production. Or,
tout le monde sait la richesse que produit l'élève du bétail dans la
République Argentine, où cette industrie est créée sur de vastes
étendues de domaines à pâturage sans frais de construction d'étables, ni
d'emmagasinage de fourrage, le bétail s'alimentant par le pacage et
vivant continuellement dehors[16].
Pour faciliter l'intelligence de notre combinaison, nous allons
l'exposer en quelques articles clairs et précis qui pourront servir pour
la rédaction des statuts aux entreprises particulières de colonisation
dans la République Argentine.
BASES
Pour servir à la rédaction des statuts pour les
entreprises de colonisation dans la République Argentine.
Article 1er.--Des entreprises de colonisation se feront dans les
territoires nationaux et provinciaux de la République Argentine en vue
de l'extinction du paupérisme agricole européen, dans les conditions
établies dans le projet ci-exposé.
Art. 2.--À cet effet, des contrats seront passés avec le gouvernement
National et les gouvernements provinciaux argentins, par l'intermédiaire
de notre fondé de pouvoirs à Buenos-Ayres, seul ou accompagné d'un agent
spécial de l'entreprise.
Art. 3.--Ces entreprises comprendront la fondation des colonies
séparément ou conjointement avec la construction des chemins de fer.
Art. 4.--Les chemins de fer de cette classe à construire, sont:
1º La ligne centrale de la Pampa de Mercedes au port Saint-Antoine, 175
lieues;
2º La ligne de Mercedes à Bahia-Blanca par Pontiagué, 110 lieues;
3º Le chemin de fer de Mercedes à la limite de la Pampa, 25 lieues;
4º Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du Rio-Negro, 11
lieues.
Art. 5.--L'entreprise du chemin de fer devra se faire avec la condition
d'un sept pour cent de garantie d'intérêt du capital employé à la
construction, avec concessions de terrains dont la contenance sera
débattue avec le gouvernement.
Dans le cas de jonction des deux opérations, construction de chemin de
fer et colonisation, cette dernière se fera conformément aux bases
établies dans le présent projet.
Des entreprises de colonisations, séparées des
opérations de chemin de fer.
Art. 6.--Les entreprises de colonisation séparées de celles de chemin de
fer pourront se faire:
1º Par une grande institution de crédit déjà fondée;
2º Par une société anonyme spéciale de colonisation argentine à fonder;
3º Par une banque Franco-Argentine à fonder;
4º Par une compagnie ou société en commandite;
5º Par de simples particuliers pour les opérations de colonisations
réduites.
Entreprise par une société anonyme spéciale de colonisation.
Art. 7.--Une société anonyme, sous le titre de...... sera établie
à......
Elle aura pour objet la colonisation dans les territoires nationaux et
provinciaux de la République Argentine.
Art. 8.--Les vingt premiers adhérents à notre système de colonisation
seront réputés fondateurs de l'entreprise, après nous avoir manifesté,
par écrit, leur adhésion à notre projet et leur intention de prendre une
part active à l'exécution de l'oeuvre.
Art 9.--Les fondateurs de ladite société éliront une commission
provisoire chargée de rédiger les statuts de la société; celle-ci
nommera un directeur du bureau, également provisoire, un trésorier et
d'autres employés, s'ils sont nécessaires.
Art. 10.--Il ne sera fait d'émission, ni constitution définitive de
société, qu'après que la commission provisoire aura été mise en
possession des contrats passés avec le gouvernement national argentin ou
les gouvernements provinciaux, opération qui reste à la charge de
l'auteur du présent projet de colonisation.
Art. 11.--Aussitôt après avoir été mise en possession des contrats, la
commission provisoire fixera le chiffre de l'émission et procèdera à la
constitution définitive de la société.
Art. 12.--Dans le cas où la société se constituerait pour la fondation
de QUINZE colonies, durant la période de cinq années, le chiffre de
l'émission restera fixé à 7,500,000 francs. L'emploi de ce capital se
fera dans l'ordre suivant:
1re année... 1,500,000 fr., pour la fondation de 3 colonies.
2e année.... 1,500,000 id. 3 id.
3e année.... 1,500,000 id. 3 id.
4e année.... 1,500,000 id. 3 id.
5e année.... 1,500,000 id. 3 id.
7,500,000 fr. 15 colonies.
Art. 13.--Pour réaliser le capital 7,500,000 francs, il sera fait une
émission de quinze mille actions (15,000) de 500 francs chacune,
payables par annuités de cent francs, le 15 janvier de chaque année,
durant cinq ans.
Emploi du capital social 7,500,000 francs.
Le capital social 7,500,000 francs est spécialement destiné à
l'établissement des colonies dans les territoires nationaux et
provinciaux de la République Argentine, et aux frais nécessaires au
fonctionnement de la société anonyme. C'est ce capital qui constitue le
second facteur de notre système de colonisation, facteur puissant
lorsqu'il complète l'outillage du travail, et qui avec la terre du
gouvernement et le travail du colon concourt à réaliser la production.
Ce capital garanti par un hypothèque, revient au capitaliste-actionnaire
ou entrepreneur, après être passé durant cinq ans dans les mains de la
famille agricole du colon, et avoir produit des bénéfices considérables
par son application à l'industrie si productive de l'élève du bétail, en
dehors du dix pour cent d'intérêt qu'il comporte, d'une prime de vingt
pour cent sur le capital avancé, 9,500 fr., et de la valeur accrue d'un
terrain de vingt lieues carrées par colonie.
Art. 14.--Les avances à faire à chaque famille agricole composée de cinq
personnes sont les suivantes:
_1e Catégorie.--Avances improductives devant être
remboursées après cinq ans._
{ A.--Maison d'habitation,
{ comprenant deux pièces 1,500 fr.
{
{ B.--Farine pour la subsistance
{ d'une famille agricole,
{ durant la première année,
{ 5 balles de 100 kilos 250
{
{ C.--Semences
{ { Froment, 2 hect. 50
{ { Maïs, 1 hect. 15
{ { Pommes de terre, 2 hect. 30
{ { Orge ou avoine, 2 hect. 30
{
{ D.--Un char à quatre roues. 500
{
{ E.--Une charrette, ou un tombereau
{ à deux roues 100
{
{ F.--Une charrue en fer 30
---------------------
2,500 fr.
Les autres ustensiles et outils agricoles ainsi que les objets de
ménage, le colon pourra les acheter au magasin de commerce établi par
l'entreprise dans chaque colonie.
_2e Catégorie.--Avances productives, livrées à
titre de cheptel, avec partage par moitié du
produit entre le colon et l'entreprise;
remboursables après cinq ans._
{ A.--Brebis, 500, à 7 fr. chaque 3500
{ 3 béliers comm. 150
{ 1 bélier, Rambouilles,
{ Negrets ou Southdowns 400
{
{ B.--Vaches, 20, à 50 fr. chaque. 1,000
{ Taureau, 1, à 100 fr. 100
{
{ C.--Juments, 5, plus un cheval
{ étalon[17] 350
-------
5,500 fr.
Passage d'Europe en Amérique, cinq
personnes, à 300 fr. chaque 1,500
---------------------
Total des avances pour une famille 9,500 fr.
---------------------
Total pour une colonie de 40 familles 380,000 fr.
---------------------
Total pour 3 colonies à établir annuellement 1,140,000 fr.
Établissement de 3 magasins commerciaux 70,000
Frais d'administration 90,000
Réserve 200,000
---------------------
Total 1,500,000 fr.
Art. 15.--La somme de neuf mille cinq cents francs sera remboursée à
l'entreprise après cinq ans dans le courant des deux premiers mois de la
sixième année avec la prime vingt pour cent (1,900 fr.) soit au total
11,400 francs, sans préjudice du dix pour cent à payer chaque année
conformément au paragraphe 5 de l'article 98 de la loi sur la
colonisation.
Art. 16.--Durant le cours de la sixième année, il sera procédé par
l'entreprise, si celle-ci le juge utile, à la vente du terrain colonial
concédé en dehors de ceux cédés aux colons dont les titres de propriété
leur seront délivrés à la même époque.
Art. 17.--Les opérations continueront ainsi successivement, par période
de cinq ans, en appliquant le capital remboursé à la fondation de
nouvelles colonies, jusqu'au jour où la société décidera, en assemblée
générale, vouloir terminer son oeuvre et se mettra en liquidation.[18]
Entreprises de colonisation par compagnies
ou sociétés en commandite.
Art. 18.--Les compagnies ou sociétés en commandite qui désireraient
entreprendre des opérations de colonisation sur une moins grande échelle
et sur les mêmes bases, pourront adresser leur déclaration à l'auteur du
présent projet, qui s'empressera de leur fournir les renseignements
nécessaires et son concours pour l'exécution de l'opération.
Entreprises de colonisation particulière
Art. 19.--Comme il m'est arrivé de rencontrer des propriétaires
argentins qui demandaient à établir des colonies réduites à vingt et
même dix familles, avec la condition de se réserver la moitié du terrain
colonial, soit cinq lieues sur dix, ou deux lieues et demi sur cinq; les
capitalistes qui désireraient entreprendre la colonisation sur ces
bases, pourront m'adresser leur proposition, je donnerai immédiatement
des ordres à mon fondé de pouvoir, à Buenos-Ayres, pour passer des
contrats de cette classe.
TROISIÈME FACTEUR
Le travail agricole.
Le troisième facteur qui reste à élever à sa haute puissance, par un bon
choix et avec des procédés qui donnent confiance et crédit à
l'opération, c'est le travail du cultivateur colon, chef de famille
agricole. Ce choix devra être confié à un homme sérieux, honorable et
dévoué à l'entreprise. Son titre sera celui de directeur général du
bureau de recrutement et des transports maritimes d'Europe à l'Amérique
du Sud.
Recrutement des colons.
Art. 20.--À cet effet il sera établi dans la ville de... un bureau
spécial de recrutement de colons sous la direction d'un directeur
général, lequel pour être aidé dans ses opérations pourra créer sous sa
responsabilité des agents dans les chefs-lieux de départements français
et les diverses provinces en Europe.
Art. 21.--Les frais du bureau de recrutement, y compris les
appointements du directeur et des agents, seront fixés par le conseil
d'administration de la société de colonisation.
Art. 22.--Le directeur du bureau de recrutement et ses agents auront
pour mission:
1º De faire connaître l'objet de l'entreprise, ses moyens d'exécution,
les conditions exigées des colons pour être admis;
2º De fournir toutes les explications exactes et véritables, nécessaires
au colon, pour qu'il se décide librement et en toute connaissance, à
entreprendre l'opération de colonisation;
3º Publier, à cet effet, des brochures, des circulaires, articles de
journaux, sous sa responsabilité;
4º Faire connaître dans ces publications les conditions hygiéniques et
climatériques du pays à coloniser, ses zones terrestres, les
institutions politiques, administratives, judiciaires, qui le régissent,
les bénéfices que peuvent lui rapporter les industries agricoles et de
l'élève du bétail; enfin tout ce qu'il importe au colon de connaître
pour entreprendre l'opération proposée;
Art. 23.--Le directeur général du bureau de recrutement remettra à
chaque colon, chef de famille, avant son embarquement une feuille
d'engagement, extraite d'un livre à souche, comportant un numéro
d'ordre, les noms et prénoms du colon et des membres de sa famille, leur
âge, le lieu de leur résidence. Elle comprendra aussi les obligations
réciproques du colon et de l'entreprise, et au bas les signatures du
colon et du directeur de l'entreprise.
Il suffira au colon de présenter la feuille d'engagement pour être admis
à la colonie. Copie en sera adressée au directeur général des colonies.
Art. 24.--Les frais de transport d'Europe à la République Argentine
seront à la charge de l'entreprise, et ceux du port argentin de
débarquement à la colonie, à la charge du gouvernement argentin,
conformément aux articles 88 et 89, et du paragraphe 4 de l'article 104
de la loi sur la colonisation. Le montant de ces avances de passage sera
remboursé par le colon aux époques déterminées par le contrat.
Art. 25.--Le colon, chef de famille agricole, représente celle-ci dans
tous les actes et obligations qui lui incombent.
Art. 26.--La famille agricole se composera de cinq membres, au moins
âgés de dix ans. Les enfants au-dessous de dix ans ne compteront pas
pour l'entreprise, mais ils pourront accompagner la famille et suivre
leurs parents.
Art. 27.--Deux familles séparées pourront s'associer pour former un
groupe de famille au nombre de cinq membres au moins. Ils auront la
faculté de rompre, plus tard, l'association en se partageant la
concession de terrain et les avances à elles faites. Mais elles
resteront solidaires de leur engagement, vis-à-vis l'entreprise.
Art. 28.--Deux mois avant le départ des colons d'Europe, le directeur
général de l'entreprise de colonisation enverra l'ordre au directeur des
colonies de préparer les lots de cinquante hectares chaque à distribuer
aux colons, avec leurs limites et bornage. Le lot portera un numéro
d'ordre. Cette opération terminée, il sera procédé à la construction des
maisons d'habitation composées chacune de deux pièces de quatre mètres
carrés de surface, avec un corridor intermédiaire.
Art. 29.--Immédiatement après l'arrivée des colons sur les lieux, les
lots seront tirés au sort et chaque colon prendra possession de celui
que lui aura désigné le sort. On lui délivrera, ensuite, les avances de
la première catégorie, telles que farine, semences, une charrue, un
char.... Durant les quinze jours qui suivront, les colons recevront les
avances de la seconde catégorie, à titre de cheptel, savoir: 500 brebis,
avec trois béliers, 20 vaches et un taureau, cinq juments. La
distribution se fera par tirage au sort, par lots d'animaux.
Art. 30.--Deux fours à cuire le pain seront construits d'avance dans
chaque colonie, un pour la section de droite, l'autre pour la section de
gauche.
Art. 31.--Dans chacune des colonies, l'entreprise établira un magasin
commercial comprenant des outils aratoires et ustensiles de ménage,
quincaillerie, objets de consommation; enfin, toute marchandise ou
denrée que l'entreprise jugera utile de livrer en vente. Un crédit de
six mois sera accordé aux colons.
Art. 32.--Chaque colon sera obligé de cultiver et de maintenir en état
de culture, à partir de la première année, pour le moins quatre hectares
de terrain sur les cinquante qui lui sont concédés et de clore la partie
cultivée soit en bois, soit en fil de fer, restant libre, pour le
surplus, d'en cultiver la contenance qu'il lui conviendra.
Art. 33.--Tout colon qui ne cultiverait pas la contenance ci-dessus
indiquée dans l'article précédent, ou qui ne donnerait pas à l'élève du
bétail les soins qui leurs sont dus, ou qui serait une cause de désordre
dans la colonie, la concession du terrain et les avances à lui faites
lui seront retirées et il sera expulsé de la colonie. Toutefois, le fait
devra être attesté par dix colons tirés au sort et confirmé par un
rapport du directeur des colonies; seul, l'agent général, représentant
de l'entreprise, aura droit de prononcer l'exclusion.
Art. 34.--Tout le produit du sol, celui des animaux de basse-cour et de
toute autre industrie, appartiendra au colon; seul, le produit cheptel
des brebis, vaches, chevaux, sera partagé entre ce dernier et
l'entreprise.
Art. 35.--Les mâles des trois classes d'animaux spécifiés ci-dessus,
ayant acquis un an d'âge, seront partagés, chaque année et livrés à la
vente durant cinq ans, c'est-à-dire, pendant le cours de six années,
entre le colon et l'entreprise. La laine des brebis sera également
partagée durant les cinq premières années.
Art. 36.--Durant les cinq premières années, le colon paiera à
l'entreprise un dix pour cent du montant des avances 9,500 francs, soit
950 francs par an, conformément aux prescriptions du paragraphe 5 de
l'article 98 de la loi sur la colonisation.
Art. 37.--Après cinq ans, durant les deux premiers mois de la sixième
année, le colon remboursera à l'entreprise le montant des avances 9,500
francs, avec une prime de 20 pour cent, soit 1,900 fr., en total: 11,400
fr., conformément au paragraphe 5 de l'article 98 précité.
Art. 38.--Une fois le règlement fait et le remboursement du montant des
avances opéré, l'agent général de l'entreprise aux colonies délivrera à
chaque colon, chef de famille, un titre de propriété dûment légalisé.
Après quoi le colon restera maître absolu, non seulement du terrain, de
la maison, du mobilier, mais encore des animaux qui se trouveront dans
son domaine; restant libre et dégagé de tout compromis avec l'entreprise
de colonisation.
Art. 39.--Les colons seront soumis aux lois et institutions de la
République Argentine sous l'autorité d'un juge de paix, chargé de les
faire exécuter.
Art. 40.--De même que dans les autres centres de population de la
République Argentine, les colons constitueront un conseil municipal
chargé de l'administration des affaires communales de la colonie: le
service religieux, l'instruction primaire, restant à la charge du
gouvernement National ou provincial.
Art. 41.--Un directeur général des colonies, nommé par l'entreprise,
assisté d'un inspecteur, surveillera, contrôlera et dirigera les
affaires coloniales de l'entreprise. Un agent général représentera
celle-ci dans le pays.
Disposition et distribution des colonies le long des chemins de fer
à construire, dans les territoires nationaux.
Art. 42.--En attendant qu'il soit ajouté à la loi de colonisation un
titre 8 réglant la colonisation le long des chemins de fer, l'entreprise
se conformera à l'article 104 de la loi qui détermine le nombre de cent
vingt-cinq familles à établir dans chaque section de terrain concédé de
vingt-cinq lieues chaque; disposition qui n'apporte pas un changement
irréalisable pour notre projet, et qui d'ailleurs n'est applicable
qu'aux territoires nationaux. Les gouvernements provinciaux restant
libres de passer des contrats sur d'autres bases qui seraient plus
conformes à leurs intérêts.
Les colons des territoires nationaux seront exempts de la contribution
directe durant dix ans. Art. 114 de la loi.
Disposition des colonies dans les territoires provinciaux.
Art. 43.--Il sera passé des contrats de colonisation avec les
gouvernements provinciaux dans les conditions suivantes:
1º Établissement d'une colonie de quarante à quatre-vingts familles,
pour chaque concession de vingt lieues carrées le long d'un chemin de
fer,
2º Établissement de vingt à quarante familles pour une concession de dix
lieues carrées.
Les autres conditions comme ci-dessus dans nos dispositions générales.
Disposition de colonies avec des propriétaires de terrain.
Art. 44.--Les propriétaires particuliers qui demanderont à établir des
colonies sur leur terrain propre pourront le faire aux conditions
formulées dans l'article précédent, même en réduisant la concession à
cinq lieues pour dix à vingt familles. Par exception pour les
propriétaires de cette dernière catégorie, la moitié du terrain concédé
restera leur propriété après la cinquième année, et en disposeront pour
la vente ou leur usage, comme bon leur semblera.
AVANTAGES ET BÉNÉFICES
À répartir aux trois agents de la production:
Gouvernement,--Colon,--Entrepreneur-capitaliste.
En toute opération productive et surtout dans celles qui ont une grande
portée, les principes d'une bonne morale et ceux de la science
économique prescrivent une équitable répartition des bénéfices entre les
agents qui concourent à son exécution. C'est fondé sur ces principes que
nous procédons à la répartition des avantages et bénéfices entre les
trois agents qui concourent à l'oeuvre de la colonisation, gouvernement
argentin,--colon européen,--entrepreneur-capitaliste, autrement dit
entre les trois facteurs: _Terre, travail, capital_.
Notre système de colonisation organisée à production élevée comporte
deux opérations distinctes, celle de la colonisation proprement dite,
qui consiste à l'exploitation de la terre, et celle de l'élève du
bétail. À la première de ces industries concourent le gouvernement et le
colon; à la seconde le colon et l'entrepreneur-capitaliste qui fournit
le capital des avances. Les avantages et bénéfices de la première de ces
deux industries sont attribués au gouvernement et au colon seulement;
les bénéfices de la seconde sont partagés entre le colon et
l'entrepreneur-capitaliste. Définie ainsi la coopération des trois
agents, nous allons procéder à la répartition des avantages et bénéfices
entr'eux, tout en faisant une large part au colon.
Avantages que recueille le gouvernement argentin de notre
système de colonisation.
Tout d'abord nous simplifions la coopération du gouvernement en
réduisant son concours à celui d'une simple concession de terres, le
dégageant de toute dépense à faire pour avances au colon, et réservant
le capital qu'il emploie aujourd'hui à cet objet pour l'appliquer à la
construction de chemins de fer dans les territoires nationaux pour la
garantie d'un sept pour cent d'intérêt du capital à employer à cette
oeuvre d'une grande portée économique.
La colonisation officielle a rempli son rôle d'initiative et
d'expérimentation, le gouvernement argentin peut abandonner aujourd'hui
la continuation de l'oeuvre à l'industrie privée, en ajoutant à la loi
de colonisation un chapitre 8 ayant pour titre «des colonies à établir
le long du chemin de fer.» Chapitre pour la rédaction duquel pourront
servir de base les quelques articles que nous avons indiqués dans le
cours de cette publication. (Voir page 24.)
Libre de tout engagement avec les colons, déchargé des dépenses que
nécessite l'opération et des embarras de l'administration coloniale,
charges qui incombent aux entreprises de colonisation, le gouvernement
argentin verra s'accomplir sur une vaste échelle l'oeuvre de la
colonisation, si importante pour la prospérité et l'accroissement de
puissance de son pays. Des colonies nombreuses s'établiront dans ses
vastes et fertiles territoires; de nouveaux centres de consommation et
de production se multiplieront; le mouvement et la vie se répandront
dans ces immenses solitudes; et avec eux s'accroîtront la population et
la richesse. La terre des environs augmentera de valeur et deviendra une
source de revenus incalculables pour le trésor national; le commerce,
l'industrie, les arts se développeront dans ces nouveaux centres de
population, de consommation et de production de matières premières qui
iront alimenter les ports, sur l'Océan Atlantique, de Saint-Antoine et
de Bahia-Blanca, dont le mouvement commercial ne tardera pas à prendre
un mouvement inespéré, le jour où le chemin de fer central de la Pampa,
traversant ce vaste territoire, les mettra en communication directe avec
le Chili et les provinces de l'Ouest.
BÉNÉFICES DE L'ENTREPRISE
AUTREMENT DIT DU FACTEUR CAPITAL
Le capital, sans lequel la colonisation, paralysée dans son action, par
défaut d'outillage, ne peut donner que des résultats insignifiants, ou
des insuccès affligeants, est représenté dans notre système de
colonisation à production élevée par l'entrepreneur-capitaliste. Ce
capital, nous l'avons proportionné à l'ample concession de terre, de 20
lieues carrées, faite par le gouvernement et à la masse de travail que
fournit une famille de cinq membres au moins; nous avons voulu qu'il fût
complet (9,500 francs par famille). Aussi avons-nous dû lui faire une
large part dans les bénéfices. Ces bénéfices proviennent de deux
sources: 1º ceux que lui attribue la loi sur la colonisation, savoir,
concession de terre (20 lieues) un dix pour cent d'intérêt annuel, plus
une prime de vingt pour cent sur le capital employé, soit 1,900 francs
sur 9,500; 2º ceux qui proviennent de l'industrie du bétail, laquelle
pour la première fois se trouve ajoutée à l'industrie agricole du colon;
ce sont les bénéfices qui proviennent de cette double source que nous
allons évaluer. Soit donc: 1º bénéfices attribués par la loi à
l'entrepreneur-capitaliste. (Art. 98.)
A--Concession de terre, 25 lieues carrées (art. 65, 98, 104),
que nous réduisons à 20 lieues.
B--Intérêt de dix pour cent à payer
annuellement par le colon, ci 950 fr.
C--Prime de vingt pour cent 1,900 francs.
à ajouter au capital 9,500, ci 9,500 francs.
--------------
Soit ensemble 11,400 francs.
Ces bénéfices attribués par la loi de colonisation argentine au capital
seraient déjà une rémunération suffisante. Mais voulant tirer parti de
la grande étendue de terre à pâturage concédé par le gouvernement et du
nombre de travailleurs que fournit la famille agricole, nous ajoutons à
l'industrie agricole du colon, celle de l'élève du bétail si productive
dans ces contrées à pâturage et à grands domaines, dont la contenance
s'évalue par lieues carrées. Nous avons créé cette industrie sur le pied
de 500 brebis, 20 vaches, 5 juments, pour chaque famille, soit pour une
colonie de quarante familles 20,000 brebis, 800 vaches, 200 juments, et
pour trois colonies à établir chaque année, 60,000 brebis, 2,400 vaches,
600 juments. Le produit devant être partagé par moitié entre le colon et
l'entreprise; il s'agit maintenant d'évaluer la somme des bénéfices que
cette industrie procurera à l'entreprise.
Observons d'abord que nos troupeaux des trois espèces d'animaux, brebis,
vaches, juments, augmentent en nombre chaque année de cinquante pour
cent environ par l'adjonction aux mères des femelles nées dans l'année
et qui deviendront mères l'année suivante; or ce chiffre s'élève
généralement à la moitié des naissances. Nous aurons ainsi sur les 500
agneaux nouveau-nés 250 femelles à ajouter aux 500 mères, soit 750
femelles pour la production de la seconde année, 1,125 pour celle de la
troisième; ainsi progressivement pour les années suivantes. Même
progression à appliquer aux vaches et juments. Nous avons donc une
progression croissante des produits partant des bénéfices; et cela sans
augmentation de frais; le pacage de vingt lieues carrées étant immense,
et les animaux vivant nuit et jour dehors ne nécessitant pas de
constructions d'étables. Appliquant la même progression aux mâles à
livrer chaque année à la vente à l'âge d'un an, nous obtenons pour la
première année 250 moutons, 375 pour la deuxième, 563 pour la troisième,
814 pour la quatrième, 1,765 pour la cinquième. Le prix ordinaire à cet
âge étant cinq francs, on peut évaluer le produit annuel. Appliquant le
même procédé de progression aux produits de la laine, des veaux et des
poulains de deux ans, et réunissant leur somme à celle déjà calculée des
agneaux, nous arrivons à avoir pour production de la première année,
pour chaque famille, 2,300 fr.; pour la seconde année 3,475 fr.; pour la
troisième 5,240 fr.; pour la quatrième 7,830 fr.; pour la cinquième
14,205 fr. Soit total de la production cheptel d'une famille durant cinq
ans 33,050 fr. Déduisant maintenant de ce chiffre le dixième pour
pertes, soit 3,305 fr., il reste 29,745 fr. à partager entre le colon et
l'entreprise, soit 14,872 fr, pour chacun d'eux pour les cinq années.
Chaque famille produisant 14,872 francs de cheptel à l'entreprise
en cinq ans, les 40 familles, composant une colonie
produiront 594,880 fr., ci., 594,880 fr.
À ce chiffre, nous devons ajouter les femelles
des trois races ovine, bovine et chevaline,
conservées pour la reproduction dont la valeur
s'élève, pour la race ovine, à 341,600 fr.;
pour la race bovine, à 117,000 fr., et pour la
race chevaline, à 3,200 fr., soit, valeur en
francs, des produits des femelles des trois races. 461,800
Il nous reste à ajouter, à la somme de ces
bénéfices, la valeur des 19 lieues carrées sur
20, concédées par le gouvernement, soit un
minimum de dix mille francs la lieue, on
aura, 190,000
----------
Soit, total des bénéfices cheptel produit à
l'entreprise, pour une colonie de 40 familles
(200 personnes) 1,246,680
(_Voir les tableaux du calcul des bénéfices à l'Appendice_).
Pour trois colonies à établir chaque année
× 3 = 3,740,040
avec le capital 1,500,000 fr.
Pour quinze colonies à établir en cinq
ans × 15 = 18,700,200
avec le capital 7,500,000 fr.
------------
Les chiffres qui représentent ici les bénéfices de l'industrie du
bétail, pour le compte de l'entreprise, n'offrent certainement pas
l'exactitude désirable, ce qui est impossible à obtenir quand on opère
sur des produits de valeur variable dans leur cours commercial. Ces
chiffres se traduiront par un plus ou un moins dans la réalité. Ce qui
est certain, c'est que le produit de vingt mille brebis, pour chaque
colonie, celui de huit cents vaches et de deux cents juments, avec leur
reproduction croissante de cinquante pour cent l'an, sera toujours
considérable, quelque diminution qu'on fasse subir à mon appréciation.
Ni les critiques malveillantes, ni le calculateur le plus sévère, ne
pourront contester ce grand résultat. Nous avons indiqué le procédé de
calcul à suivre pour l'évaluation des produits du cheptel. Que nos
lecteurs veuillent bien se livrer à une étude attentive de la matière,
et ils reconnaîtront que nous sommes restés éloignés de toute
exagération.
Maintenant, si l'entreprise, se contentant du dix pour cent d'intérêt
pour le capital employé et de la prime vingt pour cent qu'accorde la loi
argentine sur le capital, se décidait à élargir le cercle de ses
opérations, en appliquant à la construction des chemins de fer coloniaux
les bénéfices produits par le cheptel, ce qui est possible à exécuter,
on arriverait à construire, avec le capital de dix-huit millions de ces
bénéfices, environ soixante lieues de chemins de fer, celui de Mercedes
à Poitagué, par exemple, à continuer, plus tard, avec les mêmes
ressources, jusqu'au port de Bahia-Blanca.
Le gouvernement argentin accordant une garantie d'intérêt de sept pour
cent aux capitaux affectés à cette classe de travaux publics,
l'entreprise bénéficierait ainsi d'une somme d'intérêt s'élevant à
1,402,254 francs par an, une fois la construction terminée, tout en
restant propriétaire d'une voie ferrée de soixante lieues. Dans ces
conditions, à quel chiffre s'élèveront les actions de l'émission
7,500,000 francs, appliquées à l'opération de colonisation? Je laisse la
réponse à faire aux spéculateurs habituels de négociations de titres
industriels à la Bourse.
Avantages et Bénéfices du Colon.
Le troisième agent de notre oeuvre de colonisation à production élevée,
c'est le colon, qui, avec sa famille, apporte à son exécution le
puissant levier de la production, le travail, troisième facteur de notre
formule économique. Le colon a donc un droit incontestable à la
répartition de la richesse produite avec son concours. Cette part de
richesse doit lui être accordée libéralement, largement, car c'est lui
qui crée cette richesse avec ses bras et son intelligence, le capital
n'étant que l'instrument du travail et la terre la matière à élaborer.
Nous dirons même que le principal objet du colonisateur doit tendre à
assurer la richesse du colon, car, de ce résultat ressortiront le
prestige de l'opération, le succès de l'entreprise, la solution du grand
problème d'économie sociale, l'_extinction du paupérisme agricole
européen_.
Dans notre mode de répartition des profits, il est accordé au colon des
avantages importants et des bénéfices grands et assurés:
1º Les avantages sont les suivants:
Avance de passage d'Europe aux colonies argentines;
Concession après cinq ans, à titre de propriété, d'un domaine de
cinquante hectares, avec une maison d'habitation composée de deux
pièces;
Avance de farines pour la subsistance de la famille durant la première
année, des semences, une charrue, un char à quatre roues.....
Livraison, à titre de cheptel, de troupeaux d'animaux, savoir: 500
brebis, -- 20 vaches, 5 juments, dont la moitié du produit lui
appartiendra;
Le colon sera placé près d'un chemin de fer, conséquemment, transport
facile des personnes, des marchandises, des produits agricoles aux
grandes places commerciales et aux ports de mer de Buenos-Ayres,
Bahia-Blanca, Saint-Antoine.
Il jouira des mêmes avantages sociaux qu'en Europe, de la liberté et de
l'administration communale; avec une école pour l'instruction des
enfants, une église pour ses pratiques religieuses;
Chaque colonie sera pourvue d'un magasin commercial pour la vente de
divers denrées, de ferretterie, de quincaillerie, d'ustensiles de ménage
et d'outils agricoles;
Il sera exempt, pendant dix ans, de la contribution directe (article 114
de la loi de colonisation);
Il sera libre dans son industrie, avec la seule condition de remplir les
obligations du contrat.
2º Les bénéfices sont les suivants; ils résultent de la situation
avantageuse faite au colon:
Tout le produit de l'industrie agricole et de tout autre appartiennent
au colon;
La moitié du produit de l'élevage du bétail lui appartient durant cinq
ans; nous avons vu plus haut que le chiffre de la moitié de ce produit
pouvait être calculé à 14,000 francs pour les cinq ans.
Nous terminons ici l'exposition de notre système de colonisation à
production élevée, à appliquer aux territoires immenses et de fertilité
reconnue de la République Argentine. L'objet de notre travail consiste à
ouvrir au cultivateur pauvre européen, une voie de salut praticable,
facile à parcourir, qui lui permette d'échapper au goufre béant de la
misère vers lequel il est entraîné, et de s'élever par son travail à
l'aisance pour lui, à la fortune pour ses enfants. À cet effet, le
gouvernement argentin nous offre libéralement, largement, la terre: ce
qui est beaucoup, car cette libéralité est le pivot de notre
combinaison, sa grande étendue permettant au capital d'élever son action
productive à un degré de rémunération tel que toute autre opération ne
saurait atteindre, et cela par le fait de l'adjonction à l'industrie
agricole du colon, de l'industrie de l'élève du bétail, organisée sur
une grande échelle: complétant ainsi l'outillage du travailleur
agricole. Pour ce grand service rendu, nous devions au capital une large
part dans la répartition des produits; c'est ce que nous avons fait,
comme on l'a déjà vu, en nous conformant aux usages dans la pratique du
cheptel et aux principes économiques. Donc, toute idée d'exploitation
doit être écartée, et les énormes bénéfices que fait l'entreprise ne
doivent être attribués qu'à l'importance du capital employé, à son
application, à la multiplicité des opérations (40 par colonie), et à la
combinaison bien ordonnée des trois facteurs: terre--travail--capital,
élevés à leur puissance, et dont la résultante production (^m) devait
être la conséquence nécessaire.
Jamais, nous osons le dire, système de colonisation n'a été établi sur
des bases aussi bien définies, aussi clairement déterminées et d'une
aussi grande puissance de production; jamais entreprises de colonisation
n'auront donné de si considérables résultats, jamais colons n'ont obtenu
des conditions aussi avantageuses; jamais gouvernement n'a fait des
concessions si libérales, mais aussi n'aura recueilli des résultats
aussi grandioses.
Jamais capital aussi bien garanti, doté d'un intérêt satisfaisant et
d'une prime équitable, n'aura produit une rémunération aussi
considérable pour le service rendu durant la courte période de cinq ans.
Jamais enfin situation aussi favorable n'a été offerte à la population
agricole européenne pauvre.
Nous pourrons donc voir se réaliser, à une époque peu éloignée, les
belles paroles prophétiques d'un notable écrivain de l'Amérique du Sud:
«La rédemption de la race blanche se trouverait dans l'acquisition
morale de tout un monde riche et vierge, d'un monde qui donnerait terre,
travail, fortune.»
Andres LAMAS.
(Notice sur l'Uruguay).
C'est donc une oeuvre philanthropique et économique de haute importance
que nous conseillons d'entreprendre. Quand à ses résultats heureux, nul
ne peut les contester. Les bénéfices, si réduits qu'ils soient ne
peuvent se nier. Un fait incontestable, c'est l'intérêt dix pour cent
par an et la prime de vingt pour cent sur le capital, alloués par la loi
argentine au capital employé à la colonisation hypothéquée sur l'avoir
mobilier et immobilier avancé au colon et sur une grande concession de
terrain qui devient propriété de l'entreprise, dès le moment de
l'installation de la colonie, c'est-à-dire au moment de l'application du
capital.
Quant à nous, ouvriers de la première heure, dans ce genre d'entreprise
de colonisation dans la République Argentine, notre conscience
satisfaite nous dit que nous faisons une bonne oeuvre et une bonne
action.
AUGUSTE BROUGNES,
_Docteur en médecine, propriétaire du domaine de
Caixon, près Vic-Bigorre (Hautes-Pyrénées)._
Caixon, le 20 novembre 1882.
Cinq lieues de longueur.
+----------------------------------------------------------------+
| Terrain colonial de l'entreprise de 20 lieues carrées. |
| |
| 20 lots de 50 hectares chacun |
| +-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+ |
| | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
| | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
| | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
QUATRE | |o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o| |
LIEUES +-----------+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+------------+
DE |Terrain communal de 258 mètres de largeur, 5 lieues de longueur.|
LARGEUR+-----------+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+------------+
| |o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o| |
| | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
| | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
| | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
| +-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+ |
| 20 lots de 50 hectares chacun |
| |
| Terrain colonial de l'entreprise de 20 lieues carrées. |
+----------------------------------------------------------------+
Cinq lieues de longueur.
PRODUIT DU CHEPTEL À REPARTIR ENTRE LE COLON ET L'ENTREPRISE
Produit annuel d'une famille agricole durant cinq ans.
PRODUIT DES ANIMAUX
Classe Années Naissance| Femelles Mâles Produit
d'animaux | à à de la vente
| conserver vendre à 5 fr.
----------------------------+-------------------------------
1re année 500 | 250 250 1,250 f.
BREBIS 2e année. 750 | 375 375 1,875
3e année. 1,125 | 562 562 2,800
500 4e année. 1,687 | 843 843 4,215
5e année. 2,530 | 1,765 1,765 8,825
+-------------------------------
| 3,795 3,797 18,965
Perte 1/10 à déduire. | 379 379 1,896
+-------------------------------
| 3,416 3,418 17,069
------------------+-------------------------------
PRODUIT DE LA LAINE
Années Nombre | Quantité de | Prix | Valeur
d'anim. | laine de | du |
|chaque animal | kilo |
------------------+--------------+------+---------
1re ann. 500 | 500 kil. | 1 fr.| 500
2e ann. 750 | 750 | id. | 750
3e ann. 1,125 | 1,125 | id. | 1,125
4e ann. 1,687 | 1,687 | id. | 1,687
5e ann. 2,530 | 2,530 | id. | 2,530
|--------------+ +---------
| 6,592 | | 6,592 f.
Perte 1/10. | 659 | | 669
+--------------+ +---------
| 5,933 | | 5,923
------------------+--------------+------+---------
Années Nombre | Total
d'anim. | du produit des brebis
------------------+-------------------------------
1re ann. 500 | 1,750 + 500 = 1,750
2e ann. 750 | 1,875 + 750 = 2,625
3e ann. 1,125 | 2,800 + 1,125 = 3,925
4e ann. 1,687 | 4,215 + 1,687 = 5,902
5e ann. 2,530 | 8,825 + 2,530 = 11,355
| -------
| 25,557
Perte 1/10. | 2,555
| -------
| 23,002
----------------------------+-------------------------------
| 50 f. à 2 ans
1re année 20 | 10 10 500
VACHES 2e année. 30 | 15 15 750
3e année. 45 | 22 23 1,150
20 4e année. 67 | 33 34 1,700
5e année. 100 | 50 50 2,500
+-------------------------------
| 130 132 6,600
Perte 1/10 à déduire. | 13 13 660
+-------------------------------
| 117 119 5,940
----------------------------+-------------------------------
| 25 francs.
1re année 5 | 3 2 50
JUMENTS 2e année. 8 | 4 4 100
3e année. 12 | 6 6 150
5 4e année. 18 | 9 9 225
5e année. 27 | 13 14 350
+-------------------------------
| 35 35 1,075
Perte 1/10 à déduire. | 3 3 107
+-------------------------------
| 32 32 968
Produit du cheptel, de race ovine (brebis)
durant cinq ans 23,002 fr.
Produit du cheptel, de race bovine, durant
cinq ans 6,600
Produit du cheptel, de race chevaline, durant
cinq ans 675
Total 30,477 fr.
Produit du cheptel à repartir entre l'entreprise et le colon.
Brebis 60,000
Vaches 2,400
Juments 600
PRODUIT DE 1 COLONIE DE --------------------
40 FAMILLES (200 PERSONNES). PRODUIT DE 3 COLONIES
_Capital à employer, 500,000 francs._ _Capital_ 1,500,000
MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
à d'une colonie de 3 colonies
entreprise de 40 familles 120 familles
ANNÉES Produit annuel d'une famille TOTAL du produit,
de 3 personnes moins 1/10 pertes
1re Brebis
année Vente d'agneaux 1,250 }
Vente de laine 500 } 1,750 } = 2,300 francs
Vaches: Vente de veaux 500 } p. 1/10 230 = 2,070
Juments: Vente de poulains 50 }
MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
1,035 × 40 = 41,400 × 3 col. = 124,200
2e Brebis
année Vente d'agneaux 1,875 }
Vente de laine 750 } 2,625 } = 3,475 francs
Vaches: Vente de veaux 750 } p. 1/10 347 = 3,128
Juments: Vente de poulains 100 }
MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
1,564 × 40 = 62,560 × 3 col. = 187,680
3e Brebis
année Vente d'agneaux 2,815 }
Vente de laine 1,125 } 3,940 } = 5,240 francs
Vaches: Vente de veaux 1,150 } p. 1/10 524 = 4,716
Juments: Vente de poulains 150 }
MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
2,358 × 40 = 94,320 × 3 col. = 282,960
4e Brebis
année Vente d'agneaux 4,220 }
Vente de laine 1,695 } 5,905 } = 7,830 francs
Vaches: Vente de veaux 1,700 } p. 1/10 783 = 7,047
Juments: Vente de poulains 225 }
MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
3,523 × 40 = 140,920 × 3 col. = 422,760
5e Brebis
année Vente d'agneaux 8,825 }
Vente de laine 2,530 } 11,355 } =14,205 francs
Vaches: Vente de veaux 2,500 } p. 1/10 1,420 = 12,782
Juments: Vente de poulains 350 }
MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
6,392 × 40 = 255,680 × 3 col. = 767,040
5 ans, 1 colonie
Total. 594,880 × 3 col. = 1,784,640
6e Ajouter: Produit de la vente, après cinq ans, des femelles
année conservées pour la reproduction des trois races, déduction
faite du dixième pour perte.
Brebis, 3,416 à 5 f. 17,080 }
Vaches, 117 à 50 f. 5,850 } 23,730 pour 1 famille
Juments, 32 à 25 f. 808 } 11,865 × 40 = 474,600
× 3 col. = 1,423,800
Ajouter, produit de vente du terrain concédé.
19 lieues par colonie, à 10,000 fr. la lieue = 190,000
× 3 col. = 570,000
Id. Prime, 20 pour cent sur capital avancé au
colon (9,500) soit 1,900 f. sur 40 familles = 76,000
× 3 col. = 228,000
Total général des bénéfices après cinq ans
pour une colonie = 1,335,480
× 3 col. = 4,006,440
10 % l'an,--plus bénéfice après cinq ans
pour une colonie =
× 3
DIVIDENDE DU COUPON, 100 FR. SUR LE PRODUIT DE 3 COLONIES DURANT 5 ANS
========================================================================
| | Produit | À repartir | | |
| | annuel | aux 15,000 | | Dividende |
| Années | de 3 | coupons de | Dividende | joint à l'intérêt |
| | colonies | 100 fr. | annuel | dix pour cent. |
|--------+-----------|------------|-----------|------------------------|
|(année) | (francs) | (coupons) | (fr. c. ) | (p. cent d'intérêt) |
| | |
| 1re | 124,200 ÷ 15,000 8 25 +10 18 fr. 25 c. |
| 2e | 187,680 ÷ 15,000 12 50 +10 22 fr. 50 c. |
| 3e | 282,960 ÷ 15,000 18 86 +10 28 fr. 86 c. |
| 4e | 422,760 ÷ 15,000 28 18 +10 38 fr. 18 c. |
| 5e | 767,040 ÷ 15,000 51 13 +10 61 fr. 13 c. |
| | ---------- --------- -----------------------|
| Total | 1,684,740 Total des 118 92 +50 168 fr. 92 c. |
En 5 ans dividendes
6e.--Produit des ventes de 3 colonies
{ 1º des femelles de reproduction 1,423,800 f.
{ 2º du terrain colonial 570,000
{ 3º Prime 20 pour cent 228,000
-------------
2,221,800 fr.
÷15,000 coupons 148 fr. 12 c.
---------------
Produit du coupon 100 fr. en 5 ans 317 fr. 04 c.
Moyenne par an, durant 5 ans 63 fr. 20 c.
Nous ne faisons pas entrer en ligne de compte les bénéfices qui
résulteront de la vente de marchandises dans les magasins commerciaux
établis dans les colonies, les bases de calcul manquant.
Quant aux frais d'administration, ils seront compris dans le tableau
suivant de l'emploi du capital.
Création et emploi du capital 7,500,000 francs
Pour fondation de 15 colonies, 3 colonies par an durant 5 ans.
=======================================================================
Émission de 15,000 actions de 500 fr., payables en cinq annuités
de 100 fr. (coupons d'action).
Paiement des annuités en coupons d'action de 100 francs.
{ 1re année -- 15,000 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
{ 2e année -- 15,000 { coupons } 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
{ 3e année -- 15,000 { de 100 fr., } 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
{ 4e année -- 15,000 { produisant } 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
{ 5e année -- 15,000 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
-------- --------------- ----
Total 7,500,000 fr. 15 colonies.
-------------------------------
Le capital 1,500,000 francs des annuités 100 francs étant remboursable
après la cinquième année, peut s'appliquer à une nouvelle série
quinquennale d'opérations, et ainsi successivement durant
dix,--quinze,--vingt ans. On pourra donc, avec le même capital 7,500,000
francs, fonder, avec le temps, des centaines de colonies, et l'opération
continuer tout le temps que l'entreprise et le gouvernement argentin le
jugeront utile.
Emploi du capital 1,500,000 fr., chaque année, pendant trois ans.
1º Pour une colonie de 40 familles 500,000 fr.
---------------
Savoir: A.--Pour { Outillage agricole 2,500 fr.
1 famille:_ { Animaux à cheptel 5,500
9,500 fr._ { Passage 1,500
--------------
9,500 fr.
B.--Pour 40 familles, 9,500 × 40 = 380,000 fr.
Frais d'administration et réserve. 120,000
--------------
500,000 fr.
2º Pour 3 colonies (120 familles) 1,500,000 fr.
---------------
Savoir: Frais d'établissement et outillage 1,140,000 fr.
Frais d'administration 110,000
Id. magasins commerciaux 150,000
--------------
1,500,000 fr.
NOTA.--Les frais d'administration étant compris dans la distribution du
capital, nous avons dû ne pas les faire entrer en ligne de compte dans
la répartition des bénéfices.
TABLEAU RÉSUMÉ
De l'oeuvre de colonisation à production élevée à appliquer dans les
territoires nationaux de la République Argentine.
A.--Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation
des territoires nationaux dans la République argentine.
Situation malheureuse du petit cultivateur européen.
Mesures inefficaces proposées pour remédier à cette situation.
La colonisation, à l'extérieur, est dans les conditions économiques
actuelles, le remède le plus efficace du paupérisme agricole.
Résultats prodigieux obtenus dans l'Amérique du Nord par la
colonisation avec les émigrants cultivateurs Irlandais et Allemands.
Conditions meilleures pour obtenir le même résultat dans la République
Argentine.
Loi argentine sur la colonisation du 6 Octobre 1876.
Premier contrat de colonisation du Dr Brougnes, du 29 janvier 1853,
passé dans la République Argentine, stipulant concession de terrain et
avances remboursables.--Colonie San-Martin.
B.--Système de colonisation perfectionnée.
1º Axiome économique: terre + travail + capital^m = production^m.
2º Colonisation à production élevée, par l'adjonction à l'industrie
agricole de l'élevage du bétail et établissement des colonies le long
des voies ferrées.
3º Réseau du chemin de fer Pampéen de Mercedes (San-Luis) au port
St-Antoine, avec embranchement de Poitagué à Bahia-Blanca et à
Santiago (Chili), avec une garantie d'intérêt 7 % par le
gouvernement argentin. Voie commerciale directe aux ports de mer pour
les provinces argentines de l'ouest: Cordova, St-Louis, Men Josa,
San-Juan.
C.--****** de l'oeuvre de colonisation à production élevée.
1º Pour le gouvernement argentin concessionnaire de la terre.--Sans
autres dépenses
Création de centres de population, foyers de production,
d'accroissement de puissance et d'attraction pour l'immigration
spontanée d'artisans, de commerçants, d'industriels.
Augmentation de la valeur des terres dans les territoires nationaux,
source de revenus incalculables pour le trésor public.
2º Pour le colon, cultivateur du sol et éleveur de bétail.
Situation extraordinairement avantageuse faite au colon, savoir:
Concession de 50 hectares de terrain.
Avances remboursables
Passage d'Europe à Amérique 1,500 fr.
Maison d'habitation; }
Subsistance pour l'année; } 2,500
Outillage agricole. }
Animaux à cheptel
500 brebis.
20 vaches.
5 juments.
Capital remboursable.... 5,500
-------------
Total 9,500 fr.
à 10 % 20 % prime.
Bénéfices { 1º Produit total de l'industrie agricole;
{ 2º Moitié du produit cheptel.
3º Pour l'entreprise, à Capital remboursable après 5 ans.
1º 10 % sur le capital durant cinq ans;
2º 20 % prime sur le capital, après cinq ans;
3º Moitié du produit cheptel;
4º Produit de la vente de 19 lieues carrées par colonie.
D.--Administration.
Centrale.
{ Conseil d'administration;
{ Directeur général;
{ Un trésorier;
{ Un comptable.
Coloniale résidant aux colonies.
{ Un directeur général;
{ Un inspecteur;
{ Un comptable;
{ Un agent du magasin commercial dans chaque colonie
APPENDICE
Industrie de l'élève du bétail dans la République Argentine.
On peut juger des bénéfices que procure aux éleveurs de la race bovine
(celle de la race ovine produit bien davantage) par le calcul suivant
fait par un estancier, Mr de Brayer:
«Un capital de 40,000 francs employé à l'achat de trois mille têtes de
bétail[19] placées sur un établissement déjà monté, produit net au
bout de six années, tous frais payés, la somme de cent trente-sept
mille cent quatre-vingt-treize francs; c'est-à-dire que ce troupeau de
trois mille vaches s'accroît chaque année dans une proportion
croissante de trente-deux pour cent, et que, en déduisant les animaux
tués pour la nourriture des pasteurs, ainsi que ceux qui ont été
vendus pour les abattoirs ou saladeros, l'estancier se trouve avoir,
au bout de six années de travail et de soins, un troupeau de dix mille
quatre cent quatorze têtes de bétail.
«Il ne faut qu'un pâtre par mille têtes de bétail, et vu la nature du
terrain et la qualité des pâturages, on compte généralement une lieue
carrée pour deux mille vaches.»
_Émigration et colonisation_, par Arsène Isabelle,
ex-chancelier du consulat français à Montevideo,
page 43.
Dans les 13ème et 14ème volumes des _Annales du club rural de Buenos
Ayres_, publication mensuelle des plus remarquables et des plus
intéressantes, on trouvera les rapports de diverses commissions qui
donneront une idée de la grandeur et de l'importance qu'a prise
l'industrie du bétail dans la République Argentine. Nous allons donner,
d'après ces rapports, un état sommaire de quelques-uns de ces
établissements.
1879.--Estancia de Rosario de las Flores.--Propriétaire,
M Chas.
Ce domaine, fondé en 1857 par François Chas, est situé à trente-cinq
lieues Sud-Est de Buenos-Ayres. Il est traversé par le chemin de fer du
Sud. Près de la station, M. Chas a fait construire des magasins et des
hangars pour le dépôt de ses laines.
Le domaine se compose de douze lieues carrées, dont six sont clôturées
en fil de fer. Les six autres sont affermées à raison de 1,400 à 2,000
francs la lieue. Dans les six lieues clôturées, une lieue est affermée
pour 3,400 francs[20]. Les cinq restantes sont exploitées par M. Chas.
_Exploitation de cinq lieues_--La valeur de la terre de M. Chas est
estimée 28,000 fr. la lieue.
Le majordome de M. Chas pense que l'on peut élever 1,000 vaches, 500
juments et 10,000 brebis dans une lieue.
_Maison d'habitation_.--Non loin de la station du chemin de fer est
située la maison d'habitation solidement construite et à terrasse, sur
une longueur de 30 mètres et une largeur de cinq. En face se trouvent la
cuisine et les magasins de dépôt. Un peu plus loin sont les hangars pour
la tonte des brebis et le dépôt des laines. Autour de ces hangars et à
une courte distance se trouvent de grandes enceintes clôturées de
piquets pour y renfermer les animaux la nuit.
Non loin de la maison d'habitation on conserve avec un soin religieux la
chaumière qui servit d'habitation à M. Chas père, an commencement de son
exploitation en 1857.
Vingt-cinq hectares ont été plantés en bois, on y compte 80,000
peupliers de dix ans, plantés en lignes droites à deux mètres
d'écartement l'un de l'autre; 4,000 eucalyptus... Un champ de 21
hectares est semé en luzerne. Chaque année M. Chas sème 16 hectares de
maïs; son rendement est de 39 hectolitres par hectare.
_Animaux_.--Dans le terrain que s'est réservé M. Chas, et après une
vente de 8,500 vaches qu'il fit en 1878, il élevait, en 1879, 3,000
vaches et 3,000 juments.
_Brebis._--L'estancia de las Flores comprend 6,500 brebis de race, sur
lesquelles 1,000 de pur sang Negrette et 5,500 communes croisées avec
des béliers Negrette.
Les brebis pur sang de la première catégorie se vendent de 200 à 1,700
francs; les brebis croisées de la seconde, 40 fr. La toison d'une des
brebis Negrette qui obtint une prime à l'exposition de Philadelphie et
une médaille d'or à celle de Paris, pesait 31 livres 3/4.
Estancia du Tatay de Samuel Hale.
Cette belle estancia est située dans le district de Carmen d'Areco, à
deux lieues de cette petite ville et à vingt lieues de celle de
Buenos-Ayres.
La contenance est de quatre lieues carrées, clôturées de tous côtés par
sept fils de fer.
Dans la contrée, le fermage de 100 cuadres (166 hectares), pour
pâturage, est généralement de 2,000 francs; celui d'une lieue carrée,
32,000 francs, intérêt à 8 pour cent de 400,000 francs.
D'après le dernier recensement de 1878, l'estancia se composait de
80,000 brebis, de 2,700 vaches, et de 800 chevaux et juments.
Pour expliquer le fermage de 2,000 francs par lot de 1,600 hectares, il
nous suffira de dire qu'un troupeau de 1600 brebis, s'entretenant sur ce
terrain, produit annuellement en laine 240 arrobes, de vingt cinq livres
chaque (2,400 kil.), vendue à vingt francs l'arobe de dix kilogrammes,
soit deux francs le kilogramme, produisent 4,800 francs, plus 400
animaux femelles d'augmentation pour le troupeau.
Les bâtiments se composent d'une belle maison de maître avec des
cuisines d'un côté, des magasins de denrées et de dépôt de l'autre, plus
loin d'autres bâtiments pour fumer les jambons, pour extraire la graisse
des animaux, des hangars pour la tonte et dépôt de laine, des volières,
un magnifique jardin et enfin les diverses enceintes entourées de
piquets pour y renfermer les animaux. Autour du jardin et des
constructions existe un bosquet de 70,000 grands arbres, acacias,
peupliers....
_Vaches._--L'estancia du Tatay contient 2,700 vaches desquelles 1,000
sont de race croisée Devon et Durham. La race Devon a ses quartiers de
devant plus parfaits et s'entretient à moins de frais et engraisse
facilement; seulement, elle n'acquiert pas le volume des Durham et des
Herfords. 150 veaux de race pure de Durham étaient destinés au service
de la reproduction croisée.
Les taureaux croisés d'un à deux ans se vendent 200 francs.
_Brebis._--Le domaine possède 80,000 brebis croisées fines, en majeure
partie de race Negrette et Rambouillet. Divers béliers de ces races ont
produit 35 et 36 livres de laine. En général, ils donnent des toisons de
18 à 20 livres et les brebis 8 livres. La race Lincoln a été également
introduite dans l'établissement; en 1878 la vente des béliers produisit
33,315 francs.
Le produit de la laine des brebis de toute race donne, terme moyen, 5
livres 8 par toison: ce qui donne pour 80,000 brebis 185,600
kilogrammes, soit à 1 fr. 50 le kilo: 464,000 fr.
_Chevaux._--L'établissement ne contient que 350 juments et 50 étalons.
_Cochons._--Il y a aussi 200 cochons de race Chester, blancs, longs de
corps, de forme ronde, oreille tombante. Gras, ils pèsent 80 à 100
kilogrammes, et à un an 120 à 140.
_Administration._--L'administration se compose d'un majordome et d'un
aide-majordome, d'un comptable, un teneur de livres chargé des magasins
à denrées et des dépôts. Il y a un chef domestique et des pasteurs-chefs
pour chaque espèce d'animaux; chacun d'eux dirige et surveille les
serviteurs et pasteurs de chacune de ces classes. Il y a encore un
jardinier, un forgeron, un menuisier; en général, chacun de ces derniers
exploite un troupeau pour son compte dans l'établissement.
_Produit._--Le produit brut du Tatay fut en 1877 de 2,967,019 piastres
papiers, soit 593,400 francs.
Les frais d'exploitation étaient de 32,000 francs.
La valeur de l'établissement est d'environ 3,200,000 francs.
Ce magnifique établissement a été créé par un homme d'une rare bonté,
âgé aujourd'hui de 75 ans, encore robuste, Sir Samuel Hale.
Estancia de San-Juan de Léonardo Pereyra.
L'estancia de San-Juan, appartenant à M. Léonard Pereyra, est située
dans le district de Quilmes, à huit lieues au sud de la ville de
Buenos-Ayres. Sa contenance est de quatre lieues et un tiers. Le chemin
de fer de las Ensenades traverse le domaine, lequel se termine au
sud-est du fleuve de Rio de la Plata.
De la contenance ci-dessus indiquée, 900 cuadres (1,494 hectares) sont
affermées à des cultivateurs en onze fermes de 70 cuadres (116
hectares), deux de 83 hectares chacune et une de 44 hectares. Toutes ces
fermes sont séparées les unes des autres par des haies vives et des
chemins larges de dix-sept mètres. Les haies ont une extension de 34,400
mètres.
Le prix de fermage est de 60 francs par cuadre (1 hectare 66 ares).
Les 3 lieues 3/4 du domaine qui ne sont pas affermées sont destinées à
l'industrie de l'élève du bétail. Elles sont séparées en deux parties
par une clôture en fil de fer. La partie basse près du fleuve, le Rio de
la Plata, d'environ une lieue trois quarts, est destinée au pacage des
vaches et juments, au nombre de 7,000 têtes de la première race,
croisées Herford et Durham et de 800 de la seconde, croisement avec
étalons Claveland. Les autres deux lieues sont destinées à l'élève de la
race ovine, au nombre de 32,000 brebis croisées avec des béliers
Rambouillet et Southdown.
Dans cet espace de trois lieues trois quarts, un quart de lieue a été
divisé en cinq compartiments destinés aux poulains de la race la plus
fine de chaque espèce.
151 cuadres (250 hectares) sont occupées par un grand pare situé autour
du domaine; 50 cuadres (83 hectares) sont semées en luzerne.
_Habitation._--En face la station Pereyra du chemin de fer se trouve la
maison d'habitation, avec l'apparence d'un palais. On y arrive par une
large allée bordée de grands arbres, traversant le parc; c'est la
résidence d'été du propriétaire; 16 ouvriers sont occupés aux travaux et
à l'entretien du parc et des jardins. Un bâtiment de cinq pièces est
destiné au majordome, un autre pour le jardinier, d'autres pour les
hommes de service de la maison. Divers hangars et des étables pour les
animaux de fine race complètent l'ensemble des constructions.
_Race chevaline._--La race chevaline est représentée, dans cet
établissement, par mille juments de divers degrés de croisement.
35 de pure race sont servies par un étalon Yort Claveland.
35 autres, également de pure race, sont servies par un étalon Trakenem,
de race allemande, introduite en 1876.
Les poulains de ces races se vendent 600 francs.
Deux autres groupes de juments sont destinés à produire les chevaux
galopeurs chiliens. Ces chevaux ont le mérite d'aller à un pas de galop
sans trop fatiguer le cheval et le cavalier.
_Race bovine._--3,600 vaches, de divers croisements, sont servies par
des taureaux Herford à face blanche.
3,800 vaches croisées sont servies par des taureaux Durham. La première
de ces races a été choisie parce qu'elle est plus robuste et moins
difficile à élever.
La seconde comme plus propre à l'engraissement et qu'elle produit une
plus grande masse de viande.
_Race ovine._--Deux races de brebis sont élevées dans le domaine de
San-Juan, la race Southdown à face et pattes noires, sans cornes, et la
race Rambouillet.
Le groupe de race pure Southdown est de 1,500 brebis. Elles sont servies
par des béliers de pure race.
Le groupe de race croisée s'élève à 5,500 brebis.
Les Southdowns acquièrent tout leur développement en dix-huit mois,
pendant qu'aux Rambouillets il faut deux ans.
Dans cet établissement, des moutons Southdown ont pesé après leur mort 9
arrobes (90 kil.).
La laine de cette race est plus recherchée que celle du Rambouillet,
parce qu'elle est plus légère; on la paie deux francs de plus par
arrobe.
Le groupe de la race Rambouillet comprend 32,000 brebis.
300 sont de pure race. Des béliers ont donné des toisons pesant de 18 à
32 livres de laine. Ces brebis sont menées au pâturage pendant le jour,
et la nuit, on leur donne, dans des hangars, du fourrage sec à manger.
L'année 1877, on récolta 3,500 arrobes (35,000 kil.) de laine, ce qui,
pour 32,000 têtes, donne 1 kil. 09 environ par tête, l'une comportant
l'autre.
À ces établissements nous pourrions en ajouter des centaines, tout aussi
importants et aussi bien tenus, tels que ceux de M. Émile Duportal, à
San-Vicente, de MM. Casares, Guerrico, Unzué, Lincoln, Ortiz, Édouard
Olivera[21]. Celles dont je viens de faire la sommaire description
suffiront pour démontrer à mes lecteurs les richesses immenses que
l'industrie du bétail est appelée à produire dans la République
Argentine.
Comme preuve de haut intérêt que porte le gouvernement argentin depuis
trente ans à l'oeuvre de la colonisation de son vaste territoire et de
sa décision à en poursuivre l'exécution, nous reproduisons ici la lettre
de félicitation et de remerciements pour notre initiative de
colonisation, que nous faisait adresser, en septembre 1854, le
gouvernement argentin, sous le général Urquiza, par l'éminent ministre
de l'intérieur, M. le docteur Gorostiaga. Le président actuel de la
République Argentine, brigadier-général Roca, pénétré de la même
décision, disait, dans son dernier message au congrès: «Je crois
nécessaire de stimuler la colonisation de nos territoires nationaux en
accordant de larges concessions et en protégeant les colons.»
Voici la lettre du ministre de l'intérieur, docteur Gorostiaga:
Parana, 11 septembre 1858.
Monsieur le docteur BROUGNES,
«Son Excellence M. le président de la République Argentine a reçu un
exemplaire de votre ouvrage intitulé: _Extinction du paupérisme agricole
par la colonisation dans les provinces de la Plata_. La lecture de votre
livre a complètement satisfait Son Excellence; elle m'a chargé de vous
remercier en son nom, non-seulement de l'envoi d'un exemplaire dudit
ouvrage, mais surtout du service important que vous rendez à la
confédération, en vous occupant d'un de ses intérêts les plus vitaux,
celui d'introduire dans nos contrées des travailleurs honnêtes et
laborieux.
«La question que vous avez traitée dans votre livre est frappante de
vérité et pleine d'intérêt. Comme vous le dites, les bras surabondent en
Europe, où le sol arable est infiniment trop réduit pour sa trop
nombreuse population, pendant que nos immenses et fertiles plaines
manquent presque totalement de laboureurs. Fournir du sol aux
travailleurs agricoles, du travail et la subsistance aux indigents,
telle est la question à résoudre au profit de l'Europe et de l'Amérique,
question dont vous avez entrepris la solution avec un zèle qui vous
honore. Le gouvernement argentin ne négligera rien, pour son compte, et
s'imposera tous les sacrifices pour le succès d'une aussi grandiose
entreprise.
«Vous trouverez, à la suite de cette lettre, une copie d'un décret du 9
septembre, qui vous prouvera le prix que M. le président de la
République fait de vos travaux et de votre activité pour
l'accomplissement de l'oeuvre dont la direction vous a été confiée,
celle d'introduire dans notre pays des émigrants utiles et laborieux.
«En exécutant les ordres de M. le Président, qu'il me soit permis, à mon
tour, de vous adresser mes félicitations pour votre important travail,
et je vous prie d'agréer l'assurance de ma haute considération,
Le ministre de l'intérieur,
BENJAMIN GOVOSTIAGA.
DÉCRET
Panama, 9 septembre 1852.
En vue de répandre, dans la République Argentine, les idées bien conçues
sur l'émigration européenne et de prouver le grand intérêt que prend le
gouvernement pour les travaux des hommes d'intelligence sur cette
question, et sur les avantages que l'agriculture, l'industrie, le
commerce peuvent retirer de l'exploitation de notre sol,
Le Président de la République Argentine décrète:
Article 1er.--Le livre de M. le docteur Brougnes, intitulé: _Extinction
du paupérisme agricole par la colonisation dans les provinces de la
Plata_, sera traduit en espagnol, imprimé et publié aux frais du Trésor
National.
Art. 2.--L'exemplaire adressé au gouvernement argentin par M. Brougnes,
sera déposé aux archives. Des remerciements seront adressés à l'auteur.
Art. 3.--Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent
décret.
Art. 4.--Il sera publié et communiqué à qui de droit.
_Le Président de la République Argentine_,
URQUIZA.
_Le secrétaire général_,
V. QUESADA.
_Le ministre de l'intérieur_,
B. GOROSTIAGA.
L'oeuvre de colonisation à production élevée, dont nous venons d'exposer
la combinaison et l'organisation, est destinée aux familles de
cultivateurs pauvres dont la situation nous a paru irrémédiable par tout
autre moyen. En les transformant en grands propriétaires, éleveurs de
nombreux troupeaux d'animaux, avec l'outillage nécessaire à
l'exploitation du sol, nous faisons de ces familles des agents de grande
production, dont partie doit appartenir, en toute justice, à
l'entreprise qui leur a créé une telle situation. Quant aux résultats
heureux de l'oeuvre, nul ne peut les contester. Le chiffre des bénéfices
sera, sans nul doute, plus ou moins élevé que celui que nous avons
rationnellement calculé. Mais ces bénéfices, si réduits qu'ils soient,
nul ne peut les nier. Un fait incontestable, c'est l'intérêt dix pour
cent par an et la prime de vingt pour cent alloués par la loi argentine
au capital employé à la colonisation, hypothéqué sur l'avoir mobilier et
immobilier du colon et sur une grande concession de terre qui devient
propriété de l'entreprise dès le moment de l'installation de la colonie,
c'est-à-dire, du moment de l'application du capital à l'opération. Il y
a donc toute sécurité pour le capital et de grands bénéfices à réaliser,
tout en rendant au cultivateur pauvre le plus grand des services, celui
de l'arracher au goufre de la misère vers lequel il est entraîné et de
le placer sur la voie de la fortune largement ouverte devant lui. Quant
à nous, notre conscience satisfaite nous dit que nous faisons une bonne
oeuvre et une bonne action.
Dr BROUGNES.
[Carte Géographique
de la République Argentine
avec les limites réglées par les derniers traités de 1881.]
NOTES
[1] En 1850, ému de la triste situation du petit cultivateur en
Europe, situation qui me parut irrémédiable par les moyens proposés
à cette époque, laquelle, en effet, n'a pas été améliorée,
j'entrepris un voyage dans l'Amérique du sud en vue de résoudre la
question du paupérisme agricole européen.[2] Dès mon arrivée dans
cette contrée, je ne tardai pas à reconnaître que la solution du
problème que je cherchais à résoudre était trouvée. L'inspiration de
mon entreprise m'était venue en lisant le journal la _Semaine_, du
22 novembre 1850, où je trouvais la pensée de Cohen écrite en tête
de cette introduction.
À la vue de cet immense territoire, d'une salubrité reconnue, sous
la zone des climats tempérés, entre les 30ème et 40ème degrés de
latitude sud, la même que celle de l'Espagne et de l'Italie, et où
le sol est d'une fertilité rare, sous forme de prairies à pâturage
couvertes de bétail, sol facile à défricher, facile à exploiter, que
les gouvernements et même le particulier vendaient à vil prix, ou
concédaient même gratis; à la vue, dis-je, de ces immenses plaines
sans limites et incultivées, je me décidai à faire profiter le
cultivateur pauvre européen des conditions si favorables pour lui.
C'est en vue de cet objet que je publiai à Montevideo, en 1852, une
brochure ayant pour titre: _Moyen de s'enrichir par la culture du
sol en Uruguay_.
Peu de temps après cette publication, des gouverneurs des provinces
argentines m'appelèrent à concourir aux entreprises que je
proposais. Le magnifique territoire des missions jésuitiques, si
salubre, si fertile, si pittoresque, qui m'était offert par le
gouvernement de Corrientes, fixa mon choix, et un contrat fut passé
le 29 janvier 1853, lequel fut garanti par le gouvernement national
le 12 octobre 1854. Un caprice du gouverneur de Corrientes lui ayant
fait établir la colonie à Ste-Anne, à trois lieues de la capitale,
au lieu de l'établir dans le territoire des missions, m'amena à
demander la résiliation du contrat; ma proposition, acceptée par le
gouvernement National, se termina par une transaction avec indemnité
en 1863. La colonie transférée dans le territoire des missions en
1862, porte le nom de St-Martin; elle est située sur le bord du
fleuve Uruguay, non loin des ruines de Japeyu, ancienne capitale des
jésuites.
Dans cette dernière localité, la colonie a prospéré; on peut en
juger par l'extrait suivant du rapport de M. Samuel Navarro,
inspecteur des colonies du gouvernement argentin, en 1878, rapport
déposé aux archives du gouvernement National. J'extrais de ce
rapport la partie relative à la colonie St-Martin.
«D'après les renseignements que m'ont fourni les membres du conseil
municipal de la colonie, presque tous les colons se trouvent dans un
état prospère, au point que le moins aisé d'entr'eux pourrait
réaliser un capital de vingt à vingt-cinq mille francs s'il voulait
rentrer en France. En général, ils s'occupent d'agriculture et de
l'élève du bétail. Le plus âgé des colons, maire de la colonie, le
sieur Déjeane, venait de livrer à un autre colon, à cheptel, sept
cents vaches. Il en possède plus d'un millier.»
Le territoire des missions, qui a une superficie de deux mille
lieues carrées, est, depuis un an, sous la dépendance du
gouvernement national, qui va y établir des colonies.
[2] _Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation
dans les provinces de la Plata, par le docteur BROUGNES_.
(Bagnères, 1854.)
[3] Le revenu net de la propriété rurale en France est évaluée à
2,750,000,000 de francs sur lequel l'État prélève le 25 pour cent,
soit 687,500,000 fr., droits de succession, impôt foncier, portes et
fenêtres...
[4]
Territoires Nationaux.
{ Les Pampas 10,000 lieues carrées.
À L'OUEST { Les Andes 3,000 --
{ Le Rio Negro 4,000 --
{ Le Limay 1,000 --
AU SUD { Le Chubut 5,000 --
{ La Patagonie 10,000 --
AU NORD { Les Missions jésuitiques 2,000 --
{ Le Chaco 8,000 --
------
Total 43,000 --
Territoire des Provinces Argentines.
Superficies. Population.
Buenos-Ayres, capitale. 5 lieues carrées 300,000 âmes.
Buenos-Ayres, province 7,000 -- 195,121
Entrerios 5,000 -- 135,000
Santa-Fé 2,000 -- 88,981
Corrientes 6,000 -- 125,000
San-Luis 2,000 -- 53,268
Cordova 6,000 -- 216,241
Santiago de l'Estero 3,500 -- 133,243
Xucuman 1,570 -- 109,106
Salta 5,000 -- 110,000
Jujui 3,000 -- 40,265
Mendosa 6,500 -- 65,456
San Juan 3,200 -- 60,328
La Rioja 3,500 -- 48,959
Catamarca 3,500 -- 80,052
Indiens divers. 91,090
------ ---------
TOTAL 57,775 lieues carrées. 1,755,040 âmes.
[5] On a cru longtemps, et des personnes croient encore en France, que
l'émigration était préjudiciable au pays où elle se pratiquait.
Erreur profonde; les faits sont venus démontrer le contraire.
L'Angleterre, plus pratique que nous, ne s'est jamais opposée à
l'émigration. De 1847 à 1851, il sortit des ports d'Angleterre et
d'Irlande 2,307,470 émigrants, sur 11,050 navires. Récemment, en
1878, il sortit de ce même pays 147,663 émigrants pour les
destinations suivantes: 81,557 pour les États-Unis de l'Amérique du
Nord;--37,224 pour l'Australie;--13,836 pour les possessions
anglaises;--13,036 pour autres pays divers. Est-ce que, pour avoir
perdu ces millions d'émigrants, l'Angleterre est moins riche
aujourd'hui, moins puissante qu'en 1840? Non, c'est le contraire. On
a dit aussi que l'argent emporté par les émigrants diminuait la
masse monétaire du pays; ceci n'est pas tout à fait exact. En
général, les émigrants emportent peu d'argent; il y en a même qui,
après avoir payé leur passage, n'en emportent pas du tout. Mais
l'argent de leur passage ne passe pas à l'étranger, il reste dans
les caisses des armateurs, propriétaires des navires de transport.
Il faut, d'autre part, tenir compte d'un autre fait qui est à la
connaissance de tout le monde: c'est le chiffre considérable
d'argent que nos émigrants, établis à l'étranger, envoient à leur
patrie. On a constaté que les émigrants anglais établis dans les
États-Unis de l'Amérique du Nord envoient chaque année à leurs
parents et aux banques de dépôt un million de livres sterling
(25,000,000 de francs). Les 60,000 Italiens, établis dans la
République argentine, envoient, chaque année, en Italie, de cinq à
six millions de francs. On a constaté ce fait sur les registres du
consulat italien à Buenos-Ayres et dans les livres des banques. Je
signalerai une autre considération d'une haute moralité: C'est la
séparation des jeunes gens d'avec leurs parents, dans nos campagnes
d'Europe. On voit tous les jours les enfants du petit cultivateur,
vivant dans les privations et la gêne dans leur propriété, réduits à
quitter la maison paternelle pour aller dans les villes gagner un
salaire qui leur permette de s'entretenir et de se procurer
certaines jouissances de la vie qui n'existent pas dans le village.
Il arrive alors que, libres de la direction et de la surveillance
des parents, ils se livrent avec l'inexpérience de leur âge à
l'entraînement des passions et des jouissances de la vie, souvent au
détriment de leur santé et des sentiments moraux que leur avaient
inspirés le père et la mère. Jetez un regard dans les grandes
villes, et vous serez douloureusement ému à la vue du tourbillon
fascinateur dans lequel se trouve entraîné la jeunesse française
ouvrière. Ne serait-elle pas mieux placée en pays étranger à côté
des parents, travaillant avec goût et courage, produisant en grand,
pouvant par conséquent pourvoir à leurs besoins, s'enrichissant de
leurs économies et préparant un meilleur avenir à la génération qui
suivra. La colonisation est donc une mesure de haute moralité
pratique.
[6] _Entr'autres produits agricoles, nous devons signaler le lin,
lequel d'après certains colons, donne plus de rendement que le blé,
et encore n'est-il cultivé que pour la graine achetée pour le
commerce extérieur._
[7] Cet intérêt de dix pour cent est le chiffre généralement adopté
pour les affaires commerciales dans la République Argentine.
[8]
Territoires Nom des Colonies. Familles Individus
Entrerios Villa Libertad 197 982
Général Alvear 173 923
Chaco Resistencia 308 1,421
Presidente Avellanda 106 774
Formosa 13 74
Sta-Fé Reconquista 260 1,980
San Xavier 44 217
Iriondo 74 216
Cordova Caroya 190 874
Sampacho 170 814
Chubut Chubut 187 750
Patagonie Santa Cruz » 62
Buenos-Ayres Olavarria 85 433
----- -----
Total 1,807 9,520
[9] Le mois de juillet dernier (1882) un entrepreneur Italien, M.
Picasso, a proposé au gouvernement argentin de transporter dans la
République Argentine 500,000 émigrants européens, dont 300,000 pris
dans les pays du nord de l'Europe, et 200,000 dans les pays du sud.
Il emploierait de grands vapeurs propres à cette classe de
transport. Nous ignorons la réponse qu'aura faite le gouvernement.
[10] Depuis la publication de mon travail à Buenos-Ayres, il y a un
an, le gouvernement de Santa Fé, qui occupe toujours la tête du
mouvement de la colonisation, s'est emparé de mon idée, et le mois
d'octobre dernier, il passait un contrat avec M. Calsado, chargé, à
cet effet, de fonder une société anonyme pour la construction d'un
chemin de fer colonial de Rosario à Candelaria; et le 3 juillet
dernier (1882), il est venu demander au congrès, avec l'assentiment
du gouvernement national, une loi de garantie d'un 7 pour cent pour
le capital nécessaire à la construction de cette voie ferrée. Ce
chiffre de garantie est généralement adopté par le gouvernement
argentin pour les constructions des chemins de fer.
[11] La vallée de Rio-Negro, cet autre Nil de l'Amérique du Sud,
s'étend à partir de l'Océan Atlantique du Sud-Est vers le
Nord-Ouest, entre le 39ème et le 41ème degrés de latitude sud, jusqu'à
la confluence des deux fleuves Limay et Neuquen, à environ 170
lieues de la mer. Cette vallée qui tantôt se rétrécit et tantôt
s'élargit jusqu'à la distance de 2 à 6 lieues de largeur, est
couverte d'une végétation splendide: la vigne, le blé et toutes les
céréales y prospèrent et des prairies à herbages vigoureux couvrent
ce terrain d'alluvion déposé chaque année par les crues des eaux du
grand fleuve, le Rio-Negro, formé par les deux grandes rivières le
Limay et le Neuquen.
L'ingénieur français, M. Ebelot, parlant de cette vallée dans un
rapport adressé au gouvernement Barros, s'exprime ainsi:
«La vallée du Rio-Negro court entre deux lignes de coteaux
parallèles; lesquels, tantôt se rapprochent jusqu'à former un
détroit, tantôt s'éloignent à deux lieues du lit du fleuve, et la
vallée alors se présente sous l'aspect d'une prairie ondulée dont le
sol formé de matériaux d'alluvion est d'une grande fertilité.
--Les explorateurs du fleuve Rio-Negro, Delcalsi en 1833, les
colonels Obligado et Guerrico tout récemment, ont confirmé cette
assertion. 2,700 habitants occupent l'entrée de cette vallée,
s'étendant à trente lieues vers l'Ouest jusque vis-à-vis le port
St-Antoine, situé à 11 lieues au Sud de ce point.
[12] Le chiffre de 300,000 francs est la moyenne de la dépense dans la
construction du chemin de fer que le gouvernement national fait
construire entre Mercedes et Mendosa. À mon avis, ce chiffre de
dépenses pourrait être réduit, le terrain de la Pampa offrant les
conditions les plus faciles pour la construction des voies ferrées
et peu de difficultés, sauf les deux Ponts à construire sur le Rio
Cotorado et le Rio Negro, dont on pourrait réserver la construction
pour le compte de l'État.
[13] Nous donnons ici des distances approximatives à quelques lieues
près, à défaut d'une étude exacte des distances qui n'a pas encore
été faite dans cette contrée récemment conquise sur les Indiens. Le
chiffre des distances que nous donnons a été calculé sur les
rapports fournis par les chefs de détachement de l'armée
expéditionnaire de l'année 1879. Ces rapports, insérés dans le grand
ouvrage (itinéraire de la Pampa et du Rio Negro) du colonel
Oloscoaga, chef du bureau topographique de l'expédition, donnent,
outre les distances parcourues, un aperçu géographique de cette
magnifique contrée, parsemée de lacs et de bouquets de grands
arbres, qui n'existent pas dans la Pampa nue de Buenos-Ayres.
Condition heureuse pour une entreprise de chemins de fer qui
trouverait ainsi sur les lieux le bois nécessaire à la construction
d'une voie ferrée sur une plaine peu accidentée où les terrassements
sont faciles à exécuter.
Je dois mentionner aussi les précieux renseignements que m'ont
fournis deux excellents amis, le commandant Alsogaray et le docteur
Astrié.
Le premier a parcouru avec son détachement la ligne entière de
Mercedes à Poitagué et de là quarante lieues plus loin jusqu'au paso
del Noque de la grande rivière le Chalideobu, continuation du Rio
Salado. Le docteur Astrié, Français, du département de l'Ariége, a
parcouru comme médecin du corps du général Uriburu, toute la ligne
qui s'étend au bas des Cordillères, entre le Rio-Neuquen au Sud et
Mendosa au Nord, cent lieues environ. Le docteur Astrié, par son
noble caractère, ses connaissances scientifiques, son généreux
dévouement pour ses compatriotes, honore le nom français dans ces
contrées. Je lui devais ici une manifestation de ma profonde et
sympathique estime. Le docteur Astrié réside à Mercedes. Il est
aujourd'hui médecin en chef du corps d'armée de l'Ouest.
[14] Voir, page 35, l'emploi de ce capital.
[15] «En décembre dernier, 1881, on a vendu pour 20,000 piastres
fortes (100,000 francs) une lieue carrée de terrain, à Juarer,
village situé à cent lieues au sud de la ville de Buenos-Ayres.» Ce
terrain n'aurait pas trouvé d'acheteurs à 1,000 piastres avant la
fondation du village, il y a vingt ans. (_National de Buenos-Ayres_,
du 22 décembre 1881.)
[16] L'énorme quantité d'animaux qui se produit dans ces contrées, est
achetée, par milliers, pour être exploitée dans les nombreux
saladeros, établissements où l'on tue des centaines d'animaux,
chaque jour, pour les dépouiller du cuir et extraire le suif, les
os, etc.
[17] _Dans l'état des dépenses que nous établissons ici, nous avons
pris la moyenne des valeurs. Mais ces valeurs étant variables, il
pourra arriver que le chiffre de 9,500 fr., somme des avances à
faire au colon, se trouve plus élevé ou plus faible que celui qui
sera réellement employé. Dans ce cas, on puisera dans la réserve
assez considérable que nous créons pour couvrir l'insuffisance, et,
dans le cas contraire, d'un excédent, le chiffre de celui-ci
rentrera dans la réserve._
[18] La nécessité d'une Banque Franco-Argentine se fait sentir depuis
longtemps, à Buenos-Ayres, pour le service des grandes affaires
commerciales qui se font entre Paris et la République Argentine, où
l'intérêt usuel des capitaux est de dix et quinze pour cent. Les
Anglais, les Italiens, les Brésiliens, ont déjà fondé des Banques à
Buenos-Ayres avec succès. Les nombreux négociants Parisiens qui font
des affaires importantes avec la République Argentine trouveraient,
dans une institution de cette classe, une puissante ressource pour
leurs opérations commerciales et de grands bénéfices à réaliser;
surtout en ce moment où ce pays marche, à pas de géant, dans la voie
de sa prospérité.
[19] À l'époque où vivait M. Brayer (1840), la vache ne valait que
quinze francs, aujourd'hui son prix est de cinquante à soixante
francs. Cette différence de prix ne change pas la valeur du
rendement, car si la vache a haussé de prix, le produit de l'élève a
haussé dans les mêmes proportions; mille vaches achetées pour
cinquante mille francs produiraient aujourd'hui deux cent mille
francs en six ans.
[20] La lieue argentine équivaut à 5 kilomètres 160 mètres.
La lieue carrée est donc égale à 26 kilomètres carrés 346 mètres.
[21] M. Édouard Olivera est l'Argentin qui a contribué le plus au
progrès immense qu'ont acquis l'agriculture et l'industrie de
l'élève du bétail dans la République Argentine. Ancien élève
distingué de l'école de Grignon, agronome instruit, auteur d'un
ouvrage très intéressant, en deux volumes, ayant pour titre:
_Voyages agricoles en Europe_, organisateur de la grande société,
_le Club Rural Argentin_, fondateur des annales de cette société,
dans lesquelles il a publié plusieurs articles remarquables, M.
Édouard Olivera est appelé à jouer un rôle important dans le
mouvement industriel de son pays. Pour mon compte, je n'oublierai
jamais les agréables et instructifs entretiens que j'ai été assez
heureux d'avoir avec cet homme distingué. La publication en français
de son livre, serait une oeuvre précieuse pour les agronomes et
cultivateurs de l'Europe. Cet ouvrage, écrit en espagnol, est entre
nos mains, nous le mettons à la disposition d'un auteur qui se
chargera de la traduction. Sa publication sera une oeuvre utile, et,
je crois aussi, une bonne spéculation.
NOTES DU TRANSCRIPTEUR
On a représenté les lettres en exposant au moyen du signe ^. Ainsi,
«production^m» se lit «production à la puissance m».
Un mot illisible a été remplacé par des astérisques.
Quelques coquilles ont été corrigées, y compris dans les tableaux de
chiffres. BLA BLA BLA.
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colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes
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Bases pour servir aux entreprises de colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine
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The Project Gutenberg EBook of Bases pour servir aux entreprises de
colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes
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Title: Bases pour servir aux entreprises de colonisation dans les territoires...
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Book Information
- Title
- Bases pour servir aux entreprises de colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine
- Author(s)
- Brougnes, Auguste
- Language
- French
- Type
- Text
- Release Date
- August 25, 2007
- Word Count
- 26,925 words
- Library of Congress Classification
- F2801
- Bookshelves
- FR Voyages et pays, Browsing: Culture/Civilization/Society, Browsing: History - American, Browsing: Travel & Geography
- Rights
- Public domain in the USA.